La critique ESI : GREEN LANTERN - Débuts sympathiques au cinéma d’un superhéros de 70 ans, encore très vert
Article Cinéma du Jeudi 14 Juillet 2011

Au cinéma le 10 août 2011

Par Pascal Pinteau

En préambule, je dois avouer que cette critique ne peut pas objective. Ayant été un avide lecteur des magazines BATMAN et SUPERMAN pendant mon enfance,  je garde d’excellents souvenirs des aventures de Green Lantern qui y étaient publiées très régulièrement. J’ai donc été ravi de voir débouler le superhéros à la bague magique sur le grand écran, et qui plus est, dans une superproduction réalisée par l’excellent Martin Campbell, qui a signé notamment LE MASQUE DE ZORRO, et les James Bond  GOLDENEYE et CASINO ROYALE. Cette confession étant faite, commençons par le commencement… Pour ceux qui ne connaissent pas ce personnage de DC COMICS, voici quelques informations destinées à éclairer votre lanterne (verte) : c’est en juillet 1940 que Green Lantern apparaît dans les pages de All-American Comics, dans une aventure dessinée par Martin Nodell et écrite par Bill Finger. Dans ce premier récit, un jeune ingénieur nommé Alan Scott est le seul survivant d’une catastrophe ferroviaire survenue lors de l’écroulement d’un pont. Après le désastre, il découvre une lanterne magique dans le paysage ravagé.  La flamme, entité vivante, communique avec Scott et l’incite à construire une bague avec un morceau du métal de la lanterne. Cette bague lui permet alors de contrôler les objets en métal. Réinventé en 1959 en injectant une bonne dose de Science-Fiction dans le récit, le héros devient le pilote d’essai Hal Jordan, témoin du crash d’un astronef dans le désert. Un extraterrestre agonisant lui remet alors une bague verte sur laquelle se trouve la représentation d’une lanterne, source du pouvoir de la bague. Il apprend que les gardiens des lanternes vertes sont tous membres du Green Lantern Corps, une organisation de police à l’échelle interstellaire surveillée par les « Gardiens de l'Univers », et qui compte 3600 soldats , recrutés parmi toutes les formes de vie intelligentes ! En passant cet anneau à son doigt, Jordan devient le Green Lantern chargé de protéger la terre. C’est cette version du personnage qui restera la plus populaire, même si au fil des ans, d’autres hommes succèdent à Hal Jordan.



GREEN LANTERN contre le script bancal

Le film produit par la Warner et réalisé par Martin Campbell respecte les canons de l’histoire dans les grandes lignes, à une différence près : dans la BD des années 60, Carol Ferris, la jeune femme qui dirige la compagnie d’aéronautique qui emploie Hal Jordan, est amoureuse de Green Lantern, mais repousse les avances de son entreprenant pilote, ignorant que l’un et l’autre ne sont qu’un ! Les situations comiques nées de ce secret disparaissent du film, puisque Carol ne tarde pas à comprendre qui se cache derrière le masque du superhéros. Soyons francs : c’est rigolo, mais c’est une fausse bonne idée. Il aurait mieux valu attendre un second volet pour en arriver là (cf l’évolution des rapports entre Peter Parker et Mary-Jane dans SPIDER-MAN 1 et SPIDER-MAN 2), mais ce n’est même pas là que se situe le principal problème des scènes romantiques du film. Même si Blake Lively, rendue célèbre par la série GOSSIP GIRL, est sympathique, on ne peut que constater que son interprétation est plate, terriblement banale, et que l’on ne sent naître strictement aucune alchimie entre elle et son partenaire…C’est une erreur de casting évidente, car Blake Lively ne convainc pas davantage dans les moments où elle est la patronne de Hal, et doit faire preuve d’autorité... L’autre défaut du film est assurément la banalité de certaines scènes qui se déroulent sur terre, qui ralentissent inutilement l’action (l’anniversaire du neveu de Hal, par exemple, aurait mérité de se retrouver uniquement sur les futurs bonus du Blu-Ray !), tandis que les séquences qui décrivent l’arrivée de Hal sur la planète Oa sont extrêmement réussies. Ce sont clairement les scénaristes qui sont à blâmer, car leur traitement de l’histoire manque d’originalité, malgré quelques scènes très efficaces sur lesquelles nous allons revenir en détail…Green Lantern est l’un des premiers superhéros de pure Science-Fiction de l’histoire de la BD, et il est bien dommage que cette première aventure ne soit pas plus cosmique ! Cette dimension galactique des actions du personnage, bien exploitée, aurait permis au film de décoller vraiment et d’utiliser au mieux la singularité du justicier. Cependant, le film reste un divertissement sympathique, grâce à plusieurs points forts…

Un film qui ne sera pas la lanterne verte du boxoffice !

Si GREEN LANTERN est digne de recevoir une mention honorable malgré les défauts du scénario et la prestation anémique de Blake Lively, c’est grâce au talent des trois acteurs principaux :

Ryan Reynolds, d’abord, qui porte le film sur ses épaules, et parvient à faire vivre Hal Jordan en dépit du peu d’originalité des dialogues. Il campe une tête brûlée sympathique, qui se sent d’abord incapable de devenir un héros, et qui reprend peu à peu confiance en lui. Et ça fonctionne.

Peter Sarsgaard parvient à rendre touchant Hector Hammond, ami d’enfance de Hal, jaloux de sa relation avec Carol, et peu estimé par son sénateur de père. Sa métamorphose en mutant aux pouvoirs télépathiques et télékinésiques est particulièrement convaincante, et les scènes entre Hector et son père, et l’affrontement avec Hal sont très convaincantes, et toujours spectaculaires.

Mark Strong tient le rôle de Sinestro, Green Lantern moustachu à la peau mauve, au crâne hypertrophié et aux oreilles pointues. Un look qu’il faut être en mesure d’assumer ! Inflexible avec Hal Jordan, car il n’a que peu d’estime pour les terriens, Sinestro va lui mener la vie dure pendant son entraînement (l’un des très bons moments du film). Tous les fans de la BD savent que Sinestro va se tourner du « mauvais côté de la force » et devenir l’ennemi n°1 de Hal Jordan par la suite - comme le prouvent les ultimes images du film, restez dans la salle pendant le générique de fin ! - et c’est donc avec un vif plaisir que l’on découvre la prestation de Mark Strong, impeccable d’autorité et de charisme, en se réjouissant de le retrouver avec une bague et un uniforme jaune dans un prochain volet !

Du côté des trucages, il fait signaler l’excellence des maquillages spéciaux des Green Lanterns Abin Sur et Sinestro, et tout particulièrement ceux qui montrent les différents stades de la métamorphose de Hector Hammond, souvent filmés en très gros plans, ce qui est une excellente initiative de Martin Campbell. Ils sont sidérants de réalisme, tant dans les textures que les couleurs et les transparences. Heureusement, les effets numériques ne sont pas en reste. Si les toutes premières images du film laissaient craindre que les scènes qui se déroulent sur la planète Oa aient un aspect trop synthétique, à la vision du film, on est très agréablement surpris par le rendu réaliste des éléments réalisés en 3D. Qu’il s’agisse du costume de Green Lantern, des paysages d’Oa ou des personnages d’extraterrestres, les textures, les couleurs et le traitement de la lumière et des ombres sont extrêmement convaincants. A plusieurs reprises, en observant objectivement ces images, on se dit que l’on n’aurait pas fait mieux en utilisant des miniatures extrêmement sophistiquées et de vrais costumes. Reste un bémol : l’animation un peu approximative des mouvements de lèvres de certains des gardiens de la planète Oa, qui ne « prononcent » pas parfaitement chaque syllabe de chaque mot. Etonnant dans une superproduction de ce niveau…La production aurait gagné à les créer aussi grâce à des maquillages, quitte à greffer de vraies têtes sur des petits corps 3D.

GREEN LANTERN, le retour…

Les studios Warner ont déjà annoncé qu’ils avaient décidé de produire une suite de GREEN LANTERN. Espérons que les réactions des fans auront été entendues, et que ce second volet des aventures du justicier cosmique se dérouleront en grande partie dans l’espace, et renoueront avec les péripéties délirantes des BD de la grande époque ! En attendant, si vous aimez les BDs de superhéros, allez découvrir comment Hal Jordan devient un Green Lantern malgré lui, vous passerez globalement un moment sympathique, en sachant toutefois qu’il vous faudra faire preuve d’un peu d’indulgence !

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