PACIFIC RIM en Blu-Ray : Entretien exclusif avec Charlie Day – 1ère partie
Article Cinéma du Mercredi 20 Novembre 2013

Dans la première série d’interviews consacrées à PACIFIC RIM que nous avons publiées, vous avez pu lire les confidences de trois des acteurs principaux - Charlie Hunnam, Reiko Kikuchi et Idris Elba – et le début de notre entretien-fleuve avec Guillermo Del Toro. A l’occasion de la sortie de PACIFIC RIM en vidéo, voici une seconde série d’interviews exclusives : le comédien Charlie Day raconte comment son personnage perce le secret des Kaijus et donne un avantage décisif aux combattants humains, et Guillermo Del Toro nous révèle comment il a fait son apprentissage de la conversion en 3-D avec l’aide du meilleur mentor que l’on puisse imaginer...

Entretien avec Charlie Day (le Docteur Newton Geiszler)


Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Qu’est-ce qui vous a donné envie de participer à ce projet ?

L’opportunité de travailler dans un registre très différent de ma sitcom PHILADELPHIA, et la chance de pouvoir collaborer avec Guillermo. Je suis un grand fan du LABYRINTHE DE PAN, qui est selon moi un film absolument parfait… De par son caractère, mon personnage apporte un peu d’humour dans des situations de PACIFIC RIM qui sont sérieuses ou même dramatiques. Guillermo a pensé que le rôle me correspondrait bien…car même si Newton Geiszler ne lance pas des plaisanteries à tout bout de champ, ce sont ses réactions face aux évènements qui le rendent amusant.

Pouvez-vous nous parler de votre personnage, le Docteur Newton Geiszler, et de ses relations avec Raleigh Becket et Mako Mori ?

Newt est un savant doué, mais un peu « geek » des Kaijus. Il y a forcément un contraste comique qui naît quand il est confronté aux pilotes de Jaegers, qui sont grands, athlétiques, courageux et qui ont de belles voix graves. Newton représente les gens qui ne sont pas parfaits, ni physiquement, ni par leur comportement, et il a une petite voix plutôt aiguë, la mienne ! (rires) Mais il a cependant un cerveau rempli qui fonctionne très bien. C’est en cela qu’il va pouvoir contribuer à sa manière au combat contre les Kaijus. D’ailleurs, il y a un moment intéressant dans le film pendant lequel je rencontre un Kaiju…mais comme je ne suis pas aux commandes d’un Jaeger et que je ne peux pas lui donner un grand coup en pleine face par le biais d’un robot géant, il faut que je me débrouille autrement pour survivre ! L’attitude de mon personnage oscille entre commentaires sarcastiques, peur panique de mourir et moments dramatiques. Je pense qu’on pourrait le comparer aux scientifiques que Jeff Goldblum jouait dans JURASSIC PARK et dans INDEPENDENCE DAY. Newt est un « monsieur tout le monde » qui essaie de trouver des solutions pour sauver les autres. Pour revenir à votre question, je n’ai pas beaucoup d’interactions avec Mako…En ce qui concerne Raleigh, Newt l’envie un peu parce que dans ce monde, les pilotes de Jaegers sont adulés comme des stars du Rock. Si Newton est un peu jaloux, c’est parce qu’il considère que le public oublie trop vite que derrière chaque Jaeger, il y a d’abord un savant qui l’a conçu et construit ! Idem pour les missiles et les autres équipements de défense et d’attaque du robot…Newt aimerait beaucoup accomplir quelque chose d’héroïque qui lui donnerait une autre aura et lui apporterait la célébrité, à lui aussi. Les 2 personnages avec lesquels j’échange le plus sont ceux joués par Ron Perlman et Burn Gorman. Ils appartiennent à des univers différents du mien, et notre but commun est de résoudre le problème des Kaijus.

Votre personnage travaille sur le mystère de cette dimension parallèle dont les Kaijus sont issus…

Oui. Mon personnage est le premier qui comprend qu’en raison de sa taille, un Kaiju doit avoir 2 cerveaux, à l’instar des plus grands dinosaures comme les brontosaures ou les ultrasaures qui avaient un cerveau frontal et un cerveau secondaire qui les aidait à coordonner les mouvements de leurs corps, de leurs têtes jusqu’au bout de leurs queues. Pour les Kaijus, cela fonctionne de la même manière, et Travis Beacham et Guillermo ont eu l’idée que les robots géants soient également commandés par 2 cerveaux, ceux des 2 pilotes travaillant en parfaite coordination, grâce au « pont neural ». Newton se dit que s’il arrive à localiser puis à étudier un cerveau secondaire de Kaiju, il pourrait peut-être mêler son esprit à celui de la créature. Il se rend bien compte que ce sera extrêmement dangereux, mais s’il survit, il aura accès à la conscience et aux connaissances d’un de ces êtres dont on ne sait rien. Cela pourrait être le moyen d’en savoir plus sur leur monde et de découvrir une manière de les empêcher de nous envahir et de nous détruire.

Connaissiez-vous un peu les films et les séries de Kaijus avant de participer à ce film ?

Oui, mais seulement un peu. Je savais que ces monstres existaient grâce aux vieux films de la série des GODZILLA avec ces acteurs en costume qui piétinaient des maquettes. Même s’il a utilisé les effets visuels les plus sophistiqués qui soient, Guillermo a réussi à restituer cette ambiance particulière des films de Kaijus traditionnels, et à mêler scènes sérieuses ou dramatiques avec des moments de comédie.

Qu’est-ce qui rend une collaboration avec Guillermo Del Toro si unique ?

C’est sensationnel. Il n’aborde aucun aspect de son travail de manière convenue ou paresseuse. En préparant PACIFIC RIM, il a peaufiné les moindres détails de sa vision du film. Comme le projet est énorme, vous savez qu’en tant qu’acteur, vous n’êtes qu’une des pièces d’un énorme puzzle…mais en voyant agir Guillermo, vous comprenez vite que vous êtes entre de bonnes mains. Il sait comment vous utiliser au mieux, car Il maîtrise totalement le projet.

Avez-vous eu du mal à vous empêcher d’improviser des plaisanteries pendant le tournage, car c’est votre spécialité dans PHILADELPHIA ou dans la comédie COMMENT TUER SON BOSS ?

Oui, car c’est devenu une déformation professionnelle! Cependant, quand je suis entré dans la peau du personnage, Guillermo a décidé de me laisser plus de liberté qu’à d’autres acteurs, car mon rôle s’y prêtait bien. Mais évidemment, je n’allais pas en profiter pour ajouter des commentaires comiques incongrus au beau milieu d’une réplique pendant laquelle j’explique les spécificités de la biologie des Kaijus…Il y a certains moments du film pendant lesquels c’était amusant de coller à la lettre au texte et aux explications scientifiques ultra précises qu’il fallait que je donne, et d’autres où je pouvais improviser naturellement, dans le sens du caractère de mon personnage.

Quelles sont les scènes que vous avez préféré jouer et pourquoi ?

Celles avec Ron Perlman. Ron joue un trafiquant du marché noir auprès duquel je m’approvisionne pendant ma quête d’un cerveau de Kaiju. Nous nous sommes beaucoup amusés pendant nos scènes. L’acteur anglais Burn Gorman était très drôle lui aussi. Il joue mon collègue de laboratoire. Il y a aussi une scène qui j’aime beaucoup qui se passe dans un refuge et pendant laquelle je tente d’échapper à un Kaiju. Tout cela a été tourné dans des décors géants avec 200 figurants en train de courir dans tous les sens, sous une pluie battante que l’on projetait sur nous. Guillermo a créé un monde très cohérent dans lequel il nous a placé, et c’était très agréable de se sentir vraiment projeté dans cet univers imaginaire pendant quelques minutes, à chaque fois que nous tournions ces plans. C’est bien plus drôle que de faire semblant de courir sur un tapis roulant placé devant un fond vert ! Tout était vraiment là sous nos yeux…excepté le monstre.

Quels sont vos meilleurs souvenirs de PACIFIC RIM , et qu’avez-vous appris pendant cette expérience ?

J’ai beaucoup appris sur la manière dont Guillermo réalise ses films. Je vais vous en donner un exemple : il y a une scène du film au cours de laquelle mon personnage est bousculé et perd ses lunettes, qui tombent par terre. Guillermo a fait construire une version géante de ces lunettes afin de pouvoir les poser juste devant la caméra placée au ras du sol, comme Alfred Hitchcock l’avait fait pour filmer la scène du meurtre de L’INCONNU DU NORD EXPRESS. Après que nous ayons tourné la scène, je suis allé la regarder en playback sur le moniteur du plateau, et ce plan est vraiment superbe : les lunettes sont énormes et moi aussi, vu au travers des verres. Cela ne représentera que 2 secondes du film, mais c’est caractéristique de l’attention que Guillermo porte aux moindres détails et au style qu’il donne à sa mise en scène…Il y a aussi un moment où Ron Perlman pose un papillon sur le bout de mon nez. En réalité, nous avons tout filmé à l’envers : le papillon était déjà sur mon nez au début, et on l’a retiré. Il fallait donc que je joue la surprise « à l’envers », ce qui est assez déconcertant. Pendant le tournage, j’ai beaucoup observé la manière dont Guillermo réalisait ses petits « trucs » à lui avec la caméra. Je me régalais en découvrant tout cela… Je l’ai vu rayer une petite vitre placée devant l’objectif de la caméra, parce qu’il voulait qu’il y ait des défauts réalistes dans certaines images avant que l’on ajoute des images de synthèse parfaites. Guillermo agit toujours en artiste, et ce film a été un formidable cours de mise en scène, une véritable « Master class » pour moi ! D’ailleurs, quand j’ai réalisé récemment un épisode spécial Halloween de ma série PHILADELPHIA, j’ai tourné les plans de 2 manières : une approche « standard » et une approche « à la Guillermo », en imitant les mouvements de caméra amples et les angles que je l’avais vu utiliser. Eh bien au montage, ce sont toujours les plans copiant le style de Guillermo qui fonctionnaient le mieux, et nous les avons tous gardés ! (rires)

Quel est le passé de Newton et sa trajectoire personnelle dans le film ? Quels sont ses buts et ses ambitions en tant que savant ?

Le passé de Newt n’est pas raconté en détail dans le film, mais Guillermo me l’a décrit pour m’aider à comprendre mon personnage. Si ma mémoire est bonne, Newton est le fils de l’inventeur des Jaegers. Il est devenu une sorte de vedette des cours de biologie dans son université, et a commencé à étudier les Kaijus à ce moment-là. Ils sont devenus peu à peu son obsession. Newt a échafaudé des théories assez radicales sur l’origine de ces créatures et sur le monde dont elles sont issues. Il pense avoir deviné aussi comment elles se reproduisent…Mais ses thèses sont accueillies avec scepticisme, dérision ou pire encore, avec de l’indifférence… Newt aimerait que quelqu’un daigne examiner ses travaux sur les Kaijus, et le prenne enfin au sérieux. Il va finir par y arriver, jusqu’à un certain point. On apprend qu’on a refusé sa proposition de mêler son esprit avec celui d’un Kaiju, en se connectant via un «pont neural » avec le cerveau d’une de ces bêtes … Comme cette option lui a été refusée, Newt tente de faire aboutir l’expérience avec un petit morceau de cerveau de Kaiju qu’il a réussi à garder vivant. Il parvient à obtenir un signal très faible de ce fragment organique…mais cela lui permet quand même à d’entrer brièvement dans le monde mental de ce Kaiju...Quand il raconte aux autorités ce qu’il a ressenti au cours de cette expérience en marge, on lui donne la permission de la tenter à nouveau, mais il reste à trouver un morceau de cerveau plus grand afin d’obtenir plus d’informations. Newt décroche aussi l’autorisation d’aller « chercher un cerveau », et il est prêt à le faire, quitte à mettre sa vie en péril. Il veut désespérément prouver qu’il a raison. Son objectif est alors de trouver un cerveau secondaire, comme nous en parlions un peu plus tôt, pour des raisons purement logistiques. En effet, un Kaiju est une bête tellement colossale qu’il serait impossible de découper son énorme boîte crânienne assez rapidement pour que l’on puisse en extraire le cerveau principal dans un bon état de conservation... En revanche, Newt pense que si on tente de prélever un cerveau secondaire beaucoup plus petit dans la queue d’un Kaiju, ce sera faisable dans des délais relativement rapides. C’est la raison pour laquelle il se met en contact avec cet homme un peu louche que joue Ron Perlman, qui vend toutes sortes de choses au marché noir. Newt espère que par ce biais, il pourra mettre la main sur un cerveau secondaire…Je ne veux pas en dire trop, mais à un moment du film, les personnages ont une interaction avec un monstre, et même s’il ne parviennent pas à récupérer son cerveau, il y a quelque chose à l’intérieur du monstre qui en possède un…et cela leur permet de le récupérer en bon état.

Vous voulez dire que la créature attendait un « petit » Kaiju ?

Oui, mais chut ! Faites comme si je ne vous l’avais pas dit ! (rires) Bref, les choses s’arrangent de ce côté-là, mais je suis quand même en opposition avec mon partenaire de labo, que joue Burn Gorman, pendant la plus grande partie du film, car il a une approche beaucoup plus mathématique de tous ces évènements. Il a noté le nombre des attaques, leur durée, la date et l’heure à laquelle elles se déroulaient, et pour lui, tout cela forme un code qui est la clé de cette guerre... En mêlant nos deux théories, nous parvenons à comprendre comment on pourrait peut-être refermer la faille dimensionnelle qui permet aux Kaijus de surgir dans notre monde.

La suite de cet entretien paraîtra bientôt sur ESI !

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