THE AMAZING SPIDER-MAN : Entretien exclusif avec Matt Tolmach, producteur - Seconde Partie
Article Cinéma du Lundi 25 Juin 2012

[Retrouvez la première partie de cet entretien]


Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Pour les fans des BDs originales de Spider-Man, les premières images d’Andrew Garfield dans son nouveau costume évoquaient de manière frappante les dessins de Steve Ditko : le personnage est plus fin, plus maigre, et a vraiment l’allure d’un ado et non pas d’un jeune homme à la musculature déjà imposante. Est-ce voulu ?

Oui. Marc, Avi et moi avons parlé de cette ressemblance avec le Spider-Man original des années 60 dessiné par Steve Ditko. Mais bien sûr, la première raison pour laquelle nous avons engagé Andrew Garfield, c’est son remarquable talent d’acteur. Mais nous avions remarqué aussi qu’il avait cette longue silhouette très fine qui correspondait parfaitement au Peter Parker original. Avant même de choisir Andrew, nous avions parlé de l’aspect du personnage, en espérant trouver quelqu’un qui ait cette silhouette adolescente longiligne. En ayant choisi Andrew sur la base de son talent, nous avons eu l’avantage supplémentaire qu’il ait exactement l’allure idéale pour ce rôle. Donc à un bonus, s’ajoutait un autre bonus ! (rires) Mais nous n’aurions jamais engagé un comédien uniquement à cause de son physique.

A propos de la tenue de Spider-Man, le chef costumier de la première trilogie avait déclaré qu’il s’agissait « d’un exercice de gestion de tension » particulièrement délicat à régler pour éviter les plis et obtenir exactement le même aspect que dans les BDs. Dans les premières images de la nouvelle tenue, on peut voir des petits plis, et quelques détails qui vous incitent à croire qu’un adolescent a effectivement pu créer ce costume tout seul chez lui…

Oui, c’est ce que nous voulions souligner. Dans ce film, contrairement aux précédents, on voit Peter fabriquer son costume. On découvre où il puise ses sources d’inspiration et on le voit coudre le tissu.

Avez-vous un partenariat avec Nike ou avec une autre grande marque de chaussures de sport ? Quand nous avons vu le design de ses bottes, leur allure nous a fait irrésistiblement penser aux dernières tendances des créateurs de sportswear…

Non, nous n’avons pas établi un partenariat commercial sur ce point. Nous avons simplement pensé que ce design était moderne et spectaculaire. En ce qui concerne les plis dont vous parlez, certains seront effacés numériquement : quand Andrew ou un de nos cascadeurs tourne une scène suspendu à des câbles, il doit porter un harnais sous le costume, auquel les câbles sont fixés. Cela a tendance à créer des plis inesthétiques que nous effaçons ensuite en postproduction. N’oubliez pas que les images que nous vous avons présentées ce matin étaient pour la plupart inachevées. Mais cela ne retire rien au fait que l’aspect du costume sera plus crédible que dans les films précédents, car nous avons laissé volontairement apparaître certains petits défauts. Peter Parker n’étant pas un expert en costume, il ne pouvait pas fabriquer une tenue absolument parfaite du premier coup.

Pouvez-vous nous parler des nouvelles approches techniques employées pour produire les effets visuels autour des pouvoirs de Spider-Man, et pour créer le personnage du Lézard ? Avez-vous utilisé à la fois du maquillage et de la synthèse pour représenter le Lézard ?

Je commence par vous répondre à propos du Lézard : oui, nous avons utilisé à la fois du maquillage et de la synthèse. De toutes évidences, il fallait que le Lézard, une fois sa transformation achevée, soit réalisé entièrement en 3D. Nous avons essayé de trouver un lézard de 2m80 qui puisse parler et jouer la comédie, mais sans résultat…(rires) C’est la raison pour laquelle les équipes en charges des effets visuels sont plongées dans un travail colossal au moment où nous parlons. Il y aura un grand nombre de plans très complexes où le personnage sera animé en 3D. Nous savions d’emblée qu’un des problèmes techniques et artistiques les plus difficiles du film serait le design, le rendering et l’animation de ce personnage de premier plan. Le Lézard accapare une bonne partie de la postproduction du film. Et en même temps, étant donné que le Docteur Connors se métamorphose plusieurs fois dans le film…

…en reprenant son aspect humain à chaque fois ?

Oui. Vous verrez que dans certaines phases de sa transformation, nous avons utilisé des prothèses, et Ve Neill, qui est l’une des plus grandes maquilleuses d’Hollywood, était là tous les jours pour les appliquer. Le résultat était incroyable. Les textures, la manière dont les prothèses jouent sur la peau quand Rhys Ifans parle… C’était spectaculaire !

Ce maquillage n’est pas utilisé pour représenter la tête complète du Lézard, mais seulement le visage du Docteur Connors au milieu de sa transformation ?

Oui, c’est cela. Mais nous avons quand même utilisé un costume complet du Lézard qui était porté par un cascadeur, afin de servir de référence pour les animateurs. Le costume était très lourd et le pauvre cascadeur devait jouer et bouger tout en le portant, notamment en faisant semblant de se battre contre Andrew ou contre sa doublure cascade. Il était épuisé à la fin de chaque prise ! Mais ces références en prises de vues réelles ont été très utiles pour guider le travail d’animation du Lézard en 3D. Et pour revenir à la première partie de votre question, on verra beaucoup plus de scènes avec Spider-Man incarné par Andrew et par les cascadeurs, et moins de plans réalisés entièrement en 3D avec des clones numériques.

Un méchant est un élément capital d’un film, et tout particulièrement quant il s’agit d’un film de superhéros. Alors justement, quelle sorte de méchant est le Docteur Connors ? Dans la bande dessinée, c’est un homme paisible et bon, qui est obsédé par l’idée de trouver le moyen de régénérer son corps comme le font les lézards, afin que le bras qu’il a perdu puisse repousser…

Je crois que les meilleurs méchants sont ceux qui ont plusieurs facettes, plusieurs dimensions. Les spectateurs comprendront très bien la démarche du Docteur Connors, mais je pense que ce qu’il décide de faire peut être interprété comme un conte incitant à la prudence. Connors joue avec des forces qui le dépassent, parce qu’il a beaucoup souffert de son handicap. En ce sens, il est à la fois un méchant et une figure tragique. Et ce qui le rend particulièrement intéressant, c’est qu’il est un mentor et une figure paternelle pour Peter. Connors est aussi un lien avec ses parents, car il les a connus dans le passé. Il y a donc un attachement émotionnel entre Peter et lui. Et pourtant, le destin en fait un ennemi irréductible…

Devient-il incontrôlable dès que la métamorphose commence ?

Quant il se transforme en Lézard, le Docteur Connors est vraiment effrayant. Il devient un formidable méchant, et un adversaire redoutable pour Spider-Man. Quand vous le verrez à l’écran, vous constaterez qu’il est énorme et extrêmement puissant. Les fans de la BD ne seront pas déçus !

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