Exclusif : Dans les coulisses du CHOC DES TITANS, Entretien avec Jason Flemyng, Seconde Partie
Article Cinéma du Jeudi 22 Avril 2010

Retrouvez la première partie de cet entretien


Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Vous avez mené une belle carrière depuis vos débuts à la télévision anglaise…

Je crois que le mérite en revient à mon physique. Comme je n’étais pas un beau gosse comme Jude Law, j’ai été immédiatement classé parmi ceux que l’on appelle les « character actors » (« acteurs de composition » ou « second rôles »), ce qui m’a permis d’avoir accès à une gamme de personnages bien plus étendue. Plutôt que le succès à tout prix, ou la recherche de gros cachets, c’est le désir de jouer des personnages très différents qui m’anime. Et j’apprécie chaque minute de cette profession pour cette raison-là. J’ai eu beaucoup de chance, beaucoup d’opportunités de jouer des rôles passionnants et variés. J’ai pour habitude de gérer mon travail par blocs de trois ans. Une fois que j’ai joué dans un gros film américain, et que j’ai pu leur soutirer un paquet de dollars, je suis libre de jouer dans des petits films pour des cachets modestes, sans risquer d’entraîner ma petite famille dans la ruine. (rires) Bien entendu, je ne suis pas du tout en train de dénigrer les superproductions comme LE CHOC DES TITANS: quand j’avais douze ans, je rêvais de jouer dans ce genre de films, et de me retrouver dans ces grands décors. Mais comme vous pouvez certainement vous en rendre compte, ce que je fais là n’est pas forcément la chose la plus complexe qu’on puisse demander à un acteur. Dans la plupart des scènes, je surgis d’un buisson en faisant « Arrrrrrghhhh ! » comme si j’étais un chien enragé ! Ensuite le réalisateur crie « Cut ! » et me dit, « C’était formidable, Jason ! » (rires) Je sais que j’ai un registre un peu plus large que cela…

Quels souvenirs gardez-vous de L’ETRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON ? Votre performance dans le rôle du père de Benjamin était particulièrement touchante…

Merci. En fait, c’est à Brad Pitt que je dois ce rôle. Nous étions restés en contact après avoir joué ensemble dans SNATCH, TU BRAQUES OU TU RAQUES de Guy Ritchie. Brad a eu la gentillesse de suggérer aux producteurs que je joue le rôle. Au début, ils étaient assez réticents à l’idée qu’un copain anglais de Brad, du même âge que lui, puisse être le bon choix pour incarner un quinquagénaire de Georgie ! (rires) Ils m’ont fait une offre de cachet ridicule, du genre 100 livres pour onze mois de travail (rires) , et j’avais l’intention de protester quand mon agent ma dit : « Surtout, tais-toi ! Ils risqueraient de se rendre compte à quel point il est stupide de te donner ce rôle ! » (rires) Mais quand je suis arrivé sur le plateau et que je me suis retrouvé en compagnie de ce groupe de gens qui étaient parmi les meilleurs du monde, chacun dans leur domaine, j’ai été amplement récompensé. Avoir fait partie de BENJAMIN BUTTON est l’une de mes plus grandes fiertés. J’avais toujours rêvé de participer à un film de ce calibre.

Votre sens de l’humour semble vous mettre à l’abri des déconvenues que l’on peut subir en exerçant le métier d’acteur…

C’est une question de bon sens et de survie. Si vous n’avez pas assez de recul et prenez tout trop à cœur, vous devenez fou. La meilleure attitude, c’est de prendre les choses comme elles viennent. Quand on me dit « C’est formidable que tu joues dans LE CHOC DES TITANS, ça va être génial pour ta carrière. », je réponds « Aarrrrrgh ! Grrrr ! », car ce sont les principales répliques de mon personnage ! (rires)

Mais ne pensez-vous pas que les spectateurs qui verront le film ressentiront au moins un peu d’empathie pour Acrisius/Calibos ? Ce sera bénéfique pour vous…

Oui, il y aura certainement un peu de cela. Mais il est toujours difficile d’imaginer quel impact un film aura réellement sur votre carrière. Le point délicat, dans un péplum, c’est qu’il faut porter des tuniques qui laissent apparaître vos jambes blanches et maigrelettes d’anglais. (rires) Mais cela n’a pas été le seul moment embarrassant pour moi. Le réalisateur du CHOC DES TITANS est français, comme vous le savez, et bien que le film soit destiné à être vu par tous les publics, il a envisagé à sa manière le début des tourments d’Acrisius. Il m’a dit « Jason, au début, Zeus entre dans le palais d’Acrisius sous la forme d’un aigle, en passant par une fenêtre. Il prend ensuite l’aspect de Liam Neeson, puis se transforme pour prendre ton apparence. » Bien entendu, comme Zeus s’est transformé en aigle, il ne peut pas porter de vêtements. Pendant le tournage, nous sommes donc passés d’un vrai aigle se posant sur le plateau à la doublure de Liam Neeson, un cascadeur très musclé, et enfin à la silhouette maigrichonne de Jason Flemyng tout nu. (rires) Moi qui m’attendait à être traité comme le roi Acrisius, il a fallu que je joue cette scène pendant le premier jour de tournage ! Au départ, je portais un slip de couleur chair. Louis Leterrier est venu me trouver pour me dire (Jason Flemyng prend un accent français en anglais) « Jason, il va falloir que tu retires le slip, car on voit les plis à l’image et c’est gênant. » (rires) J’ai protesté en disant que je ne pouvais pas retirer tous mes vêtements comme ça, dès le premier jour de tournage, mais Louis m’a dit de me rassurer, et qu’on ne verrait rien d’offensant à l’image. J’accepte et je lui demande qu’il y ait seulement les membres essentiels de l’équipe technique sur le plateau. Louis me dit « Oui, oui, bien sûr ! ». Bien sûr comme je suis sensé être un aigle, non seulement je me retrouve tout nu, mais en plus, il faut que je fasse semblant de battre des ailes pour me poser ! (rires) Je tourne donc une première fois la scène ainsi, et quand je me retourne pour demander son avis à Louis, je me rends compte qu’il y a une jeune fille de 17 ans sur le plateau, venue de la cantine, et occupée à vendre des petits pâtés de viande et divers plats à l’équipe de tournage ! (rires) J’ai protesté avec indignation en disant « C’est ça que vous appelez un plateau fermé ? Il est fermé à qui, en dehors des résidents locaux ? » (rires)

Mais vous n’avez pas suivi un entraînement physique pour vous préparer à cette scène ?

Si, mais trois mois d’exercice avec un prof de gym n’ont réussi qu’à me rendre un tout petit peu moins fluet ! (rires)

Pour compenser un peu, vous a t’on fait tourner aussi des scènes où l’on vous voit paré des beaux vêtements du roi Acrisius, dans votre palais ?

Non, je n’ai pas vraiment eu droit à ce genre de scène. Mais on me voit porter une armure, à un autre moment du film.

Avez-vous apprécié vos scènes avec Liam Neeson ?

Il se trouve que j’ai tourné pour la première fois avec lui il y a quelques jours. Je l’avais déjà rencontré sur le tournage de Rob Roy. Je jouais l’un de ses partisans et nous avons travaillé ensemble pendant quatre mois en Ecosse. Nous nous sommes retrouvés pour tourner avec la seconde équipe les gros plans de la scène de transformation dans le palais d’Acrisius. Il a été absolument charmant et très disponible, ce qui est d’autant plus gentil de sa part que son épouse avait disparu peu de temps auparavant (La regrettée Natasha Richardson a eu un accident de ski en Mars 2009, et a été victime d’une commotion cérébrale fatale. Elle avait eu deux enfants avec Liam Neeson. NDLR).

Cela doit être dur de travailler quand on est encore en train de faire son deuil…

Vous savez, c’est aussi un bon moyen de reprendre le dessus et de ne pas se laisser sombrer. J’ai travaillé peu de temps après le décès de ma mère et cela m’avait apporté beaucoup de réconfort. Le travail agit un peu comme un produit anesthésiant. Cela vaut mieux que de rester inactif. Je sais que Liam va tourner plusieurs films les uns à la suite des autres, donc je crois qu’il a choisi cette manière de surmonter cette épreuve particulièrement dramatique.

Comment votre entourage familial et vos amis ont-ils réagi en apprenant que vous alliez faire partie de la distribution du CHOC DES TITANS ?

Ils étaient très enthousiastes. Le film de 1981 est d’autant plus populaire en Angleterre que le casting des dieux était à 99% anglais ! (rires) Et après une longue semaine de tournage avec ce maquillage, ma charmante épouse – nous nous sommes mariés en 2008 – a la gentillesse de m’appliquer une crème hydratante pour soigner ma peau endolorie. Et je me laisse dorloter.

A t’elle eu l’occasion de vous voir habillé avec la tunique du roi Acrisius ?

Oui, mais cela ne lui a pas donné des idées coquines pour autant ! (rires) Elle ne m’a jamais dit « Sois un monstre ce soir, chéri ! » (rires) Je vous dis cela, parce qu’un de mes amis a pris l’habitude de se déguiser et de jouer au « cambrioleur chanceux » avec sa femme ! (rires) Il m’a raconté cette histoire au téléphone l’autre jour et je lui ai dit « Dan Smith, je n’arrive pas à croire que tu fasses ça ! » Oups, je viens de citer son nom. Tant pis pour lui ! (rires)

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