Exclusif : Visite du tournage de CAPTAIN AMERICA, THE FIRST AVENGER - Entretien avec Hayley Atwell, alias Peggy Carter
Article Cinéma du Lundi 22 Aout 2011

[Retrouvez la précédente partie de ce reportage]


Par Pascal Pinteau

Après le père d’Iron Man, c’est la pétulante Peggy Carter, la fiancée de Steve Rogers/Captain America, incarnée par la ravissante Hayley Atwell, que nous avons pu rencontrer. Hayley Atwell a brillé au cinéma dans LA DUCHESSE (2008) et à la télévision dans les mini-séries LE PRISONNIER (2009) et LES PILIERS DE LA TERRE (2010), qui lui a valu une nomination aux Golden Globes.

Entretien avec Hayley Atwell


Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Généralement, les bandes dessinées de superhéros sont plus appréciées par les garçons que par les filles. Comment avez vous fait vos recherches sur Peggy Carter, et sur ses relations avec les autres personnages de CAPTAIN AMERICA ?

Eh bien tout à commencé par la préparation physique. J’ai commencé a m’exercer à peu près un mois et demi avant le début du tournage avec Simon Waterson. Il m’a fait suivre un entraînement militaire assez strict, avec parcours, franchissement d’obstacles, etc. C’est lui qui avait entraîné Jake Gyllenhaal pour PRINCE OF PERSIA. Plus que tout, la caractéristique principale de Peggy, c’est qu’elle arrive à s’imposer dans un univers militaire masculin, à une époque totalement dominée par les hommes. Les femmes ne sont pas traitées en égales, et cela l’irrite beaucoup. Elle s’est endurcie parce qu’elle sait qu’elle a beaucoup de choses à prouver à son entourage et tout particulièrement aux militaires qu’elle côtoie quotidiennement. Tout cela, j’ai eu l’occasion de l’expérimenter moi-même pendant l’entraînement dans un camp militaire, en allant au-delà de mes limites physiques. L’avantage, c’est que je suis actuellement plus en forme que je ne l’ai jamais été de toute ma vie ! C’est important pour jouer le rôle de Peggy, car pour reprendre une citation célèbre de Ginger Rogers quand elle évoquait son duo avec Fred Astaire « Je fais la même chose que lui, mais en portant des talons aiguilles ! » (rires) Peggy fait tout ce que fait Captain America, mais en même temps, elle veille à rester superbement habillée et coiffée et à se remettre du rouge à lèvres tandis que les balles sifflent autour d’elle ! (rires) Elle est très forte aussi dans ce domaine-là.

Avez-vous eu du mal à vous habituer à cet entraînement physique ?

Franchement oui, car il a été intense. Il a consisté à éliminer un maximum de toxines en buvant beaucoup en en faisant du jogging, à avaler des vitamines, à pratiquer des étirements, à escalader des obstacles, à ramper, à soulever des haltères de plus en plus lourds. Je pratiquais aussi le Power Plate. Et le soir, il fallait que j’aille courir. C’était si dur que j’ai vomi après la première session d’entraînement ! Mais je devais en passer par là. Il n’était pas question de jouer dans une adaptation de BD Marvel sans être capable de bondir, de courir vite, et de se battre. Dans les films de superhéros, il y a de l’humour, mais on doit aussi être convaincu par la prestance physique des acteurs. Joe Johnston m’a dit qu’il m’avait choisie pour incarner Peggy parce qu’il pensait que je pouvais la rendre crédible, réaliste et ne pas la transformer en caricature de jeune femme des années 40. Il voulait que le public se rende compte de tous les efforts que Peggy doit faire pour gagner le respect des hommes qui l’entourent. Simon Waterson m’a entraîné dur parce qu’il voulait que mon physique soit crédible. Une fille qui se bat comme Peggy le fait ne peut pas être filiforme, ni trop mince. Il faut qu’elle soit musclée, robuste, résistante.

Vous n’aviez pas la tentation de vous relaxer en prenant un verre de vin ou en faisant de temps en temps un bon repas pour vous réconforter ?

Oh non ! Après avoir fait tant d’efforts, si intenses, et en voyant les résultats arriver rapidement, j’aurai vraiment eu l’impression de saboter mon propre travail ! J’aurais vraiment été stupide de ruiner tout cela en avalant une belle part de gâteau eu chocolat à la fin de la journée. Bon , pour ne rien vous cacher, j’ai fait un écart une fois… Une seule fois ! (rires) Mais après, je me suis sentie tellement coupable, tellement mal, que je n’ai plus jamais recommencé.

Faites-vous vos propres cascades ?

Oui ! A chaque fois que ma doublure cascade arrive, je lui dis « Je suis vraiment désolée, mais est-ce vous pourriez partir ? » (rires) Si je ne tournais pas mes cascades, à quoi aurait servi tout cet entraînement et tous les efforts que j’ai faits ?! Il ne fallait pas que cela soit uniquement un moyen d’avoir une belle silhouette, bien cintrée, en uniforme ! J’ai donc tourné moi-même les cascades des scènes de combat et d’action, et cela m’a énormément plu. Tout particulièrement les moments où je dois me servir de pistolets et de mitraillettes ! Je grimpe aussi des escaliers en courant, je saute de voitures en marche, je happe des hommes qui sont dans un véhicule et je les jette à terre, bref, je me suis beaucoup amusée !

Avez-vous été blessée pendant le tournage ?

Oui, mais ce n’était rien de grave. Je me suis tenue trop près d’un de mes camarades acteurs qui tirait avec une arme et quand la cartouche a été éjectée, elle a percuté mon crâne en laissant une marque. Je me suis aussi fait des bleus sur les côtes pendant une cascade, mais bon, ce n’étaient que des petits bobos sans conséquence.

Avez-vous été inspirée par les déesses de l’écran des années 40 ?

Oh oui ! D’ailleurs, pour la promotion du film, nous allons participer à une grande session de photos avec un éclairage très stylisé, avec des contours et des ombres très marquées, complètement dans l’esprit des portraits de ces années-là. Mais pour revenir à votre question, oui, j’adore la théâtralité des mises en scènes du cinéma des années 40, la manière dont on accentuait les effets dramatiques, et aussi les efforts que l’on faisait pour rendre les actrices aussi belles que possible. C’était la grande époque du Glamour ! CAPTAIN AMERICA nous donne l’opportunité d’utiliser toute cette esthétique et nous ne nous en privons pas. Je suis ravie d’en bénéficier au travers de mon maquillage, de mes coiffures et de ma garde-robe dans le film. Tout cela est très sexy.

Quelles sont vos actrices favorites de cette époque ?

Ma préférée est Bette Davis, bien qu’elle n’appartienne pas à cette catégorie d’actrices comme Veronica Lake, qui utilisaient essentiellement leur sex appeal. Ce qui était exceptionnel avec Bette Davis, c’est la manière dont elle utilisait sa force de caractère pour se défendre dans un univers cinématographique très masculin, le système des grands studios de l’époque. On se souvent encore de l’annonce en forme d’offre d’emploi qu’elle avait fait paraître dans un grand journal lorsque son contrat avec un studio était arrivé à échéance. C’était une idée géniale et cela en disait long sur son énergie et son intelligence.

On a un peu l’impression que votre personnage pourrait être une version en uniforme de Lauren Bacall, en plus physique et plus combatif…

Merci ! Comme les personnages que jouait Lauren Bacall, Peggy ne supporte pas les idiots, et n’a pas besoin d’un homme pour vivre sa vie. Elle est très indépendante, n’accepte de pas de se placer en posture de victime. Au départ, quand Peggy se retrouve aux côtés de Bucky et de Steve Rogers, il y a un peu de rivalité entre les deux garçons pour la séduire. Mais Peggy veut montrer qu’elle reste insensible au charme de Steve, même si c’est faux. En réalité, c’est justement parce qu’il est extrêmement maladroit avec les filles qu’il l’attire ! Steve est tout l’opposé d’un dragueur qui roule des mécaniques. Et comme Peggy est fatiguée de subir constamment les avances de types lourdauds, elle est ravie d’être en compagnie de ce garçon empoté mais sensible. Ce n’est pas parce que Steve est devenu un surhomme qu’il a oublié qui il était avant, ni les brimades qu’il a subies lorsqu’il était le gringalet dont les voyous se moquaient. Pour Peggy, Steve est comme une bouffée d’air frais.

Comment le personnage de Peggy évolue t’il dans le film ?

Comme Peggy est l’un des rares personnages féminins de Captain America, nous pouvons voir tous les efforts qu’elle fait pour avancer dans la vie, et dans son travail. C’est un peu comme sur ce tournage. Je suis la seule actrice au milieu d’un casting d’hommes, ce qui est amusant, mais qui m’incite aussi quelquefois à venir me réfugier dans le camion loge des maquilleuses ! Quand je viens sur le plateau, je me retrouve presque dans la même posture que Peggy, car celui qui joue mon supérieur est Tommy Lee Jones. Il faut donc que je m’exprime haut et clair, avec confiance et sincérité, pour m’imposer auprès de lui en tant qu’actrice, tout comme Peggy s’impose dans l’univers de l’armée, où il lui faut être d’une efficacité optimale, aussi bien mentalement que physiquement. Peggy doit être capable de mener des troupes, et de prendre des initiatives qui peuvent être lourdes de conséquences. Elle sait se battre, mais sans avoir une personnalité trop agressive non plus.

Comment se passe votre collaboration avec Chris Evans ?

Oh, elle est fantastique. Les fans de Chris savent déjà à quel point il est talentueux en tant qu’acteur. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’il chante extrêmement bien et qu’il fait des claquettes pour se préparer avant de jouer ses scènes ! (rires) Et c’est aussi un imitateur formidable. Nous sommes tous les deux des fans des films des années 90, dont il trouve toujours le moyen de citer des répliques. C’est un garçon extrêmement généreux, et ce qui est formidable dans son interprétation, c’est qu’il donne une vulnérabilité touchante à Captain America. Du coup, le personnage n’est pas un héros macho qui manque de profondeur. On a l’occasion de découvrir un tout autre aspect de sa personnalité.

Est ce que votre personnage est contraint de lutter contre le machisme de l’époque ?

Oui, en quelque sorte, mais sans en faire une revendication constante, sans en parler ouvertement, à tous propos. Peggy lutte calmement et dignement pour faire évoluer les choses. Ce sont ses actes qui parlent pour elle, et qui contribuent à changer l’image de la femme dans la société de son époque. Elle n’agit pas dans un esprit de compétition permanente avec les hommes, elle mène sa propre barque dans le contexte extrêmement difficile de la guerre.

Comment avez-vous incarné ce comportement d’une femme des années 40 dans un film d’aujourd’hui ?

A l’époque, on avait une image traditionnelle du rôle de la femme, qui n’a été remis en cause que plus tard, quand le féminisme s’est développé, dans les années 60 et 70. A ce moment-là, les femmes ont exprimé leurs désirs de s’épanouir hors des cadres rigides imposés par la société. Peggy est à la fois une femme qui se maquille et se coiffe avec beaucoup de soin - je me rappelle d’ailleurs que ma grand mère avait coutume de dormir avec des bigoudis dans les cheveux pour apparaître parfaitement coiffée et maquillée au petit déjeuner ! – et c’est aussi un femme en avance sur son temps, qui ne veut pas se couler dans le moule que la société des années 40 impose aux femmes.

Vous semblez être très heureuse de porter les tenues qui ont été conçues pour vous dans ce film…

Oh oui. Anna Sheppard a créé tous mes costumes sur mesures, et ils sont magnifiques. Il y a plusieurs tenues militaires, et aussi une extraordinaire robe rouge très structurée, dans laquelle on découvre Peggy pour la première fois hors d’un uniforme, ce qui fait sensation. Anna s’est inspirée des grands créateurs de la mode des années 40. Au début, je lui avais demandé d’imaginer une très belle robe de bal, car après tout, c’est le grand moment de Peggy ! Mais en y réfléchissant, nous nous sommes rendus compte que cela n’aurait pas collé avec la manière dont j’incarne le personnage. Peggy est quelqu’un de simple, qui ne fait jamais de chichis. On l’imagine mal consacrer beaucoup de temps à chercher puis à essayer une très belle robe en disant au tailleur « Débrouillez-vous comme vous voulez, mais il faut que je sois faaabuleuse ! » (rires) De plus, cette scène ne se déroule pas dans une salle de bal, mais simplement dans un pub où Peggy vient retrouver Steve pour lui donner des instructions. Elle n’est pas en train de songer à s’amuser et à se détendre, mais pense encore à son travail. Il n’y avait donc aucune raison qu’elle se pare des atours d’une séductrice.

Que faites-vous dans les scènes d’action ? Avez-vous l’occasion d’utiliser des armes, de piloter un avion, de conduire certains véhicules ?

Peggy fait des tas de choses dans le film, mais c’est une mitraillette qui est l’accessoire dont je me sers le plus. Au début, il était prévu que j’utilise seulement un pistolet, mais après que Joe soit venu filmer mon entraînement, il a bien aimé ma façon de bouger et de me battre, et il m’a dit « On va monter les choses d’un cran : tu vas utiliser une mitraillette ! » (rires) A un moment, comme je vous le disais plus tôt, j’arrive à éjecter des soldats d’une voiture, et je bondis dedans pour la leur chiper et m’en aller avec.

Est-ce que ce tournage très physique a changé quelque chose dans votre vie ?

Oui, après avoir souffert au départ, j’ai vraiment pris le goût de l’entraînement physique et je crois que je vais continuer par la suite. J’ai l’impression que c’est mon corps qui le réclame ! Je vais lui obéir. C’est normal de réagir ainsi, car la discipline qu’implique un tournage comme celui-ci est stricte, et on a un besoin vital de garder le même niveau d’énergie. On vient me chercher chez moi à 4h30 du matin pour que j’arrive au studio une heure plus tard, afin d’être habillée et maquillée. Ensuite, il faut que je puisse être parfaitement concentrée et dynamique pendant toute la journée, car je ne rentrerai chez moi que vers 21h00 le soir.

Cet entraînement physique a donc eu aussi de bonnes conséquences sur votre jeu de comédienne ?

Oui, on n’en parle que très peu, généralement juste quand on évoque le tournage des scènes d’action, mais être en bonne forme physique vous permet aussi de conserver votre énergie plus longtemps, quand vous tournez huit ou dix prises d’une scène « normale ».

Peggy est-elle directement confrontée à Crâne Rouge ?

Mmm…Il faut que je réfléchisse à ce que je peux vous révéler. J’étais en train de penser à l’impression que j’ai ressentie en voyant pour la première fois Hugo Weaving sortir du camion loge de maquillage, le visage entièrement recouvert de prothèse, pour incarner Crâne Rouge. Je lui avais dit « Tu es superbe, Hugo ! » (rires) Il y a effectivement une scène dans laquelle il y a une interaction entre Peggy et Crâne Rouge, mais je ne crois pas que je puisse vous la décrire sans gâcher une partie du plaisir des spectateurs…

Vous parlez du tournage de CAPTAIN AMERICA avec tant d’enthousiasme que vous donnez l’impression d’être prête à tourner une suite de ces aventures dès demain…

Absolument ! J’ai beaucoup travaillé au théâtre, en jouant dans des pièces d’auteurs reconnus, et je suis apparue aussi dans des séries dramatiques à la télévision. CAPTAIN AMERICA m’a donné l’occasion d’aborder un registre et un genre complètement différents. Quand cette opportunité s’est présentée, je me suis vraiment battue pour décrocher ce rôle. Je suis allée auditionner à Los Angeles, puis je suis revenue en Angleterre, et j’ai participé ensuite à une seconde session d’auditions pendant trois jours. J’étais déterminée à obtenir ce rôle, et j’ai adoré chaque seconde de ce tournage. Le contact a été excellent dès le début avec Joe Johnston et la camaraderie qui s’est développée entre les acteurs et l’équipe technique rend cette expérience encore plus agréable que je ne l’imaginais.

La suite de cet article sera publiée prochainement par ESI ! Mais vous pouvez retrouver nos précédents articles consacrés à Captain America et aux films de super-héros sur cette page.

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