Preview Les Mondes de Ralph – Qui veut la peau des jeux vidéo ?
Article Animation du Lundi 05 Novembre 2012

Après les « toons » de Qui veut la peau de Roger Rabbit (1988) et les jouets de Toy Story (1995), les studios Disney s'apprêtent à nous proposer un film rassemblant divers personnages de jeux vidéo ! Ce film d'animation 3D devrait ainsi attirer aussi bien les enfants, traditionnel cœur de cible de l'entreprise de Mickey Mouse, que les générations qui ont grandi avec Pong, Pac-Man, Super Mario Bros, Street Fighter ou encore BioShock...

Sortie en salle le 5 décembre.



Par Pierre-Eric Salard

Premier film d'animation réalisé en images de synthèses par les studios Walt Disney Animation Studios - et non Pixar - depuis Raiponce, voilà deux ans, Les mondes de Ralph pourrait être vendu auprès des spectateurs comme le Toy Story de la « génération jeux vidéo ». Rien que ça ! Malgré son histoire originale, ce 52ème long-métrage d'animation des studios Disney devrait lui-aussi receler de nombreuses références à la pop-culture et attiser la nostalgie des joueurs nés à partir des années 1960. A l'instar d'un Qui veut la peau de Roger Rabbit dédié à l'univers vidéoludique, d'illustres personnages de jeux vidéo feront leur apparition ! Après l'improbable rencontre entre Mickey Mouse et Bugs Bunny, ou la présence de Barbie dans Toy Story 3, ce sont donc les protagonistes d'un tout autre univers qui vont bientôt se croiser. Le projet a d'abord été annoncé sous le titre Joe Jump, durant l'été 2006, avant d'être renommé Reboot Ralph au printemps 2010. Entre-temps, aucune information n'avait été dévoilée ; les fans du studio ont ainsi longtemps cru que le film avait été abandonné. En 2009, lorsque La princesse et la grenouille - premier film d'animation 2D des Walt Disney Animation Studios depuis La ferme se rebelle cinq ans plus tôt - sort sur les écrans, le constat est sans appel. Malgré des recettes s'élevant à 267 millions de dollars à travers le monde (pour un budget de 105 millions), le film ne rencontre pas le succès espéré – celui des œuvres produites durant les années 1990, tels Le Roi Lion ou Aladdin. Pour assurer l'avenir du studio, les dirigeants décident de privilégier des films plus fédérateurs, et en phase avec la culture de la jeunesse actuelle. Les projets originaux sont ainsi encouragés. En développement depuis le milieu des années 2000, Les mondes de Ralph (Wreck-It Ralph) tombe donc à point nommé pour raviver la flamme du studio. Le scénario sera longtemps tenu secret. « C'est l'histoire d'un méchant de jeu vidéo qui quitte sa borne d'arcade pour prouver qu'il peut-être, lui aussi, un héros », dévoile finalement John Lasseter, directeur créatif des studios et réalisateur de... Toy Story ! Venir au monde en tant que vilain ne signifie pas forcément qu'on apprécie ce rôle ! Écrit par Jennifer Lee Monn et Phil Johnston, Les mondes de Ralph a été confié à un habitué de la télévision : le réalisateur Rich Moore, auquel on doit de très nombreux épisodes des Simpson et de Futurama. « J'adore l'idée qu'un très simple personnage d'un jeu vidéo de l'ère 8-bit (ndlr : la génération de consoles Nintendo NES et Sega Master System, sorties dans les années 1980) se penche sur une question complexe : la vie n'est-elle pas plus grande que le rôle que l'on m'a assigné ? », souligne Rich Moore. « Nous cheminons donc avec notre héros à travers trois univers de jeux vidéo, visuellement distincts. Cela n'a jamais été fait auparavant, et je suis ravi de le faire au sein des Walt Disney Animation Studios ».



Ce gars, c'est plus fort que toi

L'intrigue se déroule (littéralement) dans les bornes d'une salle d'arcade, au sein de laquelle se trouve notamment l'antique Fix-It Felix Jr. Notons que ce (faux) jeu vidéo des années 1980 possède plus d'un point commun avec la célèbre série des Donkey Kong, développée par Nintendo. Le gigantesque Ralph y est l'équivalent de Donkey Kong. Tous les jours depuis trente ans, il entre dans sa maison, dans le tronc d'un arbre... qui est systématiquement rasé par un bulldozer ! Il se retrouve invariablement dans une décharge, alors qu'un immeuble flambant neuf est construit à l'endroit où se trouvait sa forêt de pins. Fou de rage, ce géant de près de trois mètres de hauteur escalade le bâtiment et s'acharne à la détruire, brique par brique, à l'aide de ses poings. Les nouveaux locataires, terrifiés, appellent alors à l'aide un héros, Felix Jr (le personnage qu'un joueur est sensé contrôlé, dans la réalité). Grâce à son marteau magique, ce dernier répare les dégâts tout en évitant les projectiles lancés par Ralph. A la fin, les locataires offrent à Felix une médaille bien méritée. Ralph, lui, se prépare à passer une nouvelle nuit dans la décharge... en se demandant s'il existe, peut-être, une manière de faire fi de cette routine. Enfermé dans son antique borne d'arcade, peut-il outrepasser les règles et partir en quête d'une nouvelle demeure ? Au bout de trois décennies, il ne supporte plus ce rôle qu'il incarne sans malice. Il ne rêve que d’une chose : être, à son tour, aimé de tous ! Ainsi finit-il par s'échapper de son jeu afin d'arpenter d'autres univers virtuels. Il visitera notamment Hero's Duty, un tout nouveau jeu de tir à la première personne (FPS, pour First Person Shooter) qui se déroule dans un univers de science-fiction. Pourra-t-il aider le Sergent Calhoun, le héros de ce titre rappelant la saga des Halo de Microsoft, à vaincre les hordes de Cy-Bugs, de vils extraterrestres ? A moins qu'il y libère accidentellement un ennemi mortel... Ralph s'introduira également dans un jeu de courses pour enfants (type Mario Kart) dont les décors sont... des sucreries ! Des routes en chocolat sillonnent un volcan en cornet de glace gaufré, des donuts font office de raccourcis... Il s'y liera d'amitié avec Vanellope von Schweetz, un personnage haut en couleurs mais rejeté car issu d'un bug (un défaut de conception). Mais la quête de Ralph pourrait avoir des conséquences inattendues. L'ex-méchant devra ainsi prouver qu'il est un véritable héros et mettre un terme à un péril qu'il a lui-même engendré. L'avenir de la salle d'arcade, et de tous ces univers virtuels, se trouve entre ses (grosses) mains... A mi-chemin entre Qui veut la peau de Roger Rabbit et Tron (deux productions Disney), ce scénario possède également des points communs avec le franchise de jeux vidéo Kingdom Hearts, où se croisaient des personnages Disney (Donald, Aladdin, Jack Skelligton, Tron...) et des protagonistes de la célèbre série vidéoludique Final Fantasy. Les mondes de Ralph permet lui-aussi à des héros d'univers distincts de se rencontrer. Ainsi, avant de débuter sa quête, Ralph se rend régulièrement aux réunions des "Méchants Anonymes". Plusieurs vilains de jeux vidéo y expriment leurs ressentiments. Dirigé par l'un des fantômes du jeu Pac-Man, ce groupe rassemble notamment Kano du jeu Mortal Kombat, Zangief, le catcheur soviétique de Street Fighter II, un zombie (S'agirait-il d'une créature générique que l'on a vu dans plusieurs dizaines de jeux vidéo ?), Bowser, l'éternel adversaire de Mario, le Docteur Robotnik, savant fou de la série des Sonic, ou encore Coily le serpent de Q*bert. Leur credo ?  Même s'ils sont des vilains, ce ne sont pas de mauvais garçons !



Une vie meilleure

Les pérégrinations numériques de Ralph s'accompagneront d'évolutions visuelles. « Le film dispose d'un certain nombre de directions artistiques distinctes », s'enthousiasme le réalisateur. « Lorsque notre protagoniste va quitter son jeu d'arcade 8-bit pour découvrir un jeu de tir contemporain, la direction artistique changera ! Et ainsi de suite... » Les animateurs du studio, eux ont pu travailler au sein d'un décor reproduisant une salle d'arcade des années 1980 ! « Nous n'avons pas débuté le processus d'animation avant que les voix des personnages ne soient enregistrées », précise le producteur Clark Spencer (Volt, star malgré lui). Seules des animatiques rudimentaires permettaient aux acteurs de se faire une idée du résultat. Ces derniers ont déclamé leurs répliques à plusieurs reprises, afin que le réalisateur et le monteur puissent sélectionner les meilleures nuances. John C. Reilly (Gangs of New York, Chicago, Numéro 9) incarne Ralph. « C'est amusant, car je ne suis plus un enfant », explique l'acteur. « Ce qui m'a intéressé, c'est cette recherche du sens de la vie. Après chaque film, j'ai souvent réfléchi à ma carrière. J'ai fait plus de soixante films. Ce qui arrive à mon personnage est profond. Ralph est un paria. Est ce tout ce qu'a à lui offrir la vie ? Peut-il gagner, au moins une fois, une médaille ? Son voyage est en réalité une quête de lui-même ». Pour John C. Reilly, il n'existe pas de différences fondamentales entre jouer dans un film en prises de vues réelles et doubler le personnage d'un film d'animation. « Jouer la comédie consiste à passer de l'autre côté du miroir et à s'imaginer dans la peau de quelqu'un d'autre. Ce que j'ai souvent fait lorsque j'ai participé à la post-synchronisation de mes films. Au lieu d'utiliser votre corps, vous projetez votre interprétation à travers votre voix ». Sarah Siverman (Les Muppets, le retour) double quant à elle Vanellope von Schweetz. « Mon personnage est rejeté dans son propre jeu, Sugar Rush. Personne ne lui permet de participer au courses. Elle trouve donc en Ralph une sorte d'âme sœur ». Jane Lynch, alias l'irascible Sue Sylvester de la série Glee, incarne le Sergent Calhoun. « Le jeu dans lequel j'apparais se déroule dans un univers militaire », précise-t-elle. « J'y dirige des armées, et Ralph apparaît soudainement dans notre réalité... J'adore faire du doublage ; ce métier m'a d'ailleurs permis de survivre avant de percer dans l'industrie ! ». Jack McBrayer (la série 30 Rock) interprète un personnage qui, lui, ne veut rien changer : Felix Jr. « Il veut tout contrôler, et il aime son rôle de héros. Lorsque Ralph décide d'abandonner sa routine... et bien disons que Felix ne gère pas très bien la nouvelle ! Quant à moi, bien je sois profondément irrité par ma propre voix, j'ai trouvé cette expérience géniale ! » Le film sera bien entendu diffusé en 3-D relief. « Il y a trois ou quatre mondes différents, et chacun d’entre eux possède sa propre atmosphère, sa propre apparence », déclare Robert Neuman (Le Roi Lion 3D), qui supervise la conversion en relief. « Ces merveilleux environnements offrent une bonne opportunité pour travailler sur la 3D ! » Rich Moore s'avoue également ravi. « Les artistes et scénaristes qui ont inventé cet univers, les animateurs et doubleurs qui ont insufflé la vie aux personnages, l'équipe de production qui a permis au projet d'avancer... Ce sont les gens les plus talentueux et dévoués de la Terre ! » Sorti le 2 novembre 2012 aux États-Unis (où il rencontre un franc succès), Le Monde de Ralph est prévu pour le 5 décembre en France. « Juste avant l'apocalypse annoncée par les Mayas, vous savez, comme dans le film de Roland Emmerich », s'amuse Rich Moore en faisait référence à 2012. « La Californie peut disparaître sous l'océan, mais grâce à Ralph, nous allons tous quitter ce monde de bonne humeur ! » Le film sera précédé par un court-métrage, intitulé Paperman, dont les premières critiques sont élogieuses. Pour l'anecdote, Disney a lancé la promotion du long-métrage à l'aide d'une véritable borne d'arcade Fix-it Felix Jr, tout à fait fonctionnelle ! La génération Xbox n'a plus qu'à attendre le 5 décembre pour explorer les différentes époques de ce jeune média qu'est le jeu vidéo...



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