DUNE : DEUXIÈME PARTIE, dans les coulisses du film – Entretien avec Zendaya (Chani)
Article Cinéma du Vendredi 23 Fevrier 2024

Primée à l'Emmy Award, Zendaya est l'une des artistes les plus influentes du secteur du divertissement à l'heure actuelle. Née à Oakland, où elle a grandi, Zendaya a passé beaucoup de temps, enfant, au théâtre où travaillait sa mère. Elle fait ses débuts dans la série Shake It Up ! sur Disney Channel pendant trois saisons. On la retrouve ensuite dans Agent K.C. pendant trois saisons – série qu’elle a aussi contribué à produire. On l’a vue dans SPIDER-MAN : NO WAY HOME, SPIDER-MAN: HOMECOMING et SPIDER-MAN: HOMECOMING de Jon Watts. Elle a également campé Chani dans DUNE de Denis Villeneuve, aux côtés de Timothée Chalamet et Oscar Isaac. Elle a remporté deux Emmy Awards pour la série Euphoria de Sam Levinson. Sa prestation dans la deuxième saison lui a aussi valu un Golden Globe et un Critics Choice Award. En 2021, elle tient aussi le rôle-titre de MALCOLM & MARIE de Sam Levinson, qu'elle a contribué à produire au début de la pandémie. On l'a encore vue dans THE GREATEST SHOWMAN, avec Hugh Jackman et Zac Efron. Par ailleurs, elle a prêté sa voix à YÉTI & COMPAGNIE et SPACE JAM : NOUVELLE ÈRE.

Le personnage de Chani

Puissante combattante Fremen capable de survivre dans le désert aride d’Arrakis, Chani n’est plus une vision mystérieuse qui hante les rêves de Paul, mais une alliée redoutable qui se bat à ses côtés. Même si elle comprend le désir de vengeance de Paul, elle est animée par une cause supérieure pour défendre son peuple et sa culture. Alors que Paul vit désormais parmi les Fremen, leur relation se mue en un amour puissant et un respect mutuel qui lui permettent de mieux comprendre les Fremen et Arrakis. Autant dire qu’elle joue un rôle central dans l’accession de Paul au statut de chef – et dans l’accomplissement de son destin.

Comment les retrouvailles avec l’univers de DUNE se sont-elles passées ?

Je n’avais tourné que quelques jours pour le premier DUNE si bien que j’étais enchantée d’avoir la possibilité de creuser davantage le personnage de Chani. Le tournage de DUNE : DEUXIÈME PARTIE a dépassé toutes mes attentes. J’étais extrêmement impressionnée de me retrouver dans ces décors, au milieu de tous ces gens incroyablement doués, quel que soit leur domaine. L’histoire reprend très exactement là où on l’a quittée, dans le désert, avec Paul, Jessica et les Fremen. C’était très amusant parce que j’avais l’impression qu’on avait tourné cette même séquence pendant quatre ans ! Je me souviens que je me suis dit « Attends une seconde, je porte toujours le même costume, qu’est-ce qui se passe ? »

La vie de Chani est bouleversée par l’arrivée de Paul…

Chani ne se doutait pas du tout de ce qui l’attendait. Elle vient de faire la connaissance de cet étranger, Paul Atréides, qui vient de se battre en duel à mort contre l’un de ses amis, Jamis. Paul et sa mère ne savent pas où trouver refuge et, après qu’ils aient prouvé leur capacité à se défendre, les Fremen les accueillent. Mais Chani a des craintes et reste méfiante. Elle considère que Paul doit gagner leur respect, apprendre leurs coutumes, et elle est donc un peu dure avec lui et le surveille. Bien entendu, elle comprend qu’il est peut-être l’élu dont ses ancêtres ont parlé : cet homme mythique est censé venir d’ailleurs pour les sauver. À mon avis, le regard de Chani sur Paul lui vient du fait qu’elle a peur de ce qu’il représente. Et aussi du fait qu’elle commence à ressentir des émotions pour lui qu’elle n’a jamais connues jusque-là. Je crois que Paul se met à l’attendrir parce qu’il est sincère. Il tient à être là uniquement parce qu’il veut s’initier à leurs coutumes et devenir Fremen. Il veut mériter le respect de Chani et gagner honnêtement sa confiance. Par ailleurs, il s’oppose au chemin que sa mère a tracé pour lui – ce destin qui fait de lui ‘l’élu’. C’est rassurant pour Chani car elle rejette également cette injonction. Bien entendu, si elle change, c’est aussi parce qu’elle tombe amoureuse de lui. On ne choisit pas l’être dont on tombe amoureux.

Tous les Fremen ne croient pas à la prophétie de l’arrivée de l’élu…

Non, et Denis a très bien décrit les différences d’opinion entre les générations. Les Fremen ont subi des années et des années de propagande relayée par des missionnaires Bene Gesserit : on leur a inculqué l’idée que ‘l’élu’ viendra un jour pour les sauver. La plupart des Fremen d’âge mûr y croient, tandis que les jeunes se rebellent contre ces idées qui leur ont été imposées par une autre culture. Dans le monde réel, nous sommes confrontés aujourd’hui encore, à ce gouffre générationnel : les jeunes générations ont tendance à voir le monde à travers un prisme radicalement différent et à privilégier d’autres valeurs. Chani fait partie de la génération qui se bat contre ce qu’elle considère comme des idées archaïques. Elle estime que ce sont ces croyances qui oppriment son peuple. Du coup, toute sa trajectoire est marquée par une grande sincérité – elle a l’honnêteté de comprendre qu’elle a beaucoup à apprendre au contact de Paul. Elle tombe amoureuse de lui, mais dans le même temps elle déteste ce qu’il incarne – une caste supérieure - et c’est très douloureux pour elle parce qu’elle aime son peuple et qu’elle tient au bien-être de sa communauté. Paul chamboule tous ses repères et c’est très difficile pour elle d’affronter cette situation. Chani a envie de croire qu’il est de son côté. Il lui faut du temps pour la conquérir, pour qu’elle fende l’armure et pour qu’elle lui accorde sa confiance. Ils doivent surmonter chacun de nombreuses épreuves avant de pouvoir s’aimer.

Selon vous, qu’est-ce que l’histoire de DUNE pourra apporter au public d’aujourd’hui ?

Denis a réussi à s’emparer de la structure d’un chef d’œuvre de la littérature et à l’adapter pour le public de notre époque. C’était important pour Denis et moi que le personnage de Chani soit plus étoffé. Dans le scénario, Chani est effectivement beaucoup plus riche, plus complexe et aussi un peu plus fougueuse. J’adore les personnages qui sont déchirés entre ce que leur dicte leur cœur et ce que leur dicte leur raison parce que c’est beaucoup plus stimulant de camper un être qui traverse une zone de turbulence émotionnelle intense et qui a du mal à savoir quelle décision prendre.

Qu’est-ce qui vous rapproche du personnage de Chani ?

Je me suis constamment identifiée à Chani dans cette lutte entre son cœur et son esprit. Elle est beaucoup plus coriace que moi - de très loin – et serait du genre à me botter les fesses ! Elle a une force incroyable, que j’admire beaucoup, et une volonté farouche de prendre soin de son peuple, de ses êtres chers, de sa planète. C’est fondamental à ses yeux. Je suis aussi une grande amoureuse, et j’ai un boulot beaucoup plus facile que le sien, car je ne suis pas une combattante. Mais quoi que je fasse, je tente de le faire avec générosité et intégrité. Tout comme Chani, j’ai tendance à privilégier ce qui me semble juste, pour moi, comme pour mon entourage.

Jouer une guerrière vous donne l’occasion de vous battre…

J’ai dit à Denis que j’avais envie de m’amuser avec Chani et que je voulais me battre ! C’était très important pour moi qu’elle participe à autant de scènes d’action que possible. Et on ne s’en est pas privé ! Chani est une combattante très douée, très coriace, très dure. J’en étais ravie. Mais les Fremen ont aussi une grande sensibilité qui s’exprime par le respect de leur tradition et les rituels liés à la préservation de l’eau. Il n’y a pas d’étendues naturelles d’eau sur Arrakis si bien qu’ils tentent de préserver la moindre goutte. Il y a quelque chose de beau et de délicat dans la cérémonie qu’ils organisent pour prélever l’eau des cadavres. L’importance de l’eau, leur ressource la plus précieuse, fait écho au combat de beaucoup de gens dans le monde qui doivent se battre pour avoir accès à l’eau potable.

Parlez-nous de votre collaboration avec Denis Villeneuve…

Pendant les tournages de certaines grosses productions comme celle-ci, on perd parfois certaines nuances et subtilités d’un rôle, par rapport à ce qui figure dans le script. Cela n’arrive jamais avec Denis. Il était toujours prêt à discuter avec les acteurs et les chefs des départements artistiques et techniques s’ils avaient une proposition dont ils souhaitaient parler tous ensemble. Il gardait une grande ouverture d’esprit et il avait un formidable esprit d’équipe. Je crois que c’est grâce à cette attitude ouverte et bienveillante, rare sur une production de cette envergure, que le film est empreint d’autant d’émotion et d’humanité. Denis était toujours aux côtés de ses collaborateurs, ce que j’ai vraiment apprécié.

Comment avez-vous abordé vos scènes avec Timothée Chalamet ?

Timothée et moi sommes devenus très proches. Il est comme mon frère, quelqu’un avec qui on sent qu’on va rester ami pendant très longtemps. J’espère que, plus tard, on sera comme Josh Brolin et Javier Bardem qui aiment se souvenir des films qu’ils ont tournés ensemble et de leurs expériences. C’était parfois difficile de passer autant de jours dans le désert, loin de tout, et j’étais contente d’avoir quelqu’un avec qui rigoler et passer des bons moments. Je n’ai pas beaucoup de scènes avec Christopher Walken et Florence Pugh, mais Christopher dégage une présence incroyable rien qu’en entrant dans une pièce... on a l’impression d’être en face d’un empereur ! Florence était adorable, bienveillante et elle a une allure princière. Le rôle de la Princesse Irulan était taillé sur mesures pour elle.

Comment pensez-vous que le public va accueillir ce deuxième opus ?

Les gens ont envie de s’évader et de rêver. Même si le film se déroule dans plusieurs millénaires sur plusieurs planètes, l’histoire possède une véritable dimension humaine et c’est précisément ce que Denis Villeneuve réussit si bien à cerner. Du coup, on n’a pas le sentiment de découvrir un monde extra-terrestre totalement étranger, mais un univers dans lequel on peut se reconnaître, à travers l’amour, les rapports entre une mère et son fils, la pression qu’on peut ressentir quand on projette sur vous un certain statut social, ou celle de devoir assumer une fonction que l’on n’est pas prêt à assumer.

La suite de notre dossier DUNE : Deuxième Partie paraîtra bientôt sur E.S.I. !

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