La série culte AU CŒUR DU TEMPS enfin éditée en DVD en France !
Article DVD Blu-Ray du Vendredi 24 Juin 2011

A l’occasion de sa sortie en France le 28 juin chez Universal Video, découvrez ou redécouvrez l’une des séries de Science-Fiction les plus marquantes des années 60 !

Par Pascal Pinteau



Amateurs de SF vintage, c’est un vrai petit bijou parfaitement remastérisé que vous allez pouvoir revoir ce mois-ci : AU CŒUR DU TEMPS (THE TIME TUNNEL), une production signée Irwin Allen (VOYAGE AU FOND DES MERS, LOST IN SPACE), dans laquelle deux savants sont propulsés dans « les couloirs infinis du temps »…

D’emblée, l’épisode pilote de cette série, RENDEZ-VOUS AVEC HIER, accroche et intrigue, tant son scénario est efficace. Le sénateur Leroy Clark (Gary Merrill), venu vérifier la manière dont l’argent du gouvernement américain a été dépensé, se rend en voiture dans le désert de l’Arizona pour y voir la fameuse base dans laquelle on développe depuis dix ans un fabuleux projet : une machine permettant d’explorer le temps. Arrivé sur place, Clark ne trouve aucune trace visible des bâtiments du projet classé top secret, et baptisé « Opération Tic-Toc ». Mais une trappe géante coulisse soudain devant la limousine, qui emprunte alors un plan incliné pour pénétrer dans un gigantesque complexe souterrain. Le sénateur est accueilli par le Docteur Douglas Phillips (Robert Colbert), qui supervise le projet. Les deux hommes arpentent les couloirs et les passerelles de la colossale structure souterraine – les atriums comptent plusieurs dizaines d’étages de profondeur – pour arriver jusqu’à la plateforme installée devant l’énorme Chronogyre, la fameuse machine d’exploration temporelle. Même s’il est impressionné par les équipements qui ont été construits, le sénateur, sceptique de nature, exige de voir des résultats concrets. Hélas, l’équipe, qui est sur le point de toucher au but, n’a réalisé que des petites expériences préparatoires avec des objets, considérant que le Chronogyre n’est pas encore assez fiable pour envoyer un homme vers une autre époque, et l’en faire revenir.

Le sénateur Clark reste de marbre devant les arguments de Doug Phillips et de son collègue, le docteur Tony Newman, qui l’incitent à faire preuve de patience : il leur intime de lui prouver dans les 24 heures que les milliards de dollars investis dans l’opération Tic-Toc n’ont pas été dépensés en vain, sinon, il devra prendre la décision de mettre un terme définitif au projet. Pour Doug et Tony, c’est un coup terrible et un horrible dilemme. Ils savent que la machine est presque au point, mais pas assez pour prouver au sénateur qu’elle est capable de projeter un homme dans le temps, et l’en faire revenir en toute sécurité…

Tandis que Doug se résout à voir l’œuvre d’une vie capoter juste avant son aboutissement, Tony profite de la nuit pour programmer seul le Chronogyre, et pénétrer dans l’immense tube de la machine…Tony aboutit alors dans le passé, sur un paquebot en pleine croisière, qui n’est autre que le Titanic ! Il ne lui reste que quelques heures pour tenter de convaincre le capitaine Smith (Michael Rennie, qui incarnait l’extraterrestre Klaatu dans LE JOUR OÙ LA TERRE S’ARRÊTA) d’emprunter un autre chemin pour éviter l’iceberg fatal… Dans le présent, Doug découvre le geste désespéré de Tony, et décide de se lancer à sa recherche pour le ramener à son époque. Le sénateur, ébranlé par les conséquences de son inflexibilité, et convaincu par ce qu’il a vu – l’écran vidéo géant de la machine diffuse les images de l’endroit où les explorateurs du temps se trouvent - donne carte blanche à l’équipe du Chronogyre pour tenter de récupérer Doug et Tony…



C’est ainsi que commence une longue saga  pendant laquelle Doug et Tony seront propulsés d’une époque à l’autre par le Chronogyre, que l’on ne parvient plus à contrôler, tandis que l’équipe de la base les aidera à se sortir in extremis de situations dangereuses, et tentera par tous les moyens de les faire revenir dans le présent. Plutôt malchanceux, les deux voyageurs vont toujours arriver au plus mauvais endroit et au pire moment ! Ils se retrouvent tour à tour…

…en plein consulat japonais quelques heures avant l’attaque de Pearl Habor au cours de laquelle le père de Tony a péri. Tony va tout faire pour essayer de le retrouver avant l’attaque, afin de le sauver…

…sur l’île de Krakatoa, peu avant l’explosion du volcan en août 1883 qui fut l’un des pires cataclysmes de l’histoire !

…au cœur du siège de la ville de Troie, pendant l’antiquité grecque. Tandis que Doug est capturé et torturé par les Troyens, Tony vient à son secours en se cachant dans le fameux « cheval de Troie » !

… à l’aube de la bataille de Little Big Horn, pendant laquelle les homme du chef indien Sitting Bull infligèrent l’une de ses plus sévères défaites à l’armée américaine, commandée par le général Custer.

Bien sûr, résumer ici les 15 épisodes présentés dans ce premier volume de la série serait trop long, mais signalons que Doug et Tony font aussi quelques irruptions dans l’histoire française par la suite, côtoyant le Capitaine Dreyfus au bagne de l’île du diable, déboulant en pleine révolution française, pendant le règne de la terreur, et surgissant à Cherbourg pendant la seconde guerre mondiale, pour y être immédiatement arrêtés par les hommes de la police secrète nazie, la Gestapo.

Les petites astuces d’Irwin Allen

Irwin Allen, producteur particulièrement astucieux, a tiré parti de sa longue collaboration avec la 20th Century Fox en utilisant non seulement les ressources du studio – ses stocks de décors, de costumes et d’accessoires – mais aussi en recyclant ceux de la série LOST IN SPACE qu’il produisait au même moment ! C’est ainsi que des costumes et accessoires d’extraterrestres passèrent d’un plateau à l’autre pour agrémenter des épisodes se déroulant dans le futur. L’autre grande astuce récurrente de AU CŒUR DU TEMPS est bien sûr le recours aux images prélevées dans certains films de la Fox. Dans l’épisode pilote, par exemple, ce sont des scènes du film TITANIC réalisé par Jean Negulesco en 1953 qui sont employées pour montrer les plans larges du paquebot, puis la catastrophe et la panique qui s’empare des passagers. Irwin Allen puisa ainsi dans le catalogue du studio des extraits de QU’ELLE ETAIT VERTE MA VALLÉE de John Ford (1941), LA BATAILLE DES THERMOPYLES de Rudolf Maté (1962), PRINCE VAILLANT de Henry Hathaway (1954), L’ADIEU AUX ARMES de Charles Vidor (1957) et LE JOUR OÙ LA TERRE S’ARRÊTA de Robert Wise (1951). Mais il alla aussi faire son marché dans d’autres studios, comme la Paramount, et les Artistes Associés. En dépit d’une utilisation assez habile, ces « stock shots » de formats qu’il fallait recadrer ne pouvaient pas avoir le même grain ni le même étalonnage que les séquences tournées en 35mm pleine image de la série, d’une qualité optimale. Aujourd’hui, cette différence d’aspect suffit à éveiller la suspicion du spectateur et à lui faire deviner par quel subterfuge ces scènes spectaculaires surgissent soudain parmi les autres séquences des épisodes, tournés dans quelques décors. Mais peu importe ! Souvent bien écrits et bien mis en scène, toujours bien interprétés par l’impeccable équipe des acteurs principaux (Robert Colbert, James Darren, Whit Bissell, John Zaremba et la charmante Lee Meriwether), les voyages divertissants de Doug et Tony réussirent à fasciner les téléspectateurs des sixties, du moins pendant leurs premières aventures…

Le handicap de la série était sa structure narrative, trop répétitive : on se doutait bien qu’en dépit des efforts de leurs collègues de la base, Doug et Tony ne reviendraient pas dans le présent à la fin de l’épisode du jour, mais seraient projetés une fois de plus dans une nouvelle époque du passé ou du futur.  Irwin Allen aurait du y songer et ménager des rebondissements : par exemple faire revenir un des deux voyageurs, le temps de plusieurs épisodes, pour ouvrir la possibilité d’une vraie fin, ou envoyer d’autres membres de l’équipe dans le Chronogyre en mission de secours, bref changer un peu la donne…Mais la mécanique ne varia pas. Le public américain finit par se lasser et le Chronogyre fut terrassé non pas par l’intransigeance du sénateur Clark, mais par les sondages, et fut définitivement débranché le 7 avril 1967.



Arrivée en France

Produite pendant une seule saison, donc, de 1966 à 1967, cette série de 30 épisodes remporta un succès important en France, où elle fut diffusée à partir d’octobre 1967. La télévision de notre pays étant particulièrement avare de séries de SF pendant ces années-là (au point de passer totalement à côté du phénomène STAR TREK, cas unique dans les pays occidentaux !) les fans de SF et de fantastique furent particulièrement heureux de la découvrir. Ce succès toucha aussi un large public, au point de faire de AU CŒUR DU TEMPS un rendez-vous très suivi. Mais un problème se profilait à l’horizon : cette série qui reposait sur une interrogation en forme de suspense – allait-on réussir à ramener Doug et Tony dans le présent ? –  était cependant dépourvue de fin, ayant été brutalement annulée aux USA... Comment faire accepter cette absence de conclusion satisfaisante au public français sans s’exposer à un déluge de lettres de protestations ?

Les responsables des programmes de l’ORTF, dans leur immense sagesse, eurent alors l’idée de se servir d’un extrait de l’épisode MERLIN LE MAGICIEN dans lequel le célèbre enchanteur ramène brièvement Doug et Tony dans la base d’un coup de baguette magique. Ils chargèrent une aimable speakerine de mentir de manière éhontée aux téléspectateurs naïfs en leur affirmant qu’il s’agissait là de la scène finale de la série !  Le tour était joué… Et le public français aussi.

Heureusement, nous ne sommes plus en 1967, et ESI ne vous dissimulera pas l’horrible vérité ! Au bout du 30ème et dernier épisode, LA VILLE DE LA TERREUR, quand Doug et Tony sont propulsés dans les couloirs infinis du temps, ils aboutissent…sur le Titanic, exactement comme pendant le premier épisode ! La boucle est ainsi bouclée par l’absurde. On peut imaginer que le motif de ce choix, à l’époque, était probablement de pouvoir permettre à de futurs diffuseurs de programmer la série à un rythme hebdomadaire tout au long de l’année, et de repartir au premier épisode après le 30ème qui le présentait dans sa bande-annonce finale. Une vraie fin aurait été infiniment plus satisfaisante, mais elles étaient rarissimes dans les séries de l’époque, exception faite du FUGITIF, où l’on vit le docteur Kimble, accusé à tort du meurtre de son épouse, retrouver le manchot qui l’avait tuée, et être finalement innocenté par la justice lors du dernier épisode.

Signalons que AU CŒUR DU TEMPS avait failli renaître en 2002, et qu’un pilote extrêmement convaincant, mais peut-être un peu trop sombre, avait été réalisé, sans que la Fox décide d’y donner suite. Il fera partie des bonus particulièrement intéressants du second volume de la série. Mais revenons à ce premier coffret : en plus des 15 premiers épisodes de la saison 1, vous trouverez parmi les bonus un documentaire inédit créé spécialement pour l’édition française, et l’excellent épisode pilote en version longue (regardez la version longue !). Allez faire un petit tour dans le Chronogyre avec Doug et Tony, vous ne regretterez pas ce voyage dans le passé des séries mythiques de la SF !

Format image : Couleur 1.33 Format écran : 4/3 Audio : Français et Anglais Mono 2.0 Sous Titres : Français

[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share


.