Avant-première REAL STEEL : Entretien exclusif  avec Hugh Jackman
Article Cinéma du Lundi 26 Septembre 2011

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau



Comment réagissez-vous en voyant votre nom et votre image sur les affiches de REAL STEEL placardées partout dans les rues ?

Cela me semble toujours un peu effrayant. Toute ma carrière à Hollywood me fait l’effet d’être une sorte de rêve étrange. C’est une situation un peu bizarre…

Quels étaient vos livres, BDs, films et loisirs préférés quand vous étiez ado, et que vous grandissiez en Australie ?

Je ne lisais jamais de BDs. Ma grande passion quand j’étais ado, c’étaient les films d’horreur. Je les voyais tous ! HALLOWEEN, SANDMAN’S LOT, POLTERGEIST, L’EXORCISTE – qui est l’un de mes préférés –  sans oublier toute la série des VENDREDI 13. J’étais ado quand les magnétoscopes VHS sont apparus, et c’était une époque géniale, car on a enfin pu voir tous les films que l’on voulait, quand on le voulait ! Je regardais des centaines de films avec mes copains ! J’aimais aussi les séries anglaises comme The Professionals, et américaines comme L’homme qui valait trois milliards. Dans le domaine de la musique, j’aimais les Rolling Stones, et des groupes australiens comme INXS et Midnight Oil. Vous les connaissez ?

Oui, bien sûr !

Vraiment ? Je suis étonné. J’aimais bien Men at Work, The Clash, The Cure. Dans le domaine de la littérature, je dois dire que je lisais surtout les livres que l’on nous demandait d’étudier en classe ! J’étais plus intéressé par les sports comme le rugby et le cricket, que je pratiquais tout le temps à l’école. Mais mon vrai hobby a toujours été le théâtre. Je participais à tous les spectacles, les pièces et les comédies musicales que l’on montait au lycée.

Comment faites-vous pour rester toujours en forme ?

Je dois dire que cela aide beaucoup d’avoir un Wolverine dans sa vie ! Vous devez travailler si dur pour vous muscler à ce point que vous n’avez pas envie de perdre ce capital que vous avez construit. Je me souviens que Will Smith avait dit un jour : « C’est beaucoup plus dur de se muscler que de le rester » ce qui est très juste. A présent, j’ai trouvé un moyen assez simple et relativement peu contraignant de rester en forme. Je fais deux séances de rameur par semaine. Elles sont courtes – 7 minutes seulement -, mais très intenses. C’est l’équivalent d’une vraie course à la rame sur 2000 mètres. C’est dur, mais dès que c’est fini, je quitte le gymnase. En dehors de cela, je soulève des haltères et c’est tout. Ma pratique du personnage de Wolverine m’a permis d’apprendre ces « trucs ». Quand je l’incarne, je suis obligé de suivre un régime alimentaire assez strict, riche en protéïnes. Cela m’a donné certaines habitudes, et en dehors de ces tournages, je mange de manière assez saine. Disons que dans la vie de tous les jours, au lieu de m’astreindre à une diète intense, je suis simplement raisonnable, ce qui est assez facile à faire.

Dans REAL STEEL, vous jouez avec un enfant qui a beaucoup de caractère et que votre personnage a quelquefois envie d’étrangler. En tant qu’acteur, comment réagissez-vous quand vous vous retrouvez en face de ces jeunes comédiens surdoués qui sont capables de pleurer et de rire sur commande, et qui sont des pros à 11 ans ?

Je suis étonné de les voir se tenir si bien. C’est incroyable d’avoir une telle maturité à cet âge, d’être capable de manipuler ses propres émotions pour les utiliser devant une caméra. A certains moments, cela m’inquiète un peu pour eux. Mais le garçon qui joue dans REAL STEEL, Dakota Goyo, est très équilibré. On a l’impression qu’il est habité par une âme qui a déjà vécu beaucoup de choses. Il est très calme, très poli, ne fait jamais de caprices, et c’est un excellent acteur. Tout semble lui venir de manière naturelle. Il est heureux. Et le plus étonnant, c’est qu’il ne m’a pas ennuyé une seule fois pendant les trois mois qu’a duré le tournage. J’ai un fils de onze ans, et il est souvent crispant, comme tous les gosses de cet âge. Dakota ne l’est jamais. Je ne me fais aucun souci à son sujet, ni au sujet de sa vie personnelle, ni à propos de sa carrière d’acteur.

La relation entre votre personnage et son fils est l’un des meilleurs éléments du film…

Oui, c’est aussi mon avis.

Comment l’avez-vous travaillée ?

Avant d’en parler, je voudrais dire que Shawn Levy a été extraordinaire. Il a beaucoup travaillé avec des enfants dans ses films, notamment dans les deux comédies de TREIZE A LA DOUZAINE, avec Steve Martin, où il dirigeait douze gosses. Il a vraiment un don pour leur donner les bonnes indications, tout en les traitant de manière très adulte. Shawn savait exactement quoi faire. Dakota n’avait pas beaucoup d’expérience. Il n’avait joué que dans un ou deux films à petit budget auparavant, et REAL STEEL est une superproduction. Le tournage coûte cher et quand c’est à vous de jouer, il ne faut pas se planter. De mon côté, il a fallu que je crée un personnage qui a une relation totalement différente de celle que j’ai avec mes enfants. Il fait tout pour n’être ni une figure paternelle, ni une présence rassurante. En fait, mon personnage agit lui-même presque comme un enfant, tandis que son fils est beaucoup plus mûr et agit envers lui comme un père. Pour être dans cet esprit-là, je plaisantais et parlais avec Dakota comme s’il était adulte, pendant le tournage. Je le taquinais, je lui lançais des vannes, comme si c’était un ami de mon âge. Au bout d’un moment, je devais faire attention quand mon fils venait sur le plateau, car je ne voulais pas qu’il me voit avoir une attitude complètement différente avec un autre garçon de 11 ans. C’était délicat à gérer.

Quel genre de père êtes-vous dans la vie ?

J’espère être un meilleur père que mon personnage ! (rires) Je suis resté un grand enfant, et j’aime rester en compagnie de mes enfants et jouer avec eux. Je n’aime plus trop sortir et faire la fête – j’ai déjà donné dans ce domaine ! – et ce que je préfère, c’est rester à la maison pour profiter de ma famille.

Trouvez-vous la célébrité pesante ?

Je m’en accommode, mais elle me fait vivre des moments bizarres. Je suis allé me baigner en famille sur la plage de Central Bay, en Australie, cet été. Je suis me suis éloigné du rivage pour être un peu tranquille et j’ai fait la planche. Au bout d’un moment, j’ai eu l’impression d’être dans cette fameuse scène des DENTS DE LA MER, en jetant un coup d’œil sur la plage : une centaine de personnes regardait dans ma direction. Je me suis dit « Bon sang, ils ont dû voir un aileron de requin juste derrière moi ! » et je me suis vite retourné pour vérifier si j’allais me faire croquer ou pas. Il n’y avait rien. En revenant vers la plage, j’ai vu qu’il y avait des paparazzis avec de gros téléobjectifs qui m’attendaient, et qu’ils avaient attiré l’attention de tout le monde. En sortant de l’eau avec mon maillot de bain, j’avais l’impression d’être Halle Berry dans une scène de James Bond ! (rires) C’était très embarrassant !

Vous êtes-vous accoutumé aussi à vivre à Hollywood ?

Oui, bien sûr. J’y mène une vie très agréable avec ma famille. Vous savez, quant on parle d’Hollywood, on donne l’impression qu’il s’agit d’une sorte de conglomérat, alors que ce n’est pas cela du tout. L’essentiel est de ne pas trop s’impliquer dans tous les rouages de cette industrie. Pour ma part j’essaie toujours de garder toujours un pied en dehors du métier, pour avoir un peu de recul. Je ne cherche pas à connaître les derniers chiffres du boxoffice, ni quels agents sont les plus en vue, ni qui vient d’être nommé à un poste important dans tel ou tel studio. Mon job, c’est de jouer la comédie, et de m’y consacrer le plus possible pour m’améliorer. Pas de m’encombrer la tête avec les dernières infos du business…

Est-ce l’opportunité de jouer un père pour la première fois qui vous a plu dans ce projet ?

Oui, ainsi que l’intrigue dramatique dans le milieu du sport, qui me rappelait des films qui m’ont beaucoup marqués pendant mon enfance, comme ROCKY et LES CHARIOTS DE FEU. J’ai beaucoup aimé le personnage principal de REAL STEEL. Il m’a un peu rappelé certaines parties de ma vie, quand je me suis lancé dans des projets ambitieux que je n’étais pas certain de réussir, et qui se sont finalement bien passés. Si pour une raison ou une autre, les choses avaient mal tourné, j’aurais très bien pu me retrouver dans la même situation que Charlie, et être dans le pétrin. Après avoir raté des opportunités deux ou trois fois de suite, on peut avoir tendance à se projeter tout seul dans une spirale infernale, et à aller au devant de nouveaux échecs sans s’en rendre compte. J’ai tout de suite ressenti de l’empathie pour ce personnage. L’un des points forts de l’histoire, c’est que les deux protagonistes principaux, tout comme le robot, sont un peu cassés, au rebut, au début du récit. Il y a un ancien boxeur qui galère en participant aux tournois de boxe de robots, un enfant qui vient de perdre sa mère, et qui n’a jamais rencontré son père naturel, et un androïde qui ne paie pas de mine, que l’on récupère dans une décharge. Et ils saisissent tous les trois les différentes opportunités qui les mènent sur le chemin de la rédemption en dépit du fait que chaque étape est plus effrayante que la précédente.

Comment vos enfants ont-ils réagi en voyant REAL STEEL?

Mon fils Oscar l’a vu ce soir pour la première fois et l’a adoré. Je dis « l’a vu » car il se trouve que je lui avais lu le script avant. Il peut m’arriver d’être un mauvais père, et le soir où il fallait que je lise le script de REAL STEEL pour donner une réponse rapide, j’ai fait d’une pierre deux coups en allant coucher mon fils, en lui disant que j’allais lui raconter une histoire pour l’aider à s’endormir. Il était sceptique au début, et finalement, il l’a tellement aimé, qu’il m’a demandé de la lui raconter à nouveau pendant les dix jours suivants !

La suite de cet entretien bientôt sur ESI !

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