Entretien exclusif avec Kevin Feige, producteur d’IRON MAN 3 et président des Studios Marvel – Deuxième partie
Article Cinéma du Mardi 07 Mai 2013

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Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Dans les bandes dessinées, le Mandarin, l’ennemi juré d’Iron Man, est un génie scientifique qui possède de grandes connaissances dont il a hérité en découvrant enfant l’épave d’un vaisseau extraterrestre. Il a décrypté cette technologie et s’en sert de manière diabolique, mais il a aussi recours à la magie…et utilise même un dragon nommé Fin Fang Foom pour attaquer ses adversaires…Compte tenu de tout cela, comment avez-vous adapté ce personnage imprégné de fantastique dans le film afin de l’intégrer dans un contexte réaliste ? Et comment avez-vous travaillé avec Ben Kingsley sur l’aspect du Mandarin et sur son comportement ?

L’une des caractéristiques du Mandarin que nous préférons dans les comics d’Iron Man, c’est le fait qu’il n’abandonne jamais avant d’avoir atteint le but qu’il s’est fixé. C’est l’un des « méchants » les plus déterminés, les plus impitoyables et les plus radicaux de notre univers Marvel. Il est sans aucun doute le pire adversaire que Tony ait jamais affronté, parce qu’il ne dévie jamais de ses objectifs. Et parce qu’il n’hésite pas à faire des choses aussi terribles que pulvériser la maison de Tony à coup de missiles pour la précipiter dans l’océan, il est beaucoup plus proche d’un leader terroriste dans ce film. Comme vous le disiez, nous utilisons cette approche plus réaliste, plus intégrée dans la réalité contemporaine, pour suggérer que le Mandarin est un criminel de très grande envergure, qui tire les ficelles en manipulant différentes factions rebelles dans le monde entier, et qui utilise ses connaissances de ces différentes cultures et de leurs méthodes d’attentats et d’attaques pour s’imposer en tant que terroriste d’un genre totalement nouveau. Le Mandarin comprend parfaitement les mécanismes des relations internationales et des différentes forces politiques qui coexistent ou s’affrontent partout sur la planète, et il s’en sert pour faire déferler sa version du chaos sur le monde moderne. Il agit de manière très violente, très rapide, et presque « théâtrale », car il comprend très bien qu’il est indispensable d’impressionner les médias par des images fortes et dramatiques pour qu’ils relaient ses méfaits, et leur donnent ainsi beaucoup plus de poids et de portée. Pour lui, ces démonstrations sont un outil de plus pour parvenir à ses fins, diffuser ses messages, et exiger davantage, comme le font les groupes politiques ou les mouvements terroristes. Les éléments les plus fantastiques du personnage que vous rappeliez ont donc été mis de côté pour que nous puissions nous concentrer sur des agissements qui correspondent à ce qui se passe, hélas, dans le monde réel… Après les évènements qui se sont déroulés dans AVENGERS, cette tentative d’invasion extraterrestre, nous tenions absolument à ce que Tony Stark soit confronté cette fois-ci à une menace réaliste, intégrée dans notre univers actuel, afin qu’il puisse revenir aux sources de son propre destin en se battant contre ces adversaires-là.

Compte tenu de ce que vous venez de nous dire, les fameuses dix bagues du Mandarin sont-elles dotées de pouvoirs spéciaux ou non ? Dans les comics, ce sont ses armes de prédilection…

Eh bien…Je préfère ne pas répondre de manière catégorique et définitive sur ce point avant que les gens aient eu l’occasion de voir le film, mais je dirai pour l’instant que sur ce point-là aussi, nous avons choisi une approche plus réaliste… Je reviens à votre question concernant Sir Ben Kingsley car sa performance dans le rôle du Mandarin est extrêmement impressionnante. Croyez-moi, dans plusieurs séquences du film, il montre qu’il peut être vraiment terrifiant quand il le souhaite…Et je dois dire que le regarder jouer ce rôle a été l’une des expériences les plus étonnantes que j’aie jamais vécues sur un plateau de tournage avec un comédien. Tout le monde sait qu’il est un grand acteur, mais même en le sachant, on ne peut être qu’impressionné en voyant à quel point il agit en immense professionnel, qui a pensé aux plus infimes détails du comportement de son personnage. Sir Ben a réussi à nous surprendre en utilisant sa voix et sa gestuelle d’une manière complètement opposée à celles que nous avions initialement en tête pour le Mandarin. Et pourtant, quand vous verrez le film, je pense que vous serez épaté par l’efficacité de sa performance. Il était tellement brillant que l’équipe se mettait souvent à applaudir quand Shane criait « Coupez » à la fin d’une prise ! J’ai très rarement vu cela sur un plateau, à l’exception des performances d’Anthony Hopkins jouant le rôle d’Odin pendant le tournage de THOR.

Que pouvez-vous nous dire à propos du personnage incarné par Guy Pearce, l’expert en nanotechnologie Aldrich Killian ? Quelles sont ses inventions et ses ambitions ?

Nous avons adapté dans ce film une célèbre série d’aventures des comics d’Iron Man, EXTREMIS, qui a été publiée en 6 chapitres en 2005 et 2006. Ses auteurs sont le scénariste Warren Ellis et l’illustrateur Adi Granov. Le personnage d’Aldrich Killian fait une petite apparition au début de cette histoire, mais nous avons développé et modifié un peu son rôle dans le film. Nous avons aussi inclus un autre personnage de cette BD qui s’appelle Maya Hansen, et qui est incarnée par Rebecca Hall. Le thème d’EXTREMIS s’articule autour de recherches biologiques sur les sources de puissance et d’énergie du corps humain. Le « virus » Extremis, quand il est injecté dans un homme, permet de puiser dans le fonctionnement bio-électrique du corps et de l’augmenter considérablement pour produire une énergie et une puissance phénoménales. Parallèlement, le corps devient capable de guérir de tout et de se régénérer seul sans pour autant que ce surcroît de puissance le fasse griller et s’enflammer spontanément, même si cela se produit tout de même au cours du film ! (rires) Tout cela nous a permis de concevoir et de tourner des scènes d’action formidables. La raison pour laquelle nous avons décidé d’adapter une partie de la saga EXTREMIS dans IRON MAN 3, c’est que nous tenions à confronter notre héros à des adversaires totalement différents. Dans IRON MAN 1 comme dans IRON MAN 2, il se battait contre d’autres personnages portant des combinaisons. Dans la première aventure, Obadiah Stane utilisait l’armure géante d’Iron Monger et dans la seconde, Whiplash finissait par porter une des armures qu’il fabriquait. Nous voulions donc éviter qu’Iron Man se retrouve une fois de plus en face d’un ennemi portant une carapace blindée. Les choses sont donc très différentes cette fois-ci, car Tony se retrouve en face de soldats dont les capacités physiques ont été considérablement augmentées par le virus Extremis. Ces soldats sont devenus si forts qu’ils peuvent supporter les impacts des coups de poings de Tony quand il porte l’armure d’Iron Man. Ensuite, leurs mains, leurs bras et l’intérieur de leurs corps se mettent à briller pendant qu’ils se régénèrent, et ils ont une telle puissance qu’ils pourraient littéralement réduire son armure en bouillie. Tout cela permet d’atteindre un niveau d’action complètement inédit dans la saga, car les combats ont un aspect beaucoup plus viscéral.

Qui se trouve dans l’armure d’Iron Patriot dans le film ? James Rhodes, l’ami de Tony, ou Eric Savin, comme dans certaines histoires des comics ?

C’est Don Cheadle, alias Rhodey, qui porte l’armure d’Iron Patriot dans le film. Dans notre histoire, le gouvernement américain a décidé que puisque Iron Man et les Avengers sont devenus des « héros globaux » qui défendent toute la planète, il a besoin d’un personnage qui symbolise les intérêts des USA. C’est la raison pour laquelle le gouvernement et l’armée US s’emparent de l’armure de War Machine dont a hérité James Rhodes à la fin d’IRON MAN 2, la font repeindre avec les couleurs de la bannière étoilée, et la rebaptisent Iron Patriot. Cela étant dit, votre question est judicieuse, car le personnage d’Eric Savin est bien présent dans le film. Il est interprété par James Badge Dale. Savin est l’un des soldats du groupe Extremis, qui est employé par les méchants.

James Rhodes se retrouve-t-il à nouveau dans une situation délicate, partagé entre son désir d’aider son ami Tony et l’obligation de respecter son devoir de colonel de l’armée américaine ?

Il commence à trouver le bon équilibre entre son devoir, sa loyauté envers le gouvernement et ce qu’il peut faire légalement pour aider son ami Tony au bon moment. Mais pour la première fois dans la saga, quand James intervient sous l’aspect d’Iron Patriot, il exécute directement les ordres qui lui sont donnés par le président et le vice-président des Etats-Unis.

Certains sites web américains ont fait courir la rumeur selon laquelle Disney avait donné un plus gros budget que prévu à IRON MAN 3 afin que le film puisse être aussi spectaculaire qu’AVENGERS. Est-ce vrai ?

En réalité, c’est faux. Cela fait partie des informations infondées qui circulent souvent sur le web ! Le budget d’IRON MAN 3 avait été fixé avant même que la production d’AVENGERS ne débute, et il n’a absolument pas changé depuis la sortie d’AVENGERS en salles. Nous avons toujours prévu que le film bénéficie de beaucoup de moyens et qu’il ait une grande ampleur. Cela dit, il est sûr que le grand succès remporté par AVENGERS a rassuré la compagnie Walt Disney et l’a confortée dans l’idée que le budget prévu pour IRON MAN 3 était certainement un bon investissement.

Selon vous, quels sont les plus grand atouts d’IRON MAN 3 pour plaire aussi bien au grand public qu’aux fans de Marvel ?

Je crois qu’il s’agit des acteurs, sans aucun doute. Robert Downey Jr et Gwyneth Paltrow sont de retour, Jon Favreau aussi dans le rôle de Happy Hogan, et parmi les nouveaux membres de la distribution, il y a Sir Ben Kingsley, Rebecca Hall et Guy Pearce. Je crois que la franchise IRON MAN bénéficie des meilleurs acteurs que l’on puisse imaginer pour tenir ces rôles. A chaque fois que nous préparons un nouvel épisode, c’est un défi de trouver des comédiens qui puissent s’intégrer à cet univers et s’épanouir pleinement dans des rôles qui leur permettent d’ajouter de nouvelles facettes à leur répertoire. Quand les rôles principaux sont joués par des acteurs de composition aussi brillants que Robert, Gwyneth et Jon, il faut vraiment que vous les placiez face à des acteurs de la stature de Rebecca, Sir Ben et Guy afin que tout le monde se trouve au même niveau d’excellence. C’est ce qui me fait dire que c’est l’humour et le casting d’IRON MAN 3 qui constituent ses meilleurs atouts pour séduire tous les publics. Et ce qui me conforte dans cette idée, c’est que je rencontre très souvent des gens qui me disent qu’ils ont aimé IRON MAN et AVENGERS alors qu’habituellement, ils n’apprécient pas du tout les films de superhéros, ni les superproductions truffées d’effets spéciaux ! Je pense que la force de ces personnages et la qualité des interprétations sont les raisons pour lesquelles les gens ont vu ces films non pas une seule fois, mais ont eu envie de les voir et de les revoir de nombreuses fois. Et je pense qu’IRON MAN 3 s’inscrira dans cette tradition.

La troisième partie de cet entretien s’encastrera automatiquement dans la page d’accueil d’ESI dans quelques jours…

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