Stan Winston : les hommages de ses collègues et amis
Actualité 100% SFX du Mercredi 02 Juillet 2008

Par Alienfactory

Notre confrère Alienfactory nous a fait l'honneur de traduire les hommages des amis et collègues de Stan Winston, qu'Aintitcool a le plus souvent publié...

Jon Favreau : « C'était un géant. Je suis enchanté de l'avoir connu. J'ai travaillé avec lui sur Zathura et sur Iron Man. Il était très expérimenté et m'a guidé avec son enthousiasme intact d'enfant. Il était le roi pour intégrer des effets mécaniques avec le monde de la synthèse, en gardant l'intérêt de l'un et l'autre dans une industrie sans cesse changeante. Je suis fier d'avoir travaillé avec lui, et nous étions prêt à retravailler ensemble. Je savais qu'il menait un combat, mais je n'avais aucune idée qu'il partirait si vite. Hollywood a perdu une étoile étincelante. »

Jonathan Liebesman : « Hé, Eric, Je dirais juste que, sur mon premier film, quand j'étais un réalisateur débutant de 25 ans, Stan Winston m'appelait Boss. Ce sentiment de soutien fort m'a fait traverser les plus durs moments du film. Quand j'allais visiter les gars à son ateliers qui travaillaient sur mon film, Stan venait toujours me serrer la main avec un 'ça vous va, boss'. Son attitude me rendait tellement fort. J'étais étonné que, même si vous ne vous appeliez pas Cameron ou Spielberg, une légende telle que Stan vous traitait avec le même respect qu'il aurait pour eux. On dit qu'il faut être prudent quand on rencontre quelqu'un qu'on idolâtre, parce qu'on est toujours déçu. Pas cette fois. Stan m'a soutenu et je lui en serai éternellement reconnaissant et j'aurais aimé travaillé avec lui une dernière fois. Jon »

Frank Darabont : « Je suis encore secoué par la nouvelle. Perdre Stan est un choc pour moi, et je suis sûr que ça l'est pour beaucoup de gens qui aimaient son travail. C'était vraiment un génie dans sa catégorie. Lui et moi parlions de travailler ensemble depuis des années, mais nous n'avons jamais trouvé le bon projet pour le faire. Stan était un de ces personnages qu'il était impossible de ne pas aimer. Je l'ai rencontré du temps de 'L'Effaceur'. A cette époque, Arnold Schwarzenegger organisait toujours des dîners dans son restaurant à Santa Monica- Beaucoup de nourriture, de vin, de cigares. Et parce que Stan et moi étions fans du travail l'un de l'autre, on était souvent assis l'un à côté de l'autre. On s'échangeait des histoires, on parlait de films, et on riait énormément. Stan était un formidable voisin de table, un vrai conteur, et un des gars les plus sympas que vous puissiez rencontrer. Son enthousiasme était réel. Bien qu'il était une personne reconnue dans le milieu, il était resté le même petit garçon qui aimait les films et est arrivé dans ce métier pour sa magie. Il n'a jamais changé. Si l'industrie peut vous mettre KO, elle ne l'a jamais diminué son amour pour le côté créatif que ce que l'on fait. Il aimait trop le cinéma pour cela. Venant de lui, ça m'impressionnait beaucoup. Un des avantages d'être dans ce milieu est de pouvoir rencontrer des icones dont vous admirez profondément le travail et qu'en plus ce sont des gens formidables. Ceux-là dont vous êtes honoré d'avoir croisé le chemin à un moment, et qui sont gentils, gracieux, vous inspire en plus d'être terriblement talentueux. Il font montre d'une véritable humanité et vous touchent de diverses façons, et vous pensez bêtement qu'ils seront toujours là, autour de vous, malgré le temps qui passe. Puis ils nous sont enlevé bien trop tôt, et tout ce qui vous reste est le long et profond regret de ne pas les avoir connu plus tôt et aussi bien que vous l'auriez voulu. J'ai rencontré et perdu beaucoup de gens extraordinaires qui entrent dans cette catégorie, comme Andy Mc Dowell, John Frankheimer, Sidney Pollack, Dave Stevens, et John Alvin. Stan Winston vient tristement grossir la liste. La meilleure façon de résumer Stan est de partager mon meilleur souvenir le concernant. Je n'oublierai jamais combien nous étions tous les deux honorés et excités le jour où nous participions à la découverte sur le Hollywood Walk of Fame de l'étoile de notre héros d'enfance Ray Harryhausen. Stan et moi avons passé l'après-midi sur le mode 'pinces-moi je dois rêver'. On arrêtais pas de se bousculer, à murmurer des choses comme :'Wouah, on est vraiment là ? On va vraiment le faire ? C'est pas génial ?'. En clair, nous avons passé la journée à délirer comme deux gamins. Quand je pense à Stan, je pense à sa joie et à son enthousiasme de gamin de ce jour-là. »

Joe Dante : « Bien que Stan ait eu des cheveux gris très tôt, il débordait de tant d'enthousiasme juvénile qu'il ne paraissait pas avoir plus de 20 ans, rendant la nouvelle de sa disparition encore plus difficile à accepter. Comme beaucoup d'entre nous qui enfants aimions les monstres, il était toujours excité de faire partie de l'industrie du cinéma, même après avoir été reconnu comme un des plus grands de sa catégorie. J'ai rencontré Stan à Amblin quand il travaillait sur Goonies, et il fabriquait une pieuvre géante qui a été coupée au montage, et j'ai admiré sa réalisation de Pumpkinhead, mais nous n'avons vraiment eu la chance de travailler ensemble qu'à partir de Small Soldiers, pour lequel son atelier a fourni la plupart des designs des différents jouets vivants. Le niveau de détails pour la création et l'animation sur le plateau de ces personnages est prodigieux, et l'occasion de nombreux essais et erreurs. Qu'est-ce qui devait être animé en direct, qu'est-ce qui devait l'être par les artistes informatiques d'Ilm, était au cœur de discussions constantes. A la fin, la balance a plus penché du côté d'Ilm, plus que nous l'aurions voulu, mais Stan et son équipe étaient toujours là, conscients de ce qui était mieux pour le film. Mais ça c'était l'éthique de Stan. Peu importe la méthode pourvu que le film en soit bénéficiaire. Un artiste disparaît et c'est une perte énorme pour nous tous. Reposes en paix, Stan, en sachant que tu as énormément donné au monde que tu aimais tant. Joe Dante »

Rick Baker : « Quelle terrible nouvelle. J'arrive en Angleterre après avoir volé toute la nuit de dimache, je me rend à mon hotel, me rend au travail ce matin pour me rendre compte que Stan Winston nous a quitté. Je ne peux vous dire à quel point cette nouvelle m'attriste. J'ai parlé avec lui il y a quelques semaines. Je l'ai appelé pour lui dire combien j'ai trouvé son Iron Man magnifique. J'avais entendu des rumeurs qui disaient qu'il était malade, et lui en ai parlé. Il m'a confirmé qu'il avait le cancer, mais m'a répliqué : 'hé, je ne suis pas encore sous terre'. Nous nous sommes dit qu'une fois mon travail terminé en Angleterre, on pourrait se revoir et parler du bon vieux temps. Stan était 'plus grand que nature'. L'industrie du cinéma ne sera plus la même sans lui. Stan a déplacé les effets spéciaux qu'il faisait dans son garage pour leur donner leur lettre de noblesse qu'ils ont aujourd'hui. Stan a été le premier à monter un atelier propre et pratique pour que son équipe puisse travailler. Il respectait et aimait les gens qui travaillaient pour lui. Mes pensées vont à sa famille et les membres de son équipe. Je suis triste pour leur perte, sa disparition est une perte pour nous tous. C'est difficile d'imaginer l'industrie des effets spéciaux sans Stan. Il nous manquera. C'est la fin d'une époque. »

Josh, neveu de Stan Winston : « Certains connaissaient Stan Winston en tant qu'artiste incroyable. Pour moi, c'était oncle Stan. Je parcourais les nombreux hommages pour mon oncle sur votre site, et je suis impressionné par le nombre impressionnant de gens qui se sentent poussés à exprimer leur peine et leur condoléances. J'aurais aimé que tous ses fans aient eu la chance de le connaître personnellement. Nous avons perdu un des hommes exceptionnels de notre temps. Je savais que Stan était très malade depuis un moment déjà, mais la dernière fois que je l'ai vu il était tellement plein de vie et d'amour qu'il semblait impossible qu'il soit malade. Maintenant, il semble impossible qu'il soit parti. C'est certain qu'il souffrait, mais il le cachait bien, je pense, pour que ceux qui l'entouraient ne s'inquiètent pas trop. Il était comme ça. J'ai eu la possibilité de parler à Stan, seul à seul, plusieurs fois lors de ma dernière visite en Californie, juste nous deux, à rouler, sur les collines autour de Malibu, à bord d'un de ses bolides. Il conduisait vite, bien sûr, mais si vous le connaissiez vous saviez qu'il ne pouvait en être autrement. Honnêtement, avoir Stan Winston comme oncle a toujours paru irréel. Voilà un homme qui était méchamment connu et reconnu. Il était ami intime avec les plus grands d'Hollywood. Il était reconnu comme étant le meilleur de l'industrie et il a été récompensé. En dépit de tout ça, il était le plus naturel, le plus sincère, le plus humble des hommes que j'ai eu le plaisir de connaître. Au cours de ma dernière conversation que j'ai eue avec lui, il a exprimé sa reconnaissance et sa joie par rapport à son succès. Il était vraiment reconnaissant d'avoir pu mener une carrière en faisant quelque chose qu'il aimait tellement. Je pense que nous apprécions tous le fait que Stan aimait beaucoup son travail, et qu'il le faisait très bien. Il a touché des gens à travers le monde, à donné des cauchemars à certains, en inspira d'autres à devenir artistes en même temps. Durant cette même conversation, Stan m'a parlé pour la première et dernière fois de sa maladie. Il m'a dit qu'il a adoré sa vie, peut-être un peu trop, Mais la seule chose qu'il regrettait vraiment était que sa santé se dégradait rapidement, au point qu'il savait qu'il ne serait plus là bien longtemps. Il voulait vraiment voir grandir ses petits-enfants, être là avec sa femme et ses enfants. C'était douloureusement évident que Stan adorait sa famille, il l'a toujours adorée. En dépit de la célébrité, de la fortune, et de l'étoile à son nom sur le Hollywood Walk of Fame, sa famille passait toujours avant. Il aimait sa famille, et elle l'aimait. Ces mots rendent très mal justice à l'énorme legs laissé par Stan Winston, mais la prochaine fois que vous voyez un dinosaure écraser une voiture, ou un terminator marcher dans la rue, vous vous souviendrez d'un homme qui aimait son travail, aimait la vie et sa famille. Il nous manquera. Amitiés, Josh »

Tom Woodruff, Jr : « Le sentiment de tristesse et de vide grandit à chaque témoignage publié ou hommage rendu. N'ayant jamais pensé voir le mot 'parti' à côté du nom de Stan Winston, le choc de son décès devient de plus en plus grand chaque jour. Les plus chanceux ne partent pas toujours les premiers. J'ai été chanceux. Stan m'a choisi au milieu d'une foule de gens d'après mon portfolio qui montrait plus de promesses qu'un réel accomplissement, et ma relation avec John Rosengrant et Shane Mahan (et qui continue aujourd'hui, bien que les visites se soient un peu espacées).Depuis le tout début, Stan m'a ému en tant qu'artiste et en tant qu'ami, et est très vite devenu comme un père-devenu-mentor. C'était un artiste, passionné par ce qu'il faisait et par sa famille, et avec un grand sens de l'humour. Il était généreux avec les gens qui travaillaient avec lui, nous présentant, nous, son équipe, sur scène, au public du Saturn Awards comme les artistes derrière le succès de Terminator, au moment où il acceptait ce qui est devenu une longue liste de récompenses. Il était généreux en conseils et en partage de ses connaissances. Et il était généreux de dévotion et de camaraderie, alors que, debout devant votre table dans le meilleur restaurant de la ville, il mettait les mains dans votre salade pour rigoler. Quand Alec et moi sommes partis de sous son aile, c'était pour nous le début d'une carrière que Stan lui-même aida à lancer. Il dirigea Gale Hurd vers nous pour Tremors et nous appuya pour que ayons les contrats de 'la mort lui va si bien' et Alien3. Ses ailes couvrent encore aujourd'hui nos vies. Le débordement d'émotions ici montre que Stan a touché beaucoup plus de gens que seulement les chanceux qui le connaissaient et qui travaillaient dans l'industrie. Un sentiment irréel que quelque chose a changé à jamais. Le jour où la musique est morte. Son nom et son legs survivront. Dieu te bénisse, Stan Winston. »

Alec Gillis : « Tom et moi n'avons pas été très présent sur AICN dans le passé, en fait, j'ai eu la chance de serrer la main de Harry après un long vol, étant très introverti. Les moments comme ça me rappellent à quel point la vie est courte et que l'on n'a pas forcément de seconde chance pour les choses qu'on laisse passer. Pour cette raison je suis impressionné par les réactions des fans sur AICN sur le décès de Stan. C'est une période irréelle pour nous tous, fans et amis de Stan. Je ne fais que penser à Citizen Kane comme nous racontons tous qui était Stan de notre propre point de vue. Tous ces points de vue sont vrais, même les plus courts. J'ai fait partie de son équipe pendant très peu de temps, mais ce que j'ai appris représente une vie de connaissance. J'ai rencontré Stan en 1984 grâce à James Cameron, avec j'avais travaillé Chez Roger Corman. J'étais assis dans ma petite chambre à Mar Vista et Stan lui-même m'appela. Il était très sérieux quand il m'indiqua que Jim m'avait recommandé. J'étais très nerveux quand je lui dit que je ne pouvais accepter car je venais d'accepter un travail sur vendredi 13 chapitre 4. L'appel fut bref, mais j'ai pu obtenir un rendez-vous pour montrer mon portfolio, et obtenir le nom du film. Quelque chose comme Terminator. Au moment de Aliens, j'étais un régulier à l'atelier de Stan, et heureux des opportunités qu'il donnait généreusement. C'était un temp fantastique, que nous n'appréciions pas à sa juste valeur. Il y avait Shane Mahan, John Rosengrant, Richard Landon, Shannon Shea, Rick Lazzarini, Tom Woodruff et moi-même, l'équipe pilier de Stan, faisant les imbéciles comme des frangins le feraient. L'invasion vient de Mars, Aliens, Predator, Pumpkinhead, Leviathan, Monster Squad, les histoires extraordinaires, ont été réalisé en l'espace de 3 ans. Les gens pensent que ce que Stan nous à appris, c'est le business. C'est vrai en partie, mais on a aussi appris la vie. Stan était comme un père pour nous jeunes idiots trop immatures ou trop fiers ou pas sûrs d'eux pour être considérés comme professionnels ou même comme adultes, mais Stan a vu quelque chose en nous qu'il pouvait guider et développer. Voici quelques citations de Stan à propos du business, autant que je m'en souvienne : 'Si tu fais les choses au hasard, si tu vas trop loin, tu ne peux qu'échouer' 'Tout le monde veut bien faire, il faut juste leur donner leur chance' A propos de ne plus faire les choses lui-même :'Je travaillais avec la pâte à modeler pour obtenir ce que je voulais. Les gens sont ma pâte à modeler maintenant' A propos de la compétition : 'J'aime mes compétiteurs ! Il me font donner le meilleur de moi-même. Merci Rick Baker. A propos d'être le meilleur : 'Personne n'est jamais vraiment toujours le meilleur. Il y a toujours un film qui sortira qui est meilleur que le vôtre, ça aide à rester humble.' 'D'autres font peut-être un meilleur travail que moi, mais il ne s'amusent pas autant !' A propos des Oscars : 'Vous ne faites pas ce métier pour les récompenses, car ce sont justes des trophées de bowling' Ce qui était écrit sur les cartes de Noël pour chaque employé : 'Ne le dites pas autres employés, mais vous êtes mon employé favori' A propos de Tom et moi :'Les choses qui vous rendent inestimables à mes yeux sont les mêmes choses qui vous feront vous éloigner de moi.' Je ne savais pas ce que cela signifiait à l'époque. Quant aux leçons de vie, Stan, très famille, n'était pas avare de conseils. Il était quelquefois ennuyeux, souvent juste, et toujours honnête. A 25 ans, j'étais sur le point de me séparer de ma petite amie de l'époque. Notre relation était à son apogée. Il était temps soit de s'engager davantage, soit de se quitter. Au milieu de ce débat très intime et personnel, débarqua Stan Winston. Nous étions invités à une fête chez lui et sa femme Karen dans leur magnifique maison dans la vallée (première fois que je voyais un bidet, et j'ai éclaboussé tout le plafond. Je ne lui ai jamais dit). Quand je lui ai présenté ma copine, il s'est mis à bercer un bébé imaginaire en fredonnant "Rock-A-Bye-Baby". J'ai tressailli à son manque de subtilité, et il me prit pas les épaules et me dit : 'Es-tu fou ? Epouses-là, imbécile !' On s'est fiancé à Londres pendant le tournage d'Aliens et nous sommes mariés depuis 22 ans. Ma fille de 9 ans, la plus jeune de quatre enfants, a pleuré quand elle a su que Stan ne verra pas la carte de prompt rétablissement qu'elle avait coloriée pour lui. Il était le meilleur boss que j'ai jamais eu. A une époque de bas salaires, d'heures interminables et de conditions de travail risquées, il nous poussait à rentrer chez nous à des heures raisonnables (Vous ne me servirez à rien demain si vous êtes morts de fatigue), payait les heures sup', et faisait en sorte que son atelier était aux normes. A nos remerciements, il haussait les épaules et disait que les travailleurs heureux étaient plus productifs que les travailleurs malheureux. Sagesse, gentillesse, et humilité tout à la fois. Il nous pressa d'acheter nos maisons et nous donna le travail pour nous le permettre, mangeait le gateau avec nous à chaque anniversaire d'un employé, et donnait des bonus de Noël. On a installé un panier de basket chez lui pour l'anniversaire de son fils, ses enfants nous aidaient à l'atelier, et on riait quand il se mettait à plat ventre devant son mentor, le fameux maquilleur de chez Disney Bob Shiffer. Vous tous avez raison. Votre opinion sur l'homme est juste. Il avait ses détracteurs, et en un sens ils ont raison aussi. Personne n'est parfait. Mais quoi que vous pensiez de lui, il nous a tous énormément aidé dans l'industrie des créatures et des effets spéciaux. Pas seulement en nous embauchant, mais aussi en faisant sans cesse la promotion de ce à quoi son nom est désormais synonyme, les 'effets de créatures' et a offert au monde une image de ce que l'on fait. Nous, artistes incomplets, sommes devenus des experts en marchant dans ses pas. Il disait toujours : 'Il faut sans cesse vous battre pour tout dans ce milieu'. Et il l'a fait. Personne n'a accompli ce qu'il a accompli. Quand ADI était dans l'impasse face à l'avocat d'un studio, on demandait le même contrat qu'il avait accordé à Stan pour son dernier travail avec eux. Là vous entendiez les sphincters se refermer et les dents grincer. Être en bon terme avec Stan était une bonne chose. Aux fans de cinéma, il donna une multitude de personnages comme il n'en existe nulle part. Pour les fans des effets 'en direct', il s'est dressé contre le massacre digital, bien que co-fondateur de Digital Domain. Il savait que les effets de synthèse sont un moyen, non une fin en soit, un outil au service du film et non pas un remplaçant du film où le spectateur n'est plus plongé dans l'histoire. Je suis l'une des nombreuses personnes à être passée par les Studio Stan Winston, alors pas la peine de continuer trop longtemps. Je n'en avais pas l'intention mais, hey, je n'y peux rien. Merci de m'avoir donné la possibilité de m'exprimer à propos de mon mentor, notre mentor. Et bon sang pourquoi est-il parti le jour de la Fête des Pères ? Une dernière chose. Une fois, je lui ai demandé s'il était effrayé par la mort : 'Nan, la vie est une telle aventure, je pense que la mort en est une aussi.' Mes pensées à sa formidable famille, ses amis, ses fans. Il nous manquera. Alec Gillis. »

McG, réalisateur de Terminator 4 : « In memoriam Stan Winston est décédé le week-end dernier. Quel talent incroyable. Pensez à tout ce qui est sorti de l'esprit de cet homme : Aliens, Jurassic Park, Iron Man, Terminator. J'aimerais que vous puissiez voir l'atelier qu'il a bâti. Il y a une salle de réunion, où toutes ses créations vous encerclent. C'est comme la première fois que vous allez à Disneyland ou que vous voyez Star Wars. C'est un moment inoubliable. Le plus important, Stan était un homme bon, qui était à sa vraie place dans l'industrie, pour les bonnes raisons. Il aimait ce qu'il faisait. Stan m'a confié, une fois, qu'il créait des monstres imaginaires quand il était gamin pour lui tenir compagnie. Il disait qu'il se sentait le seul enfant à faire ça. Il était loin de se douter que ses amis d'enfance deviendraient les héros de millions de gens. Vous n'êtes pas seul Stan, les fruits de votre imagination seront avec nous pour toujours. C'est un réel honneur d'avoir eu l'opportunité de travailler avec Stan Winston. J'ai l'intention de dédicacer ce film à sa mémoire. McG »

Sandy Collora(batman dead end) : « Stan Winston était pour moi quelqu'un de très special. Il m'a offert mon premier travail dans l'industrie quand j'avais à peine 18 ans. J'ai eu la chance d'avoir travaillé dans son atelier sur des films comme Leviathan, Futut immédiat, et predator 2. J'ai été extrêmement chanceux de travailler personnellement avec Stan à la conception et le développement de créatures pour quelques uns de ses projets personnels. Les gens talentueux que j'y ai rencontré, et avec qui j'ai travaillé, m'ont beaucoup appris et le temps que j'ai passé à Stan Winston Studio m'a servi à forger la personne créative que je suis aujourd'hui. A travers le talent de Stan, son humour et l'amour inconditionnel pour ce qu'il faisait, il m'a inspiré immensément pour poursuivre mes efforts non seulement en tant qu'artiste, mais en tant que réalisateur aussi. Je me souvien, sur Leviathan, j'ai eu un très gros accident de voiture, et il est venu me voir à l'hopital. C'était un homme bon et il a toujours pris le temps, quand mes parents étaient en ville, de leur montrer l'atelier et de laisser mon petit frère jouer avec les doigts de l'endosquelette de Terminator. Etrange, je m'en souviens comme si c'était hier, mais c'était il y a 20 ans. Wow. Je suis triste qu'il ne soit plus là. Je suis triste de ne plus pouvoir lui demander conseils, et je suis triste qu'il voie pas mon premier long métrage, qu'en un certain sens, il a inspiré. De Stan je dirais ceci : Sa contribution à l'industrie et l'art des effets spéciaux ne peut se mesurer, mais son influence sur les gens qu'il a employé, inspiré et les vies qu'il a touché, sont encore plus grandes. Tu es une icône, Stan, Unique. Vous nous manquerez. » SC

Richard Taylor : « Voici ma petite histoire sur Stan. Tania et moi voulions aller à LA pour rencontrer quelques responsables des effets spéciaux sur les films hollywoodiens. On a écrit plein de lettres à pleins d'ateliers, et très gentiment, les gens à KNB, Rick Baker et Steve Jonhson nous on invité à leur rendre visite. Nous avons écrit à Stan Winston et avons aussi obtenu une réponse favorable. Nous sommes allés aux Etas Unis et le matin de la visite de l'atelier de Stan, nous sommes arrivé en avance, plein d'espoir et très excités. Malheureusement, en nous présentant à l'accueil, on nous a dit qu'en raison de la confidentialité d'un nouveau projet, on ne pourrait pas faire le tour de l'atelier comme promis. Nous étions déçu mais comprenions la situation. Nous avons parlé à la personne à la réception qui nous a demandé d'où nous étions, ce qu'on faisait et sur quoi on travaillait. Par pur hasard, quand nous répondions à la dernière question, qui était que nous allions embarqué sur le remake (avorté en 1996) de King Kong avec Peter Jackson, Stan passait par là. Il a entendu de loin des bribes de la conversation et gentiment nous a accueilli dans son atelier, les bras ouverts. Nous avons passé les 2 heures suivantes en compagnie de Stan, avons eu une visite guidée de toutes les parties de l'atelier, rencontré tous les gens qu'on ne connaissait qu'au travers des articles de Cinefex, et vu une variété de choses incroyables. J'ai trouvé cette visite immensément inspirante, tout comme l'était notre visite aux autres ateliers où on a eu la chance de rentrer. A la fin de la visite Stan nous a gentiment proposé de voir sa 'démonstration' vidéo, et il était rassurant de voir qu'il avait le même genre de soucis que nous dans notre atelier. Il a tenté de mettre en marche la démonstration pour finalement découvrir que quelqu'un s'était amusé à jouer avec le matériel audio et que le tout ne ressemblait plus à grand-chose. Stan s'est excusé mais finalement la bande vidéo a démarré et nous avons regardé cette fantastique vidéo-démo. C'est la seule fois où nous avons rencontré Stan, mais les quelques heures passées avec ce personnage enthousiaste et toute l'équipe à Stan Winston Studio ont été fantastiques. Il nous a traité comme des confrères et n'a pas compté son temps et ses conseils. De la part de tout le monde ici à Weta Workshop à Wellington, Nouvelle Zélande, nous envoyons nos sincères condoléances à la famille de Stan et à toute l'équipe du Stan Winston Studio. Richard Taylor Weta Workshop »

Greg Nicotero : « J'ai emménagé à Los Angeles en 1985, juste après la fin du Jour des Morts Vivants. Le premier film où j'ai été embauché c'était L'invasion vient de Mars aux studios Stan Winston. Alors qu'ils tournaient Aliens, il y avait pas mal de monde travaillant 7 jours sur 7. A ma première traversée de l'atelier, j'ai vu le mannequin du Terminator, des dessins de The Thing, et des concepts pour Aliens sur le mur. J'ai excité de voir tout ce travail de si près et étais étonné par tous les artistes talentueux que Stan attirait. C'était un homme de spectacle infatigable et son atelier m'inspirait beaucoup. C'est ici que j'ai rencontré des gens qui ont changé ma vie. Shannon Shea, Gino Crognale, pour en nommer quelques uns. La quantité d'artistes que Stan à mis à jour est phénoménale. Steve Wang, Matt Rose, Mike Trcic, Dave Nelson, bien sûr Howard Berger et Bob Kurtzman qui sont devenus mes partenaires. Stan a élevé les effets de maquillage et les effets de créatures à un rang jamais atteint auparavant, en utilisant les maquillages, l'animatronique, et les marionnettes au plus haut point. C'est le mélange des techniques qui je pense contribue encore aujourd'hui, à l'interaction entre les différentes techniques comme les effets mécaniques et le digital. Toujours prendre les gens par surprise. Les faire s'interroger. Le travail sur Jurassic Park m'a carrément mis par terre. Pouvoir passer de cet impressionnant T-Rex mécanique à un T-Rex totalement numérique en un seul plan, c'est du pur génie. L'imagination de Stan et sa vision ont laissé un héritage qui va continuer à inspirer les réalisateurs et les spectateurs pour des dizaines d'années. Greg Nicotero »

Robert Kurtzman : « J'ai eu le grand privilège et le plaisir de travailler avec Stan tôt dans ma carrière sur Predator, Aliens, et l'invasion vient de Mars. Stan était une personne incroyablement généreuse, près de sa famille, et un artiste qui m'a donné l'opportunité, très jeune, d'apprendre de sa part et de la part de la talentueuse équipe du Stan Winston Studio. Ses créations m'ont inspiré, mais aussi ont inspiré toute une génération d'artistes. C'était un vrai magicien du cinéma et on ne l'oubliera jamais. Robert Kurtzman »

Steven Spielberg : « Stan Winston m'a toujours fait rire, et toujours au bon moment. Il attendait, comme dans un jeu, que tous les signaux soient là pour garantir une efficacité sans faille. A distance, il suivait mes pas sur le plateau. Il observait les signes de stress et de désordre, choses qui ne manquaient pas sur les tournages de films à effets spéciaux. Il s'arrangeait pour que personne ne le voie, et alors que j'étais sur le point de perdre mon calme, il m'appelait et quand je me retournais, il était là, assis sur ma chaise de réalisateur, en train de se faire couper les cheveux, manucurer, et fumant un cigare en lisant Variety. Et ça marchait à tous les coups ! On commençait alors à hurler, à rire très fort comme deux frères. J'adorais cet homme. On se sentait une âme de Willis O'Brien (effets spéciaux de King Kong 1933-[ndt]). Les dinosaures que lui et son équipe ont conçus, fabriqués, et rendus vivants, étaient autant de petites merveilles qui semblent manquer aux jours d'aujourd'hui. Tout comme les dinosaures du Jurassique ont souffert d'extinction, ils ont été remplacés par les créatures digitales qui apparaissent des mois après que l'équipe de tournage, les acteurs soient rentrés chez eux ou engagés sur d'autres films. C'est tellement plus compliqué d'obtenir une performance d'un acteur quand le méchant principal d'une histoire est représenté par deux tiges de 4.5 mètres de haut, recouvertes d'adhésif réfléchissant placé à intervalle régulier. Joey Mazello et Ariana Richards ont vraiment eu la frousse de leur vie dans Jurassic Park quand le T-Rex de Stan s'est baissé et a montré son œil à travers la vitre du Ford Explorer, à quelques centimètres d'eux. Ce sentiment s'est retrouvé maintes fois, de différentes manières, au cours du tournage, car les acteurs devaient jouer en présence de Triceratops, brachiosaures, dilophosaures et deux vélociraptors, tous grandeur nature, qui pouvait embuer une vitre entière d'un seul et puissant reniflement. C'était le monde de Stan Winston. C'était son Art. La prochaine fois qu'un (ou une) acteur (actrice) devra jouer l'effroi devant une croix en bois en forme de T, il (ou elle) se demandera, comme nous tous, « hey, mais où est donc Stan Winston ?» Depuis toutes ces années que je connaissais Stan et que j'ai travaillé avec lui, il devançait ses compétiteurs et de loin, créant des choses que personne n'avait jamais vu auparavant. Et j'ai 'voyagé' aux côtés cet esprit avant-gardiste, mais ce voyage n'était pas un voyage qu'il fallait payer, mais plutôt un voyage qu'un ami vous propose, quand il ouvre la portière côté passager et vous demande : « Où veux-tu aller ? » Steven Spielberg .»

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