Reportage exclusif sur le tournage de GODZILLA - 5ème partie : Entretien avec les producteurs Mary Parent et Alex Garcia
Article Cinéma du Mercredi 09 Avril 2014

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Legendary a produit simultanément deux films de Kaijus, PACIFIC RIM et GODZILLA. Avez-vous fait des démarches particulières auprès de Guillermo Del Toro et de Gareth Edwards pour vous assurer que les deux projets seraient très différents l’un de l’autre ?

Alex Garcia : Non, nous n’avons pas eu à le faire, car à la base, chaque projet est totalement différent de l’autre.

Mary Parent : PACIFIC RIM se déroule dans le futur, et montre les actions héroïques des pilotes de robots géants qui se battent contre de nombreux monstres, alors que GODZILLA se déroule dans le présent, et dans le monde réel. Le ton et le traitement visuel de chacun des deux films est très particulier et unique.

Pouvez-vous nous décrire votre collaboration avec la Toho, et la manière dont elle contrôle l’utilisation de l’image de Godzilla dans cette production américaine ?

Alex Garcia : Cette collaboration se déroule très bien, et nous communiquons constamment avec la Toho, par le biais de ses représentants qui nous accompagnent pendant le tournage. Notre relation est celle de partenaires qui créent ensemble un projet qu’ils ont validé.

Est-ce que cela signifie que la Toho ne vous a pas donné une liste précises de choses à éviter concernant le personnage de Godzilla ?

Alex Garcia : Je crois qu’au début, leur principal souci était de s’assurer que Godzilla serait traité avec le respect qui lui est dû, et que les codes de son apparence traditionnelle seraient eux aussi préservés. Nous avons eu de nombreuses conversations sur ces points, mais une fois que nos amis de la Toho ont été rassurés sur nos intentions, il a été évident que nous avions tous envie d’avancer dans la même direction.

Le développement du film a-t-il été long ?

Alex Garcia : Non, une fois que Gareth a accepté de réaliser le film, il y deux ans et demi, presque trois ans de cela, tout s’est déroulé de manière très régulière, dans les délais de développement normaux des grosses productions de ce genre. Il a d’abord fallu retravailler le script et aboutir à la version définitive, puis déterminer le traitement visuel. Et comme nous sommes restés très longtemps silencieux pendant que les fans attendaient des nouvelles du projet, Gareth a eu l’idée de réaliser une bande annonce préliminaire avec quelques plans d’effets visuels, qu’il a préparée spécialement pour la montrer pendant le Comicon 2012. Elle a été accueillie avec énormément d’enthousiasme, et je pense que les fans ont compris quelle était la vision de Gareth, et se sont sentis pleinement rassurés.

Vous exploitez la diversité des paysages de Vancouver, mais quelle est la répartition entre scènes tournées en décors extérieurs et scènes tournées en studio ?

Mary Parent : Nous tournons à peu près la moitié des scènes en décors extérieurs. C’est dans cet objectif que nous sommes venus travailler à Vancouver et même si le climat local est un peu pluvieux, la richesse des environnements et le professionnalisme des équipes locales constituent d’énormes atouts pour le film.

Allez-vous réutiliser le fameux rugissement de Godzilla, et son thème musical ?

Alex Garcia : Mmm…sans révéler quels éléments précis nous allons réutiliser, disons que quand vous verrez le film, vous aurez bien l’impression de voir LE Godzilla que vous connaissez ! (rires)

Et cette fois-ci, c’est bien un monstre mâle ? Vous vous souvenez certainement que dans la version de Roland Emmerich, Godzilla était devenu un Kaiju femelle, qui pondait une multitude d’œufs !

Alex Garcia : (rires) Vous n’avez pas de soucis à vous faire, notre Godzilla sera bien le Godzilla que l’on connaît.

Mary Parent : il n’a pas d’enfants dans le film ! (rires)

Avez-vous prévus des petits clins d’oeils destinés aux fans ?

Alex Garcia : Oui, bien sûr. Les spectateurs très attentifs et très observateurs pourront les repérer.

Diriez-vous que ce nouveau GODZILLA « fonctionne » un peu comme LA PLANETE DES SINGES, LES ORIGINES, c’est à dire en respectant l’esprit de l’original, tout en présentant un traitement de l’histoire très différent ?

Alex Garcia : Oui, c’est une bonne manière de présenter les choses.

Akira Takarada, le vétéran de la série originale, fait une apparition dans le film…

Alex Garcia : Il s’agit d’un « cameo », un petit clin d’œil. Akira était présent le premier jour du tournage, et il était très heureux et très enthousiaste de faire partie de ce film, 59 ans après avoir joué dans le GODZILLA original. Il est apparu aussi dans 6 ou 7 autres épisodes de la série.

Comment ce nouveau Godzilla va-t-il se différencier des films catastrophes que l’on a vus récemment ?

Mary Parent : En bien d’abord parce qu’il y a Godzilla dedans, ce qui est une grosse différence ! (rires) Et le ton est très différent aussi. Dans les derniers films catastrophes que l’on a pu voir, le traitement était souvent léger, presque parodique, alors que le film de Gareth sera vraiment ancré dans la réalité. Il sera réaliste aussi bien dans sa description des sentiments des personnages que dans son style visuel. Vous n’y trouverez pas de répliques comiques en forme de clins d’oeils, comme dans les films catastrophes « popcorn » auxquels vous faites référence.

Justement, sur ce point du réalisme, Godzilla est-il représenté comme un animal au comportement crédible, et non comme une créature à l’intelligence presque semi-humaine ?

Mary Parent : Oui.

Alex Garcia : Godzilla possède peut-être une intelligence animale assez développée. Il ne parle pas, bien sûr, mais comme Gareth le dit si bien « Si la nature l’avait créé en réaction aux méfaits des hommes, c’est ainsi que Godzilla se comporterait. »

Qu’est-ce qui vous a convaincu qu’il était temps de faire renaître Godzilla et de le présenter à nouveau au public en 2014 ?

Mary Parent : La thématique de Godzilla est totalement en phase avec les soucis que nous pouvons nous faire en constatant la manière déplorable dont nous traitons Mère Nature…Même si l’homme vit dans l’illusion qu’il parvient à dominer et asservir la nature, quand elle se révolte, il est impuissant devant elle.

Vous avez parlé de la description du destin de la famille Brody dans le film, mais comment cela va-t-il s’équilibrer avec les scènes de destruction ? Y en aura-t-il beaucoup ?

Mary Parent : Oh oui, rassurez-vous. Vous ne serez pas déçu ! (rires)

Pouvez-vous évoquer les petits moments du tournage que vous avez vécus et que vous avez particulièrement appréciés ?

Mary Parent : J’ai beaucoup apprécié le soin apporté à une multitude de détails réalistes, à tous points de vue. Quand on voit une scène dans sa continuité après avoir préparé avec soin et filmé toutes ces pièces d’un énorme puzzle, cela produit sur vous un impact émotionnel très gratifiant.Tous les départements impliqués dans ce tournage ont réalisé un travail remarquable jusqu’aux détails les plus minuscules. Je pense que vous vous en êtes rendu compte en observant le décor dans lequel nous tournons aujourd’hui. Owen Paterson et son équipe ont déployé un talent et une énergie formidables pour donner aux futurs spectateurs du film l’impression de se trouver dans une zone de quarantaine abandonnée depuis quinze ans, au Japon.

Alex Garcia : Et cela a commencé depuis que nous avons retravaillé le script avec Gareth. De nombreuses idées virtuelles se sont concrétisées et se sont amalgamées grâce à la créativité de nos équipes pour former un tout qui est le film.

La mise au point du nouveau design de Godzilla a-t-elle été longue ?

Alex Garcia : Non, car Gareth avait là aussi une idée assez précise de l’aspect que Godzilla devait avoir dans cette histoire. Nous en avons parlé avec la Toho, et nous sommes passés par plusieurs étapes de recherches avant d’arriver à l’aspect qui a été validé par tout le monde. Et ce design est très proche de celui que Gareth souhaitait depuis le début. Godzilla est plus grand qu’avant, mais toujours très reconnaissable.

Le choix de ses adversaires a-t-il été difficile ?

Alex Garcia : Oui, car il fallait qu’il soit adapté au récit, et qu’il s’agisse d’un ennemi à sa mesure.

Vous venez de dire « un ennemi » alors que nous avons appris qu’il y avait deux monstres. Cela signifie-t-il que Godzilla n’a qu’un ennemi principal ?

Alex Garcia : Vous le verrez en visionnant le film ! (rires)

La suite de notre reportage exclusif sur le tournage de GODZILLA paraîtra bientôt surESI ! Bookmark and Share


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