Les producteurs de La Momie 3, la tombe de l’empereur dragon
Article Cinéma du Mercredi 02 Juillet 2008

Par Pascal Pinteau

Dans cette nouvelle partie de notre visite du tournage, nous allons nous entretenir avec les producteurs du film, qui vont nous faire de nouvelles révélations sur ce qui s’annonce comme l’un des évènements majeurs de l’été fantastique…

Dans la caverne sacrée de Shangri-la

Après avoir découvert le passage d’accès à la cité enchantée de Shangri-la, construit au sein des Bob’s Studios de Montréal, d’autres surprises de taille nous attendent à l’intérieur des plateaux où se tourne le troisième opus de la Momie. Nous découvrons à présent le fabuleux décor de caverne où trône un immense bouddha allongé de près de 14 mètres de long. Un petit temple richement ornementé est érigé au centre de la caverne. Des petites statuettes, des bougies et des coupes remplies de fleurs sont disposées dans les alvéoles des parois rocheuses. Plusieurs boyaux rayonnent de la partie centrale, pour figurer des accès. L’un d’entre eux est éclairé de l’intérieur, ce qui nous incite à croire que les personnages doivent emprunter ce chemin pour arriver jusqu’à la caverne. De l’autre côté, une grande ouverture donne sur un écran vert, dans lequel le paysage de Shangri-la sera incrusté plus tard. Nous arpentons le décor, ébahis par son réalisme poétique et sa taille impressionnante, alors que les producteurs Sean Daniels et Bob Ducsay viennent à notre rencontre. Les deux hommes ont produit ensemble les deux premiers opus de La Momie, ainsi que Le roi scorpion (Chuck Russell -2002) et ont également œuvré séparément dans le registre du fantastique : Daniels a produit le remake du Village des damnés (John Carpenter – 1995) la sympathique comédie Michael (Nora Ephron – 1997) dans laquelle John Travolta incarnait un ange bougon tombé du ciel, le formidable thriller paranormal The Gift (Sam Raimi – 2001) et s’apprête à produire l’extravagant Ripley’s believe it or not, qui doit être réalisé par Spike Jonze, avec Jim Carrey dans le rôle du célèbre explorateur attiré par les objets les plus étranges du monde. De son côté, Ducsay a accompagné Stephen Sommers dans l’aventure de Van Helsing (2004), puis dans les préproductions du remake du Choc des mondes, et de G.I. Joe, dans lequel on retrouvera les personnages d’une célèbre gamme de figurines articulées. Bob Ducsay prépare aussi Magic Kigdom for sale (royaume magique à vendre) dans lequel un avocat achète une contrée enchantée grâce à une petite annonce parue dans un journal…et découvre en y arrivant qu’elle est en ruine !



Entretien avec Bob Ducsay et Sean Daniels, producteurs

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Vous en êtes aujourd’hui au 40ème jour de tournage de La tombe de l’empereur Dragon. Que pouvez-vous nous dire sur la manière dont les choses avancent ?

Bob Ducsay : Elles avancent très bien. Il est assez rare d’arriver à la moitié d’un tournage et de disposer déjà d’autant de scènes spectaculaires terminées, et ce, dans les délais prévus, et sans dépassement de budget. C’est vraiment miraculeux !

Comment la Chine s’est-elle impliquée dans le film ? Est-ce une co-production ?

Sean Daniels : C’est effectivement une co-production et tout s’est déroulé très agréablement avec nos partenaires. L’ampleur de cette production dépasse celle de la plupart des films chinois, mais tout se passe sans heurt. La tombe de l’empereur dragon est vraiment un projet international, comme vous pouvez le constater aujourd’hui. C’est un film américain co-produit avec la Chine, tourné au Canada, avec un casting américain, anglais, chinois et australien !

Dialogue avec la Chine

Comment l’organisation du travail se passe-t’elle avec les équipes chinoises ? Suivez-vous certaines procédures particulières ?

Sean Daniels : Pas vraiment. Nous avons envoyé le script aux autorités gouvernementales qui dirigent l’industrie cinématographique locale, et à partir de là, nous avons travaillé comme on le fait toujours quand on collabore avec des équipes de cinéma qui se trouvent dans un autre pays. L’industrie du cinéma est très active en Chine. Nous tournons dans des endroits où de nombreux autres films ont été tournés auparavant. Nous n’avons pas à réinventer la roue ! Nous profitons de leur savoir-faire et des grands sites architecturaux qui se trouvent là-bas.

Bob Ducsay : En fait, ce nouvel épisode est tourné a peu près de la même manière que les deux premiers. L’équipe de base est réunie dans un studio, tandis qu’une seconde équipe prépare la seconde partie du tournage dans un autre pays. Auparavant, nous étions installés dans des studios Londoniens, et nous tournions au Maroc et en Jordanie, tandis qu’aujourd’hui nous sommes au Canada et nous préparons à tourner en Chine. Chacun de ces pays a ses spécificités qu’il faut apprendre à connaître, mais une fois que c’est fait, vous pouvez travailler dans de très bonnes conditions.

Quelles difficultés avez-vous eu à résoudre pour collaborer avec les équipes de Chine ?

Bob Ducsay : Eh bien, nous avons deux départements artistiques, l’un ici, l’autre là-bas, qui travaillent en parallèle, donc il faut jongler avec le décalage horaire et la barrière de la langue pour s’assurer que le travail avance bien et qu’il n’y a pas de quiproquos ni de malentendus sur les choses qui doivent être faites de part et d’autre.

Pourquoi avez-vous choisi Montréal plutôt que Prague ou Budapest ?

Sean Daniels : Montréal nous offrait les meilleures opportunités en termes d’espace, de qualification des équipes techniques et artistiques, et de rabais sur les taxes que consent le gouvernement Canadien.

Sept ans de réflexion

Qu’est-ce qui vous a permis de déclencher la production de l’épisode 3, sept ans après la sortie en salles de l’opus précédent ?

Bob Ducsay : Le concept du film. Je crois que le studio avait vraiment envie de produire un autre film de cette série. Le premier épisode avait remporté beaucoup de succès et le second a fait de meilleurs scores. C’est en soi une incitation suffisante pour qu’un studio ne souhaite pas en rester là. De notre côté, nous sommes restés un peu bloqués pendant un moment, car nous ne pouvions pas imaginer de retourner en Egypte une fois de plus, pour y affronter à nouveau Imhotep.

Quand ce nouveau concept chinois est-il apparu ?

Bob Ducsay : A la fin 2004, si je me souviens bien.

Sean Daniels : Il s’agissait juste d’un traitement. Après cela, nous avons travaillé au développement du script pendant un bon moment, puis nous avons commencé à préparer le film pendant six mois. Quand vous additionnez toutes ces étapes de travail les unes aux autres, vous arrivez à un total de trois ans.

Ce concept chinois a-t’il toujours été développé en tant que nouvel épisode de la Momie, ou aurait-il pu être un film d’aventures indépendant ?

Sean Daniels : Non, il a toujours été conçu comme le troisième épisode de la saga. L’idée de base vient de Stephen Sommers et nous n’en avons pas dévié depuis.

Stephen Sommers avait-il l’intention de réaliser ce film à un moment, où a-t’il prévu depuis le début de se borner à le produire ?

Bob Ducsay : Je crois que Stephen n’a jamais songé à réaliser ce film. Il était allé au bout du concept de la Momie en tournant le second épisode et avait envie de passer à autre chose. Il reste très attaché à cette franchise, car il la considère à juste titre comme son bébé, mais il était plus attiré par d’autres projets.

L’aide inattendue des Pirates des caraïbes…

L’énorme succès du troisième épisode de Pirates des Caraïbes vous a-t’il aidé à convaincre Universal de financer votre troisième épisode à vous ?

Sean Daniels : Nous étions déjà bien avancé sur le développement du script quand Pirates 3 est sorti. C’est toujours une bonne chose de discuter du budget d’un film avec un studio, quand le film d’aventure très coûteux d’un autre studio caracole en tête du boxoffice partout dans le monde ! (rires)

Bob Ducsay : Oui, ça a été indiscutablement un avantage pour nous, car il s’agissait également d’un grand film d’aventure avec des costumes d’époque, dans lequel les créatures étaient réalisées en 3D. Cela prouve la vitalité du genre et le désir du public de voir ce genre de films.

Les cadres d’Universal n’ont pas pu ignorer cet état de choses…

Non, je crois que le message a été reçu 5 sur 5 ! (rires)

Etes-vous déjà en train de vous préparer à produire les épisodes 4, 5, 6, etc…

Sean Daniels : Nous aimerions bien ! Mais il faut déjà achever celui-ci et séduire le public avec.

Bob Ducsay : Franchement, produire et réaliser un film demande tellement d’énergie que c’est pratiquement impossible d’en concevoir deux en même temps. Nous aimons beaucoup les O’Connell, mais pour vous répondre franchement, à l’heure actuelle, je n’ai aucun moyen de savoir s’il y aura un autre épisode après celui-ci. Nous n’avons développé aucun autre script, ni même un traitement pour une autre aventure. Mais nous avions déjà procédé ainsi pour les deux films précédents, sans prévoir qu’il y aurait une suite…

C’est vraiment dommage de détruire un décor aussi beau que celui de la caverne qui se trouve devant nous, une fois le film terminé…

Sean Daniels : Merci. C’est effectivement un décor superbe, comme tous les décors de ce film, je dois le dire. Et ce que nous fabriquons en Chine est magnifique aussi.

Bob Ducsay : Ce qui est amusant, c’est que les décorateurs ne souffrent absolument pas de voir leurs décors détruits par des bulldozers à la fin du tournage ! Ils considèrent que ces environnements ont rempli leur tâche et doivent donc disparaître. Personnellement, je crois que je réagirai comme vous : si j’avais conçu et fait construire un décor aussi magnifique, j’aurais envie qu’il reste là à jamais !

Sean Daniels : (se tournant vers Bob Ducsay) Mais ou le rangerais-tu ? (rires)

Bob Ducsay : Tu as raison…Il faudrait que j’aie vraiment un très très grand jardin derrière ma maison ! (rires)

La nouvelle Evelyn O’Connell

Le fait d’être obligé de trouver une nouvelle actrice pour incarner Evelyn vous a-t’il causé du souci ?

Sean Daniels : Pas vraiment. Il s’agissait simplement d’une décision créative dont nous avons dû tenir compte. Evelyn est un personnage auquel nous sommes tellement attachés que nous ne voulions pas l’exclure du film à cause de cette situation. Je crois que l’arrivée de Maria Bello et son interprétation du personnage va nous permettre d’ajouter un élément nouveau qui jouera en faveur du film.

Bob Ducsay : Nous avions rencontré d’autres actrices, et leur avions fait tourner des tests, mais Maria est vraiment celle qui correspondait exactement au personnage dès le début. C’était évident pour tout le monde. Son énergie et son dynamisme irradiaient de sa personne.

Rob Cohen nous a étonné par son calme cet après-midi. Est-ce que son attitude sereine a déteint sur le reste de l’équipe du film ?

Sean Daniels : C’est vrai que Rob peut aussi être très calme ! (rires)

Bob Ducsay : Ces grands films d’aventures sont extrêmement difficiles à faire. C’est formidable quand le réalisateur a cette attitude sur le tournage, car cela crée un climat extrêmement positif. Rob encourage les gens de l’équipe à faire venir leur famille pour leur montrer ce que nous faisons. Je pense que notre envie de distraire une très large public, qui est notre motivation principale tous les jours, se ressentira quand vous verrez le film.

2000 artistes au travail

Quel a été le plus grand problème de logistique que vous ayez eu à résoudre jusqu’à présent ?

Sean Daniels : Coordonner le travail de 2000 personnes sur deux continents !

Bob Ducsay : …et résoudre les problèmes liés aux endroits quelquefois isolés dans lesquels vous voulez tourner. Sur plusieurs sites chinois, nous nous sommes rendu compte que nous ne disposerions pas d’une puissance électrique suffisante pour tout éclairer correctement. Il a donc fallu faire tirer des lignes électriques complémentaires. De même, nous avons dû installer des tours de télécommunication pour pouvoir continuer a communiquer avec le reste de l’équipe par téléphone et par internet. Nous avons eu un autre problème à Pyun Yang, car l’hôtel dans lequel nous nous sommes installés n’était pas équipé pour recevoir internet. Sur une production comme celle-ci, il est indispensable de pouvoir recevoir des mails contenant des photos et des images, notamment tout ce qui nous est envoyé pour approbation par les studios d’effets visuels qui travaillent sur le film.

Sean Daniels : Et d’un autre côté, il y a aussi des endroits où nous tournons qui sont formidablement bien équipés. On y trouve les matériels les plus perfectionnés dont on puisse rêver. Le nec plus ultra de la technologie du 21ème siècle !

Qui s’occupe des effets visuels du film ?

Bob Ducsay : Les deux studios principaux sont Rythm and Hues et Digital Domain, qui sont tous deux basés à Los Angeles. Nous leur avons confié à chacun des séquences entières à réaliser. Habituellement, on essaie de confier à chaque studio ce qui correspond le mieux à ses points forts, mais pendant la post-production d’un film aussi complexe, c’est pratiquement une tâche impossible, car il y a trop d’éléments distincts dans les mêmes plans, par exemple des créatures et des environnements créés en 3D.

Les deux studios fournissent donc des animations de créatures et des environnements virtuels ?

Bob Ducsay : Exactement !

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