Avant-première - Prometheus : L'ADN d'Alien
Article Cinéma du Dimanche 26 Fevrier 2012

[Retrouvez la première partie de ce dossier]


Annoncé originellement comme étant une préquelle à Alien, le huitième passager, ce projet s'est métamorphosé en cours de développement jusqu'à devenir une œuvre autonome. Mais que les fans se rassurent : Prometheus se déroule bel et bien dans l'univers des fameux xénomorphes, quelques années avant qu'Ellen Ripley croise leur route...

Par Pierre-Eric Salard



En 1979, Ridley Scott crève littéralement l'écran – et le torse de John Hurt – grâce à Alien, le huitième passager. Le cinéaste britannique n'avait alors réalisé qu'un unique film, Les Duellistes, en 1977 (à l'âge de 40 ans!). Au cours des décennies suivantes, la créature extraterrestre imaginée par le scénariste Dan O'bannon (Dark Star, Total Recall, Planète Hurlante) et dessinée par l'artiste suisse H.R. Giger (La Mutante) proliféra au cinéma. Ainsi virent le jour trois suites : Aliens, le retour (1986) de James Cameron, Alien 3 (1992) de David Fincher et Alien Résurrection (1997) du français Jean-Pierre Jeunet. Puis les studios Twentieth Century Fox produisirent une médiocre série dérivée : Alien vs. Predator (2004) de Paul W.S. Anderson (Event Horizon) et Aliens vs. Predator: Requiem (2007) des frères Strause (Skyline). Diluée dans cet affrontement entre deux célèbres monstres du grand écran, la renommée des xénomorphes aurait pu ne pas s'en relever. Lorsque dirigeants des studios Fox proposent à Ridley Scott de développer un nouvel opus de la saga, en 2009, il s'agit d'un véritable virage à 180° ! De Blade Runner (1982) à La chute du faucon noir (2002), en passant par Gladiator (2000), le cinéaste s'est forgé une filmographie impressionnante. A l'automne 2008, il annonce qu'il prépare deux adaptations cinématographiques de romans : Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley et La Guerre éternelle de Joe Haldeman. Ce second projet – auquel il s'était déjà intéressé au début des années 1980 - semble avoir ses faveurs, puisque Fox 2000 se procure rapidement les droits d'adaptation. « Il s'agit d'un récit de science-fiction épique. Une sorte d'Odyssée d'Homère mêlée à Blade Runner. J’ai vu des extraits d'Avatar et il faut vraiment que je le tourne en 3D ! » Malgré son enthousiasme, le réalisateur va rapidement se détourner de ce projet. Au printemps 2009, les studios Fox annoncent ainsi le développement d'une préquelle (un genre à la mode à Hollywood depuis la sortie de la prélogie Star Wars) à Alien, le huitième passager. Depuis les années 1990, Ridley Scott a régulièrement évoqué la possibilité de réaliser un nouvel opus de cette saga. Il a notamment suggéré l'idée d'un film dédié au personnage d'Ellen Ripley (sans aliens dans les parages) ou d'un prélude qui s'intéresserait au mystère du « Space Jockey » – la dépouille (dans un scaphandre ?) d'une gigantesque créature, repérée par l'équipage du Nostromo dans l'épave du vaisseau spatial extraterrestre du film original. Cette dernière idée semble donc séduire les dirigeants de la Fox. Ridley Scott compte produire ce nouvel opus à travers sa société de production, Scott Free, et proposer la mise-en-scène à Carl Erik Rinsch, un réalisateur de publicités. Or les dirigeants de la Fox refusent de confier sa franchise au jeune prodige ! En juillet 2009, Ridley Scott accepte finalement de retrouver l'univers qu'il a contribué à créer. La Fox, qui indique qu'il ne s'agit en aucun cas d'un reboot de la franchise, engage immédiatement le scénariste Jon Spaihts (The Darkest Hour 3D), dont les premières idées ont séduit l'équipe de production. Cet auteur s'est fait remarquer lorsque l'un de ses scripts, intitulé Passengers, a été intégré en 2007 dans la « Black list » - un fichier rassemblant les meilleurs scénarios reçus à Hollywood. La production du film débute ainsi à vitesse supraluminique.

Au cœur du mystère

Au cours des versions successives de son scénario, Jon Spaihts met en place une intrigue expliquant l'origine du mystérieux vaisseau spatial extraterrestre et du « Space Jockey » entrevus dans le film original. C'est une véritable introduction à la saga Alien qui est ainsi créée, puisque tous les xénomorphes aperçus dans les quatre précédents opus trouvent leur origine dans les entrailles de cette épave ! « Je n'ai jamais voulu faire de suites », explique Ridley Scott. « Mais l'idée d'une préquelle est intéressante. J'ai longtemps réfléchi à ce qu'on pourrait faire de cette franchise, qui repose depuis longtemps plus bas que terre. Je me suis demandé quelles seraient les raisons qui m'inciteraient à retrouver cet univers. Puis je me suis rappelé de cette scène du film original durant laquelle John Hurt découvre le Space Jockey, installé sur un siège massif. Qui est-il ? A quoi sert cet attirail ? Je me suis dit qu'on ne voyait en réalité qu'une combinaison. En dessous, il y a une créature... » Il faut ensuite attendre que le réalisateur ait terminé la post-production de son Robin des bois, en avril 2010, pour obtenir des nouvelles du projet. Jon Spaiths vient alors de livrer la quatrième version du script, et Ridley Scott s'apprête à calculer le budget du film. « Nous essayons actuellement d'améliorer les trois actes du récit, ainsi que la psychologie des personnages », indique alors le réalisateur. «L'histoire se déroulera en 2085, soit trente ans avant le premier film. Nous découvrirons les dieux, ingénieurs ou biologistes qui ont donné vie aux aliens. Les aliens ont-ils été conçus pour une forme de guerre biologique, nettoyant une planète de fond en comble ? Avec Aliens, James Cameron a placé la barre très haut. Et je compte faire encore mieux ! » Le réalisateur ajoute que le film abordera le thème de la terraformation (la transformation d'une planète morte afin qu'elle puisse abriter la vie), et que la « Compagnie »  Weyland-Yutani, à l'origine des événements des précédents volets, sera de la partie. « Nous souhaitons montrer à quoi ressemblerait réellement un voyage vers une planète lointaine », poursuit Ridley Scott. « Voyager à la vitesse de la lumière, par exemple, est théoriquement possible, mais technologiquement improbable ! Je pense que plus nous allons respecter la réalité, plus le film sera intéressant ». En juin 2010, il annonce que le scénario sera finalement adapté en deux films distincts, tournés nativement en 3-D relief ! Une première pour un cinéaste qui a fêté ses 74 ans l'année dernière ! Une équipe d'artistes commence à concevoir, au sein des studios Pinewood, en Angleterre, les designs des vaisseaux et créatures. Le réalisateur insiste pour que ceux-ci ne soient pas de simples reproductions de ce qu'on a pu voir auparavant. « Nous déconstruisons les designs du film original », précise le directeur artistique Arthur Max (Seven, Robin des Bois). « Nous devons imaginer ce qui se faisait avant les événements d'Alien. Nous remontons le temps ! » H.R. Giger est également contacté...

Révisions

Alors que la pré-production semble, donc, avancer à grands pas, Damon Lindelof, le co-créateur de Lost et co-scénariste de Star Trek 2 et Cowboys & envahisseurs, signe en juillet 2010 avec la Fox afin d'écrire une nouvelle version du scénario ! « A Hollywood, le script de Jon Spaihts circulait », se souvient le scénariste, qui n'a jamais caché son amour pour la saga Alien. « Je l'ai lu et trouvé très bon. Mais j'ai envoyé un email aux collaborateurs de Ridley en leur disant ce que j'en pensais et en leur proposant mes idées, au cas où ils seraient intéressés. Ils m'ont proposé de se rencontrer dès le lendemain ! Ridley était présent, ainsi qu'un cadre de la Fox. Nous avons discuté du scénario pendant 90 minutes... puis ils m'ont engagé ! » S'ensuivent plusieurs rencontres entre Damon Lindelof et le réalisateur. « Nous avons commencé par avoir une série de conversations qui m'a permis de comprendre quel genre de film Ridley voulait faire. Nous nous rencontrions quatre heures par jour, trois jours par semaine. Ce processus a été chronophage ; puis j'ai écris mon scénario en seulement deux semaines (rires) ! L'idée était de concrétiser la vision de Ridley, et non d'imposer la mienne. Lui, au contraire, m'a poussé à proposer mes idées ». L'échange aurait été tellement dense qu'un film original – sans liens avec la franchise Alien – aurait littéralement pu naître de cette rencontre ! Un film qui se nommera Prometheus, mais nous y reviendrons bientôt. Alors que Damon Lindelof se concentre sur la révision du scénario, un nouveau bras-de-fer s'engage entre la Fox et Ridley Scott. Ce dernier souhaite obtenir un budget de 250 millions de dollars pour les deux films, ainsi qu'une interdiction aux mineurs en salles. Ce qui semble être une bonne nouvelle pour les amateurs d'horreur ne l'est pas pour les studios, qui ne souhaitent pas prendre un tel risque financier. Le script de Damon Lindelof, soumis en octobre 2010, met heureusement tout le monde d'accord. Les dirigeants de la Fox ne dissimulent pas leur enthousiasme ; le budget est revu à la baisse. En décembre, alors que le tournage est annoncé pour février 2011 et que le processus de casting est lancé, des rumeurs indiquent pourtant que le projet est victime de sérieux ennuis. La vérité est toute autre : sous l'impulsion de Damon Lindelof, le projet s'est transformé.

Autonomie

Les préquelles d'Alien n'existent plus, mais Prometheus entre en scène ! « Dans un monde étouffé par de trop nombreux remakes, préquelles et suites, j'ai été émerveillé par la vision de Ridley Scott », affirme Damon Lindelof. « Son idée est audacieuse, viscérale. Personne ne va s'y attendre ! » En cours de route, le projet est donc devenu davantage qu'un simple « épisode 0 » de la saga Alien. A tel point que le réalisateur, jouant sur les mots, n'hésite pas à affirmer, à plusieurs reprises, que non, Prometheus n'est pas une préquelle à Alien ! « L'intrigue du film a évolué jusqu'à devenir une nouvelle mythologie, un nouvel univers », ajoute Ridley Scott. « Je suis très heureux d'avoir trouvé le récit original que j'espérais... et de pouvoir retrouver un genre cinématographique qui me tient à cœur ! Je n'ai pas réalisé de films de science-fiction depuis une trentaine d'année parce que je n'étais jamais tombé sur un scénario que j'aimais réellement. Mais ce projet s'est émancipé ; il s'est développé d'une manière extrêmement satisfaisante à partir du mystère du Space Jockey. Les fans retrouveront l'ADN d'Alien, mais nous avons accouché d'une histoire originale, qui part dans une nouvelle direction. Prometheus sera un thriller de science-fiction. C'est l'histoire de la Création, des Dieux et de l'Homme qui les défie. Ce n'est donc pas un petit projet (rires) ! ». La sortie du film, originellement prévue pour le 9 mars 2012, est repoussée de trois mois afin d'éviter une confrontation avec le film John Carter. Damon Lindelof précise toutefois que Prometheus s’inscrit toujours dans l'univers de la saga Alien. « Tout le monde veut voir ce film comme un simple prélude », explique-t-il. « Mais les meilleures préquelles sont celles qui racontent une histoire originale. A l'inverse, Alien vs Predator a complètement dilué le potentiel de cette franchise. Je pense ainsi que s'il devait y avoir une suite à notre préquelle, ce ne serait pas le film original, Alien. Quel serait l'intérêt de ruiner les surprises de ce film ? C'est comme pour Star Wars, que j'adore. Pourquoi produire trois films qui révèlent la plus grande surprise de l'histoire du cinéma ? Luke, je suis ton père... Rien n'empêche de créer d'autres films se déroulant dans l'univers Star Wars, mais je n'ai pas besoin de connaître en détail l'histoire des Skywalker ! Racontez-moi plutôt une histoire dont je ne peux pas deviner la fin. L'inéluctabilité n'appelle aucun suspens. A mon sens, une véritable préquelle doit précéder les événements du film original mais aussi présenter une intrigue distincte, des personnages inédits et un thème entièrement différent. C'est ce que nous faisons. Prometheus ne restera pas otage des codes inhérents à la saga. Ce film est simplement ce que je rêvais de voir en tant que fan d'Alien ».

Une mythologie recyclée

En ce qui concerne l'intrigue du film, les studios Fox et Ridley Scott ont décidé de conserver le secret absolu. Une seule bande-annonce (visible plus haut) a été pour l'instant dévoilée ! Mais nous ne manquons pas d'indices ; le titre du film n'est d'ailleurs guère anodin. Il s'agit du nom du vaisseau spatial abritant les protagonistes, mais aussi une référence direct à la mythologie grecque. Prométhée était un Titan qui créa les hommes à partir d'argile, avant de leur donner le feu. Zeus le fit enchaîner, nu, à un rocher afin qu'un aigle vienne lui dévorer son foie. Or son foie repoussait chaque jour... Se dirige-t-on vers une intrigue où l'homme joue, encore une fois, à « l'apprenti sorcier » ? « La métaphore centrale du film concerne un 'être supérieur' qui défie les dieux », confirme Ridley Scott. « Ceux-ci ne veulent pas lui donner le feu. Or le feu est notre première forme de technologie. En s'emparant du feu, 'l'être supérieur' est éternellement puni d'une manière horrible ». Le court synopsis officiel du film indique qu'une équipe d'explorateurs et de scientifiques découvre un indice concernant l'origine de l'humanité sur la Terre. Cette découverte le incite à organiser un voyage vers les recoins les plus reculés et dangereux de l'univers, qui mettra en danger leurs limites physiques et mentales. Sur une planète lointaine, ils trouveront des réponses aux questions que se pose l'humanité depuis toujours, ainsi que la vérité quant à l'ultime mystère : la vie. Mais ils devront aussi y mener une terrifiante bataille afin de sauver l'avenir de la race humaine... « Ce voyage à travers l'espace est, métaphoriquement, un défi lancé aux Dieux », précise le réalisateur, qui ajoute que l'histoire de Prometheus s'inspire également de l'œuvre du romancier suisse Erich von Däniken. Passionné par les énigmes archéologiques non résolues, ce dernier a écrit en 1968 son premier roman d'anticipation, Souvenirs du futur. Il est notamment à l'origine de la « théorie des anciens astronautes » : des extraterrestres influenceraient l'humanité depuis des temps anciens ! Cette thèse a depuis longtemps investi la SF, puisqu'on l'a retrouve dans les univers de Star Trek, Stargate, 2001, l'Odyssée de l'espace, et même... Alien vs Predator ! « La NASA et le Vatican s'accordent sur le fait qu'il est presque mathématiquement impossible que l'espèce humaine en soit arrivée où nous en sommes sans un peu d'aide en cours de route », ajoute Ridley Scott. Il reste une question : outre le Space Jockey et la présence de la Compagnie Weyland-Yutani, quels sont les liens entre Prometheus et la franchise Alien ? « Tout ce que je peux dire, c'est que les huit dernières minutes du film introduisent l'ADN de la saga. Vous comprendrez ! ». Selon des sources anonymes, les xénomorphes apparaîtront eux-aussi dans le film, mais pas sous la forme que nous leur connaissons. Les fans se souviendront que les monstrueuses créatures tirent leur forme de l'ADN de l'hôte dans lequel ils ont germé (Alien 3). Ainsi, au cours de leurs cycles de reproduction successifs, les aliens mutent en conservant l'ADN de leurs proies. Mais avant de rencontrer l'Homme, à quoi ressemblaient-ils ? C'est la question à laquelle Prometheus devrait répondre. Ce film se déroulant avant Alien, le huitième passager, il est en tout cas certain que Ripley ne sera pas présente. « Je suis ravi que Ridley fasse ce film », déclare cependant Sigourney Weaver. « Alien est une franchise merveilleuse, et s'ils réussissent à redonner ses galons de noblesse à la créature, cette saga pourrait bénéficier d'une nouvelle vie ». Et pourquoi pas le retour d'une Ripley âgée dans un éventuel Alien 5 ?

Culte du secret

Le processus de casting s'est quant à lui déroulé fin 2010... dans le plus grand secret ! Les candidats ont dû signer un contrat leur interdisant de révéler les éléments du script, qu'ils n'ont pu lire qu'en rendant visite à Ridley Scott ! « J'ai insisté pour que le scénario ne se retrouve pas sur internet, où il serait étudié par des hordes de passionnés sans avoir connaissance de son contexte », explique le cinéaste. Noomi Rapace, qui incarnait Lisbeth Salander dans la trilogie suédoise Millenium, obtint le rôle principal, celui de la chercheuse et archéologue Elizabeth Shaw. « J'ai rencontré Ridley Scott sept ou huit fois », raconte l'actrice. « Mon personnage n'est pas une pâle copie d'Ellen Ripley. Elizabeth a été élevée en Afrique car son père était missionnaire. De lui, elle a appris à croire en Dieu. Elle est obstinée et déterminée. Elle a perdu ses parents lorsqu'elle était encore enfant. Elle a été abîmée par la vie, mais aussi optimiste et un peu naïve ». Un changement de caractère s'opère cependant à mi-parcours du long-métrage. « Les événements s'accélèrent et elle se retrouve obligée de se battre. Une facette inconnue de sa personnalité prend vie ». Elizabeth Shaw n'est donc pas si différente d'Ellen Ripley ! Pour le second rôle principal, Ridley Scott hésite entre Charlize Theron, Michelle Yeoh et Angelina Jolie... et choisit finalement la première.« Ce personnage, Meredith Vickers, fait parti d'une entité corporatiste », explique Damon Lindelof. « Voilà un des éléments familiers à l'univers de la saga Alien. Mais Charlize apporte une nouvelle perspective. Elle ne ressemble pas au cadre véreux joué par Paul Reiser dans Aliens. D'ailleurs, de quelle compagnie est-elle la représentante ? ». Charlize Theron avoue que Meredith ne ressemble pas aux autres personnages qu'elle a incarné par le passé. « Elle est la machine qui fait fonctionne la machine. Au départ, elle paraît froide, elle calcule tout. Au sein du petit vaisseau spatial, on se dit qu'elle risque de poser problème. Elle est une énigme pour les autres. Il faut attendre la fin du film pour découvrir sa véritable personnalité ».

L'art d'un bon casting

Si Ridley Scott souhaite un temps offrir un rôle à Leonardo DiCaprio, des incompatibilités de planning l'en empêche. Il fait ensuite une proposition à Michael Fassbender (Inglourious Basterds, X-Men le commencement), qui accepte de jouer un androïde nommé David. Un rôle qu'il avait pourtant refusé en 2010, lorsque le projet était encore une simple préquelle à Alien ! « A quoi ressemble le film du point de vue d'un robot ? », se demande Damon Lindelof. « Que pense-t-il des événements, des êtres humains qui l'entourent ? Lorsque vous engagez un acteur de la trempe de Michael, vous savez qu'il apportera au personnage bien davantage que les mouvements 'clichés' d'un robot. Avec tout mon respect, Michael n'est pas Anthony Daniels. Daniels est phénoménal, mais C-3PO... » Il se pourrait d'ailleurs que David ne soit pas le seul androïde du film. « Les robots sont devenus un simple élément de décor des films de SF », précise Ridley Scott. « Ils ne sont plus originaux. Pour apporter de la fraîcheur à ce concept, il faut donc puiser dans son imagination ! » Guy Pearce (La Route), Logan Marshall-Green (Devil), Benedict Wong (Sunshine), Emun Elliot (Black Death), Rafe Spall (Shaun of the Dead), Idris Elba (Thor), Sean Harris (Red Riding) et Kate Dickie (Red Road) complètent la distribution du film. La majorité d'entre-eux devraient incarner des membres de l'équipage du vaisseau Prometheus. « Ce que j'adore dans le premier Alien, c'est que si vous le regardez avec du recul, Ripley n'est qu'un personnage parmi d'autres », poursuit Damon Lindelof. « Vous supposez que Tom Skerrit, qui incarne le Capitaine Dallas, est le héros du film. C'est pourtant l'un des premiers à partir... Puis vous pensez que c'est le mécanicien joué par Harry Dean Stanton, mais non, il meurt. Finalement, dans les quarante dernières minutes, Ripley est l'unique survivante. J'adore l'idée de présenter une superbe distribution aux spectateurs, qui vont se demander qui sera encore vivant à la fin du film ! Peut-être tous, mais probablement pas ». Notons enfin que certains personnages seront réalisés en images de synthèse ; ils ont été interprétés par des acteurs de grande taille, en capture de mouvement - à l'instar de Gollum ou King Kong en leur temps. Les amis du Space Jockey ne sont certainement pas loin...

L'horreur en relief

Le tournage de Prometheus a débuté le 23 mars 2011 dans les studios Pinewood de Toronto, où l'équipe de production est restée trois semaines. « Nous avons ensuite occupé l'énorme plateau 007, ainsi que six autres plateaux des studios Pinewood, près de Londres », précise le réalisateur, qui y a précédemment tourné Legend et Robin des bois. Le décor du « Space Jockey », tel que nous l'avions découvert dans Alien, le huitième passager, y a été vraisemblablement reconstruit. Le plateau « S », quant à lui, abrite la passerelle du vaisseau Prometheus. « En marchant sur le plateau, j'avais l'impression de visiter un véritable vaisseau spatial », confie Michael Fassbender. « C'était époustouflant, j'en ai eu le souffle coupé ! Il y a de nombreux panneaux de commandes et autres écrans de contrôle. Le département de la direction artistique a fait un superbe travail ! » Prometheus étant filmé en 3D, la puissance de l'éclairage des plateaux est plus fort qu'à l'accoutumée. La photographie sombre, typique de la saga Alien, sera donc créée en post-production. « Ce film a été pensé pour une diffusion en relief », promet Damon Lindelof. En juillet, deux semaines de tournage ont été organisées près des chutes de Dettifoss et du volcan Hekla, en Islande. « Si vous avez peur de la nature, il vaut mieux quitter cette industrie », s'amuse le réalisateur. « Nous y avons filmé les quinze premières minutes du film, censées représenter les premiers temps de la vie sur Terre ». Les acteurs principaux étaient pourtant bel et bien présents ! La dernière phase des prises de vues s'est déroulée en novembre, à Alicante en Espagne. « Le tournage du film s'est avéré épuisant », note Noomi Rapace. « Mais Ridley a encore plus d'énergie que nous tous réunis ! » Le réalisateur est heureusement épaulé par des collaborateurs de longue date, dont le monteur Pietro Scala (Gladiator) et le chef décorateur Sonja Klaus (Kingdom of Heaven). Ridley Scott a d'ailleurs insisté pour utiliser les images de synthèse avec parcimonie. « Je crois que si vous pouvez filmer quelque chose sur le plateau, il faut le faire. Nous avons donc construit d'énormes décors ». Le destin du film est désormais entre les mains des artistes en effets visuels du studio Weta Digital (Avatar, Tintin), en Nouvelle Zélande. Ridley Scott, quant à lui, a soumis deux montages de Prometheus à la Fox : l'un déconseillé aux mineurs, l'autre aux moins de treize ans. Il ne nous reste plus qu'à attendre le 30 mai 2012 pour découvrir lequel d'entre-eux nous fera crier...



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