Exclusif : Visite du tournage de CAPTAIN AMERICA, THE FIRST AVENGER - Entretien avec Sebastian Stan, alias Bucky Barnes
Article Cinéma du Samedi 03 Septembre 2011

[Retrouvez la précédente partie de ce reportage]


Par Pascal Pinteau

Jeune acteur prometteur né en Roumanie, Sebastian Stan a entamé une carrière placée sous le signe du fantastique, puisqu’on l’a découvert successivement dans LE PACTE DU SANG (2006) LA MACHINE A DEMONTER LE TEMPS (2010) et BLACK SWAN (2010).

Entretien avec Sebastian Stan (James « Bucky » Barnes)

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Que connaissiez-vous de Captain America et du personnage que vous incarnez, Bucky, avant de tourner dans ce film ?

Très peu de choses. Presque rien, en fait, excepté que je connaissais son aspect, son costume, et que je savais qu’il s’agissait d’un superhéros. Ce n’est pas une situation qui m’a inquiété, à vrai dire, car je n’avais pas envie de venir interpréter Bucky en ayant des idées préconçues sur le personnage. J’ai préféré me baser sur ce que le script indiquait, et sur ce que Joe Johnston m’a dit du personnage. Ce n’est qu’une fois que le tournage a commencé que j’ai fait des recherches sur l’histoire de Bucky dans les BDs. Et je me suis rendu compte que c’était vraiment la bonne démarche, car il y a des différences entre la BD et le film.

Est-ce parce que vous avez des origines roumaines, et que vous n’êtes arrivé aux Etats-Unis qu’à l’âge de 12 ans que vous avez été peu exposé à Captain America pendant votre enfance ?

Probablement, mais c’est certainement aussi parce que je lisais surtout des livres et que j’avais d’autres hobbies quand j’étais enfant.

CAPTAIN AMERICA doit être un tournage assez physique pour vous…

Oui. L’une des choses qui m’attiraient dans le personnage de Bucky, c’est qu’il s’occupe toujours du sale boulot, des choses les plus ingrates ! (rires) Il agit très différemment de Captain America, qui se charge des combats les plus spectaculaires, et qui en récolte toute la gloire. Bucky intervient dans l’ombre, ce qui ne l’empêche pas de risquer aussi sa vie et d’accomplir des exploits périlleux. J’ai donc eu à faire beaucoup de cascades pendant le tournage de ces scènes-là.

Comment se passe votre collaboration avec Chris ? Dans le film, vous êtes des amis très liés…

J’ai beaucoup de chance de travailler avec Chris. Nous sommes devenus amis, et nous nous entendons très bien. En fait, nous avons en coulisses des rapports aussi amicaux et détendus que nos personnages en ont dans l’histoire. C’est une situation idéale pour tourner sereinement et j’espère que cela se sentira quand le public découvrira le film. Ce que j’admire chez Chris, c’est sa discipline. Il sait que le film repose en grande partie sur ses épaules, et il prend toutes les dispositions possibles pour être dans une forme éblouissante, et pour livrer la meilleure performance possible à chaque fois qu’il se trouve devant la caméra. Il est également très généreux avec ses camarades acteurs, et toujours prêt à discuter avec eux pour être sûr que chacun est content de la manière dont les scènes sont jouées. Si j’ai envie de modifier un peu une réplique ou une manière de lui répondre, je peux en discuter facilement avec lui et avec Joe Johnston. C’est très important pour obtenir un bon résultat au final.

Il y a aussi une romance qui se développe dans le film…

Oui, mais pas entre Bucky et Captain America : on ne tourne pas la version superhéros de BROKEBACK MOUNTAIN ! (rires) Non, cela concerne que Steve Rogers / Captain America et Peggy Carter. Même si Bucky n’est pas insensible au charme de cette jeune femme !

Explique t’on comment Steve et Bucky se sont connus, dans le film ?

On apprend qu’ils sont tous les deux orphelins, qu’ils ont donc eu une jeunesse difficile, et que la seule option qui s’offre à eux pour trouver quelque chose à faire une fois adultes, c’est de s’engager dans l’armée. Bucky y parvient, parce qu’il n’a pas de problème physique, tandis que Steve est rejeté parce qu’il est trop chétif. Leur enfance les rapproche énormément et Bucky a tendance à veiller sur Steve parce qu’on se moque souvent de lui. Il le protège. Ils jouent chacun pour l’autre le rôle du frère qu’ils n’ont jamais eu.

Dans la bande dessinée, Bucky est beaucoup plus jeune que Steve : c’est un enfant d’une douzaine d’années…

Oui, dans les comics, Bucky est un jeune orphelin dont le père a été tué pendant les combats de la seconde guerre mondiale. Il est « adopté » par un régiment dont il devient la mascotte. Tous les soldats veillent sur lui. Dans la BD, Bucky était une mascotte pour offrir une sorte de réponse américaine aux « jeunesse hitlériennes » qui servaient à formater les esprits des enfants allemands dès l’adolescence. Comme vous le savez, on les préparait ainsi à servir le parti nazi quelques années plus tard, en devenant des soldats. Mais la version de Bucky que l’on découvre dans le film est différente, puisqu’il a le même âge que Steve. On apprend que son père est mort lors de l’essai d’un nouvel engin, sur une base militaire, et que sa mère était morte quelques années auparavant. Il suit donc les traces de son père dans l’armée.

La personnalité de Bucky dans le film a t’elle gardé un peu du caractère juvénile et enthousiaste du Bucky de la BD ? L’interprétez--vous ainsi ?

Non, pas vraiment. Pour moi, tel que le script le décrit, Bucky est un jeune adulte indépendant, très mûr pour son âge, et très responsable. Il a vécu si longtemps dans un environnement militaire qu’il sait tout ce que la guerre peut faire subir à un homme. Bucky est quelqu’un qui se pose des questions sérieuses. Il se demande ce qu’il va faire de sa vie, si son destin est de continuer sa trajectoire au sein de l’armée, ou s’il doit reprendre le cours de sa vie, les études qui étaient prévues, et s’engager dans une voie différente. Ces doutes sont une caractéristique du personnage que j’aime beaucoup.

Portez-vous un costume particulier ?

Oui. Au début du film, je suis vêtu d’un uniforme de soldat américain normal, et par la suite, je porte une tenue spécialement créée par Howard Stark pour le commando des Invaders, dont je fais partie.

Hayley Atwell nous a parlé de son régime alimentaire et de l’entraînement physique qu’elle a dû suivre pour se préparer à ce tournage. Avez-vous fait de même ?

Je n’ai pas eu à aller aussi loin. Il y a une scène dans le film où je dois retirer ma chemise et il fallait que je sois assez musclé pour être crédible dans le rôle d’un soldat très endurant, mais je ne voulais pas non plus me transformer trop, aller au-delà de ce qui pouvait être l’apparence normale d’un soldat. Je me suis donc entraîné pour être en forme, j’ai couru et fait du Kickboxing, et j’ai également pris des leçons de tir.

Quelle est votre arme de prédilection dans le film ?

Les armes dont je me sers le plus sont les armes habituelles des soldats de l’époque, pistolet et fusil. Je dirais que c’est le fusil de sniper qui est mon arme favorite. Au début, j’avais spontanément envie de l’utiliser à ma manière, sans réaliser qu’il y a toute une stratégie à suivre pour se servir correctement d’une telle arme. Il faut apprendre à coordonner votre rythme de tir et votre respiration, car la dilatation de votre torse quand vous respirez modifie votre angle de visée et la manière dont vous allez ajuster votre tir. J’ai aimé apprendre la subtilité de l’utilisation d’une telle arme.

Comment les cascades que vous avez faites se sont-elles passées ?

Très bien. Evidemment, à cause de la décharge d’adrénaline que vous ressentez quand on crie « Action ! » juste avant une cascade, il peut arriver que vous soyez trop enthousiaste et que vous ratiez une marque, un point de repère, et que vous vous fassiez un peu mal. Mais franchement, la sécurité est si bien préparée sur ce film que ce qui se produit reste de l’ordre du petit bobo sans conséquence. Nous nous amusons tellement qu’il nous arrive souvent de nous dire que le tournage de ce film ne devrait jamais s’achever ! (rires) J’ai fait moi-même le plus de cascades possibles, mais quand on me disait que je devais laisser la place à ma doublure parce que c’était potentiellement dangereux, j’obéissais sans discuter.

Pouvez-vous décrire certaines des scènes d’action que vous avez tournées ?

Nous avons tourné beaucoup de séquences où il y a des explosions tout autour de nous pendant que nous courons, et je tire au pistolet ou au fusil. Il y a aussi des effets d’impacts de balles sur les murs, et des projectiles qui sont lancés sur nous. Il y a une scène de charge militaire que nous avons dû répéter très longuement, car chacun devait se tenir à des endroits précis, pendant que de grosses explosions faisaient jaillir de la terre et de débris. Tout en nous déplaçant, il fallait aussi vérifier que nous ne nous rapprochions pas trop les uns des autres, afin d’éviter de recevoir dans l’œil les cartouches vides éjectées par nos armes. Cette scène-là était plutôt intense à filmer. Mais la poussée d’adrénaline aiguise aussi vos sens et vous aide à réagir plus vite que vous ne le feriez normalement. Elle vous protège un peu, si vous êtes bien concentré et si vous vous souvenez bien des répétitions. Nous avons aussi tourné des scènes sur des plateformes spéciales où nous devions sauter d’un endroit à un autre, pour simuler l’attaque du train blindé de l’Hydra par le commando des Invaders.

Est-ce que le fait que vous ayez obtenu ce rôle dans CAPTAIN AMERICA a d’ors et déjà changé votre carrière ? Vous propose t’on déjà des rôles plus importants ?

Je n’ai pas eu encore l’occasion de m’en rendre compte, parce que je suis totalement impliqué dans le tournage de CAPTAIN AMERICA. Mais j’imagine que le film aura un impact positif, ce dont je suis très reconnaissant, car je souhaite poursuivre cette carrière d’acteur le plus longtemps possible, au théâtre, au cinéma ou à la télévision, pour y jouer des rôles qui m’intéressent vraiment. En tous cas , j’apprends beaucoup sur ce film, et je me focalise sur le présent immédiat.

Savez-vous que dans les BDs, Bucky évolue beaucoup, et qu’à un moment, il est kidnappé par les services secrets soviétiques et « reprogrammé » mentalement sous le nom de « Winter Soldier » pour devenir un assassin à leur solde ? Ce n’est que plus tard qu’il redevient un héros…

Oui, j’ai appris quelle était la trajectoire de Bucky dans les comics. J’ai entendu parler de ce personnage de « Winter soldier ».

Marvel pourrait avoir envie d’exploiter cette histoire dans un film spin-off de CAPTAIN AMERICA…

Peut-être…Je n’en ai aucune idée ! En tous cas, j’ai été très intéressé de découvrir tout le parcours de Bucky, tel que les auteurs de BDs l’avaient imaginé. J’ai gardé toutes les informations au sujet de Bucky en tête, pour m’en servir de fondation pour le rôle. On verra ce qui arrive ultérieurement au personnage dans les films. Naturellement, pour moi, ce serait l’extase si la saga de Bucky était transposée à son tour au cinéma ! Mais nous verrons bien…

Quelle est la dynamique qui s’instaure entre Bucky et Captain America pendant les combats ? Comme Bucky l’aide t’il ?

Bucky a toujours à cœur de protéger Steve, que cela se passe quand Steve est tout chétif, ou plus tard, lorsqu’il est devenu un surhomme. Rien n’a changé de ce côté-là. Bucky considère toujours Steve comme son petit frère. Bien sûr, il leur arrive aussi de se disputer. Et le changement physique de Steve, tout comme le rôle de mascotte officielle de l’armée qu’il joue sous le nom de Captain America, modifie un peu leurs rapports. Steve devient une star et ça lui monte forcément à la tête. Bucky est obligé de lui dire qu’il perd le sens des réalités et des vraies valeurs. Pendant les combats, Bucky fait tout ce qu’il peut pour l’aider. Il serait prêt à s’interposer entre Steve et une balle pour lui sauver la vie. J’ai un demi-frère qui est plus jeune que moi, et je comprends très bien les motivations de Bucky. On se sent terriblement responsable d’un petit frère, et le regard qu’il porte sur vous est très important. On ne veut pas le décevoir : on veut toujours être un exemple pour lui.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la réaction de Bucky quand il voit Steve devenir un héros de pacotille dans les spectacles où il joue le rôle de Captain America ?

Bucky est quelqu’un de franc et d’honnête, qui n’hésite jamais à dire la vérité, même si ce doit être un peu brutal. Et Steve le sait bien. Quand Bucky dit à Steve que ce que son costume représente n’est pas en adéquation avec ses actes, puisqu’il se contente de « faire l’acteur » au lieu d’aller vraiment se battre contre l’ennemi, Steve prend soudainement conscience qu’il dit vrai, et se rend compte qu’il ne peut pas se borner à être un bouffon.

Avez-vous eu un peu de difficulté à vous habituer à tourner des scènes sur fond vert ?

Juste un peu au début, car il se trouve que les premières scènes que j’ai tournées étaient filmées devant un fond vert. Pour une entrée en matière, c’était un peu déstabilisant. Je ne pouvais pas réagir à grand’chose, étant donné qu’il n’y avait rien autour de moi ! Maintenant que j’en suis passé par là, j’ai d’autant plus d’admiration pour les acteurs qui ont joué dans des films comme LE SEIGNEUR DES ANNEAUX ou AVATAR, et qui ont passé énormément de temps à jouer devant des fonds verts. Je crois que la clé pour arriver à interpréter de telles scènes consiste à avoir une vision extrêmement précise de ce qui est sensé se passer tout autour de soi. Je me suis beaucoup servi des illustrations de production et des storyboards pour visualiser les environnements de ces séquences. C’est un exercice très technique et assez ingrat, car il faut parvenir à conserver votre énergie sans se lasser, prise après prise, alors qu’il n’y a rien à voir. Il faut se concentrer. Au-delà de ces inconvénients, il ne faut pas oublier non plus combien un comédien peut avoir du mal à trouver du travail. Aujourd’hui, même quand je tourne des prises techniques et répétitives, j’ai parfaitement conscience de la chance et du privilège que j’ai de tourner dans une superproduction comme CAPTAIN AMERICA. Je suis payé pour faire semblant de sauter juste avant que le train sur lequel je suis sensé me trouver en percute un autre, et ce devant un fond vert. Ce n’est pas parce que la préparation de ce plan peut prendre deux heures que je vais me plaindre : c’est tout sauf un travail ingrat ou pénible ! Et si vous devez attendre, vous en profitez pour faire plus ample connaissance avec les personnes avec lesquelles vous travaillez. Humainement, c’est passionnant. Vous vous créez une nouvelle famille. J’ai eu l’occasion de devenir très proche avec les autres acteurs qui forment le groupe des Invaders.

Beaucoup de bandes dessinées ont été adaptées au cinéma récemment. Selon vous, qu’est-ce qui va permettre à CAPTAIN AMERICA de sortir du lot ?

Je dirais que ce sera sans doute le fait que Captain America est d’abord et avant tout un être humain dont le principal superpouvoir, au-delà de sa force physique, est sa profonde intégrité. C’est cela son principal atout : sa force de caractère. Ce n’est pas quelqu’un qui dépend d’une armure robotisée, c’est juste un gars comme un autre, qui fait preuve d’un très grand courage. L’attitude de Captain America me rappelle ce que Russell Crowe avait dit en acceptant son Oscar : « Je voudrais dire une chose à tous ceux qui m’entendent et qui pensent que ce à quoi ils rêvent est impossible : continuez à croire en vos rêves, car ils peuvent se réaliser. » Je crois que cette phrase résume bien les valeurs de CAPTAIN AMERICA. Si vous appliquez cette attitude à ce que vous faites dans la vie, elle vous entraînera sur le bon chemin.

Quels sont les films consacrés à la seconde guerre mondiale que vous avez vus pour vous préparer à jouer dans CAPTAIN AMERICA ?

J’ai revu LE JOUR LE PLUS LONG, la mini série FRERES D’ARMES, et d’autres films plus anciens, pour me replonger dans l’ambiance des années 40.

La suite de cet article sera publiée prochainement par ESI ! Mais vous pouvez retrouver nos précédents articles consacrés à Captain America et aux films de super-héros sur cette page.

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