Exclusif : Visite du tournage de CAPTAIN AMERICA, THE FIRST AVENGER, et suite de notre entretien avec Chris Evans, alias Steve Rogers & Captain America !
Article Cinéma du Mercredi 07 Septembre 2011

[Retrouvez la précédente partie de ce reportage]


Après Bucky, et pour clore en beauté cette visite, c’est Captain America en personne qui est venu nous rejoindre dans le « double decker bus ». Chris Evans, cheveux courts, athlétique, portant un uniforme de l’armée américaine, s’est assis sur l’un des tabourets vissés au sol du véhicule pour évoquer son interprétation du célèbre super-soldat…

Entretien avec Chris Evans

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Nous allons commencer par vous poser la même question qu’à tous vos camarades acteurs : que saviez-vous de Captain America avant d’accepter de jouer ce rôle ?

Je n’ai pas une grande connaissance de l’univers des bandes dessinées en général. J’avais certes entendu parler de Captain America, et je l’avais vu apparaître dans des jeux vidéo et des séries animées, mais je dois avouer que je n’avais jamais lu ses aventures auparavant.

Avez-vous fait des recherches pour rentrer dans la peau du personnage, pour parvenir à le rendre crédible ?

Oui, car c’était une partie importante de ma préparation. Au fond, quand on y réfléchit, nous faisons d’abord ce film pour satisfaire les fans et nous tenons à ce qu’ils soient contents de notre travail. Nous avons beaucoup de respect pour la bande dessinée originale, mais nous ne nous bornons pas non plus à en recopier scrupuleusement les moindres éléments. Nous en tournons notre propre version. Ce film raconte en détail les origines de Captain America, alors que la bande dessinée originale ne les évoquait que très brièvement, en quelques pages seulement. Nous avons donc pu inventer tout ce qui n’avait pas été décrit dans les comics, et prendre quelques libertés avec cette partie du récit. Mais comme il n’était pas question de se tromper dans nos choix, nous avons « révisé nos classiques » avant d’entreprendre ce travail ! Que les fans soient rassurés : on retrouvera bien l’esprit du personnage original dans le film.

Après avoir incarné Johnny Storm / La torche humaine dans LES 4 FANTASTIQUES, accepter ou pas ce rôle a du être une décision particulièrement difficile à prendre…

Oui, c’était très difficile, en effet. Pas seulement à cause de ma participation aux deux films des 4 FANTASTIQUES, mais aussi parce que mon engagement pour CAPTAIN AMERICA signifiait aussi que j’allais être contractuellement obligé de jouer ce rôle dans neuf films en tout ! Heureusement, nous avons réduit cette obligation à six films, mais cela reste malgré tout une décision lourde de conséquences. C’est un choix qui engage une grande partie de ma vie d’acteur. J’adore jouer la comédie, mais j’ai aussi envie de faire différentes choses : je voudrais réaliser, apparaître aussi dans des petits films indépendants dont les histoires m’intéressent, changer de registre. Mais quant on est lié à des superproductions aux tournages très longs, et aux dates calées définitivement seulement quelques mois à l’avance, on se coupe forcément de beaucoup d’opportunités de participer à d’autres projets. En acceptant de jouer le rôle de CAPTAIN AMERICA, je me suis potentiellement engagé – si tout se passe bien et que les films remportent le succès espéré – à apparaître dans cette série de productions Marvel jusqu’à 40 ans passés, alors que je viens tout juste d’en avoir 30. C’est assez fou !

Parlez-nous de votre collaboration avec Hayley Atwell…

Oh, elle est fantastique. Elle est même tellement talentueuse que c’en est injuste ! (rires) Je suis souvent dégoûté de voir à quel point elle est brillante ! Pour vous en donner un exemple, je la voyais l’autre jour intervenir dans une scène dans laquelle elle ne disait que deux ou trois répliques. Ce n’était qu’une petite séquence, mais à chaque fois, prise après prise après prise, Hayley trouvait toujours une nouvelle manière intéressante de dire son texte. Et elle faisait cela avec une facilité déconcertante, en s’amusant autant qu’un enfant auquel on aurait laissé les clefs d’une confiserie ! C’est un vrai plaisir de lui donner la réplique, car elle vous entraîne spontanément, même si on ne le lui a pas demandé, sur de nouvelles pistes. Quand on sait que la dernière prise est bonne, et est « déjà dans la boîte », comme on le dit, Hayley continue à aller plus loin et à nous épater. Elle est phénoménale, et je crois que sa vie va changer quand les gens la verront dans ce film.

Comment décririez-vous l’évolution émotionnelle de Captain America, au cours du film ?

Je crois que l’on se prend de sympathie pour Steve Rogers dès le début, mais qu’on ne prend pleinement conscience de son évolution que dans le troisième acte de l’histoire. C’est à ce moment-là que l’on se rend compte qu’il incarne l’outsider, le petit gars qui était sensé avoir perdu d’avance, et qui a malgré tout réussi à accomplir des exploits, grâce à sa volonté et à sa détermination. Contrairement à beaucoup de superhéros qui ont acquis leurs pouvoirs de manière fortuite, par accident ou à cause d’une mutation, Steve Rogers a été choisi. Parce que c’est un jeune homme bon, parce qu’il possède une force de caractère peu commune, et parce qu’il a un sens moral irréprochable. Le docteur Erskine le choisit parce qu’il sait que Steve, contrairement à d’autres personnes moins solides mentalement, ne se laissera pas corrompre par le pouvoir qui va lui être donné. Je crois que l’évolution de Steve, une fois qu’il a reçu des capacités physiques surhumaines, et qu’il se retrouve aussi en position de ressentir toutes les émotions que peut éprouver un être humain normal, qu’il s’agisse de la haine, de la passion ou de l’amour, est d’être justement soumis à la tentation d’utiliser ses pouvoirs de la mauvaise manière, pour arriver à ses fins. Je crois que c’est une façon de décrire simplement la trajectoire du personnage, mais ce qui lui arrive est évidemment plus riche et plus complexe que cela.

Pouvez-vous nous parler des cascades que vous avez faites et nous dire aussi si vous avez récolté quelques petites blessures en chemin ?

Il y a certaines choses que je suis bien incapable de faire, malheureusement. Je ne sais pas conduire une moto, par exemple, et dans certaines scènes, Captain America utilise une énorme Harley Davidson, un engin que je n’aurais pas pu maîtriser convenablement. Dans d’autres cas, le studio hésite beaucoup avant de me laisser faire, mais ils me donnent leur feu vert quant le plan est assez serré pour que l’on me reconnaisse bien sur l’image. Là, le risque – toujours limité – est justifié. J’ai donc pu faire quelques cascades moi-même, et oui, je suis bel et bien rentré à la maison avec quelques packs de glace après avoir été un peu maladroit ! (rires)

Qu’avez-vous ressenti la première fois que vous avez revêtu le costume de Captain America ?

A vrai dire, j’étais terrifié ! Je n’arrêtais pas de penser « Je n’arrive pas à croire que j’ai accepté de jouer ce rôle ! » (rires) Mais nous n’en étions qu’au tout début du processus de création du film. J’avais encore quelques doutes sur la manière dont les choses allaient être faites, parce tout n’était pas encore parfaitement défini. J’étais un peu nerveux… Mais c’est que ce l’on ressent au début de chaque tournage. On ne sait pas comment cela va se passer. Non seulement, c’était un rôle sur lequel je m’étais engagé sur les dix prochaines années, mais de plus, qu’allait-il se passer si pour une raison ou une autre, je ne me sentais pas bien dans la peau de ce personnage, ou si l’expérience du tournage tournait à la catastrophe, et que je me retrouvais dans la situation de vouloir oublier au plus vite ce film pour passer à autre chose ?.. Avant le premier jour de tournage, ces questions ont tendance à tourner en rond dans la tête d’un acteur…Le jour du premier essayage du costume, le tournage n’avait pas encore commencé, et nous n’avions pas encore formé une équipe artistique soudée, comme aujourd’hui. Je me souviens qu’en me voyant dans le costume, je me suis dit « C’est peut-être la tenue dans laquelle on va m’enterrer vivant, en tant qu’acteur ! » (rires) Tout cela pouvait tourner à la tragédie ! Bien sûr, j’exagérais et je voyais les choses de manière pessimiste, ce qui n’est pourtant pas dans ma nature. Le costume en lui-même est fantastique, très bien conçu, et je m’en suis rendu compte dès ce moment-là. Une fois ce petit moment de doute dissipé, je me suis dit que j’avais une chance folle d’être payé pour incarner un personnage de BD aussi célèbre, que des millions de fans aiment. Et comme jouer est un travail que j’aime plus que tout au monde, je serais vraiment ingrat de me plaindre ! Autant j’étais anxieux avant que le tournage ne commence, autant je me suis félicité de ce choix depuis. A présent, je suis très heureux d’avoir accepté ce rôle. Absolument ravi.

Qu’est-ce que l’on ressent quant on est transformé en icône, grâce au costume ? Vous sentez-vous transformé en superhéros dès que vous l’enfilez ?

Non, non. Pas du tout. Le costume est amusant à porter, mais ce n’est qu’une des pièces du puzzle. Ce que nous souhaitons tous, c’est que ce soit le personnage de Steve Rogers en lui-même, l’être humain sous le costume, qui devienne l’icône du film. Si vous réduisez le personnage à sa tenue taillée dans le drapeau américain, cela le rend vain et superficiel. Ce n’est qu’après avoir travaillé pendant quelques jours sur le script et après avoir tourné plusieurs scènes importantes que je me suis dit que je connaissais vraiment bien ce Steve Rogers, et sa manière de penser. Maintenant, je sais que je comprends le personnage en profondeur, bien au-delà des symboles extérieurs que sont le casque et le bouclier.

Votre tenue de Captain America est-elle confortable ?

Elle est un peu encombrante, ce qui est normal, puisqu’elle est sensée me protéger des balles. Je ne sais pas si vous le savez, mais dans la bande dessinée originale, le costume est tissé avec de la chaîne de maille, comme celle des chevaliers du moyen-âge ! J’ai donc échappé à ça ! (rires) Cette version est inspirée des gilets pare-balles actuels et il y a donc pas mal de rembourrage à l’intérieur. Quand je l’enfile le matin, je me dis « Bon sang, cette chose est toute rigide ! » Mais après avoir transpiré dedans pendant trois ou quatre heures, elle devient plus souple et j’ai presque tendance à oublier que je la porte. Je ne m’en lasse donc pas pendant le tournage, ce qui est une bonne chose. Et quand il fait aussi froid qu’aujourd’hui, je me réjouis même qu’elle soit aussi épaisse ! (rires) Mais de toutes manières ce n’est pas le costume qui est le plus difficile à porter : une fois qu’on le porte, c’est exactement comme des chaussures de ski dans lesquelles on a du mal à entrer le matin, mais qui deviennent comme une seconde paire de pieds sur les pistes enneigées pendant le reste de la journée. Non, la vraie difficulté, c’est le masque.

Pour quelles raisons ?

C’est dû au fait que vous évacuez beaucoup de chaleur et de transpiration par la tête. Donc, quand je porte à la fois le masque, la mentonnière et le casque, cette chaleur s’accumule et je transpire encore plus.

Le masque vous fait-il perdre un peu de votre vision périphérique ?

Non, non. Les chefs costumiers Jeffrey Kurland et Anna B. Sheppard ont fait un excellent travail, et je vois parfaitement bien ce que je fais. Le principal problème, c’est la transpiration due à l’accumulation de chaleur. Mais étant donné que c’est le seul problème lié à cette tenue, ce n’est pas grand’chose. Je m’éponge le visage entre deux prises, je fais une pose en ouvrant un peu le costume pour l’aérer, et le tour est joué !

Que pensez-vous de l’allure patriotique et du nom même de Captain America ? Peu de personnages de Marvel sont allés aussi loin dans cet engagement national…

Il suffit de se souvenir que ce personnage a été créé quand les Etats-Unis et les pays alliés étaient en guerre contre les nazis pour comprendre pourquoi son costume et son nom ont été imaginés ainsi. La plupart des nations combattaient un ennemi commun. Il s’appelait Captain America, parce qu’il avait été créé aux Etats-Unis, mais je crois que ce que les auteurs voulaient représenter – et je dis cela en sachant très bien que les USA n’ont pas toujours raison en toutes circonstances – c’était un héros qui incarnait les forces de la liberté et du bien. Ils auraient pu l’appeler également « Captain Bien » ou « Captain Juste ». Tous les peuples qui combattaient les nazis à cette époque savaient ce c’étaient les ennemis communs et donc pouvaient se reconnaître en Captain America. Je suis sûr que la sortie de ce film fera naître des polémiques, car les positions actuelles des Etats-Unis ne font pas l’unanimité dans le monde, mais je crois qu’il ne faut pas s’empêtrer dans la notion qui consisterait à dire que Captain America ne représente qu’un seul pays. C’est un superhéros né pendant la guerre, qui symbolisait un combat juste contre le mal, un combat indiscutable. Son désir de protéger la liberté et les droits de l’homme a toujours du sens aujourd’hui.

Pensez-vous que la sortie du film à notre époque, où les gens ont désespérément besoin de héros totalement intègres, porté par d’autres ambitions que leur intérêt personnel, est particulièrement opportune ?

Je crois que l’on a toujours eu besoin de personnes comme cela, à toutes les époques de l’histoire ! Ce sont les gens qui sortent du lot. Régulièrement, les gens sont déçus par des leaders qui promettent beaucoup de choses et ne tiennent pas parole, ou qui s’enrichissent par toutes sortes de moyens une fois arrivés au pouvoir. Ce besoin de héros atypiques et vraiment désintéressés est cyclique. A l’origine, la BD de CAPTAIN AMERICA était conçue pour exalter le sentiment patriotique des lecteurs et je trouve qu’il est intéressant de constater que cette icône qui aurait pu disparaître pour de bon à la fin de la guerre, comme tant d’autres personnages oubliés aujourd’hui, est resté populaire 70 ans après sa création ! De toutes évidences, les scénaristes de Marvel ont réussi à réactualiser Captain America en s’appuyant sur ses origines et son passé militaire. C’est grâce à la qualité de ces histoires que le personnage s’est étoffé, et a gagné en profondeur, sans jamais renier ses idéaux.

Pouvez-vous improviser un peu pendant le tournage, en dépit du fait que CAPTAIN AMERICA est une grosse production, aux mises en place techniques complexes ?

Improviser est risqué, justement pour les raisons que vous évoquez. De plus, Marvel est très impliqué dans la représentation de ses personnages, et ils veulent contrôler ce que disent ou font les acteurs qui les incarnent, ce qui est parfaitement normal. Mais on nous laisse aussi la possibilité de faire des suggestions et d’en discuter avec Joe, notre réalisateur, et avec les producteurs. Nous pouvons en parler la veille du tournage d’une scène ou le jour même, quand une idée intéressante surgit. Kevin Feige, le président des Studios Marvel, est venu nous voir à plusieurs reprises et Stephen Broussard, le co-producteur, est constamment là. Nous pouvons toujours nous exprimer, quel que soit le sujet que nous souhaitons aborder. Rien n’est considéré comme sacrilège avant que nous en parlions. Mais la nature même du projet, et l’ampleur des moyens mis en œuvre nous interdisent de venir sur le plateau en n’étant pas parfaitement préparés. Là, il est impossible de se dire « On va se lancer et faire comme on le sentira » ! Les enjeux sont trop importants quand on mobilise autant de plateaux sur deux studios, des centaines de techniciens, des dizaines d’acteurs, et toute une foule de figurants.

Pensez-vous que CAPTAIN AMERICA puisse intéresser tous les publics ?

Oh oui, absolument. Les premières aventures de BD de Captain America étaient particulièrement intéressantes en raison de leur message anti-nazi et de la manière dont elles exprimaient des valeurs universelles comme la défense des libertés. Ces messages sont toujours passionnants aujourd’hui. Nous les retrouvons dans le film, et le personnage évolue jusqu’à la conclusion, qui lui permet de rejoindre l’époque actuelle. Grâce à l’intrigue qui commence et se clôt de nos jours, nous utilisons en fait non pas une mais deux versions des BDs de Captain America : celle qui a débuté en 1941, et celle des années 60, où on le retrouvait en léthargie dans un bloc de glace. C’est là que le film s’arrête…Mais après, on le tire de son long sommeil, et comme il n’a pas vieilli, Steve Rogers décide de rejoindre l’équipe des Avengers, comme le montrera le film de Joss Whedon dans lequel je reprendrai ce rôle, et qui sortira en 2012…Sans nous projeter aussi loin, je crois que cette première aventure de Captain America satisfera à la fois ses fans les plus fidèles et ceux qui ne le suivent que depuis peu de temps, dans les BD ou les romans graphiques parus ces dernières années. Mais je pense que même s’il raconte l’origine d’un superhéros, le film permet de découvrir des personnages si attachants qu’ils plairont aussi aux spectateurs qui ne connaissent strictement rien à la BD. En tous cas, c’est ce que nous espérons tous !

Vous pouvez retrouver nos précédents articles consacrés à Captain America et aux films de super-héros sur cette page.

IMPORTANT : Nous rappelons aux animateurs de sites web ou de blogs qu’il est strictement interdit de reproduire dans leur intégralité les articles que nous publions sur Effets-speciaux.info. Si vous souhaitez citer certains passages de nos contenus (seulement un court extrait), veuillez d’abord nous contacter à cette fin pour autorisation, puis veiller à citer d’emblée Effets-speciaux.info comme étant votre source, et enfin ajouter le lien permettant d’accéder à notre ou nos article(s) sur notre site. Cela s’applique bien sûr aussi aux contenus de nos articles cités par des sites américains.

[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share


.