Exclusif : Dans les coulisses du CHOC DES TITANS - Entretien avec Gemma Arterton
Article Cinéma du Mercredi 07 Avril 2010
C’est en juin 2009 que nous nous étions rendus dans les studios anglais de Shepperton et Leavesden pour assister au tournage du CHOC DES TITANS, l’un des événements cinématographiques de 2010. Dans les précédentes parties du récit de notre visite, nous nous sommes entretenus avec les producteurs, puis avec les équipes de la décoration, des maquillages spéciaux et des effets animatroniques. Aujourd’hui, nous allons rencontrer l’héroïne de cette grande aventure mythologique…
Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau
Des décors titanesques
Après notre visite des ateliers, nous découvrons le décor du palais où la seconde équipe tourne aujourd’hui les plans de réaction à l’apparition de Hadès, le dieu des enfers. La première partie du décor est une petite basilique de marbre blanc aux murs cylindriques, dédiée à Zeus, qui s’ouvre sur une gigantesque salle aux murs soutenus de part et d’autre par deux séries de statues géantes de 10 mètres de haut, tenant les supports de flambeaux. Martin Laing, le chef décorateur, dont nous avions pu admirer le travail sur LA CITE DE L’OMBRE et TERMINATOR RENAISSANCE a créé une fois encore des environnements très impressionnants. L’équipe de tournage est prête, les figurants se mettent en place de part et d’autre du bassin qui occupe la partie centrale de la salle, et on met en route de puissants ventilateurs. On entend « Moteur ! » puis « Action ! » et les figurants font mine d’être stupéfaits, et de vaciller sur leurs pieds tandis que les femmes en tuniques crient et tentent de s’abriter derrière les colonnes. Des vases et d’autres accessoires tombent et roulent sur le sol, emportés par les bourrasques de vent qui déferlent sur le plateau. Le réalisateur de seconde équipe crie « Cut ! » et nous donne ainsi la possibilité de bouger à nouveau pour aller explorer le plateau voisin , où nous découvrons le décor du repaire de la Gorgone. Situé à l’intérieur d’une vaste caverne, il surplombe un fleuve de lave. La partie qui a été construite et devant laquelle nous nous trouvons témoigne de cette violente activité volcanique : un effondrement de terrain a incliné le temple de Medusa. Toutes ses colonnes se présentent de biais, ce qui doit rendre le combat contre la créature à la chevelure de serpents encore plus périlleux. Notre accompagnatrice, qui a assisté au tournage de la bataille, a l’air sincèrement impressionnée par ce qu’elle a vu. Selon elle, de tous les acteurs de la distribution, c’est Gemma Arterton, que nous avions brièvement découverte dans QUANTUM OF SOLACE, qui exécutait ses cascades avec le plus de fougue, notamment quand il s’agissait de courir ! C’est justement avec cette ravissante jeune femme que nous avons rendez-vous…Elle arrive dans la salle vêtue de sa tunique et de ses sandalettes aux lacets de cuir, tout sourire…comme nous en la voyant dans cette charmante tenue !
Le tournage du CHOC DES TITANS n’est pas de tout repos pour vous : vous devez vous battre, réagir à la présence d’énormes monstres, et même vous lancer dans un sprint au sommet de hautes montagnes…
Oui, c’est peut-être ce qui a été le plus difficile, à cause de la diminution du taux d’oxygène dans l’air à 2500 mètres d’altitude. Mais il se trouve que c’était moi qui courait la plus vite ! Je dépassais facilement Sam Worthington et Mads Mikkelsen, et cela n’a pas été une situation facile à accepter pour eux…Ils étaient vexés qu’une fille les dépasse à la course ! C’était très amusant. Bien sûr, le jour où l’on nous a demandé de courir là-haut en escaladant une pente, nous avons moins ri… Avec le manque d’oxygène, on perd haleine très vite. Je me souviens qu’en lisant le script la première fois, je me suis dit « Aïe. Cette scène-là va être épuisante à tourner, mais on ne va pas y couper. ». Le jour dit, nous n’avons pu la tourner que quatre fois de suite, car nous avions trop de difficultés à reprendre notre souffle. Pendant le tournage, j’ai découvert que de nombreux athlètes viennent justement s’entraîner là, en haute altitude, pour s’imposer les conditions les plus dures…Il a fallu aussi que je dégringole le long de la pente d’un volcan éteint, et que je courre sur ces petits graviers, qui m’écorchaient les pieds en se logeant dans mes sandales. Mais j’ai adoré tourner ces scènes d’action.
Avez-vous dû suivre un entraînement physique particulier avant le tournage, afin de vous préparer à faire ces cascades vous-même ?
Pas vraiment. Je fais un peu de gymnastique, de temps en temps, mais pas de manière assidue, ni pendant de longues séances. Je me défends quant il s’agit de faire des efforts pendant un moment assez bref, comme pendant un sprint. Mais ne comptez pas sur moi pour courir un marathon !
Comment était-ce de tourner avec tous ces acteurs, alors que vous étiez la seule femme du groupe ?
Très sympathique. Même si les garçons avaient tendance à se lancer des plaisanteries typiquement masculines, ils changeaient d’attitude quand je protestais en disant « Hé n’oubliez pas qu’il y a une fille parmi vous ! ». Ils m’ont rapidement incluse dans leur groupe et nous nous sommes très bien entendus.
Que pouvez-nous dire à propos de votre personnage ?
Mon personnage, Io, est une demi-déesse. C’est un personnage énigmatique. Au début du film, on ne sait pas exactement qui elle est et quelles sont ses motivations. Elle est prisonnière du monde des humains, et elle aide Persée lors de son voyage. Elle le guide, et lui donne des informations précieuses, comme un ange gardien. Mais elle a aussi ses propres raisons de l’aider. Il y a un mystère qui l’entoure, et on ne sait pas s’il faut lui faire totalement confiance. Io possède des pouvoirs magiques, comme le don de guérir les blessures. Je l’aime beaucoup, car elle est capable de beaucoup d’empathie. Etant exilée sur terre, elle est triste et espère pouvoir côtoyer à nouveau les dieux dans le futur. Elle est immortelle et ne change pas d’aspect physique, ce qui l’empêche d’établir des relations durables avec des mortels. C’est intéressant de jouer des personnages qui sont à la fois des dieux et des humains, comme Io et Persée, car ils possèdent autant de qualités divines que de fragilités humaines. En tant qu’actrice, j’ai adoré jouer ce double aspect de la personnalité de Io. J’ai travaillé sur ses émotions, et sur son passé pour nourrir mon interprétation.
Que pouvez-vous nous révéler de ses motivations ?
Io mène une mission, tout comme Persée. Mais ce n’est pas exactement la même. Quant on lit les récits de la mythologie grecque, on apprend que Io était à l’origine une humaine qui fut séduite par Zeus. Par la suite, Zeus l’a transformée en vache, pour la soustraire à la colère de Hera, son épouse. Elle est restée ainsi captive de cette apparence pendant des années, avant que Zeus ne lui rende son apparence humaine, tout en lui donnant l’immortalité. Io a donc une revanche à prendre sur les dieux. Ces dieux qui croient qu’ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent, et jouent impunément avec la vie des humains. Elle déteste la frivolité avec laquelle ils utilisent leurs pouvoirs. Io se joint donc à la mission de Persée, qui a pour but de défier les dieux et de leur prouver qu’ils ont eu tort d’agir ainsi. C’est leur but commun. Et pour l’aider, elle va mettre ses pouvoirs dans la balance.
Y a t’il un lien amoureux qui se noue entre elle et Persée, au cours du voyage ?
Disons que nous flirtons un peu. Mais moins que dans la première version du script que j’avais lue, qui décrivait une vraie relation amoureuse entre les deux personnages. Depuis, le script a été retravaillé et amélioré, et certains éléments ont été modifiés, dont cette relation. A présent, Io et Persée s’observent et se jaugent pendant le voyage, en restant toujours un peu méfiants. Mais ils se lancent aussi des plaisanteries parce qu’ils s’estiment. Io a plus de 800 ans, et comme vous pouvez l’imaginer, elle a acquis beaucoup de sagesse et d’expérience de la vie. Ce qui l’amène à critiquer certains aspects du comportement de Persée, qu’elle juge parfois trop impulsif. Mais ils ont cependant de nombreux points communs, à commencer par le fait d’être tous deux des demi-dieux. Disons qu’ils s’apportent mutuellement beaucoup de choses. Ce que j’ai aimé dans le script, c’est que leur relation est décrite de manière subtile et non pas évidente.
Avez-vous eu l’occasion de tourner avec Liam Neeson, qui incarne Zeus ?
Non, hélas, car mon personnage ne rencontre pas Zeus dans le film. J’en aurais été ravie, car Liam est un acteur de légende. Io étant exilée sur terre, cette rencontre était impossible. J’étais un peu frustrée de ne pas avoir la chance de les côtoyer, mais j’ai eu tout de même la chance de recevoir les conseils d’autres acteurs expérimentés comme Mads Mikkelsen et Liam Cunningham.
N’avez-vous pas envie de vous pincer quelquefois, quand vous songez au fait que vous avez terminé vos études d’art dramatique il y a deux ans, et qu’aujourd’hui, vous faites parties des deux plus gros films de 2010, PRINCE OF PERSIA et LE CHOC DES TITANS ?
Oh si, j’y pense tous les jours ! Mais je ne peux pas me permettre de trop y songer, car cela risquerait de me déconcentrer. Je me focalise sur mon travail quotidien. Je suis maquillée, coiffée et je porte mon costume pour jouer une demi-déesse sur un plateau de cinéma. C’est cela mon objectif du moment. On verra bien ce qui se passera quand PRINCE OF PERSIA et LE CHOC DES TITANS sortiront en salles. Ce qui rend les choses encore plus étranges pour moi, c’est que je suis une grande fan du CHOC DES TITANS. Je l’adorais quand j’étais enfant !
Mais vous n’étiez pas née quand le film est sorti !
Oui, mais mes parents l’avaient enregistré en VHS quand il était passé sur BBC 1 ! Je ne peux pas vois dire combien de fois j’ai regardé cette cassette, sur laquelle il n’y avait même pas le début du film ! Ma sœur et moi avions appris des passages entiers des dialogues. Nous étions capables de les réciter au mot près ! (rires) Nous étions toutes les deux amoureuses de Harry Hamlin (L’interprête de Persée, NDLR). Il y a deux ans, j’étais encore à l’école d’arts dramatiques, et je jouais des scènes d’une pièce de Tchékov. Je n’imaginais pas le moins du monde que je tournerais dans une nouvelle version du CHOC DES TITANS, que j’avais vu plus de 50 fois quand j’étais enfant ! Ce qui m’est arrivé est assez extraordinaire.
Ce qui est frappant, c’est que vous vous retrouvez dans deux films qui ont beaucoup de points communs…
Oui. PRINCE OF PERSIA et LE CHOC DES TITANS sont des aventures épiques, pleines de magie, d’action et de créatures surnaturelles. Cependant, mon personnage de PRINCE OF PERSIA est très différent. Tamina est une jeune femme farouche et batailleuse, toujours prête à vivre de nouvelles aventures. Elle est dotée d’un bon sens de l’humour, et a l’occasion de lancer des réparties comiques au héros, le prince Dastan. Dans PRINCE OF PERSIA , c’est surtout l’action débridée et l’atmosphère des mille et une nuits qui est mise en avant, tandis que dans LE CHOC DES TITANS, on illustre aussi les grands personnages de la mythologie grecque, ce qui impose plus de sérieux entre les scènes d’action et les combats contre les créatures. Nous racontons une histoire épique tout en respectant ce patrimoine culturel. Il y a aussi de l’humour dans LE CHOC DES TITANS, mais il naît des situations qui existent dans ce monde où les mortels et les dieux s’affrontent. Il est basé sur des éléments mystiques. Les deux tournages ont été des expériences très différentes.
Les deux films s’adressent au même public…
Oui. Je crois qu’ils pourront satisfaire un très large public, des enfants aux adultes, car il y a des allusions, des relations entre les personnages et des thèmes qui plairont aux adultes.
Quand vous regardiez la VHS du CHOC DES TITANS pendant votre enfance, quel personnage jouiez-vous ?
(rires) Je jouais toujours le rôle de Persée ! (rires) Je me souviens que ce qui m’amusait dans la façon de jouer de Harry Hamlin, c’est qu’il chuchotait souvent son texte, et citait presque toujours les noms des autres personnages. (Gemma Arterton se met à chuchoter tout bas pour imiter l’acteur) « Andromeda…Pegasus…Il faut tuer Medusa… » (rires) Faites-y attention quand vous reverrez le film une prochaine fois, vous vous rendrez compte qu’il chuchote tout le temps ! C’est vraiment amusant ! Il le fait si souvent que ça nous faisait mourir de rire, ma sœur et moi ! Mais mon personnage préféré était Thetis, incarnée par Maggie Smith. Je la trouvais superbement digne et charismatique. Il émanait d’elle ce côté autoritaire et sévère qui convenait parfaitement à son personnage de déesse.
