Rivalisant avec Disneyland Paris dans tous les domaines à des tarifs nettement plus abordables, ce superbe parc d’attractions regorge de surprises.

Par Pascal Pinteau

Situé à Rust en Allemagne, à 60 km de Strasbourg (soit un trajet de 45 minutes environ en voiture), et desservi aussi par une liaison directe en TGV INOUI, Europa Park symbolise la « success story » de la famille Mack, dont l’entreprise a conçu plus de 150 rollercoasters pour les parcs à thème du monde entier, dont ceux de Disney et Universal.

Un projet basé sur une synergie astucieuse

Créé le 12 juillet 1975 par Franz Mack, PDG de Mack Rides GmbH & Co, et par son fils Roland, ce parc dédié à l’Europe est alors de taille modeste. Il sert également de vitrine à l’entreprise qui peut présenter fièrement ses réalisations et innovations techniques sur 16 hectares. Une manière idéale de convaincre les émissaires des parcs du monde entier que Mack saura fabriquer les machineries de leurs projets d’attractions à sensations fortes.

Si cette idée de synergie est extrêmement astucieuse, le pari est risqué, car le clan Mack doit apprendre un nouveau métier et convaincre le public de venir. 250 000 visiteurs découvrent le site la première année, et leurs réactions sont si positives que le nombre d’entrées double en 1976. Le soin apporté aux premiers décors, espaces verts et ornementations végétales y contribue, car la famille Mack vise à atteindre le niveau d’excellence des parcs américains. Grâce à cette exigence permanente de qualité, et au souci de proposer des tarifs accessibles à tous, la barre du million de visiteurs est franchie en 1978. Ce succès permet d’acheter de nouvelles parcelles de terrain en 1980, dont celui sur lequel se trouve le château de Rust datant de 1442.

En 1982 est inauguré le premier grand quartier thématisé, dont les belles façades évoquent les architectures de l’Italie. D’autres aires consacrées à la France, l’Angleterre, l’Allemagne et la Suisse sont construites ainsi au fil des ans, en soignant les détails et les patines des décors, et en y installant de nouvelles attractions pour divertir les visiteurs de tous âges. La fréquentation ne cessant d’augmenter, la surface du parc grandit, atteignant 36 hectares en 1985, puis 62 en 1999, ce qui permet aux trois millions de visiteurs annuels de se répartir dans les différentes zones sans que les files d’attente ne soient trop longues, atout capital pour que chacun profite au mieux de son séjour et reparte pleinement satisfait.

Le bouche à oreille reste excellent, tous les indicateurs sont au vert, et à l’instar des parcs américains et de celui géré de toute évidence - vu ses tarifs excessifs - par l’oncle Picsou à Marne la Vallée, Europa Park se dote d’un premier hôtel quatre étoiles, le El-Andaluz, doté de plusieurs restaurants, d’une décoration hispanique de mosaïques de carreaux, et d’une grande cour centrale avec jardin, fontaines, bassins fleuris et piscine.

L’expansion du resort se poursuit en 2008, la surface des terrains atteignant 85 hectares pour accueillir 4 millions de visiteurs. En 2013, les résultats extrêmement décevants du parc des Walt Disney Studios et de Disneyland Paris permettent à Europa Park de se placer à la deuxième place des parcs les plus visités en Europe, une formidable performance.

En 2014, Mack Rides dévoile sa première attraction combinant « dark ride » avec animatroniques et effets spéciaux, aux sensations d’une montagne russe, grâce à des wagons suspendus aux rails. C’est ainsi, en ayant les pieds dans le vide comme s’ils volaient, que les passagers découvrent l’aventure d’Arthur dans l’aire du ROYAUME DES MINIMOYS dédiée à la trilogie animée de Luc Besson. Boostées par cette belle nouveauté, les 5 millions d’entrées sont dépassées lors du 40ème anniversaire du parc en 2015.

Aujourd’hui, le site s’étend sur 134 hectares (dont 94 construits) traversés par une rivie?re naturelle. Les arbres centenaires qui entourent le cha?teau et ces paysages forestiers lui donnent un cachet authentique incomparable. Notons aussi qu’en coulisses, l’écologie n’est pas négligée : à partir de 2024, le parc sera équipé d'une installation de panneaux photovoltaïques de plus de 20 hectares, qui lui permettra de s'approvisionner en électricité sans dépendre d'autres sources d'énergie.

Les contes de Grimm prennent vie

Le fantastique étant omniprésent dans le parc, nous ne pourrons citer ici toutes les attractions qui s’en inspirent. Nous nous concentrerons donc sur les principales, que nous avons découvertes en août 2023.

Pour les plus jeunes visiteurs et ceux qui gardent une âme d’enfant, Europa Park propose une promenade bucolique dans LA FÔRET ENCHANTÉE DES CONTES DE GRIMM. De jolies maisonnettes évoquent chacune un conte différent grâce à des personnages animatroniques et des décors soignés. Le charme des lieux opére vite, et donne l’impression de feuilleter un beau livre d’où surgissent les récits emblématiques du folklore allemand, tels qu’ils furent collectés au 19ème siècle par les frères Jacob et Wilhelm Grimm. Rappelons que George Pal leur rendit un bel hommage dans LES AMOURS ENCHANTÉES (THE WONDERFUL WORLD OF THE BROTHERS GRIMM), réalisé en 1962 par Henry Levin, tourné avec le procédé Cinérama, et agrémenté de deux séquences réalisées en stop motion avec des elfes aidant un cordonnier à réparer de nombreuses paires de chaussures, et un paisible dragon aux écailles ornées de diamants traqué par un chevalier sans scrupule…

Le village de la forêt enchantée permet de voir d’abord la princesse Raiponce emprisonnée au sommet d’une tour, sa longue natte de cheveux déployée par la fenêtre, attendant que l’on s’en serve comme d’une corde pour venir la délivrer. À côté, une chaumière abrite un décor permettant à chaque petite fille ou visiteuse adulte de se transformer en Cendrillon : le prince charmant est agenouillé à ses pieds pour lui faire chausser la fameuse pantoufle de vair oubliée après le bal de leur première rencontre. Le vair étant une fourrure, et l’origine de l’erreur de traduction faisant état d’une pantoufle « de verre », représentée ainsi dans l’adaptation animée de Disney. A côté, une grande bâtisse abrite treize personnages animés, qui défilent collés les uns aux autres, punis ainsi pour leur cupidité, comme dans le conte de L’OIE D’OR. Dans sa maison-bibliothèque, le DOCTEUR JE-SAIS-TOUT répond à presque toutes les questions qu’on lui pose oralement, probablement avec la complicité d’un opérateur connecté à Wikipédia en coulisses ! Les aventures décrites dans LE VAILLANT PETIT TAILLEUR et LA PETITE TABLE, L’ÂNE ET LE BATON permettent de réaliser des photos souvenirs moyennant quelques euros, avant de visiter la fameuse maison de pain d’épices où HANSEL ET GRETEL, captifs, obéïssent aux ordres de la terrible sorcière qu’ils ne tarderont pas à précipiter dans le four où elle cuit ses gâteaux. Suivent le Château de LA BELLE AU BOIS DORMANT, la fontaine du ROI GRENOUILLE, la maison de l’infortunée grand’mère du PETIT CHAPERON ROUGE , avec le loup qui la digère, installé dans son lit, et une jolie animation où DAME HIVER apparaît sur son balcon, et comme dans le conte éponyme, agite un tapis en faisant surgir une multitude de flocons de neige, à la grande joie des enfants. Grâce à ces environnements féériques, cette forêt dédiée à l’oeuvre des frères Grimm est un véritable enchantement !

Les explorateurs de l’impossible

L’attraction du VOLETARIUM, située dans le quartier allemand proche de l’entrée du parc, nous ouvre les portes de l’institut de l’A.C.E. – acronyme de l’Adventure Club of Europe – organisation secrète fondée en 1716 par le capitaine Bartholomeus van Robbemond, et dont les membres explorent les contrées les plus mystérieuses grâce aux machines inventée par des savants géniaux. La file d’attente chemine au travers des archives de l’institut, de sa cave voûtée à sa bibliothèque ornée de modèles réduits d’engins volants et d’objets précieux.

Dans la grande salle, des tapisseries murales et des reconstitutions d’un tigre aux dents de sabre et d’un Yéti évoquent les créatures rencontrées par les aventuriers férus de cryptozoologie, comme en témoigne aussi le squelette de serpent de mer qui orne le hall de l’hôtel Kronasar, dans le parc aquatique RULANTICA tout proche.

Dans le grenier du VOLETARIUM, on accède à une machine volante qui est le plus grand « Flying theater » d’Europe. Sous un dôme de seize mètres de haut abritant deux salles, sept gondoles ressemblant à de larges télésièges, réparties sur trois niveaux, soulèvent deux groupes de 70 passagers (soit 140 au total) et les placent en face de deux écrans de 425 m2 et 21 mètres de diamètre. 

Cette évocation des exploits des membres de l’Adventure Club of Europe est amplifiée par des effets de vent, de brume et de diffusions de senteurs qui accentuent l’impression d’évoluer dans les airs. Au cours de ce voyage mêlant fiction et réalité, les visiteurs survolent quinze sites européens majeurs tels que Venise, la falaise Preikestolen en Norvège, le Parlement Européen de Strasbourg et la Tour Eiffel, ainsi que des paysages d’Espagne où l’on remarque Don Quichotte et Sancho Pança partant à l’attaque des moulins à vent. La division MackMedia du parc a réalisé ces prises de vues grâce à des caméras 8K installées sur des hélicoptères et des drones, afin d’obtenir une résolution de 7680 x 4320 pixels, huit fois plus élevée que celle d’un écran télé HD. Après avoir profité de la beauté de ces images, on peut voyager dans le temps pour rencontrer le fondateur de l’A.C.E dans le quartier Hollandais...

LES PIRATES DE BATAVIA : le joyau du parc !

Cette fabuleuse attraction entraîne les visiteurs dans le passé, en 1714. Longeant d’abord une taverne où se côtoient marins, corsaires et pirates, on accède aux réserves où sont stockés les produits et aliments ramenés de terres lointaines. Dans les étages supérieurs se trouvent les parchemins collectionnés par Bartholomeus van Robbemond, audacieux flibustier que l’on croise alors qu’il prépare une expédition pour trouver « le Tigre de Feu », poignard magique qui rend invulnérable celui qui le possède. Un talisman qui suscite aussi la convoitise son ennemi juré Diablo Cortez, car il lui permettrait de concrétiser ses sombres desseins. Accompagné par Jopie, sa loutre apprivoisée, Van Robbemond nous invite à suivre son bateau et à voguer vers l’Indonésie…

Le périple débute en prenant place dans une barque de seize places. À peine l’ancre levée, un ouragan se déchaîne. Cernée par les éclairs, la barque frôle des récifs acérés, jusqu’à un passage au milieu des rochers qui mène à des eaux plus tranquilles. L’épave du vaisseau de Van Robbemond git là, au milieu d’une jungle luxuriante. Cortez, arrivé sur place, s’en sert pour suivre sa piste. Pendant ce temps, le pirate et sa loutre ont trouvé refuge dans un village sur pilotis, et découvert de nouveaux indices sur le temple où la dague magique serait cachée. Peu après, notre héros est fait prisonnier par Cortez, mais s’échapper et le sème dans la ville fortifiée de Batavia. Jeté dans les geôles de la citadelle, il s’évade pour regagner la jungle. Les adversaires se retrouvent et se battent à l’épée au milieu des ruines du temple. Après avoir enfermé Cortez dans une cage de fer, Van Ribbemond s’aventure dans l’édifice et y trouve la dague en lévitation. Il s’en empare, devient son nouveau gardien, et accepte de protéger l’humanité de ceux qui voudraient s’en servir pour faire le mal. C’est ainsi que lui vient l’idée de créer une organisation d’explorateurs oeuvrant pour le bien commun. La mission étant accomplie, il est temps de rentrer au port…

Ce résumé de l’intrigue ne donne qu’une faible idée de ce que l’on voit pendant les huit minutes de ce voyage. Cent personnages humains et une faune de gorilles, crocodiles et serpents animatroniques peuplent de somptueux décors qui s’étendent sur 7000 m2. De nombreux effets spéciaux – fumigènes, projections HD de soldats tirant au mousquet du haut des remparts, de l’océan déchaîné sur le panorama d’arrière-plan, ou d’ombres d’oiseaux mouches sur des rideaux de pluie – contribuent à rendre cette aventure époustouflante. Elle se conclut par la découverte de la grande salle du temple, où l’on peut venir s’installer ensuite pour déguster les plats indonésiens du restaurant Bamboe Baai, tout en assistant plusieurs fois par jour à des numéros d’acrobates ou de jongleurs.

Créée en 1987, l’attraction a du littéralement renaître de ses cendres puisqu’elle a été détruite par un incendie le 26 mai 2018, comme une large partie du quartier hollandais. Reconstruite presque à l’identique, elle a pu rouvrir en juillet 2020, avec de nombreuses améliorations et de nouveaux personnages. La compagnie allemande Hoffmann Figuren s’est chargée des animations simples, tandis que les plus sophistiquées ont été confiées aux sociétés américaines Garner Holt Production - leader mondial en animatronique - et LF Studios. Entretemps, Europa Park avait reçu en 2019, et pour la sixième fois consécutive, le Golden Ticket Award dans la catégorie « Meilleur parc d’attraction », décerné par le magazine américain Amusement Today.

Dinosaures, fantômes et monstres marins

Impossible de clore cette évocation d’Europa Park sans citer quelques autres attractions. La plus insolite est MADAME FREUDENREICH CURIOSITÉS, boutique du quartier français dont la propriétaire, une charmante mamie alsacienne en costume folklorique, ancienne exploratrice du club des aventuriers, élève des dinosaures dans son jardin, et les nourrit de délicieux Kougelhopfs ! Un joli parcours rempli de reptiles animatroniques bienveillants et dont les péripéties se poursuivent dans des ouvrages pour jeunes lecteurs édités en Allemand et en Alsacien par Europa Park.

Dans le quartier italien, LE CHATEAU HANTÉ débordant de spectres et d’effets gore parodiques ravira les amateurs de trains fantômes à l’ancienne. A côté, VOLO DA VINCI rend hommage à Leonard de Vinci. Après avoir découvert l’atelier du grand inventeur et artiste de la Renaissance, on s’installe dans ses machines à voiles spiralées – prémices de l’hélicoptère – pour survoler à 7 mètres du sol les quartiers italien, français et allemand.

Dans l’aire de la Grèce, on part À LA DÉCOUVERTE D’ATLANTIS, à bord de sous-marins équipés de lasers interactifs pour récolter des points en visant les trésors engloutis et les créatures abyssales. Près de là se trouve le bâtiment de style byzantin de LA MALÉDICTION DE CASSANDRE. Une fois assis, on nous rappelle que la princesse Cassandre, dotée du pouvoir divination par les dieux, avait averti ses concitoyens de ne pas accepter le fameux cheval géant laissé en offrande devant les remparts de Troie par leur ennemi Ulysse. Elle avait bien raison, car il s’agissait d’une ruse pour entrer dans la ville fortifiée : les guerriers d’Ulysse se cachaient à l’intérieur, et une fois les murailles franchies, ils avaient pu conquérir aisément Troie… Les siècles ont passé, mais la colère de Cassandre demeure dans l’au-delà, comme elle le prouve en faisant tournoyer la salle et son décor !

Au terme de cette journée de visite, nous étions loin d’avoir tout vu. Grâce aux nombreux divertissements proposés et aux prix modestes des billets - 65 euros pour les adultes, 56 euros pour les enfants (57,50 & 49 euros en basse saison) – le rapport qualité prix d’un séjour est tout à fait remarquable. Pas étonnant que de nombreux visiteurs français délaissent le royaume de Mickey trop coûteux et traversent notre pays de part en part pour retourner fréquemment à Europa Park : cette popularité est amplement méritée !

ESI continuera à vous tenir informé des nouveautés d’EUROPA PARK !



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Rendez-vous sur le site Arthur Futuroscope pour découvrir la nouvelle attraction du parc du Futuroscope : Arthur, l'aventure 4D. Retrouvez également des informations sur l'univers d'Arthur et les Minimoys.