Visite exclusive des coulisses de LA COLERE DES TITANS - Cinquième partie : Entretien avec l'actrice Rosamund Pike
Article Cinéma du Jeudi 12 Avril 2012

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Suite de notre visite du tournage, et rencontre avec les nouveaux visages de cette grande aventure mythologique…

Par Pascal Pinteau

C’est en avril 2011 que nous nous étions rendus dans les Studios anglais de Shepperton, pour assister au tournage de la suite du CHOC DES TITANS, réalisée par Jonathan Liebesman (WORLD INVASION : BATTLE LOS ANGELES). Aux côtés de Sam Worthington, qui incarne toujours Persée, de nouveaux acteurs rejoignent l’aventure…Nous les avons rencontrés, ainsi que le producteur, le chef décorateur et, bien sûr, le réalisateur de cette superproduction.

« Mission impossible » dans l’antiquité grecque…

Rappelons que ce second épisode débute 10 ans après que Persée ait anéanti le Kraken. Depuis ce jour, le fils de Zeus vit paisiblement dans un petit village de pêcheurs et élève seul son fils de 10 ans, Hélius. Pendant la décennie écoulée, les dieux ont été encore plus affaiblis par le manque de dévotion des humains. Désormais, ils ne parviennent plus à maîtriser les titans emprisonnés, ni leur redoutable maître, Kronos, père du triumvirat des dieux formé par Zeus (Liam Neeson), Hadès (Ralph Fiennes) et Poséidon (Danny Huston). Les trois frères avaient jadis défié leur père et avaient exilé Kronos du mont Olympe pour le laisser croupir dans un donjon du gouffre du Tartare, dans les abîmes infernales. Mais Hadès, dont l’amertume n’a cessé de croître depuis sa récente défaite, incite Arès, autre fils de Zeus, à changer de camp, et passe même un accord avec Kronos pour capturer Zeus. Grâce à la traîtrise d’Hadès, la puissance des Titans grandit, Zeus perd ses ultimes forces et les créatures infernales envahissent la terre. En dépit de la méfiance qu’il nourrit vis à vis de son père, Persée se doit d’intervenir. Il va chercher des alliés acceptant de se joindre à son nouveau combat. Son premier soutien sera la reine guerrière Andromède, qu’il a jadis sauvée alors qu’elle devait être sacrifiée au Kraken. C’est Rosamund Pike, vue notamment dans le James Bond MEURS UN AUTRE JOUR, qui succède à Alexa Davalos dans ce rôle.

Le nouveau visage d’Andromède

En arrivant sur le plateau de tournage, nous découvrons les images des acteurs au travail sur un moniteur. La ravissante Rosamund Pike se trouve aux côtés de Sam Worthington. Ils observent Toby Kebbell, enchaîné aux murs d’un cachot. Le jeune acteur anglais, que nous avions découvert dans PRINCE OF PERSIA : LES SABLES DU TEMPS, incarne le demi-dieu Argénor, fils de Poséidon, emprisonné pour vol dans la cité d’Argos. C’est Poséidon lui-même qui est apparu à Persée pour lui demander de libérer son fils. Les prises de vues commencent. Dans cette scène, Andromède conduit Persée jusqu’à la cellule poussièreuse où est enfermé Agénor. Le prisonnier répond avec une telle arrogance aux questions de Persée qu’Andromède se fâche, et se dit prête à le laisser croupir dans sa prison… Après quelques prises, Rosamund Pike profite d’une pause pour nous rejoindre, encore drapée dans une toge qui met en valeur sa splendide silhouette…

Entretien avec Rosamund Pike

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Prenez-vous plaisir à incarner une reine guerrière ?

Oui. D’ailleurs, ma tenue d’aujourd’hui est la plus propre de toutes celles que je porte dans le film, car dans presque toutes les autres scènes, je me bats et suis couverte de poussière ! (rires) Andromède affronte des ennemis mortels, parmi lesquels se trouve Hadès, le dieu des enfers, qui a tué ses parents. Sachant qu’il était susceptible de revenir, elle a pris soin de s’endurcir et de devenir une meneuse d’hommes. Pour me préparer à jouer cette femme de pouvoir, j’ai lu beaucoup de livres sur les guerriers de l’antiquité, et sur les tactiques guerrières. Cette fois-ci, Andromède n’est plus du tout une princesse en détresse, attendant que l’on vienne la sauver !

LA COLERE DES TITANS marque votre retour au film d’action, après que vous ayez incarné Miranda Frost, une jeune femme au double visage, dans l’excellent James Bond MEURS UN AUTRE JOUR…

Oui, je participais aussi à des scènes d’action dans ce film, puisque Miranda Frost était une experte en escrime et maniait souvent l’épée. Ce que je fais dans LA COLERE DES TITANS est différent. Nous avons suivi des cours d’arts martiaux, parce qu’Andromède et ses compagnons ont appris différentes méthodes de combat. Mais dans bien des cas, nous nous battons sur des terrains tellement accidentés que l’essentiel de nos actions consiste à garder l’équilibre et à faire rapidement les mouvements que nous avons appris. De plus, nous ne voulons pas que ces postures soient trop spectaculaires, trop proches des films de Kung-Fu. Notre but est de convaincre les spectateurs que nous sommes capables de déployer toute notre énergie pour attaquer ces monstres et que nous pouvons les tuer. Quand nous sommes confrontés aux macaïs, nous nous entraidons pour parvenir à la vaincre : l’un d’entre nous va s’attaquer à la première paire de bras de la créature, et l’autre à la seconde. Ce sont des combats très difficiles à régler pour le superviseur des cascades.

Vous intéressiez-vous à la mythologie quand vous étiez enfant ?

Pas particulièrement. Cela n’a pas fait partie de mon éducation. Mais je me suis rattrapée depuis en lisant avec plaisir les principaux mythes grecs. J’ai constaté que dans beaucoup d’histoires, ce sont les femmes qui détiennent le pouvoir. Dans la Grèce antique, on croyait que les hommes n’avaient que peu de chose à voir avec la reproduction, et que les femmes tombaient enceintes grâce au vent ou aux visites divines. Grâce à cela, une reine n’était pas forcément contrainte de ne coucher qu’avec le roi, puisque sa vie privée n’avait pas d’influence sur la progéniture royale ! (rires)

Quel est l’état d’esprit de votre personnage au début de l’histoire, et comment les rapports entre Persée et Andromède évoluent-ils pendant cette aventure ?

Andromède est sur le qui-vive, prête à agir parce qu’elle sent bien qu’un désastre cataclysmique va s’abattre sur la terre. En un sens, cela rejoint les préoccupations que nous avons à l’heure actuelle, avec les tsunamis, les tremblements de terre… Des créatures encore jamais vues s’échappent de ces crevasses et sèment le chaos. Au début du film, on découvre Andromède sur le champ de bataille, alors qu’elle vient de perdre beaucoup d’hommes. Elle se bat sans répit, tout en étant saisie d’une profonde angoisse. Bien évidemment, elle ne peut pas le laisser paraître face à ses troupes, qui sont démoralisées par les pertes déjà subies. En tant que reine, Andromède se doit de les galvaniser et de les inciter à ne pas céder un pouce de terrain. Mais l’abattement et le désespoir s’emparent de son armée. La reine doit recourir à des mesures exceptionnelles pour assurer la survie de son peuple. Au début de l’histoire, elle ne s’attend pas du tout à revoir Persée, car il a mené une vie discrète depuis qu’il a réussi à la sauver du Kraken. Son courage et sa vaillance ont incité Andromède à devenir une guerrière pleinement capable de se défendre toute seule.

Persée et Andromède n’ont gardé aucun lien depuis leur première rencontre ?

Non, aucun. Elle ne l’a jamais revu, en dépit des efforts qu’elle a fait pour le retrouver. Andromède a demandé à tous les voyageurs qu’elle croisait s’ils pouvaient lui donner des nouvelles de Persée, mais ce fut en pure perte. Persée est allé vivre très loin d’Argos, à des jours de navigation… ou à deux ou trois heures de vol sur le dos de Pégase ! (rires)

Est-ce agréable de jouer une reine, une femme de pouvoir ?

Oui, très ! Andromède est un personnage vraiment intéressant. C’est une femme totalement indépendante, qui n’a besoin de l’approbation d’aucun homme pour vivre sa vie. Elle n’agit pas comme les jeunes femmes que l’on voit habituellement dans les films d’action, et qui sont clairement là pour former un duo romantique avec le héros. Elle s’impose d’emblée comme une meneuse d’homme, qui veut défendre son royaume et ses sujets. Ses aspirations personnelles passent au second plan. Persée et elle se ressemblent beaucoup en ce sens : ils font passer leur devoir avant tout le reste, et sont prêts à sacrifier leurs vies. Et sur le plan personnel, ils ont fini par se persuader qu’ils pouvaient vivre seuls.

Quels sont les aspects les plus difficiles de votre travail d’actrice pendant le tournage de LA COLERE DES TITANS ?

Je dirais que physiquement, le plus grand défi à relever, c’est d’arriver à se déplacer dans les décors construits pour les scènes d’action. Dans certains d’entre eux, le sol est couvert de glace, dans d’autres, nous sommes confrontés à des murs de feu, des bourrasques de vent, des pièges, etc… On est pratiquement tout le temps en train de jeter des projectiles sur nous ! Il vaut mieux être agile et prête à réagir au quart de tour. Tous ces effets spéciaux soulèvent de la poussière et des petits débris que vous finissez par recevoir dans les yeux… Le décor de cellule dans lequel nous tournons aujourd’hui est minuscule, mais d’habitude, nous utilisons des décors gigantesques, qui occupent des plateaux entiers ! Pour les scènes qui se déroulent dans le gouffre du tartare , nous étions entourés de gerbes de feu crachées par des lance-flammes, cernés par des ventilateurs géants, et il y avait aussi des rivières de lave ! Nous passions sur des formations rocheuses situées 4 ou 5 mètres au-dessus de ces décors en feu, en essayant de ne pas tomber ! (rires) Comme tous les héros de cette aventure, je porte des vêtements de cuir adaptés à l’escalade et des pièces d’armure pour me protéger pendant les combats. Ma jolie robe d’aujourd’hui est vraiment l’exception qui confirme la règle !

On peut voir quelques bleus sur vos bras nus…Ce sont des souvenirs de cascade ?

Oui. Nous avons tourné une scène de bataille, où je rejoins mes archers il y a quelques jours, et je me suis donné des coups sans le vouloir en manipulant mon arc…

Pensez-vous que le rôle plus important donné à Andromède vise à rendre ce second épisode plus attractif pour le public féminin ?

Je l’espère. Je serais heureuse qu’Andromède devienne un modèle pour les petites filles, une héroïne à laquelle elles puissent s’identifier. Elle trace son propre chemin et n’a pas besoin de l’approbation d’un homme pour vivre sa vie. Cela ne l’empêche pas d’avoir de la sensibilité, de l’empathie. Elle a perdu ses parents dans des conditions tragiques, horribles, à cause de la cruauté d’Hadès qui ne leur pardonnait pas de l’avoir défié et renié. Depuis, Andromède a appris à diriger un royaume, à commander des généraux, et à lutter bravement contre des forces surnaturelles. J’espère que le public féminin aimera cet aspect de mon personnage, et appréciera le film.

Est-ce que ce rôle est épuisant physiquement ? Arrivez-vous à dormir normalement d’un jour sur l’autre, malgré la concentration requise pendant le tournage, et la tension nerveuse que cela crée ?

Oui, heureusement, j’arrive à dormir. J’ai assez d’expérience en tant que comédienne pour parvenir à maîtriser mon stress. De toutes manières, je n’ai pas le choix : si on n’arrive pas à dormir pendant un tel tournage, on meurt ! (rires) Quand le soir arrive, je suis épuisée, et je me couche le plus vite possible. Avant le tournage, je m’étais entraînée pendant 4 mois avec mes camarades pour être en excellente forme physique. Nous avons répété toutes les scènes d’action avec les cascadeurs, tout en faisant de la gym et de la musculation, à raison de 3 heures par jour. C’était dur, mais très plaisant car je sentais que mon corps devenait plus puissant, plus résistant au fil des jours. Et j’étais consciente de bénéficier d’un grand privilège en ayant tous ces experts à ma disposition pour m’aider à m’entraîner. C’était une expérience formidable. Je voulais qu’Andromède soit la plus forte possible, parce que je trouve qu’on a vu beaucoup trop de « damoiselle en détresse » dans les films d’action. Ça suffit ! (rires) J’ai pris tellement de plaisir à m’entraîner qu’il m’est arrivé de prendre mon arc et d’aller tirer des flèches dans les bois, pour avoir le plaisir de ressentir cette symbiose, cette fusion avec l’arme favorite de mon personnage. Je m’entraînais aussi à le jeter en l’air pour le rattraper, à jongler avec, à le manipuler dans tous les sens... Il fallait que cela devienne totalement naturel. Les spectateurs se rendent immédiatement compte si vous êtes à l’aise ou pas avec une telle arme, et j’espère qu’ils auront l’impression qu’Andromède et son arc ne font qu’un. Ce type d’apprentissage fait partie du métier d’acteur, tout comme le fait de se familiariser à conduire une voiture qui vous est totalement inconnue, parce que c’est le véhicule de votre personnage.

Avez-vous pris l’initiative de postuler pour ce rôle parce que vous connaissiez le film original de 1981 ?

Non, en réalité c’est la production qui est venue me chercher, pour des raisons que j’ignore ! J’ai des souvenirs assez vagues de la version de 1981, mais il me semble que les relations entre les dieux et les humains étaient plus complexes et plus nuancés que dans le premier épisode de cette saga, où la guerre était totale… Nous essayons de renouer avec cette complexité dans le déroulement de cette aventure. L’un des thèmes récurrent est celui des parents absents : Persée et Andromède ont perdu leurs vrais parents, ceux qui les ont élevés. Persée et Agénor ont des rapports très difficiles avec leurs pères divins… C’est une manière d’évoquer les émotions liées au deuil, le travail de résilience, ainsi que les craintes que peuvent éprouver des enfants dont les parents exercent un métier dangereux, qu’ils soient pompiers, soldats, secouristes en haute montagne ou policiers… Toutes ces raisons qui font qu’il est quelquefois dur d’être un fils ou une fille… Sam, Toby et moi avons passé beaucoup de temps à discuter des émotions de nos personnages avec Jonathan, notre réalisateur. Nous croyons avoir un bon script à présent.

Quelles sont les suggestions que vous avez faites à propos de votre personnage ?

Je voulais que l’on sente que les souffrances vécues par Andromède l’ont aidée à se forger un nouveau destin, et à devenir indépendante. Jonathan était d’accord et comme Sam ne craint pas qu’une de ses partenaires prennent les devants dans certaines scènes, nous avons pu construire des rapports intéressants entre nos personnages. Persée n’a aucune difficulté à laisser agir Andromède seule quand elle est mieux placée que lui pour réussir, et de même, toute reine qu’elle est, Andromède sait s’effacer devant Persée quant son expertise lui donne l’avantage. Persée sait qu’Andromède a l’habitude de diriger des troupes sur un champ de bataille, et il lui laisse volontiers décider de la mise en place de certaines manœuvres. Il ne conteste pas qu’elle soit devenue une experte en stratégie militaire. Tout cela ne figurait pas dans le script original, et nous l’avons ajouté. Et comme Andromède a été souvent confronté au spectacle de la mort, elle ne pousse pas un cri d’effroi en croisant un squelette au détour d’un souterrain. Elle aura plutôt tendance à lancer une boutade, comme le font les gens que la vie a endurci dans des situations impressionnantes. J’aime que ce personnage soit une vraie héroïne de film d’action.

A combien de rencontre avec des monstres avez-vous survécu jusqu’à présent ?

Eh bien deux gros monstres pour l’instant, mais il y en a d’autres au programme !

Est-ce que Andromède réussit à en tuer plusieurs ?

Oh oui ! Quand nous en arriverons à tourner la bataille finale, dans une grande plaine du Pays de Galles, j’en aurai massacré une belle quantité ! Surtout des Mackais. J’ai horreur de ces bestioles-là !

En dehors de votre arc, utilisez-vous beaucoup d’autres armes ?

Oui, car la situation devient de plus en plus chaotique au cours de l’histoire, et les personnages en arrivent à un point où ils se battent avec tout ce qui se trouve à portée de leurs mains : un bouclier qui traîne par terre, une épée que tient encore un soldat mort, etc. Quand vous vous battez avec une créature à 6 bras, vous n’êtes pas regardant, vous prenez tout ce qui se présente pour vous défendre ! Quand je n’ai pas le temps d’utiliser mon arc, je saisis des flèches pour éborgner un monstre. Pas de pitié ! (rires) Il faut être inventif et rapide. D’autant plus que mon armement de base est limité à une épée, un arc et des flèches.

Est-ce que la chorégraphie des combats est difficile à mémoriser ?

Oui, mais on la répète aussi longtemps que nécessaire, pour être sûr que tout le monde la connaît parfaitement. C’est indispensable, car une erreur peut avoir des conséquences graves, en dépit de toutes les précautions prises. Personne n’a envie de blesser un partenaire. Le truc que les cascadeurs utilisent consiste à nous faire répéter les gestes assez lentement au départ, puis à augmenter la vitesse du combat très progressivement. Ce qui nous aide beaucoup, c’est que l’effort de mémorisation se fait en groupe. Chacun s’appuie sur les gestes de l’autre, tout comme la réplique d’un acteur vous fait venir presque automatiquement la vôtre pendant le tournage d’une scène.

Sur ces mots, Rosamund Pike reprend le chemin du décor de cachot pour quelques prises supplémentaires de la même scène sous d’autres angles.

La suite de notre reportage sur le tournage de LA COLERE DES TITANS sera publiée prochainement sur ESI !

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