La critique ESI : TINTIN « ET LES AVENTURIERS DU TRESOR PERDU » - Une formidable réussite de Spielberg !
Article Animation du Mercredi 12 Octobre 2011

En salles le 26 octobre

Par Pascal Pinteau

Il y a des films qui visent juste dès les premières images. LES AVENTURES DE TINTIN : LE SECRET DE LA LICORNE, rassurent le Tintinophile dès le générique, d’une stylisation 2D superbe, et l’esprit de Hergé règne sur le film dès l’apparition-hommage du premier personnage 3D.



Avouons-le, on peut être déstabilisé par l’aspect hyper-caricatural – nez énormes, mains aussi grosses que des battoirs, bras courts - donné à certains personnages (Haddock, les Dupont Dupond), tandis que d’autres (Tintin, certains seconds rôles) subissent un meilleur traitement, plus proches des proportions réalistes des humains dans les BDs originales. Le Milou de la BD a également une frimousse plus mignonne dessiné par Hergé que réinventé en 3D.

Mais cette gêne passagère, cette impression d’entrer dans un autre univers à la fois totalement vrai et peuplé de personnages aux trognes fantastiques, est vite dissipée par la maestria de la mise en scène de Spielberg, que l’on sent heureux comme jamais. Le voilà ENFIN libéré de toutes les contraintes techniques matérielles des prises de vues réelles grâce à l’emploi de la capture de performance et des images 3D, enfin en mesure de nous présenter des scènes d’actions incroyables exactement telles qu’il les a visualisées dans son esprit ! Le résultat est un délice. Le film pétille de trouvailles, de gags, de surprises, d’idées de réalisation jubilatoires, de détails que l’on ne repérera qu’à la seconde ou à la troisième vision... Il s’agit sans aucun doute du meilleur film d’aventures signé Spielberg depuis LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE.



Saluons aussi le scénario de Steven Moffat, Edgar Wright et Joe Cornish, qui amalgame habilement des éléments marquants tirés des albums LE SECRET DE LA LICORNE, LE TRESOR DE RACKHAM LE ROUGE et LE CRABE AUX PINCES D’OR (dans lequel a lieu la première rencontre entre Tintin et Haddock) et des scènes entièrement nouvelles – très bien conçues - pour former une continuité qui satisfera les fans exigeants de Hergé sans gêner le grand public. Nous ne dirons rien ici des péripéties et des fantastiques scènes d’action qui jalonnent l’aventure : il faut absolument que vous ayez le plaisir de les découvrir sans rien en savoir. Nous nous contenterons de saluer l’une des plus extraordinaires poursuites de l’histoire du cinéma, réalisée en plan séquence, et de vous conseiller de bien vous accrocher à vos lunettes 3-D Relief quand vous la verrez !  (le relief, lui aussi, ne déçoit pas.)



Grâce au talent et au savoir-faire exceptionnel de Weta Digital, l’univers hyperréaliste dans lequel évoluent les personnages foisonne de détails. Les décors sont extrêmement fouillés, souvent très beaux, et respectent les codes de couleur des BD. Comme on l’espérait, Spielberg a pris soin de glisser çà et là les images incontournables, icôniques, de docks, de grues portuaires, d’hydravion, de désert, ou de rues de Bruxelles des années 50 qui semblent tout droit sorties des cases de la BD.

L’animation des personnages est elle aussi remarquable, particulièrement en ce qui concerne l’expression des visages et la manière dont les bouches suivent parfaitement la prononciation de la moindre syllabe (ce dont on ne se rendra compte, bien sûr, qu’en voyant le film en V.O.). Par son interprétation, Jamie Bell a su donner à Tintin le dynamisme, la vaillance et la générosité voulus, et Andy Serkis campe un Haddock aussi drôle dans ses moments de délire éthylique et de colère que touchant quand il est en plein désarroi, luttant contre ses démons. Tout comme les personnages 3D d’AVATAR, les effigies de synthèse de Tintin et du Capitaine Haddock prennent vie dès les premières images, et on s’attache immédiatement à eux. Weta Digital a décidément fait franchir la fameuse « Uncanny valley » une bonne fois pour toutes aux créatures 3D : les regards des protagonistes de TINTIN sont toujours convaincants.



Remercions Spielberg et ses scénaristes d’avoir eu la sage idée d’aménager une conclusion satisfaisante à ce premier épisode, tout en laissant à nos héros de quoi s’occuper pendant LE TRESOR DE RACKHAM LE ROUGE, le second volet à venir. Peter Jackson, qui est ici crédité comme producteur et « réalisateur de seconde équipe » (!) aura fort à faire en succédant à Spielberg derrière la caméra. Gageons que le tandem Spielberg-Jackson fera encore des étincelles en changeant de rôles pendant la production et le réalisation de la prochaine aventure. En attendant,  ESI n’a qu’un conseil à vous donner : courez voir LES AVENTURES DE TINTIN : LE SECRET DE LA LICORNE, et plus vite que ça, mille sabords !!

Retrouvez également notre dossier consacré au film et l'entretien que nous avait accordé Andy « Haddock » Serkis en 2008 !

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