Le renouveau de Disney’s California Adventure : un pari d’un milliard de dollars
Article Attractions du Dimanche 24 Aout 2008

Par Pascal Pinteau

C’est à côté du Disneyland original, situé à Anaheim en Californie, qu’a été inauguré en 2001 un second parc baptisé Disney’s California Adventure. Depuis ses débuts, DCA peine à trouver le succès. Sous l’impulsion de John Lasseter, qui veille désormais sur la destinée des parcs Disney, un budget colossal d’un milliard de dollars vient d’être débloqué pour revoir le parc de fond en comble. Effets-speciaux.info vous entraîne à la découverte du parc tel qu’il existe actuellement, et vous dévoile quelques-unes de ses futures métamorphoses.

Quand Michael Eisner voulait rendre hommage à la Californie…en Californie.

C'est à Michael Eisner, ex-PDG de Disney que l’on doit le concept de base de DCA : un hommage ludique à la Californie, évoquant ses studios de cinéma, ses parcs naturels, sa gastronomie et ses vins. Eisner n’étant pas un homme qui aime qu’on lui résiste, on imagine assez bien que ses collègues se sont tous exclamés « Quelle idée formidable, Michael ! » sans remettre en question une seconde cette drôle d’idée. Proposer aux touristes une gentille caricature de la Californie, pourquoi pas ? Mais de là à le faire dans un parc situé précisément en Californie, où les VRAIES montagnes, les VRAIS vignobles et les VRAIS studios de cinéma sont tout proches, et font déjà partie des attractions locales…il y avait un pas à ne pas franchir ! Et ne parlons même pas des réactions des Californiens confrontés à un tel portrait de leur région bien-aimée ! Malheureusement, le projet du PDG étant inattaquable, il a été validé. Le site d’Anaheim a donc subi une importante métamorphose. Une partie du parking de Disneyland est devenue le chantier du parc et une aire commerciale de magasins, de restaurants et un nouvel hôtel géant sont venus s’ajouter aux commerces existants. Le budget total de ces travaux (parc + aire commerciale + nouvel hôtel) a atteint le milliard de dollars.

2001, le début de l’aventure…

Dès l’inauguration de Disney’s California Adventure, il était évident que le nouveau parc du site d’Anaheim ne bénéficiait pas des mêmes atouts que Disneyland, loin de là. Construit avec un budget bien inférieur, il semblait avoir été conçu trop rapidement, et doté d’attractions destinées à « occuper l’espace », mais qui n’avaient vraiment rien d’inoubliable. A leur arrivée dans le parc, les visiteurs découvrent une réplique du pont du Golden Gate, encadrée par les lettres géantes "CALIFORNIA", qui leur donne l'impression de pénétrer dans une carte postale géante. Pour symboliser le "sunshine state" (l'état ensoleillé) l'axe central du parc est orné d'un immense disque solaire entouré d'une batterie de réflecteurs. Depuis ce point de convergence, on aperçoit trois univers thématiques : Paradise Pier, Hollywood pictures Backlot et le Golden State.

Une reconstitution des "Piers" de Californie.

Avec ses éclairages étincelants et sa décoration de station balnéaire de jadis, Paradise Pier évoque les petits parcs d’attraction situés sur des pontons, en bord de mer, comme on peut on voir à Santa-Monica ou sur d'autres sites de la côte ouest des USA. Seule différence avec les modèles originaux : la propreté immaculée et le soin apporté aux moindres détails de la décoration. L'une des principales attractions de cette zone est la montagne russe California Screamin, dont la structure d'acier high-tech est recouverte de bois blanc pour donner une touche rétro à l'ensemble. Une des boucles du rollercoaster s'enroule autour d'une tête de Mickey géante. La grande roue qui se trouve à côté bénéficie d'une innovation. Ses nacelles coulissent sur des rails pendant la rotation, ajoutant ainsi une sensation inédite au plaisir de la découverte du paysage. Tous les manèges et les stands qui composent ce décor s'illuminent la nuit et créent une atmosphère féérique en se reflétant dans les eaux du lac. Mais pourquoi aller dans un parc Disney pour y retrouver des manèges comme il en existe partout ailleurs ? Avec ces attractions achetées « clé en main » à des fabricants extérieurs, les dirigeants précédents de Disney comptaient faire des économies de conception sans que le public y trouve à redire. C’était un mauvais calcul, car Paradise Pier, bien au contraire, est devenu le symbole de la conception hâtive du parc, et de standards inférieurs à ceux des parcs Disney précédents, qui présentaient des attractions uniques au monde.



Dans les coulisses d'Hollywood.

Hollywood pictures backlot évoque le monde du cinéma et de la télévision. Les portes rétro du studio, surplombées par deux statues d'éléphants, s'ouvrent sur la perspective d'une rue typique des années 30 et 40. Les amateurs de l'architecte Frank Lloyd Wright s'amuseront de voir que son style a servi à décorer le bâtiment qui abrite...les toilettes de cette rue ! Un peu plus loin, les fans de dessin animé peuvent découvrir en avant-première les productions maison dans l'attraction Disney Animation, qui est une des réussites de DCA. Les spectateurs entrent dans un immense hall doté de dizaines d'écrans de toutes tailles. Lorsque le spectacle commence, des projecteurs vidéo haute définition recouvrent les murs d'extraits des dessins animés célèbres, composant ainsi une fresque en mouvement. Une prouesse technique magistralement orchestrée. En quittant le monde du dessin, on peut répondre à l'invitation de Kermit la grenouille, de Miss Piggy et de toute la fine équipe du Muppets show. Les marionnettes en délire ont concocté un spectacle autour de la projection d'un film en relief : Muppetvision 3D. Des machineries et des marionnettes robotisées installées dans la salle prolongent les gags des Muppets au milieu des spectateurs hilares. Le résultat est jubilatoire…mais cette attraction est simplement un clone de l’attraction originale, qui existe depuis 18 ans dans le parc des Disney Studios de Floride, et malheureusement pas une création. A quelques mètres de là, était présenté Superstar Limo, attraction calamiteuse que même le staff de Disney peinait à défendre lors de l’inauguration du parc !



Les visiteurs prenaient place dans des "stretch-limo"( ces limousines démesurément allongées qu'utilisent les stars d'Hollywood pour arriver à la cérémonie des Oscars). Les voitures démarraient et roulaient au milieu de reconstitutions des sites célèbres de Los Angeles. Sur l'écran télé de la Limo, l'agent des spectateurs leur annonçait qu'il leur avait obtenu un rendez-vous avec le patron d'un grand studio. S'ils arrivaient là-bas à temps, ils allaient signer un gros contrat et faire leurs débuts sur le grand écran ! Surgissant des décors, des caricatures animées de célébrités – certaines réussies, d’autres franchement moins - s'adressaient aux spectateurs pendant leur course contre la montre : Whoopi Goldberg, Jackie Chan, Cindy Croawford, Melanie Griffith et Antonio Banderas faisaient partie de ce groupe de mini-animatronics très peu animés qui contribuaient à convaincre le public qu’il n’y avait décidément rien d’intéressant à voir dans ce fiasco. Heureusement, l’attraction unanimement détestée a été remplacée depuis par une autre, cette fois-ci dédiée à Monstres et Cie. Beaucoup plus réussie, elle utilise plusieurs effets spéciaux intéressants, dont un animatronique final qui s’adresse personnellement aux spectateurs en leur lançant des réflexions gentiment désagréables.



Pour se remettre de cette escapade parmi les monstres de Pixar, les visiteurs peuvent aller se sustenter au "ABC Soap Opera Bistro", qui les plonge dans les décors kitschs et les intrigues invraisemblables de ces feuilletons de l’après-midi. Une tour de la terreur (semblable à celle qui existe dans les Walt Disney Studios de Disneyland Paris) a été installée là également pour apporter un supplément d’émotions fortes aux visiteurs.

L'illusion du vol libre.

La zone du Golden State ( ce qui signifie « l’état ensoleillé ») est surplombée par l'icône actuelle de DCA : une montagne en forme d'ours baptisée Grizzly Peak. Autour du sommet, le parcours de rafting Grizzly River run , bien décoré, recrée les sensations de la descente mouvementée d'une rivière.



Tout autour, un domaine de plus de trois hectares évoque la Californie sauvage, avec ses séquoïas, ses vestiges de la ruée vers l'or, et ses randonnées pédestres. Les visiteurs les plus courageux peuvent relever le défi du Redwood Challenge trail, une course d'obstacle composée de passerelles de corde, de sentiers de randonnée, de parois d'escalade et de filets suspendus à la cîme des arbres. En entrant dans l'environnement de Condor Flats, on pense immédiatement à l'époque de l'age d'or de l'aviation. Les visiteurs se retrouvent dans un aérodrome construit en plein désert. C’est là que se trouve l'attraction majeure de DCA, qui est une formidable réussite : Soarin' over California ( En survolant la Californie) . Les spectateurs installés dans des sièges mobiles embarquent pour un incroyable vol plané au-dessus des plus beaux paysages de la région. La sensation de voler est merveilleusement reconstituée, grâce à undispositif qui soulève les fauteuils et les place en face d’un écran géant hémisphérique de type Omnimax, qui remplit entièrement le champ de vision. Un pur moment de bonheur, rendu inoubliable grâce à la musique composée par Jerry Goldsmith, immense musicien de cinéma, dont ce fut l’un des derniers travaux.



En regagnant la terre ferme, on découvre le patrimoine agricole de la Californie dans la Bountiful Valley farm, et l'on assiste au spectacle des fourmis, des chenilles et des papillons du film Mille et une pattes. Les personnages - projetés en relief, et présents dans la salle sous forme d’animatroniques - multiplient les gags pour expliquer au public à quel point il est dur de vivre une vie d'insecte. Cette attraction intitulée It’s a Bug’s life est elle aussi une reprise, cette fois-ci importée du parc Animal Kingdom de Floride. Pour noyer leur cafard, les charmantes petites bestioles n’ont que quelques mètres à parcourir pour goûter les vins de la fameuse "Napa Valley" dans la bâtisse d'un vignoble Californien.



Le jugement d’un vétéran.

Avec les défauts et les atouts que nous venons de décrire, on aurait pu espérer que DCA reçoive un accueil sympathique. Malheureusement, dès ses débuts, et malgré une campagne publicitaire très offensive, le nombre de visiteurs du parc était nettement inférieur aux prévisions les plus pessimistes des dirigeants de Disney. Et là, au lieu d’admettre franchement que le concept de base n’était pas bon – chose impossible puisque l’idée venait du PDG ! – le staff de Disney évoqua de multiples raisons économiques, et continua à retoucher les différentes aires du parc au lieu de tout reprendre à zéro. La palme du jugement le plus radical sur DCA revient à John Hench, décorateur génial et proche collaborateur de Walt Disney sur Disneyland. Après avoir fait le tour du nouveau parc en sa compagnie, ses collègues lui demandèrent ce qu’il en pensait. Sa réponse fut laconique : « Je préférais quand c’était un parking. » !!

Un projet revu de fond en comble.

Pour John Lasseter, le Disneyland original de Walt Disney est un joyau, un guide de tout ce qu’il faut faire pour créer un parc réussi. Dès lors, on peut imaginer que la décoration pop clinquante de l’entrée de DCA, et les traitements visuels simplifiés des différentes zones ne pouvaient que lui déplaire. Selon les informations qui ont filtré, le nouveau visage de DCA devrait être celui du Hollywood des années 30, c’est à dire l’époque des débuts des Studios Disney. La zone de Paradise Pier sera entièrement thématisée avec des décors de l’ère victorienne, pour évoquer un parc de jadis et on murmure que la montagne russe pourrait être dédiée aux méchants des films Disney, et équipée d’effets spéciaux nouveaux. Mais la nouvelle attraction la plus sympathique de cette aire est sans conteste Toy Story Mania, ouvert depuis cet été. Conçue comme une nouvelle étape dans les attraction interactives, les passagers des véhicules peuvent envoyer des projectiles virtuels dans des décors en relief projetés sur des écrans géants, des environnements inspirés des deux films de Toy Story. Signalons aussi une version audio-animatronique très réussie de Mr Patate, qui interpelle les gens devant l’attraction, et fait mine de dialoguer avec eux. Prouesse technique, le personnage retire même son oreille avec sa main droite, le temps d’un gag, et la replace avec une précision impressionnante !



Parmi les projets envisagés dans cette aire figureraient deux autres attractions inspirées de films Pixar, l’une consacrée aux Indestructibles, et l’autre serait une course sur un circuit proche de celui de Test Track (attraction d’Epcot), mais cette fois-ci muni de deux pistes, et de voitures ressemblant aux personnages de Cars. Effets-speciaux.info vous tiendra bien évidemment informé de l’évolution de ce chantier très ambitieux dans les mois qui viennent !

[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share

Rendez-vous sur le site Arthur Futuroscope pour découvrir la nouvelle attraction du parc du Futuroscope : Arthur, l'aventure 4D. Retrouvez également des informations sur l'univers d'Arthur et les Minimoys.




.