Les architectes de l’imaginaire
Article 100% SFX du Mardi 20 Mai 2008

Par Pascal Pinteau

Depuis la naissance du cinéma, les décorateurs rivalisent de talent et d’astuce pour créer des univers fantastiques. Leur art se mêle souvent à celui des effets spéciaux lorsque les cinéastes inventent des mondes imaginaires . Les décors construits en studio sont alors complétés par des maquettes, des trompes l’œil, des peintures sur verre, voire même prolongés par décors virtuels créés en images de synthèse. ESI revient sur quelques uns des environnements les plus marquants de l’histoire du cinéma.

La marionnette géante de Méliès

Ce 3 mai 1912, le dernier film de George Méliès, A la conquête du pôle, est à l'affiche du cinéma Pathé. Dans la salle, les spectateurs observent, étonnés, d'intrépides explorateurs aller et venir sur la banquise. Soudain, un gigantesque bonhomme, couvert de givre, jaillit des profondeurs glacées, roulant des yeux menaçants sur la petite troupe. Nos vaillants aventuriers reculent. Trop tard… Le géant du pôle s'est emparé de l'un d'entre eux, le porte à sa bouche et le dévore tout cru ! Un frisson parcourt la salle… Homme de théâtre et magicien, Méliès a le sens du spectacle. Et surtout, il sait utiliser un décor pour immerger les spectateurs dans l'action. Depuis 1896, son studio de Montreuil est équipé des trappes et des machineries des salles de Music-hall. La verrière de son plateau est même dotée de réflecteurs pivotants pour contrôler l'éclairage solaire. Artiste émérite, Méliès a dessiné lui-même les décors de son film. Il a fait construire une longue scène en bois où évoluent ses comédiens. A l'arrière plan, une toile géante reproduit en trompe l'œil le ciel et l'horizon immaculé de la banquise. A l'avant des découpes de bois peintes simulent les aiguilles tranchantes des blocs de glace. Mais le clou du dispositif, c'est le géant : une marionnette colossale manipulée par 15 machinistes et qui bouge à la demande la tête, les bras, les mains et les yeux.

Metropolis, la cité du futur

Lorsque le réalisateur Fritz Lang débarque à New York en octobre 1924, il est sidéré par la hauteur des gratte-ciel. C’est une ville du futur qui s’étale là, à perte de vue, devant lui ! Un an plus tard, inspiré par la grande métropole américaine, il tourne Metropolis. L'action se déroule en l'an 2000 dans une ville titanesque aux buildings démesurés. La cité est dirigée par une poignée de "maîtres" qui habitent des jardins fleuris aux étages supérieurs. Le peuple, lui, croupit dans les bas-fonds, obéissant aux machines qui fournissent l’énergie à la cité. Mais un robot, construit par un savant illuminé, poussera bientôt les esclaves à la révolte. Le décorateur Erich Kettelhut a signé les paysages urbains du cauchemar futuriste de Fritz Lang. Il a fait construire des maquettes de gratte-ciel de 3 mètres de haut soutenus par d'imposants échafaudages. Dans ce décor miniature, quelques avions coulissant sur des fils invisibles et des centaines de voitures animées image par image, millimètre par millimètre, récréaient l'illusion d'un trafic routier et aérien. Les dix animateurs qui accomplissaient cette tâche n'obtenaient qu'un plan de cinq secondes au bout d’une longue journée de travail.



Des décors construits avec un pinceau

De retour d’une mission spatiale, trois astronautes échouent sur un monde dominé par des anthropoïdes intelligents, qui élèvent des humains comme du bétail. Après bien des aventures, le seul survivant du trio découvrira les vestiges de la statue de la liberté émergeant d’une plage et comprendra que La planète des singes n’est autre que la terre du futur, ravagée par l’apocalypse nucléaire… Cette scène ô combien célèbre a été réalisée grâce à un “ Matte painting ”, une peinture de la statue habilement incrustée dans l’image pour transformer le paysage réel. Et le baiser passionné de Rhett Buttler et de Scarlett O'hara sur fond de soleil couchant, dans Autant en emporte le vent, vous vous en souvenez ? Cette scène culte fut tourné elle aussi grâce à un "Matte painting". Le baiser de Clark Gable et de Vivien Leigh a d'abord été filmé sur un fond orange. L’image de l’arbre éclairé par le crépuscule a été dessinée sur une plaque de verre. Un tireuse optique a permis de recopier ces deux images sur une pellicule vierge. Au final, lorsque la caméra effectue un travelling avant vertigineux pour se rapprocher des acteurs, il est impossible de deviner que le paysage environnant est factice. Depuis les années 20, les "Matte paintings" font la joie des producteurs en allégeant leurs budgets. Grâce à cette technique, on peut peindre le haut d'un immeuble dont on n'a réellement construit que le premier étage, on crée de toutes pièces un vaste panorama ou l’on remplace un banal ciel bleu par un magnifique ciel d'orage. D’abord réalisées sur des plaques de verres placées devant la caméra, les “ glass paintings ” sont devenues des “ Matte paintings ” (peintures sur caches) lorsque l’on a mélangé les images en laboratoire. Une tireuse optique projetait la partie réelle puis la partie peinte d’une image sur une pellicule vierge afin d’obtenir un duplicata truqué. Aujourd’hui, les “ Matte paintings ” sont créés numériquement, sur des ordinateurs.



L’âge d’or du péplum

Quo Vadis, l'Egyptien, Ben Hur, Spartacus, Cléopâtre, La chute de l'Empire Romain… autant de films tournés dans les années 50 et 60 et qui symbolisent l'âge d'or du péplum. Les décorateurs d'alors avaient la lourde tâche de recréer à l'identique palais, forums et autres grands monuments de l'Antiquité. Coup de chance, l'arrivée du béton à prise rapide, à cette époque permit de fabriquer très vite façades de temples, statues monumentales, cirques et gradins d'amphithéâtres. Il suffisait de modeler avec des tiges d'acier et des grillages métalliques la forme voulue : escaliers, architraves, chapiteaux, voutes, puis de les recouvrir avec du béton pour voir surgir en quelques jours des monuments plus vrais que nature. Ces constructions énormes devinrent une des spécialités des célèbres studios de Cinecitta, à Rome, où furent tournées la plupart de ces superproductions américaines. Les arènes où se déroule la fameuse course de chars de Ben-Hur (1959) furent même récréées à taille réelle ! Pour façonner les colonnes et les milliers de détails de ces bâtiments antiques, mais aussi les casques, les cuirasses et les armes des soldats romains, on fit appel aux silicones issus de l'industrie. Ces matériaux liquides permettaient, une fois figés, d’obtenir des moules souples et précis à partir d’objets rigides comme des lances, des boucliers ou des bas-reliefs. En coulant de la résine ou du plâtre dans ces moules, on obtenait des dizaines, voire des centaines de répliques parfaites.



Un opéra de l’espace

2001, l'odyssée de l'espace (1968) reste l'un des plus grands films de science-fiction jamais réalisés. L'un des plus ambitieux aussi au niveau du scénario puisque le film, inspiré d'un roman d'Arthur C. Clarke, évoque le mystère de notre apparition sur Terre. Un monolithe noir fait jaillir dans le cerveau de nos lointains ancêtres l'intelligence qui nous poussera, quelques millions d'années plus tard, à la conquête de l'Univers. Ce mystérieux objet est-il envoyé par Dieu, des extraterrestres ou une force cosmique inconnue ? Le réalisateur Stanley Kubrick se garde bien de le révéler et c'est d'ailleurs ce qui contribue a créer l’atmosphère magique et poétique du film. Mais 2001, l'odyssée de l'espace doit aussi son immense succès au talent du maquettiste Harry Lange qui a travaillé avec les ingénieurs de la Nasa pour concevoir la station orbitale et le vaisseau spatial Discovery. La forme en allumette de l'aéronef, par exemple, ne doit rien au hasard : Discovery étant propulsé à l'énergie nucléaire, il fallait que les quartiers d'habitation de l'équipage soient très éloignés du moteur. D'où cette forme longiligne terminée par un bulbe où vivent et travaillent les astronautes. Le vaisseau fut sculpté dans le bois et le polystyrène puis recouvert, pour les gros plans, d'une multitude de pièces de maquettes d’avions de la seconde guerre mondiale. Une des scènes les plus célèbres du film montre un astronaute en train de courir dans le vaisseau, le long d'une coursive en forme d'anneau, grâce à la gravité artificielle. Pour réaliser cette scène, Kubrick commanda un tambour de 12 mètres de diamètre au fabricant d'avions Vickers-Armstrong. Ce cylindre motorisé, qui tournait sur lui même à la vitesse de 5 km/heure coûta la bagatelle de 750 000 dollars pour une séquence qui ne durait que quelques dizaines de secondes ! Une addition plutôt salée mais qui permit de filmer un homme courant à l’intérieur d’un cylindre comme s’il défiait les lois de la pesanteur. Pendant le tournage, la caméra était fixée au décor en rotation. Grâce à ce point de vue apparemment fixe, c’est l’acteur qui donnait l’impression de se déplacer en courant sur les parois du cylindre.



Blade Runner, le futur selon Ridley Scott

L'extraordinaire séquence d'ouverture de Blade Runner est restée gravée dans la mémoire de nombreux cinéphiles. Sur une musique de Vangelis, un vaisseau spatial survole de nuit la ville tentaculaire de Los Angeles. Nous sommes en 2019 et la mégapole américaine étouffe sous une chape de gaz pollués. La caméra montre, plein champ, le vaisseau approchant d'un batiment colossal en forme de trapèze. Du poste de pilotage, on distingue les ascenseurs qui vont et viennent sur les flancs du gratte-ciel et à l'intérieur, d'immenses ventilateurs qui tentent en vain de dissiper la chaleur moite qui accable la ville. Dans la réalité, les gratte-ciels de Los Angeles survolées par le vaisseau ne mesuraient qu'1,20 à 1,70 m. Taillés dans une mousse synthétique, les immeubles ont été ornés de fines "dentelles" de cuivre, découpées à l’acide, qui imitaient à la perfection des poutrelles métalliques. Ils étaient éclairés par des fibres optiques qui donnaient de la lumière aux centaines de fenêtres perçant les bâtiments, renforçant ainsi l'impression de gigantisme. Pour simuler la diffusion atmosphérique de la lumière, dûe à la pollution de la mégapole, le tournage eut lieu dans une pièce enfumée par des vaporisations d’huile de gazoil, obligeant cameramen et décorateurs à porter en permanence des masques à gaz ! Les designer Syd Mead et Lawrence G. Paull eurent l’idée de mêler des architectures anciennes et modernes pour évoquer de façon crédible le futur de Los Angeles. Pour le tournage des prises de vues réelles, ils employèrent les vieilles façades d’immeubles des studios Warner.et les recouvrirent de “ prothèses ” futuristes en résine et en fibres de verre. La technique industrielle du thermoformage permit de multiplier les enseignes publicitaires et les parcmètres qui jalonnaient les rues. Les deux faces du parcmètre ont d’abord été sculptées sur une matrice en bois. La sculpture a été transpercée de centaines de trous puis fixée sur un système d'aspiration d'air. On a utilisé des résistances pour chauffer une feuille de plastique tendue sur un cadre. Plaqué hermétiquement sur la matrice tandis qu’on aspirait l’air, le plastique ramolli a épousé les contours de la forme de bois. On a injecté de l’air froid afin de décoller la plaque thermoformée de la matrice. L’assemblage des deux moitiés formait le volume complet du parcmètre, qui pouvait être ainsi multiplié à peu de frais.



Galaxy Quest : des décors en assemblage permanent

Les réalisateurs se plaignent souvent de ne pas disposer d’un budget assez élevé pour mettre leurs rêves en images. Et les décorateurs sont souvent en première ligne quand il s'agit de faire des économies. La comédie produite par Steven Spielberg, Galaxy Quest, est un bon exemple de ce genre de situation. Dans cette aventure loufoque , des extraterrestres dont le vaisseau a été endommagé captent par hasard un feuilleton télé de Science-Fiction des années 80, Galaxy Quest. Croyant les terriens dotés de la fabuleuse technologie décrite par la série, les aliens rappliquent dare-dare sur notre planète pour solliciter l’aide du capitaine et de son équipage ! A la suite de compressions de budget, Linda Di Scinna, la décoratrice, a dû installer le vaisseau des extraterrestres sur cinq plateaux seulement au lieu des sept initialement prévus pour le tournage. Il lui a fallu, très vite, improviser un système de roulement permanent, c’est à dire assembler une première série de décors, tourner certaines scènes, démonter les décors et en remonter de nouveaux pour filmer les scènes suivantes….et ainsi de suite ! La plupart des pièces du vaisseau ont été ainsi démontées cinq à six fois, recomposés différemment puis “maquillés” pour créer d’autres parties de l’astronef: infirmerie, coursives, postes de commande, etc. Les portes du couloir, toutes semblables, menaient à des pièces assemblées à la demande, à partir du “Puzzle de base”, pour donner l’impression que l’action se déroulait dans une autre partie du vaisseau.

Turbulences : quand les décors font des loopings

N'importe quel décor peut aujourd'hui être animé grâce aux "Gimbals", d’énormes structures métalliques animées par des vérins hydrauliques. Pour les besoins du film Turbulences, le décorateur Isidoro Raponi a recréé l’intérieur d'un Boeing 747 dans une gigantesque cage métallique, reliée à ces fameux vérins. A volonté, ceux-ci reproduisaient tous les mouvements de l'avion : montée, descente, virage sur l'aile et même chute en vrille ! Les mouvements du Gimbal étaient préprogrammés et contrôlés par ordinateur, pour assurer la sécurité des comédiens pendant les répétitions et le tournage des scènes d'action.

Une forêt artificielle

Les têtes valsent dans Sleepy Hollow réjouissant mélange d’humour et d’horreur réalisé par Tim Burton. La vedette de ce film fantastique , un cavalier sans tête, passe son temps à décapiter de pauvres villageois terrifiés - on les comprend - par d'aussi vilaines manières. C’est dans les studios anglais de Shepperton que l’on a recréé la forêt hantée par ce fantôme vindicatif. Des arbres de dix mètres ont été fabriqués en fibre de verre et en acier à partir du moulage des chênes du parc de Windsor. De vraies branches ont été ajoutées aux faux troncs après avoir été cueillies sous la direction du ministère des eaux et forêts. L’élément central de la forêt est “ L’arbre des morts ”, passage entre ce monde et l’enfer dont les branches tordues et noueuses évoquent de longs membres décharnés. La carcasse en polyuréthane de l’arbre a été recouverte de couches successives d’écorce, de mousse et de branches véritables. Le résultat : une forêt des plus inquiétantes où le petit chaperon rouge se garderait bien d'aller se promener.



Animal Kingdom : des décors en dur

Si les décors de cinéma n'existent que le temps d'un tournage, ceux des attractions sont conçus pour subir sans dommages le passage de millions de visiteurs. Dans le superbe parc Animal Kingdom de Walt Disney world, Rex Harris et les "Imagineers" Disney ont du employer les astuces des décorateurs de cinéma et les combiner au savoir-faire des ingénieurs en bâtiment. L'attraction majeure de la zone dédiée à l’Asie est Tiger rapid runs , la descente d'une rivière en raft. La file d'attente de l'attraction serpente dans une jungle composée de vrais arbres et de faux rochers de ciment, traverse ensuite un temple aux colonnes richement ornementées, et aboutit dans le bureau de la compagnie qui est sensée louer les bateaux. Il a fallu trois ans pour dénicher les 34000 objets des décors de la file d'attente, des statues de bois peintes aux posters délavés des films indiens, en passant par les lettres portant le cachet de la poste de Calcutta. Une fois installés dans leurs rafts, les visiteurs traversent la forêt tropicale et passent en dessous d’un énorme tronc enflammé, abattu en travers de la rivière. Les flammes de l'incendie de forêt peuvent disparaître d’un seul tour de manette : elle sortent de conduites de gaz. Les troncs d'arbres en feu ne brûlent pas vraiment : ils ont été fabriqués avec des tiges de métal recouvertes de grillage. On a projeté dessus du “ Plybrico ”, un ciment réfractaire utilisé pour construire des fournaises, qui a été façonné par dix artisans sculpteurs pour imiter la texture du bois. Un peu plus loin, les ruines d’un palais de Maharajah abritent des chauve-souris géantes, des oiseaux exotiques et des tigres du Bengale. Dans ce cas, les décors servent aussi à protéger les visiteurs de ces gros matous qui peuvent sauter à plus de six mètres de hauteur avec une force d'impact terrible. Aussi, les parois de béton de 30 cm d'épaisseur ont elles été renforcées par d'épaisses barres d'acier. Les bas-reliefs et les briques qui apparaissent au travers des fissures ont été modelés à la main en ciment sur un grillage fixé par dessus le béton. Plusieurs "jus de peinture" appliqués sur le ciment frais, selon la technique des fresques, ont permis de créer les dessins puis la "patine" qui vieillit les décors. L’ultime étape a été la décoration végétale, qui donne l'impression que les plantes ont envahi le palais depuis des dizaines d'années. Cette illusion a été préparée trois ans à l'avance, car il a fallu laisser aux milliers de lianes, de plantes grimpantes, et de bambous le temps de pousser. A présent, lorsqu’on découvre le palais du Maharajah , on a du mal à croire que ces ruines n’ont qu’un an d’âge. Qui a dit que le béton ne ferait jamais rêver ?…

Titanic : un naufrage reconstitué grandeur nature

Gérant un budget de plus de 200 millions de dollars, James Cameron a réalisé son film Titanic dans le studio FOX Baja spécialement construit à cette occasion. Le plateau principal , un énorme bassin dans lequel trônait la réplique du navire, était installé à ciel ouvert, sur la plage de Rosarito, au Mexique, pour bénéficier d’un véritable horizon marin. La copie du Titanic est le plus gros accessoire jamais construit pour les besoins d’un film : une reconstitution parfaite, réalisée à 90% de la taille du modèle original. Entraîné par de puissants vérins hydrauliques, le faux paquebot pouvait s’incliner à volonté pour simuler le naufrage. Il plongeait alors dans la fosse de 13 mètres du bassin géant, qui contenait 19 millions de litres d’eau. Pour tourner les scènes montrant les survivants du naufrage à la dérive, un autre bassin plus petit, équipé d’un ciel nocturne peint sur un cyclorama, fut construit dans un plateau couvert. Le plan le plus complexe du film lie en un seul mouvement de caméra les deux acteurs principaux qui s’enlacent sur la proue du navire, des décors réels et des décors virtuels. Kate Winslet et Leonardo Di Caprio ont d’abord été filmés sur une petite section de la proue, devant un fond vert d’incrustation, par une caméra aux déplacements contrôlés par ordinateur. Ce mouvement a été répliqué avec précision sur l’arrière-plan : des images de la maquette du paquebot et de l’océan dont la surface généré en images de synthèse est animée par des formules mathématiques. Titanic a été le premier film a employer des décors virtuels hyperréalistes. D‘autres environnements réalisés en 3D sont apparus peu après dans Matrix , Le seigneur des anneaux, et la nouvelle trilogie de Star Wars. Aujourd’hui, les ordinateurs ne permettent pas encore aux producteurs de se passer complètement des studios de cinéma. La plupart des décors “ en dur ” sont moins coûteux que leurs équivalents de synthèse et offrent davantage de possibilités créatives au réalisateur. Récemment, Steven Spielberg a insisté pour que les décors de temple de Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal soient érigés en studio. Mais qu’en sera-t’il dans le futur , lorsque l’on pourra récréer les arènes de Ben-hur et les milliers de figurants assis sur les gradins sur un simple ordinateur domestique ?



Capitaine Sky et le monde de demain

New York, 1930. Les meilleurs savants mondiaux disparaissent. La journaliste Polly Perkins (Gwyneth Paltrow) découvre que le diabolique Docteur Totenkopf a voulu les faire taire. Mais voilà que des robots colossaux se posent dans la ville et détruisent un immeuble pour fouiller ses décombres. Mais à la recherche de quoi ? Polly convainc le Capitaine Sky (Jude Law), pilote émérite, de traquer le savant fou et ses sbires. Les décors de ces aventures délicieusement rétro, inspirées des films de science fiction Flash Gordon et Buck Rogers des années 30, ont été créés en images de synthèse, comme tous les véhicules , créatures et robots du film. Seuls les acteurs sont réels. Ils ont été incrustés dans cet univers aux teintes estompées, qui rend hommage aux classiques du cinéma d’aventure, comme King Kong et Metropolis. Ce projet est né à Los Angeles, en 1995. Kerry Conran, un fou de Science-Fiction et de 3D, imagine un plan diabolique pour se faire connaître des studios d’Hollywood. Aidé par son frère Kevin, illustrateur de talent, Kerry se défonce pendant quatre ans sur son Macintosh et crée une formidable bande-annonce. Six minutes hallucinantes de combat entre les robots géants qui envahissent New York et un pilote intrépide, cramponné aux commandes de son Warhawk P40. En 1999, le producteur Jon Avnet, sidéré par la démo du projet Capitaine Sky , transforme le rêve impossible en réalité : Kerry, parfait inconnu, se retrouve à la tête d’une superproduction ! D’autres fondus de synthèse rejoignent l’équipe, et bossent deux ans et demi sur des ordinateurs domestiques pour réaliser 2000 plans d’effets numériques. La tâche est rude pour les comédiens, qui jouent constamment sur un fond bleu ! Jude Law et Gwyneth Paltrow doivent solliciter toute leur imagination pour « voir » l’univers 3D qui sera incrusté plus tard autour d’eux. Pour les aider, le réalisateur leur a montré les dessins de préparation des scènes et a fait tracer sur le sol des repères des emplacements des murs et des obstacles à franchir. Dans d’autres scènes, comme celles qui montrent les héros cheminer au cœur des montagnes du Thibet, le processus a été simplifié. Quand elles sont vues en plan très large, les silhouettes des héros ont été remplacées par des personnages 3D, que l’on a pu faire évoluer plus facilement sur ce terrain virtuel, balayé par des flocons de neige qui le sont tout autant !



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