Entretien avec Masakazu Katsura, créateur de Wingman, Video Girl Ai et Zetman
Article Animation du Mercredi 13 Octobre 2010

Jeune passionné de Batman, Masakazu Katsura se révèle au monde de la bande dessiné japonaise lorsqu'il remporte en 1980 puis en 1981 le Prix Tezuka. Dès 1983, il connaît le succès avec les treize volumes de Wingman, alliance d'humour et de science-fiction avec une touche d'érotisme. Sa second série à succès, Video Girl Ai, qui reprend les ingrédients qui avaient valu le succès de Wingman, est l'un des premiers mangas traduits en français. Avec ce manga, il donnait naissance à un genre aujourd’hui incontournable : la lovecome ou comédie sentimentale pour garçons, traçant ainsi un sillon que de nombreux auteurs ont emprunté depuis. Mangaka star du Weekly Shonen Jump puis du Young Jump, Masakazu Katsura fait partie de la génération dorée des auteurs Shueisha. Aujourd’hui, avec Zetman, il compte parmi les auteurs les plus populaires du moment. Nous l’avons rencontré à la Japan Expo.

Propos recueillis et traduits Jérémie Noyer & Caroline Bergeon

On vous connaît en France en tant que créateur de Wingman, adapté en anime en 1984. Quelle fut votre source d’inspiration pour cette série ?

Je dirai la série Denjiman, une série live de super héros produite par la Toei entre 1980 et 1981.



Également adaptée en dessin-animé, DNA² est, dans la lignée de Video Girl Ai un mélange très réussi de romantisme et d’action...

J’ai commencé dans le métier avec des sujets romantiques. Vous savez, quand vous commencez une série, vous ne réfléchissez pas nécessairement à l’équilibre entre amour et action. En fait, j’écris sur le moment, comme cela me vient.



Êtes-vous satisfait des adaptations animées de vos mangas ?

C’est vrai qu’on constate des différences notables entre les versions, mais je suis à la fois reconnaissant qu’on ait bien voulu adapter mes œuvres, et content du résultat en général !

Est-ce votre choix de glisser autant d’érotisme dans vos œuvres ?

C’est avant tout le choix des éditeurs. Je ne dédaigne pas une petite touche d’érotisme, mais ce sont les rédactions qui poussent un peu à la roue. J’essaie de freiner autant que possible pour garder un certain équilibre dans l’œuvre et ne pas proposer de scènes gratuites.

Pouvez-vous nous parler de série Zetman, sur laquelle vous travaillez actuellement ?

Cela fait dix ans que je travaille sur cette série. Elle est très importante pour moi car je bénéficie de davantage de liberté d’écriture que je n’en ai jamais eu. J’aime explorer différents styles, et ce depuis Video Girl Ai. Vous retrouvez de la romance dans Zetman, même si elle reste assez discrète, avec un véritable triangle amoureux que je vais développer. Mais c’est aussi l’occasion d’explorer des ambiances plus sombres, à la Batman (celui de Tim Burton, pas le nouveau !). Pour moi, c’est plus un miroir de problématiques actuelles qu’un pamphlet sociologique. Il y a dans Zetman une véritable réflexion sur la justice, avec deux approches différentes, celle de Jin et celle de Goka. Mais j’essaie de faire en sorte que les deux visions soient défendables (même si je préfère personnellement celle de Jin).

Les personnages principaux de Zetman, Jin et Koga ont d’ailleurs un petit côté côté Bruce Wayne...

Au départ, Koga est un personnage heureux, un peu dans l’esprit de Kenta (David) dans Wingman, mais il tend à se déshumaniser. Au contraire, Jin n’est pas humain mais il a un comportement très humain. Ils sont un peu comme les deux faces d’un même personnage, qui pourrait être Bruce Wayne en effet.

Comment travaillez-vous ?

Au sein de mon studio, K2R, j’écris en moyenne un chapitre par mois. Il me faut quatre heures environ pour faire une page, que je confie ensuite à mes cinq assistants.

Quels sont vos projets ?

Je dois m’associer prochainement avec un grand maître du manga sur un projet commun. Mais je ne puis vous en dire plus pour le moment…



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