Dossier AVATAR : Entretien exclusif avec Sam Worthington - Troisième partie
Article Cinéma du Dimanche 02 Mai 2010

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Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Comment James Cameron vous a t’il décrit le personnage de Jake ?

Je me suis d’abord fait ma propre opinion en lisant attentivement le script, et en étudiant ce que Jake racontait de sa vie, et comment les autres personnages parlaient de lui. C’était déjà une mine d’informations.  Ses actions en disaient aussi beaucoup, puisqu’un homme se définit aussi par sa manière d’agir. Jake est un personnage qui ne recule pas devant les défis qui se présentent. Quand les Na’vis le testent et lui disent « on va voir si tu es bien le guerrier que tu prétends être », Jake se lance dans l’aventure. Il grimpe le long d’une sorte de tige de haricot géant, pour atteindre les rochers flottants, et se rend jusqu’au repaire des banshees pour essayer d’en chevaucher une et de voler avec. C’est un rite très dangereux, que doivent passer tous les jeunes guerriers Na’vi, et qui est appelé Itnimaïa. Quand nous avons tourné la scène du début du périple, Jim m’a dit, « Il faut que tu fasses semblant de regarder la tige végétale qui monte jusqu’aux rochers. » J’ai levé la tête, et il m’a dit « Plus haut ! », j’ai continué et il a ajouté « Encore plus haut ! Beaucoup plus haut ! » . Je lui ai dit « Mais à quelle altitude se trouvent ces satanés rochers ?! » Il m’a dit « Vraiment très très haut ! ». Quand j’ai vu la scène, je me suis rendu compte qu’il n’exagérait pas ! A côté de ces montagnes flottantes, l’Empire State Building aurait l’air d’une fourmi ! Mais cela n’empêche pas Jake de grimper tout là-haut. Il n’hésite pas non plus quand on lui propose de participer au rituel des bâtons de feu, qui est une autre séquence intéressante. Voilà donc un aspect de Jake : cette nature téméraire, audacieuse. Mais il ressemble aussi à mon neveu, qui avait 6 ou 7 ans à l’époque du tournage d’ AVATAR. Vous allez me dire « Mais quel est le rapport entre un Marine endurci et un gamin de 7 ans ? ». La réponse, c’est le sens de l’émerveillement. Et aussi un peu d’espièglerie. Quand Jake explore pour la première fois la jungle de Pandora, Grace, le personnage qu’incarne Sigourney Weaver, lui dit « Ne touche pas à ces plantes, elles pourraient t’avaler tout cru ! ». Et bien sûr, il y touche ! Il tambourine même dessus ! C’est grâce à ce genre de réactions que mon neveu et tous les enfants qui verront le film pourront s’identifier à Jake. Le film repose sur cette capacité d’émerveillement, cette sensation extraordinaire que l’on éprouve quand on découvre des paysages et des choses étonnantes, yeux grands ouverts et bouche bée. On ressent tout ce que ressentent les personnages, qu’ils soient humains, ou qu’ils mesurent 3,50m et aient l’air de félins bleus. Je crois que jouer Jake avec un peu de l’innocence de Ridley – c’est le prénom de mon neveu – était la chose à faire. J’y ai ajouté aussi un peu d’inconscience, parce qu’à 7 ans Ridley avait l’impression de pouvoir tout faire. S’il lui prenait l’idée de sortir tout nu dans la rue, ça faisait rire tout le monde. Si j’avais voulu faire la même chose, je me serais fait arrêter ! (rires) Il était plus audacieux que quiconque, à cette époque de sa vie, et je crois que cela caractérise qui est Jake Sully. Et nous espérons que ce message plairait autant aux spectateurs de 7 ans qu’à ceux qui en ont 70 et plus !

Votre personnage est en proie à certains conflits dans le film. Etant donné qu’il est paraplégique, il ne peut se sentir « entier », et en pleine possession de ses moyens physiques que lorsqu’il se transfère dans son avatar, ce qui est en soi une contradiction. Et il se retrouve dans la position où il va combattre les humains, les gens de son propre camp, parce qu’ils détruisent Pandora…

Et de plus, il ne peut pas vraiment être comme eux, parce qu’il est un avatar. Un corps piloté à distance. Sans l’esprit qui l’anime, ce n’est qu’un amas de chair, en vérité. C’est une autre contradiction : étant donné qu’il agit par procuration, par l’intermédiaire de ce corps, Jake ne peut pas se battre lui-même pour défendre les Na’vis. Il est emprisonné dans son corps amoindri.

Il doit résoudre ce conflit…

Oui, et c’est ce que l’histoire du film nous montre, au fil de l’évolution des personnages. On voit comment Jake cesse d’être un jeune homme pour devenir un adulte qui prend ses responsabilités. Au début, il agit comme une tête brûlée, avec audace, mais aussi avec un peu d’inconscience. A force de prendre des risques inconsidérés, il finit par commettre des erreurs qui ont de graves répercussions. Mais il en tire les conséquences, agit pour réparer les dégâts provoqués, et c’est à ce moment-là qu’il devient un vrai héros.

Il y a plusieurs scènes d’amour importantes entre vous et Neytiri…

Oui. Jake tombe amoureux de Neytiri dès qu’il la voit. Quand elle surgit en bondissant d’un arbre et utilise son arc et ses flèches pour chasser une meute de Viperwolves qui s’apprête à le dévorer, il est immédiatement séduit par son énergie, son courage et sa vivacité. Il faut dire que c’est une très jolie fille bleue ! (rires) Mais il voit aussi au-delà de sa simple beauté physique, ce qui est tout à son honneur. Par la suite, elle le rabroue et le dispute, parce qu’il ne sait pas comment se comporter dans la jungle. Vous avez rencontré Zoe, vous voyez donc quelle énergie peut déployer Neytiri quand elle est en colère ! (rires) La relation entre Jake et Neytiri est donc faite de disputes et d’attirance mutuelle, comme les relations des couples de beaucoup d’œuvres de la littérature classique. Bien sûr, leur relation évoque jusqu’à devenir intime…mais en même temps, ce n’est pas le vrai corps de Jake, mais seulement son avatar qui se trouve aux côtés de Neytiri. Sans vouloir gâcher la surprise, disons que les Na’vis ont leurs propres moyens de « fusionner » spirituellement et physiquement, des moyens qui sont issus du lien particulier qui les relie à la nature. Nous avons donc tenu compte des particularités des Na’vis dans ces scènes-là.

Quel a été le moment le plus fort de l’aventure, pour vous ?

Sans aucun doute le moment où AVATAR est sorti, et où tout le monde a enfin pu le voir. Jim a changé ma vie. Je dois tout, absolument tout, à cet homme. Et le simple fait de savoir que ce film est finalement sorti dans le monde entier, et que ce n’était pas un petit projet qu’il a fait chez lui pour son propre amusement, est très satisfaisant ! (rires) C’est passionnant de voir les réactions que le film provoque chez les gens.

Quelle est la scène d’action la plus difficile que vous avez tourné avec le procédé de capture de performance ?

Je crois qu’il s’agit de l’une des premières scènes que nous avons tournées ainsi. C’était aussi l’une de celles que nous avions répétées avec Zoe pendant les auditions, et Jim avait pensé, à juste titre, que comme nous la connaissions bien, cela faciliterait un peu cette première prise de contact avec le procédé.  Il s’agit de la séquence pendant laquelle Neytiri vient au secours de Jake et chasse les Viperwolves. Pendant que Zoe faisait semblant de décocher ses flèches et de frapper les animaux avec son arc, on jetait des sacs de gym sur moi, pour simuler les animaux qui bondissaient pour me mordre. Vous imaginez ce que ça pouvait donner « en vrai » sur le plateau, c’était assez ridicule à voir ! (rires) Ensuite, il fallait que je fasse mine d’en repousser un ou deux, puis que je parle avec Neytiri, qui est furieuse que j’aie attiré cette meute par mon manque de discrétion, en me promenant dans la jungle. Elle s’éloigne à toute allure en escaladant des branches, et je tente de la suivre tant bien que mal, alors qu’elle est bien plus agile que moi. Je manque de tomber à plusieurs reprises, et elle me retient. La gestuelle et la chorégraphie de toute cette scène a été assez difficile à jouer, mais le résultat final est impressionnant et très beau, car c’est la première fois que l’on découvre que la forêt devient bioluminescente à la nuit tombée.

Pour conclure, puisque vous êtes devenu un acteur très demandé, est-il vrai que l’on vous avait approché pour le rôle de James Bond ?

 (rires) Comment Matt Damon s’appelle-t’il dans son dernier film ? L’agent 0014, je crois ! Pour ma part, j’aurais tendance à m’appeler 003,5 ! (rires) Daniel Craig est absolument parfait dans ce rôle. Personne ne pourrait le tenir mieux que lui, et surtout pas moi !

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