Entretien exclusif avec James Mc Avoy, alias Charles Xavier dans X-MEN LE COMMENCEMENT
Article Cinéma du Mardi 05 Juillet 2011

Né en 1979 en Écosse, James McAvoy est diplômé de L’académie royale écossaise des arts dramatiques. Il s’est notamment fait remarquer dans la série télévisée STATE OF PLAY - JEUX DE POUVOIR , ainsi que dans la mini-série LES ENFANTS DE DUNE. Au cinéma, on l’a vu métamorphosé en faune dans le premier épisode du MONDE DE NARNIA (2005) puis en jeune médecin anglais captivé par le tyran Idi Amin Dada, incarné par Forrest Whitaker, dans LE DERNIER ROI D’ECOSSE (2006), drame extraordinaire et terrifiant qui lui vaudra une nomination méritée au BAFTA du meilleur second rôle. En 2008, il se lance dans le film d’action avec WANTED, aux côtés d’Angelina Jolie. Aujourd’hui, il succède à Patrick Stewart dans le rôle du leader des X-Men, le télépathe Charles Xavier.

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Aviez-vous lu les bandes dessinées originales des X-Men avant que l’on vous propose le rôle du professeur Xavier ?

Non, je n’avais pas lu ces bandes dessinées pendant mon enfance. Je connaissais cependant la série animée X-MEN qui avait été produite au début des années 90, car je l’avais vue à la télévision.

Avant de donner votre accord, avez-vous craint que l’on vous identifie à Xavier dans le futur, X-MEN LE COMMENCEMENT ayant été bien accueilli par le public, et marquant le début d’une nouvelle trilogie ?

Non, pas vraiment. J’ai songé à Patrick Stewart quand on m’a fait cette proposition : Patrick est un acteur très connu, et quand on pense à lui, on ne l’identifie pas immédiatement au professeur Xavier. Cela m’a rassuré, tout comme le fait que Xavier, dans ce film, n’a pas une apparence aussi « iconique » que par la suite : il ne se déplace pas encore dans un fauteuil roulant, et n’a pas encore perdu tous ses cheveux.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans l’univers des films X-MEN ?

L’opportunité d’incarner d’une autre manière un personnage que le public connaît très bien, en le montrant sous un jour complètement nouveau. Quand nous le découvrons, il est extrêmement différent du personnage que nous connaissons déjà. C’était une perspective très excitante. Matthew Vaughn et moi avons travaillé sur le personnage en nous éloignant beaucoup de l’interprétation de Patrick Stewart. On sent que Charles Xavier porte en lui ce qui fera plus tard le leader des X-Men, mais pour l’instant, il a encore énormément de défauts, d’impulsions mal contrôlées. Il lui reste encore un long chemin à faire avant de devenir un sage.

Avez-vous parlé du personnage de Xavier avec Patrick Stewart ?

Non, malheureusement, nous n’avons pas pu nous rencontrer, en dépit du fait que nous avons tous les deux prêtés nos voix aux personnages du film d’animation GNOMEO & JULIETTE. La manière dont les sessions d’enregistrement ont été calées ne nous a pas permis de nous croiser.

Marvel vous a certainement donné une compilation des histoires des X-Men à lire pour vous aider à préparer votre rôle. Qu’avez-vous appris de plus intéressant sur le personnage en lisant ces bandes dessinées ?

Eh bien une chose qui m’a déçue, car dans les films de la première trilogie X-MEN, le personnage de Xavier est assez différent de celui des comics. Dans le premier film, tourné il y a onze ans, le studio et le réalisateur ont décidé que le professeur X serait anglais, au lieu d’être américain, comme dans les bandes dessinées. C’était une modification considérable, fondamentale, du personnage et de la manière de le développer, car cela signifiait que ses références sociales, son éducation, la musique qu’il a écoutée pendant son enfance, étaient complètement différentes. En ce qui nous concerne dans cette première aventure, cet aspect musical est tout particulièrement important puisque l’action se déroule dans les années 60 en Angleterre. Cela signifie que tout ce que Charles entendait, lisait et voyait en grandissant dans les années 40 et 50 était marqué par la culture anglaise. A cette époque-là, la culture n’était pas aussi standardisée mondialement qu’elle ne l’est à présent. Cela signifie que Charles a grandi dans un univers totalement décalé de celui des bandes dessinées américaines. De ce fait, il est donc une autre personne dans les films. Il était important de prendre tout cela en compte dans X-Men le commencement, où l’on découvre Charles quand il n’est qu’un jeune homme, et que sa personnalité est encore en train de se développer.  Cependant, j’ai apprécié de lire les bandes dessinées que l’on m’a données, pour avoir une idée de la trajectoire du personnage au fil des ans, et pour mieux savoir comment les fans des X-Men le percevaient.

Qu’avez-vous particulièrement apprécié dans la manière dont le personnage est dépeint dans cette préquelle ?

J’ai beaucoup aimé qu’il soit décrit de manière radicalement différente de ce que l’on a pu voir dans les films précédents.  Il est encore égocentrique, égoïste, et manque de sagesse. Il est trop emporté et agit sans réfléchir à toutes les conséquences de ses actes. Il aime aussi faire la fête, s’amuser davantage. Toutes ces choses sont intéressantes, et donneront aussi au film un côté plus divertissant, à mon avis.

Xavier prend des risques dans ce film…

Oui. Il prend des décisions audacieuses, car c’est pour lui le début d’une nouvelle vie. Il franchit ce premier pas qui consiste à travailler avec d’autres mutants, et avec le gouvernement américain, pendant la crise des missiles de Cuba. Il prend même de très gros risques, en raison des enjeux de la situation.

Charles est-il blessé au cours de cette aventure ? Le voit-on dans son fameux fauteuil roulant à la fin du film ?

Oui, il est hémiplégique à la fin de cette aventure.

Quelles sont les autres différences entre le jeune Charles et le professeur Xavier d’âge mûr que nous avons vu dans les films précédents ? Quelles sont ses relations avec Magneto et quelles sont ses motivations ?

Au début du film, Charles n’a pas vraiment de motivations particulières, en dehors du fait de vivre sa vie. Il n’a pas encore initié l’expérience X-Men, et il ne sait pas qu’il existe des milliers et des milliers d’autres mutants dans le monde. Il pense qu’il y en a peut-être juste deux ou trois de plus. Il souhaite développer ses propres pouvoirs, mais son but principal est surtout de mener une vie agréable, de devenir un professeur, de se trouver un emploi agréable dans le milieu éducatif, et peut-être de réussir à trouver d’autres mutants par la suite. Au début, il ne s’est pas encore fixé une mission. Ce n’est qu’à la fin de ce premier volet qu’il prend conscience de ce qu’il devra faire dans le futur et se fixe un but précis. C’est dans le second film que cette mission de défense et d’accompagnement des jeunes mutants se précisera. En ce qui concerne Magneto, leurs rapports sont totalement différents dans ce film : ils sont très bons amis. C’est encore le début de leur relation, et ils s’entendent très bien. Ils se font confiance et s’appuient l’un sur l’autre pour avancer ensemble. Mais la situation se dégrade vers la fin du film, tout change et ils suivent des chemins opposés.

Charles a t’il déjà fondé l’institut Xavier quand le film débute ?

Non, pas du tout. Il vit pour lui-même, à l’université d’Oxford, en Angleterre, et il aide Raven , qui deviendra Mystique. Il vit avec elle et l’aide à maîtriser ses pouvoirs, afin qu’elle puisse dissimuler sa véritable apparence et passer inaperçue au milieu des humains.

Xavier a t’il une liaison romantique dans ce premier épisode ?

Oui…Je dis oui, même si certaines scènes de cette partie de l’histoire ont été coupées du montage définitif du film. Rose Byrne joue le Docteur Moira MacTaggert, avec laquelle Charles a une liaison.

Comment avez-vous travaillé avec Matthew Vaughn et Michael Fassbender sur votre personnage et sur la dynamique de ses relations avec Magneto ? Quelles sont les idées que vous avez suggérées ?

Charles et Eric sont des personnalités uniques et les circonstances, ainsi que leurs pouvoirs, font qu’ils sont chacun, l’un pour l’autre, la seule personne au monde capable de le comprendre. Ils ont besoin l’un de l’autre pour faire des progrès, pour évoluer, pour s’entr’aider, pour se dépasser, comme des frères peuvent le faire. Et pourtant, ils n’arrivent pas à poursuivre leur route ensemble car leur perception du monde est trop différente. C’est tout cela que nous avons essayé de développer avec Matthew et Michael.

Vous disiez que Charles est plus impulsif et moins réfléchi dans ce film, mais a t’on aussi l’occasion de voir le côté plus sombre et manipulateur de sa personnalité ?

On ne voit pas vraiment son côté sombre, mais on a l’occasion de le voir agir de manière assez égoïste. Je ne crois pas que l’on puisse dire qu’il manipule les gens. Cet aspect-là se développera peut-être au cours du second épisode, mais ce n’est pas le cas dans celui-ci.

Contrairement à ceux des autres mutants, les pouvoirs de Xavier ne sont pas visibles. Comment l’interprétez-vous quand il utilise ses capacités télépathiques ? Avez-vous créé un langage corporel particulier pour exprimer ce qu’il ressent alors ?

Je me suis inspiré des bandes dessinées, où on le voit souvent poser l’index et le majeur de chaque main sur ses tempes quand il se concentre. J’ai donc repris ce geste.

En quels termes Bryan Singer et Lauren Shuler Donner vous ont-ils parlé de ce nouveau départ de la saga X-MEN et du personnage de Xavier ?

Pas énormément de choses, en fait. Ils voulaient surtout que ce soit moi qui incarne le personnage. Je n’ai pas beaucoup parlé de Xavier avec eux. Ils ont choisi un nouveau réalisateur pour gérer tout cela, et je pense qu’ils en ont parlé davantage avec Matthew, puisque c’est lui qui porte la vision de ce film. De plus, Bryan et Lauren n’étaient pas souvent présents pendant le tournage.

Stan Lee s’était inspiré de Martin Luther King pour créer Xavier et de Malcolm X pour imaginer Magneto. Est-ce que ces figures historiques réelles vous ont aidé à injecter un peu de réalité dans votre personnage ?

Non, pas à ce point du développement des personnages, qui sont très jeunes et se cherchent encore. Ils n’ont pas décidé ce que sera leur destin. Mais ces références historiques seront probablement très intéressantes à approfondir dans le second film. Dans cette première aventure, il n’y pas de références à la lutte de la population noire pour les droits civiques, et pas encore l’idée d’un « peuple mutant » qui se révèle et veut être pris en considération. Tout cela se passera dans les prochains films.

Comment décririez-vous l’état d’esprit de Xavier au début du film, et ses relations avec les différents mutants qu’il rencontre ?

Au début du film, Charles est un garçon comme beaucoup d’autres. Il est extrêmement intelligent, mais il suit un parcours universitaire habituel. Il ne sort pas du lot, et mène une vie assez normale. Il est très excité quand il rencontre d’autres mutants, car de nouveaux horizons s’ouvrent devant lui. Il veut s’occuper d’eux, devenir leur professeur, les aider à se développer, et les guider vers cette nouvelle étape de l’évolution humaine dont les mutants sont les annonciateurs.

Xavier travaille sur la première version du super ordinateur Cerebro dans cet épisode… Pouvez-vous nous en parler ?

Oui. Il utilise le premier prototype de Cerebro pour localiser les autres membres de l’équipe. C’est une séquence que j’aime beaucoup, et j’aimerais bien que la manière dont il emploie cette machine, qui amplifie ses pouvoirs télépathiques, se retourne contre lui dans un prochain épisode et crée des troubles dans son esprit, et le perturbe profondément. Ce serait très intéressant…

Voit-on aussi une première version de la « Salle des dangers » dans laquelle les X-Men s’exercent ?

Non, pas dans cet épisode !

Comment avez-vous réagi quand vous avez porté la tenue des X-Men pour la première fois ?

J’ai ri ! Nos costumes étaient assez épais, très ajustés, et quand nous nous sommes tous vus habillés ainsi, cela nous fait rire, et nous avons du mal à reprendre notre souffle !

Quelles sont les scènes que vous avez particulièrement apprécié de jouer ?

J’ai beaucoup aimé tourner les scènes entre Charles et Erik avec Michael Fassbender. Il y a un côté « James Bond  des années soixante » très réussi dans beaucoup de ces séquences. Je crois que les spectateurs apprécieront ce traitement plus divertissant et plus stylisé que dans les quatre autres films de la série X-MEN que l’on a pu voir jusqu’à présent.

Pour Xavier, Magneto est un ennemi fascinant, parce qu’il sait qu’il a au moins partiellement raison. Pensez-vous que Xavier se demande quelquefois s’il ne devrait pas être plus dur envers les humains hostiles aux mutants ?

C’est possible, mais dans ce film, les humains n’apprennent pas la présence des mutants avant la fin du récit. L’intrigue de cette aventure ne tourne pas autour du racisme anti-mutant, tout simplement parce qu’il n’a pas eu le temps de se développer. Il n’y a  pas encore de réactions hostiles pour l’instant, même si Magneto est convaincu que cela va se produire. On se rendra compte qu’il avait vu juste dans le prochain film, quand les premières manifestations de rejet des mutants vont avoir lieu.

Cependant, est-ce que les mutants que l’on voit dans le film ont été rejetés à cause de leurs différences pendant leur enfance ? On sait que Magneto a vécu des choses atroces quand il était tout jeune, notamment entre les mains des nazis, dans les camps de concentration, mais qu’en est-il des autres personnages ?

Charles a vécu une vie aisée et heureuse depuis son enfance. C’est l’une des différences qui existent entre lui et Erik/Magneto. Comme vous le dites, Erik porte en lui le poids de beaucoup de souffrances et quand nous le découvrons au début du film, il est surtout animé par son désir de vengeance. Quant aux autres mutants, ils se sont faits discrets pour ne pas être remarqués, et ont a peu près réussi à se fondre dans la population.

Est-ce que le passé de Charles est évoqué dans le film ?

Un petit peu, mais pas en détail. 

Matthew Vaughn, Michael Fassbender et vous-même avez souvent réécrit ensemble des scènes du film. Pouvez-vous nous parler de cette collaboration ?

Bien sûr. Certaines des scènes que vous verrez dans le film ne figuraient même pas dans le script. Plusieurs d’entre elles ont été complètement inventées pendant le tournage. La scène où l’on nous voit dialoguer devant un édifice, Eric et moi, et qui fait partie de la bande-annonce définitive du film, a été complètement retravaillée le jour où elle a été tournée, parce que nous considérions tous, Matthew, Michael et moi, qu’elle ne définissait pas assez bien la relation entre Eric et Charles, telle qu’elle était écrite dans le script. Nous avons complètement réinventé nos dialogues ce jour-là. Matthew nous a laissé la liberté de lui faire les suggestions que nous souhaitions, et selon les cas, soit nous tournions les scènes telles qu’elles étaient écrites, soit nous les changions complètement. C’était important de pouvoir travailler ainsi, comme sur un film au budget « normal », en dépit du fait que X-MEN LE COMMENCEMENT  soit une superproduction.

Etait-ce important de garder en tête la vie que menaient les gens dans les années soixante quand vous vous lanciez dans ces improvisations ?

Oui, absolument. C’est un film qui est ancré dans une époque, et nous avons préparé nos rôles ainsi, en les resituant dans ce contexte culturel et social. Cela fait partie du travail habituel de développement d’un personnage.

Si les scripts que l’on vous propose par la suite sont convaincants, seriez-vous prêt à jouer Xavier pendant longtemps ?

Si ces deux conditions sont remplies, pourquoi pas. Charles Xavier est un personnage passionnant et j’ai beaucoup aimé travailler avec Matthew, Michael et avec les excellents acteurs de notre équipe.

 
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