La Momie 3 : Entretien avec John Hannah (Jonathan Carnahan)
Article Cinéma du Dimanche 07 Septembre 2008

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Votre personnage est-il devenu un petit peu plus courageux, à présent ?

Je ne vois pas ce que vous voulez dire : dès que le danger s’éloigne, Jonathan est très courageux ! (rires) J’avais l’habitude d’en plaisanter avec Stephen Sommers, car dans les deux premiers épisodes, j’avais toujours sur moi un petit revolver Derringer qui ne contenait que deux balles…et je ne l’utilisais jamais ! Le gag à répétition, c’est que je disais toujours que je ne l’utiliserai que « quand les choses deviendraient réellement dangereuses » ! Mais dans cet épisode, j’ai enfin l’occasion d’utiliser mon arme, ce qui est plutôt sympathique. J’emploie aussi une arme à six coups, du genre Smith & Wesson et disons que je ne pars pas me cacher derrière un rocher à la moindre occasion, ce qui me plaît énormément. Je me bats beaucoup plus aux côtés de l’équipe. Il me semble que Jonathan est plus courageux quand il fait les choses par lui-même, au lieu d’être entraîné dans des évènements qu’il ne provoque pas. L’autre jour, quand nous tournions dans le décor dans lequel se trouve l’énorme Stupa doré, il y avait beaucoup d’autres d’accessoires en or, et j’ai fait remarqué à Rob Cohen qu’on ratait peut-être une occasion de gag, car Jonathan n’avait encore rien volé depuis le début du film ! (rires) Je crois que ce serait amusant de le voir se promener avec des poches de plus en plus remplies dans tous ces décors !

Que ressentez-vous en retrouvant ce personnage ?

C’est une sensation assez étrange. J’ai été contacté par le studio au début de 2007, et j’ai été franchement surpris qu’ils aient encore envie de faire appel à moi. La négociation au sujet de mon contrat a duré ensuite quelques mois. A l’issue de cette âpre discussion, nous nous sommes mis d’accord sur une somme ridicule, encore moins élevée que celle du dernier film ! (rires) Blague à part, pendant un moment, je ne savais vraiment pas si j’allais revenir ou s’ils allaient trouver quelqu’un d’aussi talentueux que moi…mais meilleur marché ! (rires) J’ai eu l’occasion de parler avec Stephen Sommers pendant l’été 2006, et il m’avait expliqué alors où ils en étaient avec le projet. Préparer la production d’un film comme celui-ci est toujours une tâche de longue haleine : les producteurs négocient avec le studio, il y a beaucoup de tractations, de politique qui s’ajoute à tout cela. Sans oublier les négociations avec les acteurs qui occupent une plus haute position que la mienne dans la chaîne alimentaire ! (rires) Il fallait attendre qu’ils soient disponibles. Je crois que Stephen et Bob Ducsay ont travaillé plus de deux ans avant que la production du film ne soit approuvée. Le processus ayant été assez long, j’ai eu largement le temps de m’habituer à l’idée de retrouver Jonathan.

Comment comparez-vous cet épisode aux deux précédents ? A-t’il plus d’ampleur, un budget plus important ?

Il me semble que son budget est un peu plus élevé. En tous cas, il sera certainement encore plus spectaculaire que le second épisode, qui était sorti en 2001. La technologie des effets visuels a tellement évolué en quelques années que nous devrions tous être très étonné de découvrir les images de cette nouvelle aventure. Ce sera un film dans la tradition visuelle des deux premiers, mais avec un peu plus de testostérone ! (rires)

Avez-vous été surpris que le studio s’intéresse à nouveau à cette franchise, après toutes ces années ?

Un peu, parce que je suis resté en contact avec Brandon, Arnold Vosloo et quelques uns des acteurs des épisodes précédents, et que personne n’avait entendu parler d’un projet de suite. J’ai le sentiment qu’après le succès du second volet, il y avait encore un appétit pour ce type d’aventures, que le public était encore demandeur. Des films comme Sahara ou la série des Benjamin Gates, prouvent que les films d’aventures sont toujours populaires, parce que ce sont des divertissements familiaux agréables.

Vous avez changé de sœur à la suite du départ de Rachel Weitz, avec l’arrivée de Maria Bello…

Oui. Mais dès la première lecture commune du script, avec tous les acteurs et le réalisateur autour de la table, Maria a prouvé qu’elle maîtrisait parfaitement le personnage d’Evelyn. Depuis qu’elle est mère, Evelyn se préoccupe beaucoup plus de son rejeton que des errances de son drôle de frère ! D’ailleurs Alex et Jonathan s’entendent très bien, et j’ai tendance à le « couvrir » quand il fait des choses que ses parents risqueraient de voir d’un mauvais œil. J’imagine que pour Maria, ce n’est pas évident de reprendre un rôle qui a déjà été tenu par une autre actrice, et d’arriver au sein d’une équipe qui se connaît déjà, mais elle s’en sort très bien. De toutes façons, il y a tellement d’éléments nouveaux, entre la présence de Jet Li, de Michelle Yeoh, et bien sûr notre nouveau réalisateur, que nous sommes tous plongés dans le même bain. Je pense que les personnages de Rick et de Jonathan ne seront pas tout à fait les mêmes dans cet épisode. Quand un nouveau réalisateur vous dirige, vous obtenez forcément un résultat différent.

Le fait que vous soyez de retour prouve que votre personnage est considéré comme un des éléments du succès de la série…

Oh, je ne sais pas si on peut affirmer cela, mais merci quand même ! (rires) Vous savez, quand j’ai tourné le premier épisode, il n’y avait pas d’option pour une suite. J’ai été très étonné qu’on me demande de revenir dans le second et tout aussi étonné de me retrouver aujourd’hui à Montréal, pour tourner un troisième volet. Disons que mon personnage fonctionne bien dans la dynamique générale de ces films.

Comment Jonathan se retrouve-t’il impliqué dans cette nouvelle aventure ?

Eh bien, à la fin des évènements de l’épisode précédent, comme vous l’imaginez, j’avais hâte de quitter le moyen orient. Je suis parti avec ma part de butin, et j’ai atterri à Shanghaï, ou j’ai fondé un night-club appelé Imhotep’s. C’est un métier idéal pour Jonathan : il est entouré de jolies filles, l’alcool coule à flots, et il rencontre tous les gens importants de Shanghaï, qui viennent se divertir chez lui. Jonathan est ravi de voir Alex débarquer en Chine. Ça lui permet d’avoir une relation décontractée d’oncle à neveu avec lui, de lui faire visiter les environs.

Quelles relations avez-vous avec Alex ?

Je joue le rôle du confident de la famille. On s’entend très bien, car je crois qu’il apprécie le côté « oncle farfelu » de Jonathan. Avec moi, rien n’est jamais grave, tandis que ses parents sont plus stricts, ce qui est normal.

Est-ce que vous lui donnez des leçons pour qu’il apprenne à se défendre ?

Non, je suis plus préoccupé par le fait de suivre les jupons qui passent que d’apprendre à me battre moi-même, ce qui fait que je serais bien incapable de l’aider dans ce domaine. Son père est là pour ça. Je ne sais pas si vous avez vu la musculature de Brandon, mais ses biceps sont aussi gros que mes cuisses ! Alex est entouré de types qui sont des athlètes et savent se battre !

En quoi ce tournage est-il différent des deux premiers, en ce qui vous concerne ?

Nous portons des costumes beaucoup plus épais, étant donné que nous traversons la chaîne de l’Himalaya. Nous affrontons des animaux et des créatures qui n’ont rien en commun avec ce que vous avez vu auparavant. Et d’une manière générale, Rob nous laisse improviser et nous éloigner des dialogues tels qu’ils sont écrits dans le script. Je ne parle pas seulement de moi, mais aussi de la manière dont Brendan travaille. Il joue de manière très libre, et suit son instinct au cours d’une scène. Il essaie différentes versions. Pour ma part, la plupart des choses que je disais pendant les trois premières semaines de tournage n’avaient strictement rien à voir avec les dialogues des scénaristes. (rires) Je m’efforce de donner beaucoup d’options différentes au réalisateur quand je joue une scène.

Comment définiriez-vous le personnage de Jonathan ?

Je dirais qu’il représente « Mr tout le monde ». Quand il voit une armée de guerriers morts-vivants avancer vers lui, son premier réflexe n’est pas de saisir une arme pour les combattre, mais de prendre ses jambes à son cou ! C’est ce que nous ferions tous dans une pareille situation, n’est-ce pas ? Je crois que le public aime bien voir ce personnage se comporter d’une manière normale ou transgressive, par exemple quand il remplit ses poches de pièces d’or ou triche pour se tirer d’affaire.

Prenez-vous plaisir à être une source de gags dans la saga de la Momie ?

Non ! (rires) J’ai horreur de ça ! Personne ne me respecte parce que je fais rire ! (rires) Dès que j’arrive sur le plateau, les gens se mettent à pouffer, alors que je ne fais rien de particulier ! On ne se rend pas compte que je fais un travail très sérieux ! Quand je vois ce genre de réactions, je comprends pourquoi certains acteurs qui ne jouent que des rôles comiques deviennent alcooliques ou désaxés ! C’est vraiment une situation horrible ! (rires) Heureusement, je retrouve un peu d’équilibre quand je reviens en Angleterre…(NDLR : John Hannah interprète d’habitude des rôles dramatiques comme l’avocat de la série anglaise New Street Law ou d’autres personnages dans des téléfilms policiers).

Rob Cohen vous incite-t’il plus à improviser que Stephen Sommers le faisait auparavant ?

Disons qu’il vous pousse constamment à essayer des choses auxquelles vous ne pensiez pas cinq minutes avant. C’est surprenant, excitant, et assez effrayant, parfois, car il vous pousse à vous dépasser sans que vous sachiez si vous allez réussir à faire quelque chose d’intéressant ou pas. Ce qui rend les choses encore plus impressionnantes, c’est que nous avons à chaque fois un vrai public devant nous, car il y a plus de personnes dans notre équipe de tournage que de spectateurs dans certaines salles de cinéma ! (rires) Je me souviens que mon professeur d’art dramatique disait qu’on riait beaucoup lorsqu’on répétait un rôle tragique, tandis qu’un rôle comique nécessitait encore plus d’efforts et de travail. Et il avait raison. Physiquement, cela nécessite de rester toujours vif et dynamique, même si vous êtes épuisé. Quelquefois ce n’est pas évident d’essayer d’improviser des choses drôles devant des techniciens qui se sont levés à 5 heures du matin pour tout préparer ! Ils ne rient pas facilement…

Quelle est la scène que vous avez préféré tourner, jusqu’à présent ?

Mmm…je ne sais pas quoi vous répondre. En fait, je crois que pendant la plupart des scènes que j’ai tourné, j’étais soit effrayé par ce que je devais faire physiquement, soit préoccupé par le fait de réussir une scène complexe au niveau du timing…Pendant les scènes d’action, pendant que Rick, Evelyn et Alex font des prouesses, Rob Cohen me demande d’improviser des choses drôles au second plan pendant une minute ou deux, de manière à avoir un arrière plan comique ou une situation humoristique parallèle. Il n’y a rien de plus terrifiant que quelqu’un qui vient vous voir et qui vous dit « John, mets-toi là et improvise des trucs marrants pendant un petit moment... ». Quand vous vous retrouvez devant la caméra et que le réalisateur crie « Action ! », vous vous sentez soudain très seul, et avec une pression énorme sur les épaules. Je ne suis pas toujours très content de ce que j’ai fait quand j’entends « Coupez ! » et cela me stresse souvent, mais quelques jours plus tard, quand quelqu’un qui a vu les rushes de la scène au montage vient me voir pour me dire que c’était bien, je me sens rassuré et rétrospectivement fier de ce que j’ai fait. Mais sur le moment, c’est vraiment très impressionnant.

Quelles sont les scènes les plus dures à tourner, au niveau des actions « physiques » ?

Oh, pratiquement toutes, à cause des costumes. Mon costume est lourd, épais, il tient très chaud, je porte des bottes, etc…Donc le simple fait de le porter sous l’éclairage des projecteurs est fatigant ! Quand en plus, il faut courir, faire mine d’éviter des éboulis ou une avalanche, je m’essouffle vite et je transpire énormément. En comme j’incarne le personnage comique de l’équipe, mon costume est encore plus épais et d’une apparence plus drôle que celui des autres personnages. Les autres portent des vestes de cuir doublées de fourrure qui sont très élégantes, tandis que moi, j’ai l’impression de porter un ours entier sur le dos ! (rires)

Décrivez-nous cette fameuse tenue…

Oh, il s’agit d’un manteau de pièces de fourrure cousues avec une énorme capuche. Et en dessous, je porte un tee-shirt, un sweater, un pantalon de velours, et des bottes fourrées, alors qu’il fait plus de 20 degrés sur le plateau ! (rires) Mais je ne veux pas vous donner l’impression que je regrette de tourner ce film, car rien ne serait moins vrai. Je suis très content de participer à cette aventure et je pense que le résultat sera très sympathique. Et je suis content de retrouver ce personnage comique alors que je suis habitué à jouer des personnages réfléchis et héroïques…Eh, ne riez pas ! Je suis sérieux quand je dis ça ! (rires) Je crois que c’est d’ailleurs une des raisons qui ont poussé Stephen Sommers à me proposer ce rôle : justement parce qu’il était aux antipodes de ce que j’avais fait auparavant. C’est étrange d’ailleurs, nous nous étions juste rencontrés pour discuter autour d’un café. Il savait que je ne parlais pas anglais (NDLR : John Hannah fait allusion à son fort accent écossais !) et que je n’avais jamais joué de rôle comique, et il m’a choisi pour jouer Jonathan sans même me demander de passer une vraie audition ! Je pense qu’il a dû me confondre avec un autre comédien, c’est la seule explication. (rires)

Est-ce que Jonathan va avoir plus de succès en amour, cette fois-ci ?

Oh, Jonathan peut avoir du succès avec les femmes…tant qu’il est riche ! (rires) Mais je ne peux pas vous dire comment tout ça se terminera.

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