THE AMAZING SPIDER-MAN 2 : Entretien exclusif avec James Armstrong, superviseur des cascades, et William Spencer, doublure cascade d’Andrew Garfield
Article Cinéma du Vendredi 21 Mars 2014

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

James Armstrong est issu de la plus grande dynastie de concepteurs anglais de cascades, puisqu’il est le fils d’Andy Armstrong, qui a co-supervisé dernièrement avec lui les batailles de THOR, LE MONDE DES TENEBRES, et le neveu de Vic Armstrong, qui fut lui-même la doublure de Superman, de James Bond et d’Indiana Jones, notamment dans la mythique scène de la poursuite en camion des AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE ! Bon sang ne saurait mentir, et aujourd’hui, une large partie de la famille Armstrong donne du punch aux justiciers, aux agents secrets et aux superhéros des plus grandes productions américaines.

Acteur, cascadeur et champion de skateboard acrobatique, William Spencer est la doublure d’Andrew Garfield depuis le premier épisode de la nouvelle saga AMAZING SPIDER-MAN.

James, quelles sont les nouvelles techniques que vous avez développées pour montrer Spider-Man en action dans ce nouvel épisode ? Avez-vous construit de nouvelles machineries comme celles que vous aviez employées pour le filmer en direct se balançant de fil en fil sous un pont d’autoroute, dans le premier épisode ?

James Armstrong : La préparation et le tournage du premier épisode ont constitué pour nous une expérience très précieuse. Nous avons pu nous atteler à de nombreux problèmes, puis tester et valider les solutions pour les résoudre. Nous avons appris énormément de choses sur la manière d’utiliser les lois de la physique pour diriger les mouvements d’un cascadeur suspendu à un fil, de manière à donner l’impression qu’il se déplace vraiment comme Spider-Man. Il y a beaucoup de facteurs dont il faut tenir compte, comme les accélérations intenses que subit alors la doublure d’Andrew Garfield, car le corps humain a ses limites, qui ne sont pas celles d’un superhéros. Nous avions passé des mois à tester tous ces dispositifs à Culver City. A lui seul, l’effet de balancement dont vous parliez nous a demandé trois mois de mise au point. Grâce à tout cela, nous avons pu aborder ce deuxième épisode en sachant que nous maîtrisions déjà ces déplacements-là de notre héros, ainsi que quelques autres. Mais nous avons voulu aller plus loin dans ce film, notamment en imaginant des dispositifs qui nous permettaient d’enchaîner différentes actions de manière plus naturelle. Je pense notamment à un gag inventé par Buster Keaton et que nous avons emprunté : il s’agit d’un moment où Spidey tend le bras au passage d’un camion de pompier qui roule à toute allure. Il se retrouve alors accroché derrière le camion, en position horizontale, comme s’il volait. Cela lui permet de se joindre de manière très dynamique et surprenante à la poursuite qui débute. Nous avons tenu à revenir aux effets spéciaux réalisés « à l’ancienne » devant la caméra, avec des angles de prises de vue prédéterminés, et moins de recours aux câbles effacés numériquement. Il s’agit d’un effet qui a consisté à faire tourner le décor de la chambre de Peter et la caméra qui filmait sur un axe, pour permettre à Andrew de donner l’impression qu’il s’accrochait au mur.

William Spencer : Si la position de votre corps est correcte, cet effet marche extrêmement bien, car tous les accessoires de la chambre sont solidement fixés pour ne pas bouger pendant que le décor pivote, même quand tout se retrouve à l’envers. La gestuelle doit être réglée très précisément afin de ne pas trahir le truc, car la vitesse de rotation est assez rapide, et il ne faut pas se laisser dépasser, sous peine de révéler le truc. Mais quand la rotation et les mouvements de passage du plancher au mur, puis du mur au plafond sont bien coordonnés, l’effet est très spectaculaire. La même technique avait été utilisée dans INCEPTION de Christopher Nolan, quand les personnages marchent sur les murs et le plafond du couloir de l’hôtel. L’énorme avantage de ces plans tournés en direct, c’est que les spectateurs sentent qu’il n’y a eu aucune retouche numérique, et cela décuple l’impact de la scène. Le recours aux effets en direct et aux cascades permet d’augmenter la crédibilité d’une séquence, et d’ancrer le récit dans le monde réel.

James Armstrong : La chorégraphie de cette scène qui se passe dans la chambre de Peter Parker a été longuement répétée avant le tournage, car pour brouiller les pistes et ne pas révéler aux spectateurs que Andrew et William se déplacent avec la gravité, les mouvements doivent être extrêmement précis et sembler toujours logiques vus par la caméra.

William Spencer : Le mouvement le plus dur se passe à la fin de la scène, quand on doit avoir l’impression que Peter qui est collé au mur, saute à nouveau dans son lit. Au moment où j’ai sauté, le lit n’était pas encore revenu en position horizontale : il était encore fortement incliné. Mais il fallait pourtant que ma posture donne l’impression que j’étais parfaitement à plat. C’était vraiment difficile à faire.

James Armstrong : Les images de synthèse et les effets numériques sont de plus en plus performants, mais comme on peut représenter quasiment tout en 3D, le danger est d’aller un peu trop loin, et de basculer dans l’irréel. En équilibrant bien effets spéciaux de plateau et effets numériques, on obtient le meilleur des deux. Quand nous préparons une séquence d’action, nous nous demandons « Où allons-nous utiliser Andrew ? A partir de quel moment sa doublure cascade doit-elle prendre le relais ? Que peut-on réussir à faire en vrai, peut-être en ayant recours à des câbles ou à une machinerie spéciale ?

La suite de notre entretien avec James Armstrong et William Spencer paraîtra dans les prochaines parties de ce dossier.

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