DOCTOR STRANGE : Visite du tournage et entretien exclusif avec le producteur Stephen Broussard ! – 3ème Partie
Article Cinéma du Mercredi 21 Septembre 2016
Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau
Quand Kevin Feige nous avait parlé pour la première fois du projet DOCTOR STRANGE il y a quelques années, ce qui semblait l’exciter le plus était la perspective de transposer les délires graphiques de Steve Ditko sur le grand écran pour montrer les voyages du Docteur Strange dans d’autres dimensions. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la manière dont vous avez adapté ces illustrations en séquences avec les acteurs, et à quels types d’effets visuels vous avez eu recours ?
Avec plaisir. Il nous est arrivé de reprendre directement certains dessins psychédéliques de Steve Ditko que nous avions accrochés sur nos murs en guise de références dès le début du projet. Ils nous ont accompagné ainsi pendant les longs mois de développement narratif et visuel du film. Nous sommes particulièrement attachés aux dessins où l’on voit le Docteur Strange se rendre dans les dimensions des forces des ténèbres. Ces décors sont fascinants. Steve Ditko leur a donné un côté kaléidoscopique, avec des formes étranges qui se prolongent à l’infini, et des sortes de passerelles, de ponts qui flottent et qui permettent de se retrouver en face d’entités cosmiques…Ce qui est étonnant dans ces dessins, c’est l’approche de Dikto qui ne représente pas l’espace tel que nous le concevons, mais qui nous donne à voir malgré tout un décor dans lequel on peut imaginer pouvoir se déplacer en marchant comme au bord d’un précipice vertigineux. Aujourd’hui, grâce aux technologies des effets numériques, nous pouvons concrétiser ces images et nous inspirer de ces dessins. Il y a encore une dizaine d’années, nous aurions certainement du renoncer à les adapter en raison de leur côté délirant et foisonnant : cela aurait été trop compliqué et coûteux à représenter. Mais ce n’est plus le cas maintenant. Nous sommes libres de nous amuser à aller dans ces directions-là, et de rendre hommage à cet héritage de Marvel. Ce n’est pas un hasard si ces bandes dessinées du Docteur Strange ont eu un tel impact et continuent à avoir du succès aujourd’hui encore auprès des lecteurs !
Allez-vous mélanger les décors « solides » et les effets numériques pour représenter ces voyages dans les autres dimensions ?
Absolument. C’est précisément pour tourner les plans dont vous parlez et qui rendent hommage à Steve Ditko que Charles Wood et son équipe ont conçu et construit ces décors très élaborés. Benedict Cumberbatch était suspendu à des câbles pour donner l’impression de flotter dans cette autre dimension, aux côtés des éléments de décors présents sur le plateau, tandis que le reste de l’image allait être créé ultérieurement grâce à de nombreuses extensions numériques.
Benedict Cumberbatch, Tilda Swinton et Chiwetel Eijofor sont les derniers exemple en date de l’attrait des studios Marvel pour les acteurs anglais. Y a-t-il une raison particulière pour laquelle vous faites si souvent appel à des comédiens britanniques ?
(rires) Il n’y a pas de raison particulière pour expliquer cela, sinon le fait que nous sommes fans de leur travail ! Je précise d’ailleurs que Benedict joue le rôle de Stephen Strange avec un accent américain, car on apprend dans les comics que le personnage est originaire du Kansas. Benedict trouvait que c’était un défi nouveau et intéressant à relever.
Avez-vous déjà eu des retours de comédiens américains un peu agacés par cela ? Des acteurs qui vous auraient dit par exemple « J’aurais pu porter la cape tout aussi bien que Cumberbatch ! »
Non, en tous cas pas directement devant nous ! (rires) Mais comme de nos jours on produit des films pour le public du monde entier, je crois que nous nous rendrions un bien mauvais service si nous ne choisissions que des comédiens américains pour tenir les rôles principaux de nos films. Nous allons tout simplement solliciter les gens que nous aimons beaucoup, quelle que soit leur nationalité, et nos démarches ne dépendent d’aucune stratégie marketing préalable. Quand nous avons travaillé en 2008 sur notre toute première production, IRON MAN, nous avons choisi Robert Downey Jr, Jeff Bridges et Gwyneth Paltrow parce qu’ils étaient les meilleurs acteurs en mesure de tenir ces rôles. Une fois que vous arrivez à réunir des comédiens aussi doués et aussi intéressants devant la caméra, vous savez qu’une bonne partie du travail va se faire quasiment toute seule, et que le metteur en scène pourra se focaliser sur la mise en image et le rythme visuel du film.
Mads Mikkelsen faisait partie des acteurs pressentis pour jouer le rôle de Malekith dans THOR : LE MONDE DES TÉNÈBRES. Est-ce parce qu’il n’a pas travaillé avec Marvel sur ce projet-là que vous avez pensé à lui pour incarner l’adversaire du Docteur Strange ?
Nous avons toujours été fans de son travail et je me souviens que si nos discussions au sujet de THOR : LE MONDE DES TÉNÈBRES ne sont pas allées très loin, c’était tout simplement pour des questions d’emploi du temps : Mads ne pouvait pas se rendre disponible pour ce projet-là. Mais cela nous avait donné l’occasion de le rencontrer et d’avoir un très bon contact avec lui. Depuis, il est toujours resté « sur notre écran radar » et nous avons été ravis qu’il accepte de jouer dans DOCTOR STRANGE. Sa prestation dans le film est sensationnelle. Tous les acteurs du film sont des gens qui sont habitués à se donner à fond, et nous leur faisons tourner de nombreuses scènes assez éprouvantes physiquement. Ils se battent beaucoup, tombent, prennent des coups… Bref, nous les martyrisons ! (rires) Mais ils se sont tous prêtés de bonne grâce à ces cascades, en se préparant à l’avance pour être dans une forme physique optimale pendant le tournage. Benedict Cumberbatch quittait la scène du théâtre où il interprétait HAMLET jusqu’en octobre 2015 pour venir se préparer pour notre film. A ce moment-là, il jouait encore cette pièce de trois heures huit fois par semaine, dont deux représentations les samedis. C’était un marathon incroyable! Idem pour Chiwetel Ejiofor, qui joue actuellement dans la pièce EVERYMAN à Londres tout en incarnant le Baron Mordo dans notre film. Cette pièce est très physique, et l’oblige à bondir et à sauter tous les soir pendant 1h40, alors que pendant la journée, nous le suspendons à des câbles et nous lui faisons tourner des scènes de combat très fatigantes. Franchement, je dois avouer que je me sens parfois coupable de lui demander de faire autant d’efforts alors que je sais qu’une soirée très éprouvante l’attend ensuite au théâtre, mais comme Benedict, Chiwetel est un véritable athlète au sommet de sa forme et de son art. D’ailleurs Benedict et Chiwetel n’ont jamais refusé de faire la moindre cascade. Je précise bien sûr que si ce que nous leur demandons d’accomplir est fatigant, tout a été prévu pour que cela ne leur fasse courir strictement aucun risque. Mads est de la même trempe : très courageux et toujours partant pour tourner des scènes d’action, même s’il doit se retrouver suspendu à 6 ou 7 mètres au-dessus du plateau !
La suite de notre avant-première DOCTOR STRANGE apparaîtra bientôt comme par magie sur ESI.