Entretien exclusif avec Avi Arad et Matthew Tolmach, les producteurs de THE AMAZING SPIDER-MAN 2 , LE DESTIN D’UN HEROS -2ème Partie
Article Cinéma du Lundi 26 Mai 2014

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Quand vous avez lancé ce reboot de SPIDER-MAN, on l’a beaucoup comparé à la trilogie de Sam Raimi, toujours très présente dans l’esprit des cinéphiles. Vous sentez-vous plus libres d’avancer dans d’autres directions avec la nouvelle équipe, dans ce deuxième épisode?

Matt Tolmach : Je pense qu’une bonne partie des comparaisons était due au fait que nous racontions à nouveau l’origine de Spider-Man, depuis ses débuts. Comme Stan Lee l’avait fait, et comme Sam Raimi l’avait transposé à sa manière. Il était donc inévitable que les gens comparent la vision de Marc Webb avec celle de Sam. Mais effectivement, ce deuxième volet va se démarquer de tout ce qui a été fait auparavant, car nous n’avons plus à nous conformer à la structure d’une histoire connue. Nous avons pu tourner la page et mettre en place une nouvelle saga.

Avi Arad : Et montrer aussi un nouveau Peter Parker qui évolue, tout comme notre vision de Spider-Man et les technologies que nous employons ont évolué. Le premier épisode nous a permis d’installer Andrew Garfield dans ce rôle et l’excellent accueil que le public a réservé au film a prouvé qu’il avait été perçu comme un formidable Spider-Man. Nous sommes très fiers de ce succès, car une transition de ce genre dans un rôle-titre est délicate. Aujourd’hui, l’histoire que nous présentons dans AMAZING SPIDER-MAN 2 est totalement originale et ne contient aucun élément que l’on a déjà vu dans la trilogie de Sam Raimi. Je crois que la sensibilité exprimée par Andrew correspond très bien à celle de cette nouvelle génération de spectateurs. Pour nous les producteurs, c’est difficile de croire que l’aventure SPIDER-MAN a commencé il y a déjà 14 ans !

Matt Tolmach : Oui, c’est fou ! Le temps a passé si vite…

A en juger par les extraits que vous nous avez dévoilés, cet épisode semble avoir coûté beaucoup plus cher que les précédents.

Avi Arad : Nous avons tiré parti des grosses réductions de taxes locales que la ville de New York nous a accordées, mais nous avons surtout réussi à nous organiser pour obtenir des résultats plus spectaculaires avec notre budget. Les séquences ont en effet bien plus d’ampleur dans cet épisode.

Matt Tolmach : Nous avons fini par comprendre comment faire pour que les dollars investis se voient davantage sur l’écran ! (rires)

Avi Arad : Comme nous avons disposé immédiatement d’un excellent script, nous avons pu entamer la préproduction dans la foulée, ce qui est capital pour assurer l’efficacité du tournage. Quand tout est parfaitement préparé, on sait ce que l’on fait, et on avance de manière sereine, sans avoir à tâtonner. Autant un réalisateur peut travailler de manière intuitive sur une scène dramatique entre deux comédiens dans un décor, autant on ne peut pas se permettre d’improviser quand on tourne une scène d’action. C’est la raison pour laquelle nous avons été tellement heureux de disposer très tôt d’un script abouti, à partir duquel nous avons pu lancer le travail préparatoire des équipes techniques et artistiques. D’ailleurs, nous sommes tellement satisfaits de la prestation des scénaristes que nous les avons engagés à nouveau pour écrire l’épisode 3 et l’épisode 4 de cette saga, afin de pouvoir travailler dans les mêmes conditions sur la préproduction.

Avi Arad : Créer des films comme ceux-ci nécessite énormément de rigueur et de discipline. Nous avons la tâche de veiller au bon aboutissement du film, et aussi de protéger le studio des dépassements de budget.

Matt Tolmach : C’est notre job de gérer cela, de telle manière que Marc n’ait pas à s’en préoccuper, et qu’il puisse réaliser le film comme il l’entend.

Avi Arad : Quand un film et un budget sont validés par le studio, si vous savez ce que vous faites en tant que producteur, vous devez être en mesure de rester dans le cadre qui a été déterminé au début.

Matt Tolmach : Cela permet au réalisateur et aux acteurs de se focaliser uniquement sur la narration de l’histoire pendant que nous restons éveillés toute la nuit à nous préoccuper de la manière dont va s’organiser la journée suivante, parce qu’il faut tenir compte du fait qu’une scène a demandé quatre heures de tournage de plus que ce qui avait été prévu !

Marvel a co-produit avec un studio chinois des scènes additionnelles spécialement destinées au public local pour la sortie de IRON MAN 3 là-bas. Est-ce quelque chose que vous pourriez envisager pour un prochain SPIDER-MAN ?

Avi Arad : Vous savez, je crois que quand Marvel et leurs partenaires ont fait leurs compte, ils ont constaté que cela n’avait pas changé grand’chose à la carrière du film. Je pense qu’il est bien plus important de refléter la diversité et la réalité du monde dans le casting. C’est mieux que de vouloir intégrer un personnage d’un certain pays dans une histoire, uniquement pour booster les entrées dans ce territoire-là. Je peux vous affirmer que cette démarche ne fonctionne pas. Et paradoxalement, le public local préfère voir des stars américaines dans nos films que leurs acteurs nationaux !

Alors que Henry Cavill et Chris Hemsworth ont fait beaucoup de musculation pour incarner Superman et Thor, Andrew Garfield a gardé une silhouette fine qui rappelle celle des premières BDs de Spider-Man…

Matt Tolmach : Oui, parce qu’il incarne Peter Parker, qui est encore un jeune homme. Et son physique doit refléter cela. Développer sa carrure n’aurait pas été une bonne idée. Spider-Man est un jeune superhéros, pas un homme mûr aux épaules larges comme Superman ou Thor. Quand les spectateurs découvrent les histoires que nous racontons, il est important qu’ils se rappellent que le héros qui se bat devant eux n’est encore qu’un gamin, et que malgré cela, il se débrouille remarquablement bien. Si Spider-Man arrivait avec une musculature énorme pour affronter Electro, cela dissiperait cette idée, et une bonne partie des spectateurs ne pourrait plus s’identifier à Peter Parker.

Avi Arad : L’un des aspects les plus brillants de la conception de Spider-Man, c’est que l’on ne s’attend pas à ce que ce personnage jeune et à la silhouette assez frêle puisse battre des criminels aussi puissants que ceux qu’il affronte, même quand on connaît ses pouvoirs. Du coup, on se fait constamment du souci pour lui. Ce n’est pas le cas d’autres superhéros Marvel : quand le docteur Banner se transforme en Hulk, par exemple, on ne s’inquiète pas pour le colosse vert, mais pour les gens qui se trouvent sur son passage !

Ce deuxième épisode est-il conçu comme la deuxième partie d’un récit complet raconté sous la forme d’une trilogie, ou comme un chapitre qui s’inscrit dans une trame narrative plus longue ?

Matthew Tolmach : Comme nous avons déjà annoncé que nous allions produire deux épisodes de plus, ce serait étrange de vous répondre qu’il s’agit d’une trilogie…

Certes, mais cette intrigue va-t-elle être bouclée avec l’épisode 3, et allez-vous en développer une autre avec l’épisode 4 ?

Avi Arad : La première série que nous avons produite était une trilogie, parce que c’était ce que Sam Raimi souhaitait. Le premier épisode, c’était « Peter devient Spider-Man », le second « Peter s’accomplit en tant que Spider-Man » et le troisième « Peter ne veut plus être Spider-Man ». Pour répondre à votre question, dans cette nouvelle saga, nous révélons des choses que nous ne connaissions pas encore sur Peter, sur son ami Harry, sur la tante May…

Matthew Tolmach : …et sur cet endroit maléfique qu’est Oscorp.

Avi Arad : Dans l’univers de Spider-Man, il y a environ 25 méchants qui sont des adversaires de premier plan, vraiment intéressants. L’idée est que nous avons tant de choses à raconter que nous pouvons présenter de nouveaux épisodes au public tant que les scripts seront bons.

Matthew Tolmach : On pourrait croire à tort que nous avons déjà planifié le déroulement de la saga au long terme. En réalité, la continuité que nous avons construite porte sur cet épisode et sur les deux suivants. Avec Oscorp, Spider-Man a devant lui un ennemi extraordinairement puissant, qui dispose de moyens financiers et technologiques quasi-illimités. Cela nous donne non seulement l’opportunité de continuer à raconter les étapes de cet affrontement, mais aussi de développer des histoires avec de nombreuses surprises et rebondissements. Tous ces méchants sont des personnages très intéressants.

Donc chaque épisode sera un récit indépendant, mais inscrit dans une continuité…

Matthew Tolmach : Bien sûr ! Il y aura toujours une histoire à raconter autour de Peter.

Avi Arad : Oscorp a fait disparaître ses parents, et surveille toutes les personnes qui ont été en contact avec eux. Electro est issu aussi de cette société, comme l’était le Lézard dans l’épisode précédent…Nous nous retrouvons maintenant dans un contexte narratif beaucoup plus confortable parce que nous avons cette menace centrale. Dans ce film, Peter comprend qu’il lui faudra se battre sans relâche, et que les menaces auxquelles il sera confronté seront de plus en plus dangereuses, puissantes, et perfectionnées.

La suite de ce Spider-Dossier paraîtra bientôt sur ESI !

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