Entretien exclusif avec Kevin Bacon, alias Sebastian Shaw dans X-Men le commencement
Article Cinéma du Mercredi 08 Juin 2011

X-Men le commencement est tout simplement formidable ! Plutôt que de nous étendre sur les nombreuses qualités du film, au risque d’en gâcher les surprises, nous nous contenterons de vous conseiller d’aller le voir en salles dès que possible pour savourer un des meilleurs films de la saga X-Men, si ce n’est LE meilleur. Et pour entamer notre dossier consacré à cette brillante réussite, voici un entretien exclusif avec celui qui incarne Sebastian Shaw, le « méchant » de cette toute première aventure du groupe de mutants, l’excellent Kevin Bacon !

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Né aux Etats-Unis, à Philadelphie, en 1958, Kevin Bacon abandonne vite ses études et s’installe à New York à l’âge de 17 ans. Il enchaîne les petits boulots pour se payer des cours d’art dramatique au Circle in the square Theater, puis se fait remarquer à Broadway dans la pièce d'Alan Brown Getting Out, Forty Deuce où il incarne un jeune homme qui se prostitue. Ce rôle lui permet d’obtenir un Obie Awards puis de décrocher quelques  apparitions à la télévision. En 1978, il débute au cinéma dans American College de John Landis. On le voit ensuite en victime de Jason  - une pointe de flèche émergeant de sa gorge ! - dans Vendredi 13 (1980 - Sean S. Cunningham) puis parmi les convives de Diner (1982 – Barry Levinson), qui deviendra un film culte.  Mais c’est grâce au film musical Footloose (1984 – Herbert Ross) que Kevin Bacon va devenir une vedette et s’assurer une grande popularité auprès de plusieurs générations de spectatrices, séduites par sa prestance de rocker rebelle ! Toujours soucieux de jouer des rôles très variés, l’acteur s’implique dans le film indépendant Tremors (1990 – Ron Underwood) où il incarne un habitant d’une petite bourgade du désert assaillie par des monstres souterrains. Ce petite joyau remportera un tel succès qu’il inspirera une suite au cinéma, une série télévisée et deux téléfilms. Bacon apparaît dans un second film fantastique la même année, L’expérience interdite de Joël Schumacher. Suivent JFK (1991 – Oliver Stone), ainsi que Des hommes d’honneur (1992 – Rob Reiner) dans lesquels il joue des personnages troubles, allant jusqu’à incarner un gardien de prison violeur d’enfants dans Sleepers (1996 – Barry Levinson). En 1995, il est l’un des trois astronautes du formidable Apollo 13 de Ron Howard. En 2000, Paul Verhoeven le choisit pour devenir l’homme invisible sombrant dans une folie meurtrière de L’homme sans ombre, tandis que Clint Eastwood lui offre en 2003 un rôle marquant dans le drame Mystic River. Kevin Bacon est passé de l’autre côté de la caméra en 2005, en réalisant le drame Loverboy, dans lequel son épouse Kyra Sedgwick (vedette de la série policière The Closer) et lui jouent les premiers rôles. La même année, il apparaît dans l’excellente intrigue policière La vérité nue, d’Atom Egoyan, qui se déroule dans le milieu du showbusiness de Las Vegas, dans les années 60. Plus récemment, on a pu voir Kevin Bacon dans Frost/Nixon (2008 – Ron Howard), dans la comédie Super (2010 – James Gunn), et nous le découvrons à présent dans le rôle d’un des plus redoutables adversaires de Magneto et du professeur Xavier dans X-Men, le commencement….



Vous avez joué de rôles très variés dans beaucoup de grands films. Dans le registre du fantastique et de la SF, on vous a vu notamment dans L’expérience interdite, dans l’excellent Tremors, et dans L’homme sans ombre. Aimez-vous la Science-Fiction, en tant que genre ?

J’aime beaucoup la Science-Fiction, mais j’aime aussi tous les autres genres du cinéma ! Je n’ai jamais pris la décision de tenir un rôle uniquement à cause du genre d’un film. Je suis un grand « consommateur » de films et je vois les principaux films de SF, les bonnes comédies, les meilleurs films français, ou les films indépendants dont le sujet m’intéresse. J’aime beaucoup le cinéma, mais en tant qu’acteur, mes décisions sont basées uniquement sur la qualité des rôles que l’on me propose. Par exemple, dans le cas de Tremors, ce n’est pas seulement l’idée de base du film qui m’a plu, mais l’opportunité de jouer l’un des deux cowboys courageux mais pas très malins qui combattent ces vers géants au milieu du désert. En lisant le script de L’expérience interdite, j’ai été fasciné par ces personnages de jeunes gens qui sont prêt à faire des expériences dangereuses autour de la mort, pour découvrir ce qui se passe dans l’au-delà. Tout comme la folie qui s’empare du savant invisible de L’homme sans ombre m’a passionné. Tous ces choix ont été basés sur des personnages.

Connaissiez-vous les bandes dessinées des X-Men avant que l’on vous propose ce rôle ?

Je ne connaissais que les films, que j’avais tous vus. Mais je n’ai pas lu beaucoup de bandes dessinées pendant ma jeunesse, et je n’ai pas rattrapé mes lacunes à l’âge adulte !

Est-ce que Marvel vous a donné une sélection d’histoires à lire et une biographie du personnage que vous incarnez, Sebastian Shaw, afin de vous aider à préparer ce rôle ? Avez-vous aussi fait des recherches de votre côté ?

Oui. Heureusement, quand vous signez votre contrat pour jouer dans une adaptation de leurs BDs, Marvel vous donne une « Bible », un énorme classeur dans lequel vous pouvez trouver toutes les informations imaginables à propos de Sebastian Shaw : sa biographie, des histoires importantes dans lesquelles il apparaît, etc. Il y avait aussi une documentation sur les X-Men. C’était le matériel idéal pour travailler le rôle en amont.

Avez-vous étudié tout cela très en détail ?

Oui. Je fais toujours des recherches à titre personnel pour préparer chacun de mes rôles, afin d’être sûr de bien connaître le personnage que je vais incarner. Quelquefois, je contacte l’auteur du script pour en parler avec lui. D’autres fois, je demande au réalisateur s’il a réfléchi à ce qu’à pu être le passé du personnage. De toutes manières, il faut s’investir et travailler avant le tournage, pour être en mesure de prendre de bonnes décisions sur la manière de jouer. C’est extrêmement utile de savoir de quel milieu social et familial le personnage est issu. Dans le cas de X-Men, le commencement, la documentation qui m’a été remise était formidable, et constituait le complément idéal du script. Elle m’a permis de déterminer ce que l’on peut ressentir quand on se retrouve dans la peau de Sebastian Shaw.

Quelles sont les opportunités qui vous ont attirées dans ce projet ?

Matthew Vaughn. Je suis vraiment fan de Kick Ass, que j’ai vu deux ou trois fois. J’ai beaucoup aimé sa manière de réaliser le film, et j’ai énormément apprécié l’interprétation de Nicholas Cage. J’ai découvert par la suite en parlant avec Matthew que ce que le personnage de Nick fait dans le film est en grande partie issu des suggestions que Nick avait faites. Matthew l’a laissé faire ce qu’il avait imaginé pour le rôle, et le résultat a été excellent. J’avais aussi beaucoup aimé Layer Cake. Sur la base de ces deux films, je me suis dit que sa manière de traiter X-Men, le commencement allait être inédite, surprenante et intéressante. Le casting du film était déjà bien avancé quand j’ai rejoint l’équipe, et j’ai apprécie de me retrouver en compagnie de tels comédiens. Les jeunes acteurs qui composent les X-Men sont extrêmement talentueux. Et bien sûr, en plus de tout cela, j’ai beaucoup aimé le rôle que Matthew me proposait !

Le point commun entre les films de Matthew Vaughn , de Layer Cake à Kick Ass en passant par Stardust, le mystère de l’étoile, c’est un sens de l’ironie omniprésent. Est-ce l’une des choses qui vous a donné envie de travailler avec lui ?

Absolument ! Matthew a une vision ironique, intelligente, et il donne une esthétique particulière à sa narration, comme vous le verrez également dans ce film.

Que pouvez-vous nous dire sur votre personnage, ses buts et ses pouvoirs ?

Shaw est un milliardaire. Il est brillant, manipulateur, charmant. Il est capable de se retrouver dans n’importe quelle situation et de s’adapter pour obtenir ce qu’il veut de ses interlocuteurs. Autrement dit, quand je joue Shaw, si je parle à un enfant, je suis une personne. Si je parle à une femme séduisante, je suis une autre personne. Si je parle à un général russe ou à un diplomate cubain, je suis encore une autre personne. C’est en quelque sorte une métaphore de ce que sont ses pouvoirs de mutant, puisque Shaw est en mesure d’absorber toute forme d’énergie, qu’il s’agisse d’une explosion de grenade ou d’une balle que l’on tire dans sa direction, et de la renvoyer vers son ennemi. 

Le passé de Sebastian Shaw est-il évoqué dans le film ?

Pas beaucoup. Quand on joue un rôle, on peut soit se baser uniquement sur le script, et faire l’impasse sur les antécédents du personnage, soit choisir de connaître son passé pour en tenir compte dans l’interprétation. Pour ma part, j’ai utilisé les évènements de son passé dans ma manière de jouer le personnage. Par exemple, si je me retrouve dans une situation où quelqu’un me montre un crayon à papier et un stylo en me demandant lequel de ces deux objets Shaw utiliserait, je suis en mesure de répondre sans hésiter. Son passé est donc davantage suggéré par ma manière d’agir que par des éléments narratifs directs. On sait cependant qu’il est l’un des fondateurs du club Hellfire, on sait qu’il est immensément riche, et l’on devine qu’il a un plan assez diabolique en tête.

Quelle a été votre vision initiale du personnage, après avoir lu le script ?

J’ai pensé à certains hommes qui ont eu ce genre de pouvoir absolu sur leur entourage. Des gens comme Ted Turner, le fondateur de CNN, Hugh Hefner, le créateur du magazine Playboy, Richard Branson, le patron de Virgin…Des entrepreneurs dynamiques, charmants, ambitieux, et qui utilisent leur passion pour faire aboutir leurs projets. C’est dans cette direction-là que je voulais entraîner le personnage.

La suite de cet entretien paraîtra bientôt sur ESI

 
[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share


.