Les chroniques de Narnia : l'autre grand classique de l'heroic fantasy Anglaise
Article Cinéma du Dimanche 01 Juin 2008

Par Pascal Pinteau

Si l'on n'a plus à présenter la saga littéraire du Seigneur des anneaux, Les Chroniques de Narnia, plus confidentielles en France, se sont fait connaître grâce à la sortie de la superproduction des studios Disney. L'auteur de ces romans destinés à la jeunesse est Clive Staples Lewis, né en 1898 à Belfast, en Irlande.



Naissance d'un auteur

Dévorant les livres de la bibliothèque familiale pendant son enfance, C.S. Lewis nourrit si bien son imagination qu'il ressent vite le besoin de s'exprimer. Dès 8 ans, il imagine avec son frère un royaume animalier fantastique qu'il baptise Boxen. Sa mère disparaît lorsqu?fil a 9 ans, et son père l'envoie faire ses études en Angleterre. Romantique et timide, Lewis se passionne pour la mythologie nordique et la musique de Wagner. Il découvre la littérature classique et particulièrement pour les récits d'Homère. Il est admis à l'université d'Oxford en 1916, puis s'engage dans l'armée en 1917. Il découvre l'horreur des combats de tranchées dans la Somme, pendant la première guerre mondiale, mais restera marqué par l'esprit de solidarité de ses compagnons d'infortune. En 1919, Lewis reprend de brillantes études de lettres classiques, de philosophie et de littérature anglaise à Oxford. La même année paraît son premier recueil de poésie, Spirits in Bondage. Il abandonne la poésie en 1926, à la suite du manque de succès de Dymer, son second recueil. Après avoir été fermement athée, Lewis entame alors une longue quête spirituelle. Il décide de se convertir au catholicisme (alors que sa famille était protestante) le 29 septembre 1931, après avoir longuement discuté de la valeur des mythes avec ses collègues et amis d'Oxford, parmi lesquels se trouve J.R.R. Tolkien, le futur auteur du Seigneur des anneaux. Il décrit sa conversion de manière humoristique dans Le Retour du pèlerin, qui sera son premier ouvrage religieux. En 1933 se forme à Oxford un petit cercle littéraire nommé « The Inklings » (que l'on pourrait traduire par « le peuple de l'encre »). Tolkien y débattra de ses premières ébauches du Seigneur des anneaux avec ses compagnons, mais aussi des grands thèmes de la littérature et de la mythologie. Il a certainement incité Lewis à s'intéresser à l'imaginaire pur.

Premiers pas dans l'imaginaire

En 1938, Lewis se lance dans le roman de science-fiction et publie Au-delà de la planète silencieuse, dont il a longuement débattu avec les Inklings avant sa parution. Lorsque la seconde guerre mondiale commence, un éditeur lui commande un livre sur le thème de la souffrance, faisant écho à la déclaration de Winston Churchill - « je ne vous promets que du sang, de la sueur et des larmes » - lorsqu'il annonça au peuple Anglais sa décision de ne jamais capituler devant l'Allemagne Nazie. Le Problème de la souffrance (1940) donne à C.S. Lewis l'occasion d'exposer les doctrines chrétiennes traditionnelles sur le pêché et la rédemption. Le succès de ce livre lui vaut d'être engagé par la BBC pour animer quatre séries de conférences radiodiffusées entre 1941 et 1944. Lewis devient alors célèbre dans le monde Anglo-saxon en tant que défenseur de la foi chrétienne. Il donne aussi une tournure plus religieuse à ses romans de science-fiction Perelandra (1943) et Cette hideuse Puissance (1945) et même, dans une veine plus ironique, à La tactique du diable, qui rassemble les courriers d'un démon ! C'est en 1950, pour faire plaisir à sa filleule, qu'il publie un roman pour enfants intitulé L'Armoire magique, qui sera le premier volume des Chroniques de Narnia. Le titre original The Lion, the witch and the wardrobe (Le lion, la sorcière et la garde-robe) décrit mieux la nature fantastique de cette œuvre qui débute par une évocation de la seconde guerre mondiale, dont les échos occupent encore tous les esprits. Au début de l'histoire, quatre frères et sœurs - Lucy, Peter, Susan et Edmund - découvrent une armoire magique chez un vieux professeur qui les accueille pendant les bombardements sur Londres. En pénétrant dans cette armoire au cours d'une partie de cache-cache, Lucy, la benjamine, est la première à franchir le seuil du monde de Narnia. Elle découvre alors un réverbère situé au cœur d'une forêt enneigée et rencontre un jeune faune abrité sous un parapluie. Le faune apprend à Lucy que le royaume de Narnia vit sous la coupe de l'impitoyable sorcière blanche qui répand partout le froid et la terreur. Mais plusieurs créatures luttent en secret et attendent le retour du Lion Aslan, qui placera un jour les fils d'Adam et les filles d'Eve sur le trône de Narnia... L'Armoire magique permet à C.S. Lewis de mettre en place un vaste monde médiéval et de présenter les créatures mythologiques qui le peuplent : des faunes, des centaures et des animaux parlants (typiques dans la littérature enfantine Anglaise). Lewis alterne habilement les scènes de combats, de suspense, de découverte, et de manifestations de la magie. Les lecteurs sont enchantés et le livre remporte aussitôt un vif succès. Etonné par ce succès inespéré, surgissant soudain à la fin d'une carrière déjà longue, C.S. Lewis publie alors six autres livres sur le monde fantastique de Narnia, à la cadence d?fun ouvrage par an ! Les différents épisodes des Chroniques de Narnia allient la fraîcheur des contes et des légendes, à la majesté solennelle des plus belles mythologies. Même si certains personnages sont récurrents, c'est le monde de Narnia et son fondateur le lion Aslan qui constituent le fil rouge de l'œuvre, tandis que le lecteur croise en chemin des êtres attachants en quête de merveilleux. On pourra certes reprocher à C.S. Lewis son côté moralisateur, ses références chrétiennes (les apparitions du Lion Aslan évoquent celles du Christ), son obsession des règles de la politesse et du savoir-vivre, et sa description idéalisée du mode de vie Anglo-Saxon, mais personne ne pourra contester son génie de conteur ! Les sept tomes des Chroniques de Narnia - L'armoire magique, Le cheval de son écuyer, Le prince Caspian, L'odyssée du passeur d'aurore, le fauteuil d'argent, La dernière bataille et Le neveu du magicien - sont des classiques incontournables de l'heroic fantasy. (Signalons que L'Armoire magique n'est pas réellement le premier récit de la saga, même s'il est le premier paru. C.S. Lewis a en effet écrit en 1956 une « préquelle », Le Neveu du magicien, dans laquelle il révèle la genèse du monde de Narnia. Il est donc préférable de découvrir l'œuvre en commençant par ce volume.) En 1954, Lewis quitte Oxford et accepte la chaire de littérature médiévale à Cambridge. Ses dernières œuvres - Un Visage pour l'éternité (1956), Réflexions sur les psaumes (1957) - confrontent l'homme moderne à l'absurdité apparente de l'univers. Il disparaît le 22 novembre 1963 et est enterré dans le cimetière de l'église de la Sainte Trinité d'Oxford.

De nombreuses adaptations

Devenues des titres de référence de la littérature enfantine Anglo-Saxonne, Les Chroniques de Narnia ont été adaptées de multiples manières au cours des cinquantes dernières années. La BBC a présenté plusieurs adaptations radiophoniques de l'œuvre de C.S. Lewis. Une pièce de théâtre comprenant des chansons et des numéros musicaux a été conçue par Adrian Mitchell à partir de L'armoire magique. Elle a été représentée régulièrement en Grande-Bretagne, en Australie et aux Etats-Unis, mais aussi en Norvège et en Indonésie. En 1988, la BBC avait transposé The Lion, the Witch and the Wardrobe en une mini-série de trois heures. Réalisée par Marilyn Fox, cette production soignée et pleine de charme remporta un grand succès lors de sa diffusion, et compta parmi les titres vidéo les plus vendus en Angleterre. Aujourd'hui, il faut faire preuve d'un peu d'indulgence lorsque l'on découvre ce programme : si les costumes et les décors sont réussis, certains maquillages – notamment ceux des acteurs qui jouent les castors – sont terriblement ratés. Heureusement, le lion Aslan est représenté par un personnage animatronique bien animé, au port majestueux. Les jeunes acteurs - Richard Dempsey, Sophie Cook, Jonathan R. Scott et Sophie Wilcox – s'acquittent bien des rôles principaux et Barbara Kellerman campe une sorcière blanche fort inquiétante.

Les rendez-vous manqués de Disney

Ce n'est pas un hasard si les studios Disney ont choisi de produire l'adaptation cinématographique des Chroniques de Narnia. Les patrons de Mickey sont en effet passés successivement à côté des deux plus grandes franchises Anglaises de ces dernières années : Harry Potter, et Le seigneur des anneaux ! Pour la petite histoire, il est amusant de savoir que le département édition de Disney a eu la possibilité de lire le premier volume des aventures d'Harry Potter alors que le livre remportait déjà un beau succès en Angleterre. Mais plutôt que d'en acheter les droits pour les USA, la responsable de l'époque déclara simplement que Harry Potter « était trop typiquement Anglais pour intéresser les enfants ailleurs dans le monde » ! On imagine le profit que Disney aurait pu tirer d'une décision contraire, en adaptant non seulement les aventures d'Harry au cinéma mais aussi sous la forme d'attractions et de spectacles dans ses nombreux parcs à thème. Et ne parlons même pas des comédies musicales que Disney présente régulièrement à Broadway ! Quant au Seigneur des Anneaux, on se rappelle que c'est la société Miramax, qui appartient au groupe Disney et qui était alors dirigée par les frères Weinstein, qui a entamé le processus de développement des films avec Peter Jackson. Mais Michael Eisner, le PDG de Disney, a vite déchanté en découvrant le budget nécessaire pour transposer à l'écran le monde de Tolkien. Après avoir tenté de convaincre Peter Jackson de condenser les trois épisodes du récit en deux films, Eisner a tout simplement mis un terme au projet, pour le plus grand bonheur du PDG de New Line, qui l?fa aussitôt récupéré. Autant dire qu'après ces deux occasions ratées, Disney ne pouvait pas se permettre de ne pas acheter les droits cinématographiques de Narnia, ni de consacrer à cette adaptation un énorme budget ! Les spectateurs visés se divisent en trois catégories : il s'agit, d'une part, des lecteurs de l'œuvre de Lewis (qui se comptent par dizaines de millions), des spectateurs qui ont aimé Le seigneur des Anneaux (Disney a d'ailleurs confié aux studios Weta le soin de réaliser des effets visuels aussi percutants que ceux de la trilogie de Peter Jackson), et du public chrétien que le marché Américain du divertissement courtise de plus en plus. L'engagement religieux bien connu de C.S. Lewis est donc largement mis en avant dans tous les médias Chrétiens aux USA. En dehors de toute polémique, rappelons toutefois que Les Chroniques de Narnia ne sont pas une œuvre de propagande religieuse, mais avant tout un superbe divertissement, destiné à tous les publics. L'immense succès remporté par ce premier volet prouve que le talent de conteur de C.S. Lewis séduit autant les spectateurs du 21ème siècle que les lecteurs du 20ème !

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Le monde de Narnia : Entretien avec Douglas Gresham

Propos recueillis et traduits par Jérémie Noyer

C’est à l’âge de huit ans que le jeune Douglas Gresham fait la connaissance de l’auteur des livres qui l’ont fait rêver, C.S. Lewis. Après avoir quitté un père alcoolique, violent et volage, le petit américain suit sa mère en Angleterre pour rencontrer l’auteur anglais avec lequel elle correspondait depuis un certain temps et qu’elle épousera quelques temps plus tard. Déception pour le jeune garçon qui s’imaginait rencontrer un chevalier en armure à l’image du Roi Peter et non un universitaire bonhomme. Malgré tout, le courant passe avec ce gentleman finalement drôle et chaleureux à la renommée duquel il vouera bientôt sa vie. Une attention de tous les instants envers un héritage précieusement préservé dont il supervise toutes les manifestations, écrits, films et même jeux vidéo…

Comment avez-vous découvert le monde de Narnia?

C'est d'abord ma maman qui m'a lu L'Armoire Magique peu de temps après sa publication, en 1950. J'étais un petit garçon à l'époque et je me suis mis ensuite à lire chacune des autres Chroniques à mesure qu'elles sortaient.

Vous qui avez vécu avec C.S. Lewis, savez-vous si l'Armoire Magique existe réellement?...

Pour ce que j'en sais, je pense malheureusement qu'il ne s'agit que d'un artifice littéraire pour faire passer quatre enfants de notre monde à celui de Narnia. Il se trouve que deux universités américaines se targuent chacune de posséder la véritable Armoire Magique, mais il ne s'agit en fait que d'armoires bien banales qui se trouvaient dans notre maison à Oxford!...

Vous participez avec la C.S. Lewis company à valoriser et pérenniser l'héritage littéraire de votre beau-père. Pouvez-vous nous en parler?

Jack est décédé alors que je n'avais que 18 ans et son héritage ne faisait pas vraiment partie de mes préoccupations à cet âge. Mais lorsque son frère nous a quittés dix ans plus tard, l'agent littéraire en charge des droits des œuvres de C.S. Lewis a commencé à me consulter sur différents aspects, et c'est ainsi que je me suis de plus en plus investi dans ce travail. Très vite, au vu de l'évolution de nos sociétés, je me suis rendu compte qu'il fallait fonder une véritable compagnie dont le rôle serait de promouvoir l'ensemble de l'œuvre littéraire de Jack, ses Chroniques, bien sûr, mais également tous ses autres écrits, afin de les rendre accessibles au plus grand public. Mon ambition personnelle était aussi depuis le départ de faire en sorte que ces histoires puissent passer sur grand écran. Comme vous le savez, cela est bien partie, et je pense que cela va me tenir occupé pour le restant de mes jours!

On comprend mieux votre investissement sur le film produit par Disney et Walden Media.

C'est un projet que je nourris depuis de très nombreuses années, et je pense que Dieu m'a fait attendre autant pour faire en sorte que la technologie soit enfin là pour faire justice à ces histoires magnifiques. J'ai eu aussi de la chance qu'il mette sur mon chemin Walden Media, une compagnie qui produit des films dans le même esprit que nous, des films familiaux qui éduquent et distraient en même temps.

Les Chroniques de Narnia sont considérées par certains comme une véritable métaphore biblique. Qu'en pensez-vous?

Je pense que c'est inévitable pour quelqu'un comme Jack qui a consacré sa vie si profondément au Christ. Tout ce vous écrivez ne peut qu'être inspiré par votre foi.

Mais ce ne fut pas toujours le cas. On se souvient notamment de discussions qu'il a eues avec Tolkien, qui lui reprochait la froideur de sa foi.

Jack a été élevé dans une famille chrétienne, mais ses différentes expériences, et notamment durant la première guerre mondiale, ont fait qu'il a très tôt perdu la foi. Il ne pouvait concevoir un dieu d'amour qui puisse permettre ces atrocités dans les tranchées. Or, il en est venu à en vouloir à Dieu de ne pas exister, et ce cheminement lui a permet de retrouver le sens de sa foi. Ses collègues à l'université, et parmi eux Tolkien, étaient chrétiens, et ils l'ont beaucoup aidé sur cette voie. Ces hommes n'avaient pas peur de parler ouvertement de leur foi et, étant un homme d'honnêteté et de vérité, cela a touché Jack et ne pouvait que lui permettre de retrouver le Christ.

Dans ces conditions, comment expliquez-vous ce mélange inédit entre christianisme et mythologie païenne qui parcourt les Chroniques ?

Pour le comprendre, je pense qu’il faut revenir aux sources de ce qu’est un mythe. Ce mot ne signifie pas « quelque chose qui n’existe pas ». Les grandes mythologies se rejoignent en un point : la tentative d’expliquer ou de trouver une raison aux merveilles qui l’entourent. L’homme a toujours cherché à trouver l’origine des choses et des miracles qui se produisent chaque jour sous nos yeux : l’arbre qui naît d’une simple graine, le changement des saisons, etc. En ce sens, la Bible est sans doute le livre le plus essentiel dans l’explication de l’origine des choses, depuis Abraham jusqu’à aujourd’hui. Jack avait étudié tous ces mythes fondateurs et il aimait ces histoires car elles tendaient toutes vers la vérité de Dieu. Dans ces conditions, pour lui, elles avaient leur place au cœur de la littérature chrétienne. C’est la raison pour laquelle il les a intégrées dans l’Armoire Magique. De son côté, Tolkien a fermement désapprouvé cela. C’était un puriste dans sa vision des mythes et il n’aimait pas ce mélange. Cela n’a pas empêché Jack de le faire et de persister dans cette approche en créant un monde où tous les mythes pouvaient cohabiter : Narnia.

Que pensez-vous du traitement des Chroniques par Andrew Adamson ?

Si vous voulez parler de l’approche du film, je dirai qu’il s’agit d’un mélange entre mon approche des Chroniques et celle d’Andrew. J’étais à la fois le spécialiste de Narnia, mais aussi le spécialiste de sa dimension chrétienne en tant que co-producteur. De son côté, je pense qu’Andrew a eu raison de mettre des réserves à cette approche purement religieuse. C’est ma conception personnelle des Chroniques. Cependant, l’ambition première du film était plutôt de proposer une adaptation fidèle du livre. De fait, si l’on trouve un symbolisme chrétien dans le livre, on le retrouvera naturellement dans le film. Mais il ne fallait en aucun cas forcer le trait.

Avez-vous parlé de votre approche avec le compositeur Harry Gregson-Williams ?

Non, et ce justement pour les raisons d’honnêteté intellectuelle dont je vous parlais à l’instant. Je pense qu’il est essentiel de laisser les artistes libres d’interpréter un livre ou un film à leur façon. Et cela me semble encore plus crucial avec un musicien qu’avec n’importe quel autre artiste. C’est la raison pour laquelle je ne l’ai rencontré qu’après qu’il a fini d’écrire sa musique –que je trouve remarquable. C’est un artiste exceptionnellement talentueux et j’ai eu grand plaisir à discuter avec lui.

La partition du MONDE DE NARNIA correspond-elle à vos goûts musicaux ?

J’ai des goûts très éclectiques. J’aime toutes les musiques à conditions qu’elles soient faites avec le cœur. Cela va du vieux rock’n roll à la musique pop, en passant par la country et le classique, en particulier Mozart, Vivaldi et Beethoven. En cela, la partition du MONDE DE NARNIA ne pouvait que m’enchanter, comme elle a enchanté le monde entier !

Vous avez également participé à l’élaboration du jeu vidéo de Narnia.

Comme sur le film, j’ai agi en tant que consultant. C’est un processus de création très intéressant que la fabrication d’un tel jeu. D’un côté, on essaie d’être le plus fidèle au film possible, tout en introduisant des innovations liées à l’interactivité. Avant tout, j’ai essayé d’influencer et de stimuler les concepteurs du jeu à propos de la façon d’y jouer et des effets qu’il pourrait avoir sur le ou les joueurs. Et je pense que nous y sommes parvenus notamment à travers l’idée de coopération entre les personnages, ce qui est assez rare et assez innovant dans le monde du jeu vidéo. Vous pouvez incarner tour à tour chacun des quatre enfants Pevensie, et votre succès dépend précisément de la façon dont ils vont interagir et s’entraider.

Pensez-vous qu’un jeu vidéo peut véhiculer ou promouvoir les valeurs profondes du livre et du film ?

Je ne suis pas sûr que le jeu vidéo soit porteur de valeurs morales pour le moment car la technologie n’est pas encore suffisamment évoluée pour nous permettre de faire ce que nous avions prévu de faire originellement avec ce médium, mais les choses évoluent très rapidement dans cette direction. Cependant, je pense que le jeu vidéo est une aide puissante dans la promotion des valeurs éthiques et morales contenues dans le livre en l’incitant à lire l’ouvrage qui a inspiré ce jeu.

Comment expliquez-vous le succès phénoménal rencontré par LE MONDE DE NARNIA ? En d’autres termes, selon vous, qu’est-ce que Narnia a à nous apporter dans nos vies, aujourd’hui ?

Beaucoup de choses essentielles. Avant tout, Narnia nous permet de retrouver quelque chose de capital que nous avons perdu. Jack était un homme du 19e siècle. La majeure partie de sa culture et de sa formation a été forgée à cette époque. Aujourd’hui, nous avons perdu ces valeurs comme le sens de la responsabilité, l’investissement personnel, l’honnêteté, le courage et le sens du devoir : autant de valeurs que chérissaient les hommes du 19e siècle et dont nous nous sommes détournés. Aujourd’hui, nous devons réaliser que nous devons retrouver et faire nôtres ces valeurs sans lesquelles nos sociétés sont vouées à l’échec. Ces valeurs sans prix dont le bien fondé est précisément démontré dans les Chroniques de Narnia, et tout particulièrement dans l’Armoire Magique. C’est pourquoi je pense que l’intérêt pour le film, la lecture des livres et l’étude de Narnia sont des actes d’une importance et d’une portée bien plus grandes pour nos sociétés qu’on le pense.



En ce sens, le commencement de la production de PRINCE CASPIAN doit être pour vous une source d’espoir et de joie.

En effet, et j’y travaille actuellement. [Ndlr : Entretien réalisé début 2007] Nous n’en sommes qu’au stade de la pré-production. Nous travaillons au scénario, nous rassemblons progressivement l’équipe du film, nous faisons des repérages et de castings. Nous sommes repartis pour une grande aventure !…

[La création de Narnia : Entretien avec Richard Taylor (WETA)]


[WETA : dans l'atelier des artisans-magiciens]


[Entretien avec Trevor Goring, storyboard artist]


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