Exclusif ESI : Tout sur MONSTERPALOOZA - Seconde partie
Article 100% SFX du Mercredi 13 Juillet 2011
Début avril dernier se tenait en Californie le Monsterpalooza. Cet événement annuel en est à sa troisième édition. Créé en 2009 par Elliot Brodsky, il est en train de s'imposer comme le rendez-vous incontournable de tous les passionnés de monstres, que ce soit les amateurs de films de genre, les sculpteurs, les collectionneurs, ou les professionnels du maquillage et des effets spéciaux, et ESI y était, par le biais de notre envoyé spécial !
Par Jean-Philippe Lomas
Des conférences monstrueusement intéressantes
Le programme de conférences est riche. Aussi est-il difficile d'assister à tout. Rien que pour la journée de samedi, elles sont au nombre de huit. Cette journée est marquée par une conférence rétrospective sur le film HURLEMENTS en présence notamment du réalisateur Joe Dante ( GREMLINS) ainsi que des actrices Dee Wallace (E.T. L'EXTRATERRESTRE) et Belinda Balaski. Au cours des témoignages, on apprend que les effets spéciaux de maquillage devaient initialement être réalisés par Rick Baker, mais que celui-ci se désista pour travailler sur LE LOUP-GAROU DE LONDRES. La tâche fut donc confiée à un de ses assistants : Rob Bottin. Pendant le tournage, Bottin poussait souvent à bout la patience du réalisateur et de l'équipe technique, car il prenait un temps considérable pour préparer ses effets, à tel point que certains plans initialement prévus ne furent jamais filmés. Dee Wallace, elle, nous confie que pour une raison qu'elle ignore, on lui propose régulièrement des rôles où elle doit manier une arme à feu, ce qui est en contradiction totale avec sa nature. Suite à la projection d'extraits de HURLEMENTS, Dee Wallace commente la séquence où elle dévale un escalier. On lui avait assuré qu'avec des protections aux genoux elle ne risquait rien et que de toutes manières peu de prises seraient nécessaires. Les protections s'avèrent incommodes et au bout de plusieurs prises elle constate qu’elle est couverte de bleus, mais se console en se disant que «la séquence est dans la boîte ». Malheureusement, on lui annonce le lendemain qu'il va falloir tourner cette scène une nouvelle fois !
Les hommes en costumes se dévoilent
Le second grand moment est la conférence consacrée à Godzilla, pour laquelle le japonais Haruo Nakajima, âgé de 82 ans, a spécialement fait le voyage. Il fut l'interprète de Godzilla dans douze films consécutifs, de 1954 à 1972. D'ailleurs, en hommage à ce personnage, un visiteur du salon est venu habillé d'un costume de Godzilla qu’il avait confectionné lui-même. A l'arrière de la grande salle de conférence, une collection d'anciens masques d'Halloween est exposée. La plupart reproduisent des créatures issues des films Universal de la grande époque des années 30 à 40.
Le dimanche matin, voulant éviter la foule, nous entrons dès l'ouverture. L'effervescence de la journée précédente étant passée, cela nous a permis de refaire le tour des principaux stands dans le calme, et de pouvoir admirer les les pièces exposées dans le musée sans se faire bousculer continuellement. C'était également le moment idéal pour prendre des photos ! Dans le hall du centre de congrès, nous tombons sur l'acteur Doug Jones (HELLBOY, LE LABYRINTHE DE PAN) qui nous salue chaleureusement. Il sera présent toute la journée pour signer des autographes et doit participer à l'une des principales conférences. Il est déjà en retard pour installer son stand – comme d'habitude, nous confie-t-il. Nous aurons sans doute d'avantage de temps pour bavarder plus tard.
Cinq conférences ont lieu aujourd'hui, dont une sur le film LA FELINE, en présence de l'actrice Nastassja Kinski - Nastassja Kinski se remémore son expérience des maquillages spéciaux sur ce film, une première en la matière pour elle, notamment pour les séquences de transformation - des maquilleurs Rob Burman et Leonard Engelman, ainsi que du scénariste Alan Ormsby, et une autre avec l'acteur Ricou Browning (L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR). Mais le moment phare de cette journée est la conférence MEN IN SUITS (hommes en costumes), dédiée à ces acteurs souvent peu connus qui donnent vie aux créatures de cinéma. Cette conférence réunit un grand nombre de spécialistes du genre, passés et présents : Douglas Tait ( STAR TREK 2009 ), Tom Woodruff Jr. (ALIEN VS PREDATORS), Bob Burns (THE GHOST BUSTERS), Haruo Nakajima ( GODZILLA ), Doug Jones (LE LABYRINTHE DE PAN), Brian Steele (HELLBOY) et le mime Don McLeod. Cette conférence est le prolongement d'un documentaire du même nom réalisé par Frank Woodward. La discussion porte sur les particularités de la profession, et donne souvent l'occasion d’entendre des anecdotes hilarantes.
Des anecdotes qui ont un succès monstre
Bob Burns, qui est également un collectionneur d'accessoires de cinéma, a apporté avec lui le squelette original du King Kong de 1933, qui servit à l'époque pour les séquences animées image par image. Burns explique que ce qui l'a amené à jouer des rôles de gorilles était son aptitude à pousser des grognements. A la question "En costume, avez vous déjà joué des blagues aux autres membres de l'équipe du film ?", chacun avoue avoir fait ce genre de chose. Généralement il suffit de peu, car rapidement, entre les prises, le reste de l'équipe a la fâcheuse tendance de les prendre pour des accessoires inanimés et que le moindre geste brusque est suffisant pour créer la surprise. Doug Jones explique qu'il prend généralement le soin de ne pas faire peur aux autres, surtout quand des enfants viennent assister au tournage. Il raconte aussi, avec son humour habituel, que dans le cas du "Surfer d'Argent" la créature d'apparence monstrueuse était celle que l'on découvrait…en retirant le costume ! Brian Steele évoque la période de sa vie où il travaillait comme figurant dans la maison hantée du parc des studios Universal à Hollywood. Il explique que de jouer en costume lui avait permis de vaincre sa timidité et de réaliser des choses que le jeune homme mal dans sa peau qu'il était n'aurait jamais pu faire autrement. En discutant avec lui à la suite de la conférence, on sent néanmoins qu’il éprouve toujours un certain malaise quant il est confronté au public.
Jugement final : MONSTERPALOOZA est une convention qui a de la ghoule
Cette conférence se termine par une session de questions / réponses. Il est étonnant de noter que quelques personnes dans l'assistance se destinent avec le plus grand sérieux à la carrière de "creature performer" ! Après chacune des conférences il est possible de rencontrer les intervenants dans le hall du salon pour les inévitables séances de photos et d'autographes. Avec un petit peu de patience, on parvient aussi à échanger quelques paroles avec ces personnalités. Richard Herd expose de nombreuses photos de ses différents rôles sur son stand. Sa carrière est riche et ne s'arrête pas à sa participation à la série "V". Nous lui demandons s'il en a vu le récent remake. Il nous avoue que non. La conversation s'arrête rapidement. On sent qu'il n'est pas vraiment intéressé… Peut-être aurait-il été plus bavard si la conversation avait été payante ? ;)
Après la fermeture du salon, à l'issue de chacune des journées, nous nous retrouvons au bar de l'Hôtel Marriott auquel est rattaché le centre de congrès. C'est un moment idéal pour faire connaissance et dialoguer de manière informelle avec les autres passionnés, dans une atmosphère détendue. Nous sommes revenus enchantés de l'expérience du Monsterpalooza, avec des images plein les yeux, et un peu rassurés aussi qu'il y ait encore autant de passionnés d'effets spéciaux physiques à une époque où le tout numérique est omniprésent ! Le rendez-vous est déjà noté pour la prochaine édition qui se déroulera du 13 au 15 avril 2012 !