MONARCH : LEGACY OF MONSTERS, l’adaptation réussie du Monsterverse, à découvrir sur Apple TV+ - 3ème partie
Article TV du Mardi 12 Decembre 2023

Par Pascal Pinteau

L’approche visuelle de la série

Cinq réalisateurs ont conçu le style visuel de MONARCH : LEGACY OF MONSTERS - le réalisateur Andy Goddard et les réalisateurs Matt Shakman, Julian Holmes, Mairzee Almas et Hiromi Kamata. « Je voulais m’assurer que chaque metteur en scène apporterait sa propre créativité au projet, et en même temps, il fallait que les spectateurs aient l’impression qu’il s’agissait d’une seule et unique vision », explique Goddard. « Il devait y avoir une cohésion et une continuité de style et de ton au fil des dix épisodes. » Pendant la préparation de la série, les réalisateurs se sont réunis avec le directeur de la photographie Jess Hall et la chef décoratrice Caroline Hanania pour établir la signature visuelle de MONARCH : LEGACY OF MONSTERS. Hall a ensuite présenté à l’équipe créative un document qu’il avait préparé pour décrire sa proposition d’approche photographique de la série. « J’ai choisi les types d’objectifs, d’éclairages et de compositions de plans qui définiraient la série », explique-t-il. « J’ai également travaillé avec mon coloriste de la société CO3 pour développer le traitement des couleurs qui reproduirait la palette des différents looks correspondant à chaque époque. J’ai établi les réglages de niveaux précis pour reconstituer ces ambiances et pendant la post-production, j’ai déterminé aussi le niveau de grain de pellicule adapté à chaque période. » Hall a collaboré avec la fabricant de caméras et d’objectifs ARRI pour concevoir un objectif Alfa Anamorphique grand angulaire unique de 32 mm, qui a permis à la caméra d’être très proche des acteurs, tout en disposant d’un très large champ de vision à l’arrière-plan, pour filmer les vastes espaces dans lesquels allaient apparaître des créatures gigantesques. « Ce type d’objectif a contribué à donner cette qualité immersive à nos prises de vues », déclare Hall. « Jess a fait fabriquer cet objectif extraordinaire spécialement pour notre série », s’émerveille Goddard. « Je n’avais jamais travaillé auparavant sur un projet où l’on doit créer de toutes pièces un objectif spécifique. Cela donne une petite idée de l’échelle de la série et de l’ampleur des scènes d’action, mais aussi du fait que c’est toujours au travers du ressenti de nos personnages, et de ce dont ils sont témoins, que l’on découvre ce qui se passe. Nous voyons les choses comme ils les vivent. Je pense que les films du Monsterverse ont vraiment réussi à donner aux spectateurs l’impression de se retrouver au milieu des combats de monstres, et de vivre des scènes de destructions avec le point de vie subjectif des personnes présentes sur les lieux. En tant que conteur et spectateur, j’aime me sentir transporté au milieu de l’action et avoir l’impression de la vivre en même temps que les personnages. C’est exactement ce que nous faisons dans la série. Quand nous allons à Tokyo, on découvre la vile au travers des yeux de Cate, comme une nouvelle venue dans un pays étranger. » « En lisant les scénarios, j’étais vraiment enchantée du voyage que les personnages ont fait », explique Caroline Hanania à propos de ce qu’elle aimait le plus lorsqu’elle a commencé à réfléchir à la conception des environnements de la série. « Très tôt, nous avons décidé que nous ne voulions pas nous appuyer sur les films précédents », ajoute-t-elle. « Nous voulions créer notre propre monde qui tout en restant ancré dans la réalité, aurait un aspect un peu plus spectaculaire. »

Des effets visuels titanesques

Dès l’annonce de la création de la série, les fans du Monsterverse ont attendu avec impatience d’en savoir plus sur les monstres anciens et nouveaux qu’elle permettrait de revoir ou de découvrir. Ils seront certainement satisfaits de voir des icônes de l’univers des Kaijus surgir au fil des épisodes, ainsi que plusieurs nouvelles créatures imaginées spécialement pour MONARCH : LEGACY OF MONSTERS. Legendary a incité l’équipe créative de la série à inventer de nouveaux titans et à les intégrer à ces histoires. « C’est l’évolution naturelle du Monsterverse », explique le showrunner Chris Black. « En transposant cet univers dans les dix épisodes de la série, l’idée n’était pas, si j’ose dire, de ‘couper la tarte en plus petits morceaux’, mais de préparer plus de tartes ! La télévision est une chose que l’on consomme chez soi, et il faut varier les situations que l’on propose aux spectateurs. KONG : SKULL ISLAND était un divertissement brillant, notamment parce que ses concepteurs avaient imaginé toutes sortes de créatures, grandes, moyennes ou petites. Elles ne mesuraient pas toutes 120 mètres de haut, comme Godzilla. Sur Skull Island, il existe une mégafaune et une flore géante, des super-espèces locales. L’idée était donc de s’inspirer de cela, et d’imaginer des bêtes de tailles différentes en fonction de chaque situation, en choisissant à chaque fois l’échelle la plus appropriée. On peut courir un danger mortel même si l’on n’est pas confronté à un titan de la taille de Godzilla. Une petite chose tapie dans un coin sombre peut vous tuer aussi efficacement qu’un monstre géant. Nous faisons donc apparaître des créatures de toutes sortes de formats ! » Pour donner vie à ces animaux spectaculaires, la production s’est tournée vers le superviseur VFX Sean Konrad. Il a suivi ensuite la conception et la création des 3000 plans d’effets visuels répartis dans les 10 épisodes de la série. Konrad avait déjà travaillé sur le GODZILLA de 2014 en tant qu’artiste du département VFX, puis a collaboré avec le superviseur des effets visuels de GODZILLA II : ROI DES MONSTRES. Konrad et l’équipe créative ont immédiatement réalisé qu’ils allaient évoquer beaucoup de films du Monsterverse, et ont élaboré la manière dont ils souhaitaient que les effets visuels soutiennent l’histoire se déroulant à l’écran. La superstar des Kaijus, Godzilla, est représenté avec deux aspects différents dans la série. « Il y a le look du GODZILLA de 2014, qui a été le sien pendant environ 10 000 ans », explique Konrad. « Il apparaît donc ainsi dans toutes les scènes de la série qui se déroulent jusqu’en 2014. Mais on sait que dans l’histoire du Monsterverse (dont la chronologie est détaillée dans la bande dessinée "Godzilla : Aftershock"), les plaques dorsales de Godzilla ont été détruites au cours de la bataille contre les M.O.T.U. à San Francisco. L’idée est qu’elles ont repoussé avec des formes différentes, comme cela se produit quand les bois d’un cerf se brisent au cours d’un duel avec un adversaire. » La spectaculaire scène d’ouverture de la série, qui prolonge les événements de KONG : SKULL ISLAND, montre comment Bill Randa — joué par John Goodman — est contraint de jeter son sac contenant de précieux documents dans l’océan, en espérant qu’ils soient retrouvés et donnés à Monarch. Cette séquence a subi de nombreuses permutations pendant son écriture, et au fil du temps, l’équipe créative a eu des idées différentes sur le type de Titans qui devraient être impliqués. « Nous savions dès le départ que nous voulions que Randa soit pourchassé par une des araignées géantes qui vivent dans la forêt de bambous, et que nous avons surnommées ‘mères aux longues jambes’ », explique Konrad. « Nous avions aussi des idées assez précises concernant le type de décors naturels dans lequel cela pourrait se dérouler, mais au fur et à mesure que les choses évoluaient, il est devenu évident que ce que nous recherchions allait être difficile à trouver tel quel. » Finalement, la production a réussi à localiser à Hawaii un endroit ressemblant parfaitement à ces descriptions : Lanai Lookout, une belle formation de roches volcaniques qui part de la terre et s’achève en avancée pointue, au-dessus des flots. « C’était parfait pour cette scène où notre personnage est poursuivi, et se retrouve coincé sur ce prolongement rocheux très étroit qui surplombe la mer », ajoute Konrad. « Cela permettait au suspense de la scène de devenir de plus en plus intense, et ouvrait aussi de nouvelles opportunités créatives à nos cascadeurs. Inversement, cela a totalement transformé la scène initiale que nous avions préparée, et pour laquelle nous avions déjà conçue une créature, mais cela nous a donné l’occasion d’utiliser au mieux l’une des caractéristiques uniques de la série : les combats de Titans. Le réalisateur et producteur exécutif Matt Shakman a suggéré que nous concevions un crabe colossal, car cela correspondait bien à cet environnement de bord de mer. Nous avons demandé à la société The Third Floor chargée de la création des prévisualisations (les animations 3D schématiques, sortes de storyboards animés) de se servir d’un modèle 3D standard de crabe pour commencer à préparer la prévis de cette scène, tandis que les artistes de W?t? développaient un nouveau design pour ce Titan. Chris Black a réécrit la séquence pour donner du sens à ce nouveau paysage. Pour concevoir l’aspect du crabe, nous nous sommes référés aux textures des formations rocheuses de bords de mer et les avons reproduites sur sa coquille et son corps, puis nous lui avons donné des nuances de crabe rose pour l’aider à se différencier de l’environnement gris-brun du paysage. Nous avons terminé la prévis deux jours avant que Matt n’aille tourner la scène à Hawaï, ce qui lui a laissé juste assez de temps pour concevoir le découpage des plans de la séquence, les répartir sur les jours de tournage, et déterminer de qu’il faudrait tourner avec John Goodman et où. «  Malheureusement, le jour J, le vent soufflait si fort qu’il ne permettait pas de filmer John Goodman sur les rochers dans de bonnes conditions de sécurité. Mais Matt Shakman et son équipe chargée des trucages ont malgré tout réussi à tourner les vues générales et d’arrière-plan du paysage, et à filmer les plans larges avec la doublure cascade de John Goodman le lendemain. Cela a permis à l’équipe d’effectuer le travail prévu dans ce décor naturel exceptionnel, tout en assurant la sécurité de tout le monde. « C’est ainsi qu’est né le combat entre le crabe et l’araignée », explique Konrad, fier que l’équipe ait réussi à filmer le plus de plans possible dans ces magnifiques paysages. « J’aime créer des environnements virtuels quand c’est nécessaire, mais chaque fois que l’on peut tourner dans des décors réels, on tire profit de cette opportunité. En tant que réalisateur, Matt a trouvé les idées et la vision générale de la scène qui permettaient de raconter visuellement le récit, tel que Chris l’avait développé. »

La suite de notre titanesque dossier MONARCH apparaîtra bientôt sur ESI !

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