Alice au pays des merveilles : Une merveilleuse surprise signée Tim Burton
Article Cinéma du Mardi 23 Mars 2010

Par Pascal Pinteau

De toutes les adaptations de l’œuvre de Lewis Caroll, c’est le long métrage d’animation produit en 1951 par Walt Disney, et réalisé par Clyde Geronimi, Wilfred Jackson et Hamilton Luske qui reste le plus connu du grand public et des cinéphiles. Mais il n’évoquait que le premier tome des aventures d’Alice, paru en 1865. En revisitant ce classique, Tim Burton a judicieusement choisi d’adapter le second roman « De l’autre côté du miroir » (1871), dans lequel Alice, désormais âgée de 19 ans, retourne dans le monde fantasmagorique qu'elle a exploré lorsqu’elle était enfant. Elle y retrouve ses amis Mac Twisp, le Lapin Blanc, Tweedledee et Tweedledum, Mallymkun, le Loir, Absolem, la Chenille, Chess, le Chat et, bien entendu, le Chapelier Fou, mais le mode fou et coloré qu’elle a connu est en proie à la terreur : celle que fait régner la cruelle reine rouge. On le sait, adapter de manière plaisante les aventures d’Alice est un véritable défi : l’héroïne évolue dans un monde absurde, dangereux et quelquefois  cruel, qui déstabilise souvent les spectateurs. Malgré son traitement « cartoon » la version de 1951 n’a pas connu un grand succès commercial au moment de sa sortie. Ce ne sera assurément pas le cas de l’adaptation réalisée par Tim Burton, dont le traitement scénaristique astucieux (Bravo à Linda Woolverton, qui avait écrit pour Disney LA BELLE ET LA BÊTE et LE ROI LION) fait de l’odyssée d’Alice un voyage initiatique qui lui permettra de s’affirmer dans le monde réel. Si le fantastique le plus échevelé et le non-sens habitent la première partie du film, la seconde est conçue comme un film d’aventures qui s’achève en apothéose par la lutte contre le Jabberwocky. On entend ça et là des critiques reprocher à Burton son emploi des trucages numériques. Ce sont des jérémiades injustes, tant l’aspect final des images est homogène et plaisant : décors, accessoires, personnages virtuels et réels semblent bien faire partie du même univers, à la direction artistique superbe. Même transformés par de savants trucages (sur lesquels nous reviendrons prochainement avec le superviseur des effets visuels), Johnny Depp et Helena Bonham-Carter sont « intégralement là », avec tout leur talent, et créent respectivement un chapelier fou poétique et étonnamment attachant, et une reine rouge délicieusement atroce !  On n’est pas prêt d’oublier leurs formidables prestations. Cerise en relief au sommet du gâteau, les effets 3-D sont très bien employés, comme si Tim Burton s’était amusé à jouer avec le procédé. Bref, vous l’aurez compris, ce rendez-vous avec l’enchanteur Burton n’est à rater sous aucun prétexte.


ALICE AU PAYS DES MERVEILLES - BA VF
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TIM AU PAYS DES MERVEILLES

Publié en 1865, le livre de Lewis Carroll « Alice au Pays des Merveilles » a marqué à jamais la littérature. Pour Tim Burton, il était impossible de laisser passer la chance de revisiter un tel classique : « Ce conte fait partie de notre culture à tous, c’est un élément clé de notre imaginaire collectif. Il a inspiré d’innombrables pièces et adaptations au cinéma et à la télévision. Que vous l’ayez lu ou non, vous en connaissez le thème et certains personnages, vous en avez vu des images. C’est une histoire extrêmement populaire. » Johnny Depp, qui joue le Chapelier Fou, confie : « J’adore ce livre. Il est tellement fabuleux d’inventivité ! C’est une réussite littéraire sans commune mesure. Il est aussi brillant, rafraîchissant, novateur et intéressant aujourd’hui qu’il y a un siècle et demi. » La scénariste Linda Woolverton note : « Lewis Carroll était un esprit remarquable ; ses livres transcendent le temps et l’espace. Les personnages sont tous tellement loufoques et amusants ! Et puis il y a un peu de nous en chacun d’eux : dans les colères de la Reine Rouge, dans l’émerveillement d’Alice quand elle regarde le monde qui l’entoure, et dans la tragédie du Chapelier. Il y a tous les ingrédients pour faire un grand film. » Avec le succès d’ « Alice au Pays des Merveilles », Lewis Carroll (nom de plume du révérend Charles Lutwidge Dodgson, professeur de mathématiques au Christ Church College de l’université d’Oxford, en Angleterre) est devenu le plus grand auteur de livres pour enfants de son époque. Six ans plus tard, il écrivit une suite, « De l’autre côté du miroir », qui devint encore plus célèbre. Aujourd’hui, les deux livres sont souvent publiés ensemble, et ils continuent d’influencer de nombreux médias tels que les clips vidéo, les films, les bandes dessinées, les jeux vidéo, l’opéra et les arts graphiques. L’actrice Anne Hathaway, qui joue la Reine Blanche, note : « Les personnages de Lewis Carroll fonctionnent très bien au cinéma parce qu’ils sont insolites et qu’il est possible de les interpréter de multiples façons. Parce que Lewis Carroll joue avec les mots et les concepts et parce que ses personnages enflamment notre imagination, il y a autant d’interprétations possibles qu’il y a de personnes sur cette terre. Tout dépend de votre point de vue. » Tim Burton reprend : « Cette histoire résonne aussi à un niveau subconscient. C’est pour cette raison qu’elle plaît toujours autant : elle touche à des choses dont les gens n’ont probablement pas conscience. Il y a quelque chose de très profond dans tout ce qu’elle évoque, c’est sans doute pour cela qu’il y en a eu autant de versions. Au cinéma, Alice a toujours été une petite fille passive passant d’une aventure à une autre avec d’étranges personnages. Il n’y a jamais aucune gravité, cela reste toujours très léger. Pour ma part, je me suis efforcé de saisir toute l’essence de l’œuvre de Carroll, mais sans me contenter de calquer littéralement l’histoire. »

A LA DECOUVERTE D’UNDERLAND…

En reprenant les personnages, des éléments d’histoire et les thèmes centraux des livres de Lewis Carroll, ALICE AU PAYS DES MERVEILLES propose de redécouvrir cette histoire avec une Alice devenue adulte, qui revient dans le pays qu’elle a visité quand elle était enfant. La scénariste Linda Woolverton a présenté son idée aux producteurs Joe Roth et Suzanne et Jennifer Todd. Joe Roth se souvient : « Linda est venue nous voir avec cette histoire fantastique qui est une sorte d’allégorie politique. Les habitants de ce pays ne sont pas seulement fous, ce sont des révolutionnaires. Cela m’a frappé. Disney semblait être le meilleur choix pour faire ce film, et pour le réaliser nous avons tout de suite pensé à Tim Burton. Il a immédiatement accepté. » Tim Burton raconte : « Ils m’ont donné le scénario en me disant que le film allait être en 3D Relief, j’étais donc déjà intrigué par le projet avant même de commencer à le lire. Ce que j’ai aimé dans le scénario de Linda, c’était que l’histoire existait par elle-même. Elle permettait de faire un film qui ne serait pas une adaptation littérale du livre. » Linda Woolverton explique : « Dans le film, Alice a 19 ans. Elle est sur le point de se marier, mais elle n’est pas certaine d’en avoir envie. Le temps a passé. Le Pays des Merveilles est tombé sous la coupe de la Reine Rouge qui le gouverne d’une main de fer, et son peuple a besoin d’Alice. Underland est le pays fantastique qu’Alice a visité quand elle était enfant, mais elle avait mal entendu le mot « Underland » et avait compris « Wonderland », le Pays des Merveilles. Désormais au seuil de l’âge adulte, Alice est de retour, et elle découvre que le véritable nom de ce monde est Underland. » Un des éléments qui ont séduit Tim Burton dans le scénario est le fait qu’il met en scène une Alice qui, à 19 ans, est sensiblement plus âgée que dans les livres de Lewis Carroll, et qui pourtant reste très vraie et reconnaissable. Il observe : « Ce que j’ai aimé dans cette histoire, c’est qu’Alice est à l’âge charnière entre l’enfance et l’âge adulte, elle est en pleine transition en tant que personne. Souvent, les personnes jeunes qui possèdent une maturité supérieure à leur âge ne sont pas bien intégrées dans leur culture, dans leur environnement et leur époque. Alice est une jeune fille qui ne semble pas vraiment à sa place dans la société victorienne. Elle intériorise beaucoup. » Linda Woolverton raconte : « Underland se trouve quelque part sur Terre, tout en étant situé à la fois en dessous et au-delà de notre monde. La seule façon de s’y rendre est de tomber à travers un terrier de lapin. Là, elle rencontre une galerie de personnages insolites, parmi lesquels Mallymkun, un petit Loir fanfaron, un Chapelier Fou, Chess, Le Chat au large sourire, une Chenille pleine de sagesse nommé Absolem, une belle Reine Blanche et sa méchante sœur aînée, la Reine Rouge, qui gouverne Underland. Underland connaît des temps difficiles depuis que la terrible Reine Rouge s’est emparée du trône. Malgré cela, le pays reste merveilleux, ce qui expliquerait pourquoi Alice, qui pensait s’être retrouvée au « Pays des Merveilles », y a été rappelée afin de lui rendre toute sa gloire. Underland a toujours été Underland depuis que le monde est monde, peu importe qui est sur le trône. Et il restera Underland jusqu’à la fin des temps. » Helena Bonham Carter, qui joue la Reine Rouge, note : « Linda a façonné une histoire avec un contexte émotionnel qui permet aux événements du film de se dérouler. Ici le voyage d’Alice a un sens, un objectif. » L’interprète d’Alice, Mia Wasikowska, explique : « Au début, Alice est mal à l’aise, mal dans sa peau. Son expérience à Underland va la pousser à découvrir qui elle est. Elle va trouver en elle-même la force de décider de ce qu’elle veut vraiment. » Tim Burton est réputé pour ses contes fantastiques, ses univers fabuleux époustouflants de beauté et de complexité, et il a toujours célébré les gens hors norme. La richesse et l’originalité des personnages et du monde magique de Lewis Carroll lui permettaient de laisser libre cours à son imagination et de poser sur cette histoire sa marque particulière. Le producteur Richard Zanuck déclare : « La rencontre de ce best-seller vieux d’un siècle et demi avec Tim Burton, Johnny Depp, Disney et la 3D Relief fait de ce film un événement à ne surtout pas rater. »

LES PERSONNAGES

ALICE (Mia Wasikowska)

Alice Kingsleigh est une jeune femme de 19 ans qui s’interroge sur son avenir. D’un caractère indépendant, elle se sent piégée dans le monde étriqué qui est celui des femmes de l’aristocratie londonienne de l’époque victorienne. Les rêves d’Alice sont bien différents des attentes de ceux qui l’entourent. Elle va rencontrer sa vraie destinée à Underland, un endroit qu’elle avait déjà visité lorsqu’elle était enfant (et qu’elle avait appelé Wonderland, le Pays des Merveilles). Elle ne se souvient ni d’Underland, ni de ses habitants, ce qui ne l’empêche pas de retrouver ses amis, dont Absolem la Chenille, Chess, Le Chat, Tweedledee et Tweedledum, et bien sûr le Chapelier Fou. Alice croit être en train de rêver, il est impossible qu’elle grandisse et rapetisse ainsi tout le temps… Mais quand elle se retrouve face à des créatures qui n’ont rien d’amical et qu’on lui demande de défendre ce pays extraordinaire, elle n’est pas sûre d’être à la hauteur…

LE CHAPELIER FOU (Johnny Depp)

Non seulement le Chapelier Fou ne dissimule pas ses sentiments, mais on peut lire facilement son humeur changeante sur son visage et dans sa tenue. Il attendait impatiemment le retour d’Alice et il est sans doute son meilleur ami, car il a foi en elle envers et contre tout. Il est courageux, et fera tout pour protéger la jeune fille, jusqu’à risquer sa propre vie. C’était autrefois le chapelier de la Reine Blanche et il exerçait son métier avec fierté, mais il souffre d’une intoxication au mercure - un redoutable effet secondaire du procédé de fabrication des chapeaux - et il n’est plus tout à fait lui-même. Johnny Depp explique : « J’ai toujours vu le Chapelier comme un personnage tragique. Il est, sous bien des aspects, une victime. Le mercure l’a empoisonné, c’est certain, mais cette version de l’histoire lui donne aussi un passé dramatique qui pèse lourdement sur le personnage. »

IRACEBETH, LA REINE ROUGE (Helena Bonham Carter)

Iracebeth est la tyrannique souveraine d’Underland. Ce personnage est la rencontre de la Reine de Cœur d’ « Alice au Pays des Merveilles » et de la Reine Rouge de « De l’autre côté du miroir ». Avec son énorme tête, son tempérament colérique et sa manie de faire couper la tête à tout le monde, elle fait régner la terreur sur ses sujets. Helena Bonham Carter explique : « Iracebeth est incapable de gérer ses émotions. Elle explose au moindre prétexte. Elle a les mêmes crises de colère qu’un enfant de deux ans. » Sa jeune sœur, la Reine Blanche, espère remonter sur le trône et reprendre la couronne qu’Iracebeth lui a volée autrefois.

MIRANA, LA REINE BLANCHE (Anne Hathaway)

Mirana est la jeune sœur de la Reine Rouge. Son apparence douce et lumineuse cache aussi certains aspects plus sombres. Anne Hathaway explique : « Après tout, elle et la Reine Rouge ont certains gènes en commun ! Mirana est très attirée par sa propre part d’ombre, mais elle a trop peur de s’y aventurer et fait en sorte que tout paraisse léger et joyeux. Elle craint constamment de perdre le contrôle d’elle-même. » Lorsque Alice revient à Underland, la Reine Blanche la prend sous son aile et lui offre sa protection, mais ses motivations profondes ne sont pas complètement altruistes…

ILOSOVIC STAYNE, LE VALET (Crispin Glover)

Ilosovic Stayne est le chef de l’armée de la Reine Rouge. Très grand - il mesure 2,30 m - il a le visage marqué de cicatrices et un bandeau en forme de cœur sur l’œil gauche. C’est un être arrogant et fourbe qui suit à la lettre tous les ordres de la Reine Rouge. Il est le seul capable de la calmer et de désamorcer ses explosions de colère. Crispin Glover observe : « Je suis le bras armé de la Reine Rouge. Cette femme se montre très facilement contrariée par ceux qui l’entourent, et mon personnage doit développer des trésors de diplomatie avec elle. » La facette la plus sombre de Stayne se révèle dans la pénombre des couloirs du château.

TWEEDLEDEE et TWEEDLEDUM (Matt Lucas)

Ces deux frères jumeaux rondelets ne sont jamais d’accord, et leur drôle de façon de parler n’a de sens que pour eux. Lorsqu’Alice arrive à Underland, elle leur demande de la guider. Innocents, enfantins et charmants, ils veulent bien faire mais leur aide n’est pas très efficace parce qu’ils parlent un langage bizarre et incompréhensible où se mélangent rythmes et devinettes. Matt Lucas, le comédien britannique qui les incarne tous les deux, explique : « Je me suis dit que les Tweedles n’avaient jamais rencontré d’humain avant Alice. Ils sont très curieux à son sujet. A leurs yeux, c’est Alice qui est un être bizarre, tout le reste est normal. Le Pays des Merveilles est leur normalité. Une chenille qui parle, c’est normal. Une jeune fille, c’est tout à fait inhabituel ! »

MAC TWISP, LE LAPIN BLANC (voix originale de Michael Sheen)

McTwisp est toujours en retard, toujours pressé, toujours en train de courir. Chargé de retrouver Alice et de la ramener à Underland pour qu’elle puisse accomplir sa destinée, il se montre à la garden-party pour attirer la jeune fille et la faire tomber dans le terrier qui mène à Underland. Michael Sheen déclare : « Le Lapin Blanc est un personnage chaleureux, mais qui peut aussi se montrer tatillon et strict avec Alice. Il a du ressort, une énergie toute de nervosité, et il a toujours l’impression d’être en retard. Le temps est très important pour lui, mais il sait aussi se montrer courageux quand il le faut. »

ABSOLEM LA CHENILLE  (voix originale d’Alan Rickman)

Absolem sait tout. C’est le gardien absolu de l’Oraculum, un très ancien document qui dépeint tous les événements majeurs passés, présents ou à venir de l’histoire d’Underland. Mac Twisp, Le Lapin Blanc, Tweedledee et Tweedledum emmènent Alice voir Absolem pour qu’il puisse se prononcer : est-elle oui ou non la véritable Alice, celle qui est déjà venue à Underland lorsqu’elle était enfant, et dont le destin est de les aider ? Alice et ses compagnons trouvent la Chenille bleue confortablement installée sur un champignon, au cœur d’une forêt de champignons, environnée par un nuage de fumée. Absolem pousse Alice à mieux comprendre qui elle est vraiment en l’obligeant à affronter cette question difficile : « Qui es-tu ? ».

CHESS, LE CHAT (voix originale de Stephen Fry)

Ce chat tigré tiré à quatre épingles a le pouvoir d’apparaître et de disparaître à volonté. D’un calme à toute épreuve et d’une sensualité nonchalante, il arbore un sourire séducteur qui masque sa lâcheté. C’est d’abord la tête désincarnée de ce matou qui apparaît à Alice dans le bois de Tulgey, après qu’elle a été attaquée par le vicieux Bandersnatch. Le Chat propose de purifier les blessures de son bras en les léchant. Alice refuse, mais lui permet de la conduire jusqu’au thé donné par le Chapelier. Celui-ci reproche au Chat d’avoir fui le jour où la Reine Rouge a pris le pouvoir à Underland. En utilisant ses talents et le très convoité chapeau du Chapelier, Chessur finira par trouver le moyen de se racheter.

MALLYMKUN, LE LOIR (Voix originale de Barbara Windsor)

Mallymkun, la souris portant une culotte de cheval, est prompte à se battre à l’épée. Elle refuse de croire que le Lapin Blanc a ramené la véritable Alice, celle qui pourrait rendre à Underland sa splendeur d’autrefois. Elle est ravie de piquer la pauvre Alice à la cheville avec une épingle à chapeau lorsque la jeune fille croit être en train de rêver. Mais cette dure à cuire va prouver son courage lorsqu’Alice est menacée par le terrible Bandersnatch. La loyauté de Mallymkun envers le Chapelier est sans égale, et elle est prête à affronter la mort pour rester à ses côtés.

LE DODO (voix originale de Michael Gough)

Le Dodo est l’un des premiers habitants d’Underland qu’Alice rencontre à son arrivée. Etant aussi l’un des plus vieux personnages de ce monde fantastique, il porte des lunettes et s’appuie sur une canne pour marcher. Sage et réfléchi, le Dodo interrompt les chamailleries de ses amis pour savoir si la jeune fille est ou non la fameuse Alice, et leur suggère d’aller demander son avis à Absolem, une chenille encore plus sage que lui.

LE JABBERWOCKY (voix originale de Sir Christopher Lee)

Aussi gigantesque qu’un dinosaure, le Jabberwocky a d’immenses ailes et un corps couvert d’écailles, de longues griffes tranchantes comme des rasoirs, une queue pointue et un gilet. Cette bête féroce et sifflante est l’arme préférée de la Reine Rouge. Le Jabberwocky cherche à empêcher Alice d’accomplir son destin.

LE LIEVRE DE MARS (voix originale de Paul Whitehouse)

C’est chez le Lièvre de Mars qu’ont lieu les thés donnés par le Chapelier Fou. Paranoïaque, angoissé et légèrement dérangé, il se tord constamment les pattes et les oreilles et il a tendance à lancer sur tout le monde des théières et d’autres objets. Il aime faire la cuisine et il est l’un des rares habitants d’Underland à avoir échappé aux griffes de la Reine Rouge.

BAYARD (voix originale de Timothy Spall)

Contre sa volonté, Bayard le chien de chasse est le complice des forces de la Reine Rouge : il craint pour la vie de sa femme et de ses enfants emprisonnés s’il n’obéit pas aux ordres de Stayne. Il va se révéler secrètement fidèle au mouvement de résistance clandestin d’Underland, et devenir à la fois l’allié d’Alice et un moyen de transport assez pratique.

LE BANDERSNATCH

Cette répugnante créature baveuse et puante a un gros corps dégoûtant de saleté avec une face aplatie et le museau édenté d’un bouledogue enragé. Alice garde un souvenir douloureux de l’horrible règne de la Reine Rouge grâce à un coup de ses pattes griffues.

ALICE ET LES HABITANTS D’UNDERLAND

UNE NOUVELLE ALICE :  Mia Wasikowska

Les cinéastes ont finalement choisi Mia Wasikowska, une jeune actrice australienne âgée de 19 ans, pour jouer Alice. Tim Burton raconte : « J’ai adoré cette gravité et cette sagesse qu’elle a, cette maturité au-delà de son âge. C’est une qualité que j’ai toujours aimé sentir chez les gens. Cela se perçoit tout de suite dans leur regard, et nous avions besoin d’une personne capable de produire cet effet. » La productrice Suzanne Todd note : « Alice n’est pas une jeune fille frivole et insouciante. C’est un personnage plein de profondeur et de complexité. » Mia Wasikowska déclare : « C’est un véritable conte de fées de jouer un personnage aussi populaire qu’Alice, mais aussi un drôle de défi ! Au début, j’étais intimidée. Quelle pression ! Tout le monde pense connaître Alice, et il est impossible de correspondre à l’idée que chacun s’en fait. S’approprier le personnage, l’assumer tel qu’on le ressent, a été pour moi le plus difficile. Tout le monde sait à quoi ressemble Alice, il était donc important de s’éloigner de cette image et de faire d’elle une adolescente plus réaliste, plus concrète, en conservant toutefois certains aspects caractéristiques du personnage d’origine. Aborder cette histoire sous cet angle original et la faire découvrir à une nouvelle génération était passionnant.  ». Johnny Depp note : « Mia est incroyable. Elle a quelque chose de spécial, comme si elle n’était pas tout à fait de cette terre. Elle est belle, étonnante, douce, j’ai vraiment adoré travailler avec elle. C’est l’Alice parfaite. »

LE TALENT FOU DE JOHNNY DEPP

ALICE AU PAYS DES MERVEILLES marque la septième collaboration de Tim Burton et Johnny Depp depuis le premier film qu’ils ont fait ensemble, EDWARD AUX MAINS D’ARGENT. Johnny Depp remarque : « C’est incroyable. Cela fait vingt ans que je travaille avec Tim et j’ai pu le voir grandir et mûrir en tant que cinéaste. Il est tellement unique, spécial et brillant ! Tous les rôles qu’il me propose sont pour moi un véritable honneur. »

Le Chapelier offrait à Johnny Depp l’opportunité de créer un nouveau personnage inoubliable. Il raconte : « Le défi était de trouver quelque chose de différent et de réinventer le personnage pour le cinéma. Une des choses dont nous avons parlé très tôt, Tim et moi, a été l’idée que nous pouvions en faire un personnage pur et transparent, dans le sens où ses émotions se lisent dans ses habits, sa peau, ses cheveux, qui les reflètent instantanément. Quand il est heureux, il se met à rayonner et à changer de couleur ; très vite, il prend vie et s’épanouit comme une fleur qui éclot. Il est comme ces bagues qui changent de couleur en fonction de votre humeur, son apparence reflète ses émotions. » Le producteur Richard Zanuck remarque : « Johnny a une capacité à se transformer absolument fabuleuse. Je ne connais personne qui soit capable de créer et de jouer des personnages aussi dingues, décalés et excentriques. Il sait être drôle, fou et poignant à la fois. C’est un des plus grands acteurs au monde, et il prend plus de risques que n’importe qui. » En faisant des recherches sur son personnage, Johnny Depp a découvert que les chapeliers du XIXe siècle souffraient d’empoisonnement au mercure. Il explique : « L’expression « fou comme un chapelier » provient en fait des vrais chapelier qui, pour fabriquer des hauts-de-forme en peau de castor, utilisaient une colle qui contenait une concentration élevée de mercure. Elle tachait leurs mains et le mercure finissait par les rendre fous. » Après avoir eu l’idée que le corps entier du Chapelier, et pas seulement son esprit, pouvait être affecté par l’empoisonnement au mercure, Johnny Depp réalisa une aquarelle du personnage avec des cheveux orange, un visage de clown et de grands yeux verts. Il se souvient : « Je savais exactement à quoi il ressemblait, et quand nous avons fait les premiers essais de maquillage le résultat a tout de suite été parfait. C’est très rare de réussir à créer un personnage aussi vite. Cela ne m’était arrivé qu’une seule fois, avec le capitaine Jack Sparrow. Comme le Chapelier est un hypersensible, j’ai aussi pensé qu’il allait avoir besoin de changer rapidement d’humeur et de personnalité pour survivre et agir quand il est menacé ou en danger. Je l’ai donc joué comme une personne qui souffre d’un léger trouble de la personnalité. Pouvoir jouer le Chapelier Fou en croisant l’œuvre de Lewis Carroll et la vision de Tim Burton, tout en y ajoutant sa propre touche… C’est le rêve ! »

LES SŒURS ENNEMIES

Pour jouer la méchante reine d’Underland, la Reine Rouge, Tim Burton s’est tourné vers sa compagne, l’actrice anglaise Helena Bonham Carter. Celle-ci raconte : « La Reine Rouge règne par la terreur, l’équité et la justice lui sont inconnues. Elle coupe la tête des gens, c’est sa solution à tous les problèmes. » Le producteur Joe Roth note : « Helena est une actrice qui aime les défis. Elle n’a pas eu peur d’incarner ce personnage démoniaque. C’est presque une ogresse, et ce qui est très drôle c’est qu’elle ressemble vraiment à une petite poupée dans le film. » La tête d’Helena Bonham Carter a été retouchée par ordinateur pour être à l’écran deux fois plus grosse qu’en réalité, et l’actrice subissait tous les jours une longue séance de maquillage pour se transformer en Reine Rouge. Elle raconte : « Cela prenait trois heures, mais j’adore être royale. Le problème, c’est que comme elle n’arrête pas de hurler, je perdais ma voix presque tous les jours vers 10 h 00... « Qu’on lui coupe la tête ! Qu’on lui coupe la tête ! » C’était vraiment épuisant, toutes ces colères ! »

A l’opposé, la jeune sœur de la Reine Rouge, la Reine Blanche Mirana, est douce et gentille, même si elle cache un côté sombre. Anne Hathaway, qui a été choisie pour le rôle, se souvient : « En réfléchissant à la façon dont j’allais la jouer, je n’arrêtais pas de me dire que c’était une punk-rock végétalienne et pacifiste. J’ai donc écouté beaucoup de Blondie, regardé des films avec Greta Garbo et je me suis intéressé aux œuvres d’art de Dan Flavin. Ensuite, j’ai ajouté une petite touche de Norma Desmond, et le personnage a commencé à émerger. » Anne Hathaway a aussi travaillé sur sa gestuelle pour bouger avec majesté. Elle explique : « J’ai remarqué que plus je faisais des mouvements lents et délicats avec mes bras, plus je donnais l’impression de flotter. » Johnny Depp observe : « On a un peu l’impression qu’elle est montée sur roues… Elle se déplace en glissant et ses mains commencent à s’exprimer avant qu’elle n’ouvre la bouche. Dans le film, ses mains ont leur propre personnalité. »

DU COTE DES GARÇONS

Pour jouer Ilosovic Stayne, le Valet fourbe et borgne de la Reine Rouge, Tim Burton s’est tourné vers l’acteur, cinéaste, musicien et auteur Crispin Glover. Le réalisateur raconte : « Je l’ai rencontré pour la première fois au début des années 80. C’est un acteur à la personnalité unique et aux talents multiples. Je connais très peu de gens qui, en plus de jouer dans des films et de faire les leurs, exercent aussi d’autres formes d’art. Crispin est fantastique, il a une présence captivante à l’écran. » Johnny Depp avait déjà travaillé avec Crispin Glover. Il déclare : « J’ai toujours eu une grande admiration pour son travail d’acteur, que je trouve audacieux et novateur. Il apporte à ses personnages un charme étrange et sombre qu’on ne trouve en général que chez les rock stars. Avec son bandeau, il ressemble à un de ces vieux dessins magnifiques d’Harry Clarke. »

LES VOIX DU PAYS DES MERVEILLES

« Il était important à mes yeux que les personnages aient un côté très britannique », explique Tim Burton en parlant du casting vocal d’ALICE AU PAYS DES MERVEILLES. Celui-ci comprend Alan Rickman dans le rôle de la Chenille, Michael Sheen dans le rôle du Lapin Blanc, Stephen Fry dans le rôle de Chess, le Chat du Cheshire, Timothy Spall dans le rôle du Saint-Hubert Bayard, Barbara Windsor dans le rôle du Loir, Christopher Lee dans le rôle du Jabberwocky, Michael Gough dans le rôle du Dodo, et Paul Whitehouse dans celui du Lièvre de Mars. Tim Burton continue : « Ce sont des acteurs que j’admire depuis toujours. Je voulais que les voix des personnages en images de synthèse ne soient pas surjouées comme c’est souvent le cas dans les dessins animés. On devait avoir l’impression que tous les personnages sont dans le même monde. D’un autre côté, il ne fallait pas non plus que les personnages réels tranchent par leur « normalité » dans un monde complètement animé. J’ai donc un peu poussé le jeu des acteurs qui jouent physiquement leur personnage, et j’ai demandé à ceux qui prêtent leur voix aux personnages en images de synthèse de ne pas en faire trop. J’ai eu la chance de travailler avec de très grands acteurs qui ont élevé leurs personnages en images de synthèse au niveau de personnages vivants en chair et en os. » Michael Sheen, qui joue le Lapin Blanc, confie en riant : « J’aurais adoré enfiler un costume de lapin et courir dans tous les sens avec de grandes oreilles et une queue en pompon ! Malheureusement, j’ai juste enregistré sa voix en studio. Tim a beaucoup insisté sur le fait qu’il ne voulait pas que les personnages aient des voix de dessin animé, il fallait donc trouver le ton juste, et le fait que la plupart des personnages d’ALICE AU PAYS DES MERVEILLES aient un petit côté snob n’a pas facilité la tâche. »

IMAGINER UNDERLAND

Tim Burton observe : « Tout le monde imagine Underland comme un endroit gai et coloré sorti d’un dessin animé, mais nous avons pensé que depuis les premières aventures d’Alice, il pouvait avoir changé et être devenu plus sombre et inquiétant. » Le producteur Richard Zanuck ajoute : « L’Underland de Tim Burton est un lieu enchanteur, drôle et étrange. Il est aussi d’une grande complexité et pour en saisir tous les détails, il faut y regarder à deux fois. Des univers aussi riches et exotiques ne peuvent naître que de l’imagination de Tim Burton. Visuellement, c’est à couper le souffle. » Pour créer Underland, les cinéastes sont revenus aux sources : les livres de Lewis Carroll. Le chef décorateur Rob Stromberg  (qui fut également le designer des décors naturels de Pandora dans AVATAR) se souvient : « Nous avons rassemblé les dessins de tous les artistes qui ont illustré « Alice au Pays des Merveilles », et nous les avons accrochés au mur pour tenter de dégager un style et une atmosphère. Ensuite, nous avons cherché comment rester fidèles aux livres tout en apportant quelque de chose de complètement inédit. » Le directeur artistique Todd Cherniawsky ajoute : « Les illustrations de l’édition originale sont devenues pour nous une sorte de feuille de route. Nous nous en sommes inspirés pour les scènes des flashbacks d’Alice, même si l’Underland du film est une version beaucoup plus « Burtonesque ». » Il poursuit : « L’Underland de Tim Burton est malade, vidé de ses couleurs et de sa vitalité par le règne brutal de la Reine Rouge. Il n’a pas toujours été comme cela. Au début, nous avions imaginé Underland comme un lieu très coloré. Tim trouvait les dessins très beaux, mais il pensait que c’était un endroit plus adapté pour la fin de l’histoire. Nous avons donc modifié l’aspect de certaines choses pour coller à la vision que Tim avait de ce monde qui est devenu, d’une certaine façon, une allégorie de l’oppression et de la répression. » Les cinéastes ont trouvé la clé de l’esthétique inquiétante d’Underland dans une photographie prise pendant la Seconde Guerre mondiale sur laquelle une famille anglaise prend le thé devant sa maison. Todd Cherniawski raconte : « En arrière-plan, on pouvait voir la ligne des toits déchiquetés de Londres. Cela nous a donné l’idée de faire de l’Underland du début du film un monde sinistre et oppressant avec une palette de couleurs sourdes. Ensuite, à mesure que l’histoire avance et que les choses s’améliorent, Underland devient un endroit plus lumineux, ensoleillé et coloré. » Tim Burton note : « Comme dans tous les univers de contes de fées, il y a des gentils et des méchants ; le bien et le mal sont présents à Underland. Mais là-bas, tout est un peu décalé, même les gentils. C’est ce qui fait toute la différence ! »

LA MAGIE D’UNDERLAND

Utilisant un mélange de techniques d’effets visuels, dont des plans tournés avec des acteurs sur fond vert, des personnages entièrement en images de synthèse, et la 3D Relief, ALICE AU PAYS DES MERVEILLES présente aux spectateurs un univers visuel unique et fascinant. Ken Ralston, superviseur senior des effets visuels du film, raconte : « La difficulté a été de trouver comment concrétiser la vision de Tim. Nous avons décidé d’utiliser un mélange de plusieurs techniques qui nous a permis de donner un aspect vraiment unique au film. Tous nos efforts ont été dirigés vers ce qu’il y avait de plus important : créer l’apparence la plus appropriée pour les décors et les personnages afin de raconter cette histoire le mieux possible. Grâce à la 3D Relief, le film offre une expérience viscérale et excitante, presque tactile, de ce qui se passe dans ce monde étrange. Avec cette technique, nous voulions transporter les spectateurs au beau milieu de ce monde étonnant, et laisser les personnages les entraîner dans un voyage fantastique. » Véritable légende des effets visuels, Ken Ralston a été un des membres fondateurs de la célèbre société de George Lucas, Industrial Light & Magic, et a travaillé sur la première trilogie STAR WARS, ainsi que sur QUI VEUT LA PEAU DE ROGER RABBIT ?, la trilogie RETOUR VERS LE FUTUR, FORREST GUMP, LE POLE EXPRESS et LA LEGENDE DE BEOWULF. Son travail a été récompensé par quatre Oscars et un Oscar spécial. Si les séquences avec Alice dans le monde réel ont été tournées en extérieur à Cornwell en Angleterre, toutes les scènes qui se déroulent à Underland ont été filmées sur fond vert dans les studios de Culver City à Los Angeles, avec des décors entièrement en images de synthèse ajoutés en postproduction. Le producteur des effets visuels Tom Peitzman note : « C’est un projet vraiment unique. Je travaille dans les effets visuels depuis longtemps, et je sais par expérience que les films comme celui-ci, dans la création duquel interviennent de nombreuses techniques différentes, offrent un résultat toujours plus amusant et original. »

QU’ON LUI GROSSISSE LA TETE !

Un des défis de Ken Ralston était de doubler la taille de la tête de la Reine Rouge interprétée par Helena Bonham Carter, sans modifier son corps. Les cinéastes ont utilisé un système de caméra unique pour filmer toutes les séquences du film où des éléments changent de taille, comme la tête de la Reine Rouge, le corps des Tweedles et même Alice lorsqu’elle mesure 2,50 m. Tom Peitzman explique : « Pour pouvoir agrandir la tête de la Reine Rouge, nous avions besoin d’une définition plus élevée afin d’avoir assez de pixels pour y puiser de la matière visuelle. Ce deuxième système de caméra nous offrait des lignes de résolution supplémentaires. » Ken Ralston ajoute : « Les scènes filmées avec ce système de caméra très sophistiqué devaient être tournées avec une extrême minutie, puis parfaitement ajustées pour s’intégrer au reste du film. Mais ce n’était rien comparé à la tâche terriblement compliquée qui venait ensuite : faire en sorte que le cou de la Reine entre bien dans le col de son costume.  Il y avait certaines règles à respecter quand nous filmions la Reine Rouge. Par exemple, elle ne devait pas placer sa main entre la caméra et son visage, parce qu’en agrandissant sa tête sa main serait devenue énorme. A chaque plan, il fallait faire très attention à ce genre de petits détails. »

LES YEUX FOUS DU CHAPELIER

Pour le Chapelier, l’équipe de Ken Ralston a agrandi la taille des yeux de Johnny Depp. Tom Peitzman précise : « Si vous allez trop loin, on dirait un personnage de dessin animé, et si vous n’en faites pas assez cela donne l’impression que vous n’avez rien fait. » L’équipe s’est aussi amusée avec les changements d’humeur du Chapelier qui se reflètent littéralement dans son apparence. Tom Peitzman explique : « Parfois les changements étaient très subtils. Quand il est mélancolique, il est sombre ou un peu gris, et quand il est heureux son costume reprend tout de suite de l’éclat. On peut aussi voir son nœud papillon remonter presque comme un sourire. Nous avons essayé de faire des choses très discrètes qui n’attirent pas forcément l’attention, mais qui donnent au personnage cette présence unique et très amusante. »

QU’ON LUI RECOLLE LA TETE !

Le personnage de Crispin Glover, Ilosovic Stayne, le Valet, possède la vraie tête de l’acteur et un corps de 2,30 m de haut entièrement réalisé en images de synthèse. Pour être à la bonne hauteur sur le plateau, l’acteur portait des échasses, une technique qui a permis à Tim Burton de faire interagir dans un même plan plusieurs personnages de tailles différentes. Pour Tweedledee et Tweedledum, l’acteur Matt Lucas portait un costume vert en forme de poire qui permettait de ne voir que son visage à l’image. Tom Peitzman note : « Le costume l’empêchait d’avoir les bras collés au corps. Il lui donnait aussi un volume avec lequel travailler et une démarche très particulière. » Comme Crispin Glover, le visage de Matt Lucas a été filmé puis placé sur les corps en images de synthèse des Tweedles, dont les mouvements ont été calqués sur ceux de l’acteur. Pour interpréter les deux Tweedles, il jouait chaque scène d’abord dans le rôle de Tweedledee, puis la recommençait dans le rôle de Tweedledum. Pour jouer correctement les deux personnages, Matt Lucas a travaillé avec l’acteur Ethan Cohn. Matt Lucas explique : « Je ne pouvais être qu’un seul des deux personnages à la fois, Ethan était donc là pour jouer l’autre. C’est un grand acteur et il m’a vraiment aidé à développer les personnages. »

La plupart des décors du film étant en images de synthèse, les acteurs ont dû se livrer à un exercice délicat : jouer devant un grand écran vert. Mia Wasikowska raconte : « C’est très difficile parce qu’il n’y a absolument rien autour de vous. Il faut imaginer tous les décors. Matt Lucas déclare : « Quand j’étais enfant, on me disait que j’avais une imagination débordante. Cela sonnait comme un reproche à l’époque, mais en fait cela m’a beaucoup aidé pour ce rôle parce qu’il fallait tout imaginer. » En plus des décors virtuels, les acteurs devaient aussi interagir avec des personnages en images de synthèse ajoutés en postproduction, parmi lesquels le Lapin Blanc, le Loir, le Jabberwocky, le Lièvre de Mars et le Dodo. Pendant le tournage, ces personnages étaient représentés par une silhouette en carton ou par une personne habillée en vert. Helena Bonham Carter raconte : « J’ai joué avec beaucoup de gens habillés en vert. Tous ces acteurs qu’on n’entend pas et qu’on ne voit pas à l’écran sont les héros inconnus du film. Il y avait une armée d’acteurs en justaucorps verts, et franchement, ils étaient tous formidables. Nous n’aurions jamais pu faire ce film sans eux. » Helena Bonham Carter, Johnny Depp et les autres acteurs ont souvent dû faire appel à leur imagination pour jouer face à des objets inanimés tels que des balles de tennis ou une bande d’adhésif. Johnny Depp raconte : « Je suis habitué à jouer face à un morceau d’adhésif. Vous pouvez en coller un bout sur le mur et me laisser tout seul avec, cela ne me dérange pas. En fait, tout le tournage s’est passé comme ça. Nous étions dans une pièce verte gigantesque avec seulement quelques accessoires, et comme Alice n’arrête pas de changer de taille, elle était soit perchée sur un échafaudage, soit remplacée par un bout de ruban quand elle mesurait 15 cm. Personnellement cela ne me gêne pas, j’aime la difficulté. » Les changements de taille fréquents entre les personnages ont été un défi constant pour la production, et pour Ken Ralston en particulier. Il raconte : « Alice a rarement sa taille normale. Elle mesure 15 cm, 60 cm ou 2,40 m, et tous les autres personnages doivent conserver leurs proportions. » Le chef décorateur Rob Stromberg explique : « A chaque fois que vous introduisez une différence d’échelle entre deux personnages qui interagissent à l’écran, tout devient très compliqué. Une chose aussi simple que de mettre une cuillère dans la bouche d’un personnage devient un véritable casse-tête si un des personnages mesure 5 m de haut. Il faut penser à tout, faire des ajustements et des alignements sur le plateau et utiliser des effets visuels très complexes. Mais au final, cela donne des images incroyables qu’on ne voit pas tous les jours. » Ken Ralston reprend : « Sur ce genre de film où des effets visuels doivent être appliqués à tous les personnages, vous vous dites en général : « On va tourner la scène avec le Chapelier, on le fait sortir, et ensuite on filme avec Alice ». C’est ce que nous avons fait parfois, mais quand il y avait une interaction très forte entre les personnages, ou une scène vraiment très émouvante, nous avons essayé de les filmer ensemble. » Le directeur de la photographie Dariusz Wolski raconte : « Quand on me demande comment nous avons fait ce film et quelle technique nous avons utilisée, je réponds toujours : « Pour quel plan ? ». » Le tournage sur fond vert terminé, Tim Burton et son monteur, Chris Lebenzon, ont réalisé un prémontage brut du film qui a été confié à Ken Ralston et son équipe de Sony Imageworks, afin qu’ils puissent commencer le long processus de création en images de synthèse d’Underland et de ses personnages animés. Ils ont créé au final plus de 2500 plans avec des effets visuels. Ken Ralston se souvient : « Tim avait des instructions très précises pour chaque séquence et nous avons eu avec lui de longues discussions sur les personnages et la lumière. Il fallait parler d’absolument tout, des moindres détails parce que pour les décors et beaucoup de personnages, nous partions de zéro. Pour d’autres, nous avions certains éléments de départ comme l’interprétation des acteurs, ou juste une partie des acteurs. Cela a été un travail de longue haleine parce que nous avons intégré les personnages animés dans les scènes en même temps que les images des acteurs en chair et en os, et qu’il fallait prendre en compte la mise en lumière pour homogénéiser le tout. Nous avons été très nombreux à travailler sur ce projet. Chez Sony, nous étions plusieurs centaines. Après tout cela, il restait encore à ajouter la 3D Relief... »

UNE TROISIÈME DIMENSION

Tim Burton a choisi de tourner le film en 2D et de le convertir ensuite en 3D. Il explique : « Je ne voyais pas l’intérêt de filmer en 3D. Après avoir vu le travail de conversion réalisé sur L’ETRANGE NOEL DE MONSIEUR JACK, je trouvais qu’il n’y avait aucune raison de faire autrement. Nous ne voulions pas que le tournage s’éternise, et au final je ne vois aucune différence de qualité. » Ken Ralston observe : « Nous n’avons pas utilisé la 3D Relief pour pointer les lances des soldats sur le public, lui jeter des balles ou créer des effets destinés à l’impressionner. Nous l’avons juste employée pour créer un relief semblable à celui que nous percevons dans le monde réel. Par exemple, quand le Chat du Cheshire apparaît, il sort de l’écran et flotte au-dessus du public, mais l’effet n’est pas exagéré et reste très naturel. » La perspective de faire un film en 3D Relief est une des principales raisons qui ont poussé Tim Burton à réaliser ALICE AU PAYS DES MERVEILLES. Il raconte : « Je trouvais l’idée très intéressante parce qu’il me semblait que c’était le genre d’histoire parfaitement adaptée à la 3D. Quand je fais un film, je me demande toujours quelle est la forme la plus adaptée à l’histoire, et j’avais le sentiment que c’était ce qu’il y avait de mieux pour ALICE AU PAYS DES MERVEILLES. La 3D Relief donne vraiment l’impression d’être dans un autre monde, et c’était un élément crucial pour le film. »

LES MAQUILLAGES

Le département maquillages du film a été dirigé par Valli O’Reilly, qui a travaillé sur des films comme LES DESASTREUSES AVENTURES DES ORPHELINS BAUDELAIRE de Brad Silberling, LAST CHANCE FOR LOVE de Joel Hopkins et MARS ATTACKS ! de Tim Burton. Elle observe : « ALICE AU PAYS DES MERVEILLES est un film qui a demandé beaucoup de créativité, d’ingéniosité et de patience. Nous avons procédé par élimination pour trouver le look des personnages. Ils ont tous beaucoup de détails. Tim adore multiplier les détails et créer des personnages et des images inoubliables. » Ces détails comprennent la cicatrice sur le visage de Stayne qui a été inspirée par un vieux film de Kirk Douglas (Les Vikings) ; les sourcils de la Reine Rouge ; la pâleur du teint d’Alice et les cicatrices sur son bras après l’attaque du Bandersnatch. Valli O’Reilly note : « Je devais les refaire chaque jour exactement comme elles étaient la veille, j’ai donc fabriqué un pochoir que j’alignais sur les grains de beauté du bras de Mia pour être certaine d’être au bon endroit. » Patty York s’est occupée du maquillage de Johnny Depp. Elle raconte : « En fait, le concept du maquillage du Chapelier Fou est entièrement de Johnny Depp. Pour l’avoir maquillé pendant 20 ans sur 17 films et divers projets variés, je sais combien il s’implique dans la création du style visuel de ses personnages. Pour celui-ci, nous sommes partis d’une aquarelle que Johnny avait faite de lui en Chapelier. Tout était déjà là, il n’y avait plus qu’à le maquiller. » Valli O’Reilly a travaillé avec chacun des acteurs avant le début du tournage pour créer leur maquillage et soumettre différentes options au réalisateur. Elle déclare : « J’aime collaborer avec les acteurs, c’est ce que j’ai toujours fait. C’est un peu comme si je leur disais : « On va le faire à ta façon et faire un essai caméra, et ensuite on le fait à ma façon pour voir laquelle des deux est la meilleure. » Je pense qu’un bon maquillage ne peut se faire sans une bonne collaboration avec l’acteur, parce qu’au final c’est lui qui donnera vie au personnage. »

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