Exclusif : Entretien avec Robert Rodriguez, producteur de PREDATORS - Seconde Partie
Article Cinéma du Dimanche 11 Juillet 2010

Retrouvez la première partie de cet entretien


Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Le fait que Nimrod Antal n’ait pas tourné de films « à effets spéciaux » auparavant vous a t’il un peu inquiété, compte tenu des délais de tournage très serrés dont vous disposiez ?

Non pas vraiment, parce que Nimrod a préparé le tournage avec toutes nos équipes habituelles, qui sont parfaitement rôdées. Greg Nicotero et le staff de KNB lui a expliqué tout ce qu’il devait savoir sur les maquillages et les effets animatroniques, et mon équipe de concepteurs et d’infographistes 2D/3D l’avait briefé aussi. Nimrod apprend très vite, et comme tout avait été préparé en amont, il n’y a eu aucune difficulté pendant le tournage.

Est-ce que le casting de « tueurs » que vous avez réunis est une sorte d’hommage aux différents genres cinématographiques que vous aimez ?

Oui, au tout début, c’était le cas…Quand les scénaristes ont commencé à jeter sur le papier les premières idées pour le nouveau script, ils se sont dits « Ce serait super si nous avions un personnage comme celui de Bill Paxton dans ALIENS, nous pourrions reprendre aussi celui de Machete et demander à Danny Trejo de le jouer, etc.. » En discutant de cela avec eux, je me suis pris au jeu, et j’ai suggéré qu’il y ait un espion dans le style de James Bond, mais nous avons bien sûr changé tout cela et créé des personnages réalistes en fin de compte.

Votre société de production et vos équipes de tournage réunies au sein de Troublemaker Studios réussissent à créer des décors et des effets visuels très impressionnants en tirant le meilleur parti des budgets raisonnables qui leur sont confiés. Pourriez-vous nous dire comment vous réussissez à accomplir cela ?

Je crois que cela tient à la manière dont je fais des films, et ce depuis EL MARIACHI.  Nous essayons de ne pas gâcher l’argent que l’on nous confie et de créer des films visuellement impressionnants pour un budget inférieur à celui que les grands studios investissent habituellement dans des productions de ce type. C’est la raison pour laquelle on nous fait confiance, et c’est aussi le meilleur moyen de pouvoir travailler tranquillement. Quand le studio sait que son argent est dépensé sagement, tout le monde est plus décontracté ! Dans la plupart des cas, nous parvenons même à tourner nos films pour un budget inférieur à celui qui était prévu, ce qui rend le studio encore plus heureux ! (rires) L’un de nos atouts, c’est que nous employons  beaucoup de gens qui savent faire des choses variées, qui ont plus d’une corde à leur arc. Autrement dit, il y a moins de gens chez nous, mais ils font plus de choses que dans les studios habituels. Et comme nous travaillons ensemble depuis longtemps, il n’y a pas de quiproquos ni d’erreurs de communication coûteuse. De mon côté aussi, je fais plusieurs choses : j’aide à concevoir les décors, et je m’occupe de la direction de la photographie tout en réalisant, ce qui permet d’avancer plus vite pendant une journée de tournage et de ne filmer uniquement que ce dont j’ai besoin, et que j’utiliserai au montage. Ce point est particulièrement important pour réussir à faire des économies de budget, car c’est autant de pellicule utilisée et développée en moins… Et toutes ces petites choses s’ajoutent et permettent d’obtenir davantage de choses pour moins d’argent.

Vous a t’on incité à réaliser le film en 3-D Relief à un moment donné ?

Il est possible que le studio l’ait mentionné, mais à vrai dire, je ne m’en souviens plus. Quoi qu’il en soit, les délais de tournage étaient si serrés que filmer PREDATORS en 3-D Relief était strictement impossible. De plus, nous avions conçu le film pour qu’il ait un rythme de montage très rapide, qui n’était pas du tout adapté à une perception 3-D. Il aurait fallu tout reprendre à zéro dans la conception de chaque séquence, et c’était inenvisageable.

Pouvez-vous nous parler du design des predators ? Etes-vous resté fidèle au personnage conçu par Stan Winston avec l’aide de James Cameron, ou êtes-vous allé dans de nouvelles directions ?

Comme je vous le disais précédemment, nous montrons un predator « classique » dans le film, proche de celui du premier épisode. Mais comme nous mettons aussi en scène trois predators issus d’une autre tribu, nous nous sommes permis de leur donner un design différent. Ils sont plus grands, plus élancés, et leurs visages sont beaucoup plus effrayants. Leurs dreadlocks, par exemple, sont dirigées vers l’arrière de leur têtes, ce qui leur donne une forme plus allongée. Quand vous découvrirez les nouveaux predators dans le film, vous vous écrierez sans doute « Mon dieu qu’ils sont laids ! », ce qui voudra dire que Greg Nicotero aura bien fait son travail ! (rires) L’un des chasseurs est un maître-chien qui utilise une meute de chiens monstrueux pour rabattre les proies. Un autre predator, que nous avons surnommé « le fauconnier » utilise un drône volant équipé d’une caméra pour repérer les humains. Il voit tout ce que voit le drône. Et le troisième, que nous avons surnommé « Mr Black », parce que son armure est très sombre, est le chef du trio. C’est le pire de tous et le plus impitoyable !

Vous avez dit que vous avez tenu à utiliser les effets spéciaux réalisés « en direct » le plus souvent possible. Il existe cependant une tendance à Hollywood qui consiste à utiliser massivement les effets 3D. Et certains réalisateurs disent que, selon eux, le public ne croit plus aux effets de maquillage ni aux animatroniques. Comment vous situez-vous par rapport à cela ?

J’aime toujours les effets réalisés en direct. De toutes manières, vous avez toujours besoin d’une base réelle pour intervenir sur une image, quelle qu’elle soit, même si vous utilisez de la 3D au final pour réaliser cet effet-là. C’est justement en agissant ainsi que vous pouvez « brouiller les pistes » et éviter que les plans truqués numériquement paraissent artificiels. Tout ce que vous produisez en 3D doit être lié à la lumière, aux ombres, aux mouvements, aux textures de ce qui a été filmé « en vrai ». Ce n’est que comme cela que vous pouvez parvenir à un résultat réaliste. Pour ma part, je considère que la seule méthode viable consiste à mélanger constamment les techniques, en alternant maquillages, animations animatroniques, créatures en costumes incarnées par des acteurs et créatures et parties d’environnements 3D, en ne prenant que le meilleur de ce que chaque technique peut offrir. C’est ainsi que nous avons créé les chiens predators : à la fois en animatronique pour les gros plans et les interactions avec les comédiens, et en 3D dans toutes les scènes où on les voit courir. En revanche, je ne crois pas du tout à une approche 100% 3D ou 100% animatronique.

Avez-vous tenté de contacter Arnold Schwarzenegger au début du projet, pour lui proposer de faire une apparition en forme de clin d’œil dans le film, comme dans TERMINATOR RENAISSANCE ?

Non, d’abord parce que je savais qu’il était trop occupé par son job de gouverneur de Californie, et ensuite parce que nous n’avions pas le budget pour le reconstituer en 3D ! (rires)

[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share


.