J.J. Abrams et les promesses de la nouvelle galaxie Star Wars
Article Cinéma du Mercredi 26 Juin 2013

[Retrouvez la première partie de ce dossier]


Depuis que The Walt Disney Company a annoncé l'acquisition de Lucasfilm Limited, la société de production fondée par George Lucas il y a une quarantaine d'année, pour un peu plus de quatre milliard de dollars le 30 octobre 2012, la saga Star Wars fait un impressionnant retour en « Force ». Les trois épisodes d'une nouvelle trilogie sont d'ores et déjà programmés pour 2015, 2017 et 2019. Alors que l'identité de son réalisateur a été officiellement dévoilée à la fin du mois de janvier, d'autres projets sont parallèlement à l'étude. La guerre des étoiles s'apprête à s'attaquer à tous les écrans, les petits comme les grands. Retour sur les étapes d'une renaissance...

Par Pierre-Eric Salard

Dans la première partie de ce dossier, nous avions évoqué les coulisses du rachat de Lucasfilm par Disney, ainsi que les premières annonces officielles concernant l'Episode VII. Rappelons que Kathleen Kennedy, la nouvelle responsable de Lucasfilm, a confié au scénariste Michael Arndt (Little Miss Sunshine, Toy Story 3, The Hunger Games : L'embrasement) l'écriture du scénario de ce nouvel opus, attendu pour 2015 par des millions de fans à travers le monde. De nombreux réalisateurs de premier plan avaient réagi à l'annonce de la production du film ; personne ne semblait vouloir prendre le risque de s'attaquer à une franchise aussi légendaire ! Même Joss Whedon, devenu ces dernières années le « parrain » de l'univers cinématographique des studios Marvel – qui appartient également à The Walt Disney Company ! A la mi-janvier, le réalisateur expliquait qu'il était déjà trop occupé par la pré-production de The Avengers 2 et de la série télévisée Agents of S.H.I.E.L.D.. « Lorsque j'ai appris la nouvelle, je me suis demandé si... Non, je n'ai pas le temps ! Je ne peux pas abandonner The Avengers ! ». Un des confrères de Joss Whedon s'apprêtait pourtant à accepter le poste : le créateur des séries Alias, Lost et Fringe, J.J. Abrams. Le réalisateur de Mission : Impossible 3 et Super 8 est surtout l'homme qui a relancé avec succès la franchise Star Trek sur grand écran, il y a quatre ans. Le second opus de ce « reboot » (ou douzième long-métrage de la saga cinématographique), Star Trek Into Darkness, est d'ailleurs sorti le 12 juin dernier au cinéma. Né en 1966 à New York, Jeffrey Jacob Abrams est un véritable fan de la saga Star Wars. Paradoxalement, il n'a jamais été séduit par l'univers Star Trek ! « La première fois que j'ai découvert les mots 'Star Wars', c'était dans les pages du magazine Starlog », se souvient-il. « J'ai pensé que ce titre était bien étrange ! Lorsque j'ai vu une affiche dessinée par Ralph McQuarrie, l'image s'est gravée durablement dans mon imagination. Je ne savais pas ce que c'était, mais cela semblait important. J'ai vu le film le jour de sa sortie. Et je n'ai plus jamais été le même... » J.J. Abrams avait alors onze ans, l'âge idéal pour se passionner pour les aventures de Luke Skywalker ! Un Nouvel Espoir, l'Episode IV de la saga, a touché une corde sensible. « Tout le monde peut comprendre ce que ressent Luke », poursuit le réalisateur. « Se sentir à l'étroit dans sa vie, tout en sachant que quelque chose d'extraordinaire nous attend au coin de la rue. Cela renvoie à un désir universel : trouver un sens à son existence, et un objectif bien plus grand que tout ce que nous aurions pu imaginer ! »

De vieilles connaissances

La saga Star Wars a ainsi profondément influencé l’œuvre de J.J. Abrams. « Je ne peux imaginer combien de fois, lorsque je développais des projets, j'ai pu faire référence aux archétypes de Star Wars. Que ce soit des épisodes de Lost ou Alias, il y avait toujours un moyen de faire référence au triangle amoureux de l'Episode 4, ou bien à la lutte entre le bien et le mal à laquelle nous avons tous assistés durant les six films. Un Nouvel Espoir est sans doute le film le plus influent pour ma génération. Il a laissé une empreinte indélébile. Tout ce que nous avons créé a probablement été influencé, directement ou indirectement, par la trilogie ». Le réalisateur avoue ainsi sa préférence pour la trilogie dite « classique », dont les épisodes sont sortis entre 1977 et 1983. « J'ai été touché par la fin de la Revanche des Sith, lorsque nous retrouvons les couloirs du vaisseau transportant la Princesse Leia dans le tout premier film. Cela m'a rappelé ce que j'avais ressenti quand j'ai découvert cet univers pour la première fois ». J.J. Abrams s'amuse d'ailleurs du décalage qui existe entre lui et ses enfants. « Je trouve fascinant qu'ils se soient attachés à Anakin Skywalker, alors que j'ai grandi à une époque où les jeunes gens étaient fascinés par Luke ! Un novice, jeune et optimiste, apprenait à devenir un héros. Celui de la nouvelle génération était sûr de lui, ambitieux et, au fond, suffisamment corruptible pour être induit en erreur et, pour des questions d'ego et de chagrin, devenir littéralement le grand méchant que ma génération craignait ! ». J.J. Abrams semblait dès lors posséder le profil idéal pour s'occuper de l'Episode VII. Si ses talents de cinéaste ne sont pas unanimement reconnus (certains fans de la franchise Star Trek, qui se sont sentis trahis par la modernisation concoctée en 2009, ne veulent plus en entendre parler), son nom a immédiatement rejoint les listes de réalisateurs potentiels. En novembre dernier, J.J. Abrams déclare pourtant ne pas être intéressé par le poste. Le prolifique cinéaste préfère se concentrer sur la franchise Star Trek, ainsi que sur d'autres projets plus originaux. « En tant que passionné, je pense sincèrement que cette opportunité est aussi un fardeau. Je n'ai jamais été un fan de Star Trek. Avec cette autre saga, le problème ne se posait pas. Si je me réjouis plus que quiconque du développement des prochaines itérations de Star Wars, je crois que je préfère les découvrir comme tout spectateur, en payant mon billet ! » Kathleen Kennedy souhaite pourtant ardemment lui offrir ce ticket d'entrée. Sur les conseils de Steven Spielberg, dont elle a produit de très nombreux films depuis E.T. L'extraterrestre en 1982, la nouvelle présidente de Lucasfilm décide de proposer la réalisation de l'Episode VII à J.J. Abrams. Même si Super 8 avait cimenté, il y a deux ans, la collaboration entre Steven Spielberg et le créateur de Lost, les deux se connaissent en réalité depuis de très nombreuses années. En 1980, Steven Spielberg avait lu un article consacré à J.J. Abrams, alors âgé de quatorze ans. L'adolescent, qui venait de gagner un concours de réalisation à l'aide de caméras « Super 8 », fut contacté afin de restaurer des pellicules Super 8 datant des jeunes années du réalisateur des Aventuriers de l'Arche Perdue. Une trentaine d'années plus tard, J.J. Abrams réalisera le long-métrage de science-fiction Super 8, un hommage à E.T. et aux films produits dans les années 1980 par la société de production de Steven Spielberg, Amblin. Qu'on le veuille ou non, J.J. Abrams est quelque part l'héritier stylistique de son idole, ou son fils spirituel. Seul le temps permettra d'affirmer qu'il dispose - ou pas - des talents de son prédécesseur...

Dans l'ombre de Steven Spielberg

Âgée de 59 ans, Kathleen Kennedy est, depuis juin dernier, à la tête de l'empire Lucasfilm. Au cours de sa carrière de productrice, elle a travaillé avec d'illustres cinéastes, dont Clint Eastwood, David Fincher, Robert Zemeckis et, surtout, Steven Spielberg. « Je suis pleinement consciente de l'honneur que m'a fait George Lucas en me confiant son héritage », affirme la nouvelle garante de cet univers. « Star Wars a défini sa vie artistique d'une manière qu'il n'aurait jamais pu anticiper. J'y pense tout le temps. Il lui a fallu beaucoup d'efforts pour se résigner à s'éloigner de sa création. Lorsqu'il s'est tourné vers moi, j'ai compris que je recevais une responsabilité énorme ! » Si George Lucas a décidé de prendre une semi-retraite – il prévoit de se consacrer à des projets cinématographiques expérimentaux -, il n'a pas totalement abandonné son bébé. Son rôle restera toutefois limité. « George est mon Yoda », précise Kathleen Kennedy. « Il aura un statut de consultant sur les prochains films ». Steven Spielberg, un vieil ami de George Lucas, assure que le cinéaste n'aura aucun mal à partir pour de nouvelles aventures. « Je pense qu'il est prêt à vivre sans le fardeau que représente la responsabilité de la saga Star Wars ». Au début du mois de juin 2013, J.J. Abrams et George Lucas n'avaient d'ailleurs pas encore discuté du prochain épisode... Kathleen Kennedy, elle, doit réussir à s'entendre avec son supérieur, Alan Horn, le président des Walt Disney Studios depuis le printemps 2012. Leur relation s'était envenimée lors de la production de L'étrange histoire de Benjamin Button, réalisé par David Fincher en 2008. Alan Horn était alors président des studios Warner Bros. « Un film de cette taille est toujours difficile à faire », déclarait ce dernier. « N'importe quel studio a l'obligation de trouver un équilibre délicat entre l'art et le commerce ». Bon gré mal gré, la tension semble s'être depuis évanouie ; les dirigeants des studios Disney ont d'ailleurs l'intention de laisser les mains libres à la présidente de Lucasfilm. C'est pourquoi elle n'a pas hésité à contacter l'agent de J.J. Abrams, au début du mois de décembre 2012. Le refus fut immédiat : entre ses projets dédiés à Star Trek, ses obligations auprès des studios Paramount et ses multiples séries télévisées, le réalisateur a déjà trop d'engagements. J.J. Abrams accepte pourtant de recevoir Kathleen Kennedy dans son bureau, situé dans les locaux de sa société de production Bad Robot, à Santa Monica. Lors de ce rendez-vous, le 14 décembre dernier, la productrice n'hésite pas à abattre toutes ses cartes. « Je l'ai tout simplement supplié de faire Star Wars », se souvient la productrice, qui lui apprend que le scénariste Michael Arndt n'est pas seul sur le projet. Comme l'affirmait une précédente rumeur, Lawrence Kasdan (L'Empire contre-attaque, Le Retour du Jedi, Les aventuriers de l'Arche perdue) a rejoint l'équipe en tant que consultant ! « J.J. n'a pas pu dissimuler son excitation quand il a découvert qui travaillait déjà sur le projet », ajoute Kathleen Kennedy. Le retour de Lawrence Kasdan est un excellent présage pour les fans de la trilogie originelle comme J.J. Abrams. « J'ai compris à quel point Kathleen pouvait être convaincante », avoue le réalisateur, qui voit une partie de ses réserves s'envoler. « S'occuper d'une d'une franchise préexistante, je l'ai déjà fait. Mais quand j'ai rencontré Kathy, cette perspective est soudainement devenue très alléchante ! ».

L'essence de Star Wars

Le 19 décembre 2012, un nouveau rendez-vous est organisé : cette fois-ci, les scénaristes de l'Episode VII sont conviés. Pendant trois heures, J.J. Abrams, enthousiaste, prend connaissance des grandes lignes de ce qui nous attend dans les prochaines aventures de la saga Star Wars. « Mais ses préoccupations étaient bien réelles », tempère Kathleen Kennedy. Le réalisateur s'inquiète des conséquences. S'il accepte la proposition, qu'adviendra-t-il de ses autres projets ? Compte tenu de la probabilité que le film ne soit pas tourné à Los Angeles, quel sera l'impact sur sa vie de famille ? Et comme il le déclarait auprès des journalistes en novembre, la responsabilité de la franchise ne risque-t-elle pas de devenir un fardeau ? « Nous y avons tous pensé, bien entendu, avant de rejoindre ce projet », avoue la présidente de Lucasfilm. Les discussions se poursuivent durant plusieurs semaines. « Nous avons passé beaucoup de temps à parler de ce que ce représente Star Wars, ainsi que de la profondeur de la mythologie que George a créé », poursuit-elle. « Puis nous avons réfléchi à la manière dont nous pourrions respecter cette recette, dans le chapitre suivant ». Un accord est finalement conclu le 25 janvier 2013, après une journée d'intenses négociations. Quelques heures plus tard, la rumeur enfle sur internet ; Lucasfilm ne tardera pas à la confirmer. J.J. Abrams sera le réalisateur de Star Wars : Episode VII. Il prendra ainsi la relève de George Lucas, Irvin Kershner (L'Empire contre-attaque) et Richard Marquand (Le retour du Jedi). « C'est très excitant que J.J. rejoigne le projet », souligne Kathleen Kennedy. « Il mène désormais la barque ! Il était le réalisateur idéal pour initier la nouvelle trilogie. Au-delà de son instinct de cinéaste, il possède une compréhension intuitive de cette franchise. Il comprend l'essence de l'expérience Star Wars, et mettra son talent à contribution afin de concevoir un film inoubliable ». Le réalisateur se fend bien entendu d'une déclaration enthousiaste. « Faire désormais partie du prochain volet de la saga Star Wars relève de l'honneur absolu ! C'est follement surréaliste. J'ai hâte de me lancer corps et âme dans ce projet ! Je suis peut-être encore plus reconnaissant envers George Lucas, maintenant, que lorsque j'étais un enfant... » Le créateur de la franchise salue quant à lui le choix de sa remplaçante. « J'ai toujours été impressionné par J.J., que ce soit en tant que réalisateur ou en tant que raconteur d'histoires. Mon héritage ne pouvait se retrouver en de meilleures mains ». Soulignons que J.J. Abrams n'a toutefois pas fait une croix définitive sur la franchise Star Trek...

Les guerre des deux étoiles

Malgré la « trahison » du cinéaste, les dirigeants des studios Paramount ont rapidement annoncé qu'ils continueront à soutenir ses projets. J.J. Abrams conserve donc son rôle de producteur du cinquième opus de la saga Mission : impossible et du troisième Star Trek. De là à dire qu'il reprendra les commandes de l'USS Enterprise, il y a un fossé que nous ne franchirons pas. « Je serais très déçu s'il ne réalisait pas Star Trek 3 », déclare l'interprète du capitaine Kirk, Chris Pine. « Je crois que s'il prend cette décision, nous l'enlèverons et garderons en otage jusqu'à ce qu'il accepte de le mettre en scène ! Plus sérieusement, J.J. est selon moi un véritable génie de la science-fiction. Son recrutement est une très bonne chose pour le camp Star Wars. Je suis sûr que l'Episode 7 sera un grand film ! » Passons sous silence le fait que ces deux grandes franchises de SF – dont la concurrence attise les passions de leurs fans respectifs - sont désormais chapeautées par le même pilote ; nous risquerions de créer une faille spatio-temporelle... Joe Johnston, le réalisateur de Rocketeer, Jurassic Park III et Captain America : The First Avenger, a commencé sa carrière au sein du studio d'effets visuels Industrial Light & Magic, dans les années 1970. Il est notamment à l'origine du design du chasseur de primes Boba Fett. Et partage lui-aussi l'enthousiasme de son ancien employeur. « Comme tous les projets dotés de plus de 150 millions de dollars de budget, ces films sont des cauchemars logistiques. Par certains aspects, ils font penser à des opérations militaires. Il faut faire attention aux plus petits détails tout en conservant une bonne compréhension de la situation dans son ensemble. J.J. a déjà fait ses preuves, il est capable de supporter la pression. De plus, c'est toujours un avantage quand celui qui dirige a déjà produit, écrit et créé ses propres spectacles. On peut lui reprocher, au pire, d'être sur-qualifié ! » Certains détracteurs redouteront surtout l'un de ses traditionnels effets de style : un halo lumineux (comme si une lampe de poche était directement braquée vers une caméra) que l'on appelle « lens flares » (ou facteur de flare en français). A l'origine, il s'agit aberrations optiques dues à une diffusion parasite d'une source lumineuse à l'intérieur d'un objectif. Alors qu'ils étaient évités à tout prix depuis les débuts du cinéma, J.J. Abrams les ajoute, lui, en post-production. L'emploi abondant de cette « signature visuelle » a d'ailleurs provoqué de nombreuses parodies sur internet... Et l'Episode VII n'y échappe pas ! Notons également que, jusqu'à présent, le cinéaste a toujours fait appel à son compositeur fétiche, Michael Giacchino (Lost, Star Trek, Là-haut). Or la bande originale de John Williams fait partie intégrante de l'essence de Star Wars. Le réalisateur restera-t-il fidèle à son ami ou à la saga ? John Williams, lui, n'a pas dissimulé son intérêt pour Star Wars Episode VII. Notons que Michael Giacchino a déjà pris, une fois, le relais de John Williams en composant la bande originale de l'attraction Star Tours : The adventures continues... L'un des plus anciens collaborateurs de J.J. Abrams, Bryan Burk, rejoint également le projet en tant que producteur pour la société de productionBad Robot. Bien qu'annoncé (et confirmé) pour une sortie en 2015, ce nouvel opus pourrait éventuellement être repoussé. Si le besoin se fait sentir, évidemment. Par le passé, J.J. Abrams a ainsi insisté auprès de la Paramount pour repousser les dates du tournage de Star Trek Into Darkness. Soit le temps nécessaire pour terminer la post-production et la promotion de Super 8, puis peaufiner le scénario du second volet du reboot de Star Trek. « Notre objectif est d'aller aussi vite que possible », explique Kathleen Kennedy. « Mais la seule chose qui compte, c'est l'histoire ». Ce qui explique pourquoi Lucasfilm a annoncé, fin janvier, la mise en pause du processus de conversion en 3D relief de L'attaque des clones et de La Revanche des Sith, dont la sortie était prévue pour l'automne 2013.

Les gardiens de la cohérence

Afin de veiller à la cohérence des prochains épisodes, le scénariste Simon Kinberg (Sherlock Holmes, Mr & Mrs Smith) a rejoint Lawrence Kasdan en tant que consultant. Notons que les deux auteurs faisaient l'objet de rumeurs dès le mois de novembre dernier. « Il est évidemment beaucoup trop tôt pour parler des détails », souligne J.J. Abrams. « Mais je peux vous dire que je souhaite faire en sorte que les fans soient fiers. Je veux m'assurer que l'histoire touchera les spectateurs ! » A l'instar de J.J. Abrams, Simon Kinberg avoue avoir l'impression de vivre un rêve éveillé : il travaille désormais avec l'une de ses idoles, Lawrence Kasdan. « Quand j'étais un enfant, Les aventuriers de l'Arche perdue et L'Empire contre-attaque ont été les deux raisons qui m'ont donné envie de travailler dans le milieu du cinéma. Lawrence est resté une idole pendant mes études dans une école de cinéma. J'ai davantage étudié Indiana Jones et L'Empire que n'importe quel autre long-métrage ! J'ai depuis appris à connaître Lawrence ; il est aussi sympathique que bon scénariste. Nous sommes désormais collègue, et nous passons notre temps à discuter de nos idées sur les prochains Star Wars. Cette expérience est surréaliste ! » Recruté lors d'une conversation avec George Lucas et Kathleen Kennedy durant l'automne 2012, Lawrence Kasdan explique que son retour est partiellement dû à l'insistance de certains fans. « Mes enfants ont hâte de découvrir les prochains film », déclare le scénariste. « Même mon petit-fils, qui n'a pas encore trois ans, est déjà impatient ! George a en quelque sorte donné sa bénédiction à toute l'équipe, et il répondra présent au cas où on aurait besoin de lui. J'ai été sincèrement heureux d'apprendre qu'il y aurait de nouveaux Star Wars, et donc une chance de retrouver une partie de l'esprit de la trilogie originale. Je pense que tout le monde a hâte de voir dans quelle direction nous allons nous diriger. La saga a visité de nombreux endroits en trente ans, et je pense qu'avec J.J. nous allons obtenir quelque chose d'entièrement nouveau ». Pour Lawrence Kasdan, la trilogie « classique » dispose d'une place à part au sein de la saga. « Les films sur lesquels j'ai travaillé datent d'il y a bien longtemps ; ils disposent d'une ambiance différente de ceux qui ont suivi. Les trois films originaux se concentrent davantage sur les personnages. Les fans sont toujours aussi passionnés, et j'ai l'impression que nombre d'entre-eux sont heureux de mon retour. Les scénaristes avec qui je travaille désormais, Michael Arndt et Simon Kinberg, sont très talentueux. Jusqu'à maintenant, je n'avais jamais vraiment collaboré avec des confrères, ni intégré une équipé de scénaristes. Mais c'est une expérience très amusante ! Surtout que J.J. est lui-même un auteur. Lorsque je l'ai rencontré, je ne le connaissais pas. Maintenant, je l'adore ! Il est si enthousiaste ». En 2008, le réalisateur s'était déjà laissé tenter par son imagination. « L'univers de la saga Star Wars est devenu si vaste ! », expliquait-il. « Pas seulement en terme du nombre de médiums que la franchise a conquise, mais aussi en raison des possibilités visuelles que la technologie permet. Et que le studio d'effets visuels Industrial Light & Magic est si remarquablement capable de créer. Ce que je préfère au sujet de Star Wars, c'est sa capacité à raconter une histoire incroyablement personnelle, intime et émotionnelle dans un contexte de guerre. Si un nouvel épisode voyait le jour, j'aimerais suivre les aventures de personnages qui me passionneraient, et pour qui je me soucierais. Je voudrais que l'histoire soit aussi intime que possible, plutôt que tout miser sur la pyrotechnie. C'est cela qui fait la splendeur de Star Wars. Que ce soit sous la forme d'une série TV, d'un film d'animation, d'une émission radiophonique ou d'un jeu vidéo, peu importe. Ce qui compte, ce serait la découverte de nouveaux personnages qui me feraient ressentir les mêmes émotions que Luke, Leia et Han Solo il y a tant d'années ». Si ces propos vieux de cinq ans risquent de faire enrager les fans de la plus récente « prélogie », avouons que J.J. Abrams semble être sincèrement fan de la saga de George Lucas. Et apte à assimiler – et reproduire - ce qui fait le sel de Star Wars. En 2007, il participa aux fameuses conférences Ted, qui misent sur « la puissance des idées pour changer le monde ». Il y revenait sur le concept de sa « boîte à mystères » (Mystery box), qui lui avait déjà permis de développer les intrigues de plusieurs séries. « Qu'est ce que sont les histoires, sinon des boîtes à mystères ? », expliquait-il. « Dans une histoire, il y a d'abord une question essentielle. Dans une série, le premier acte est appelé 'le teaser'. Il s'agit de l'interrogation principale, celle qui vous attire dans sa toile. Par la suite, bien sûr, il y a une autre question. Puis une autre, et ainsi de suite. Prenons exemple sur Un nouvel Espoir. Vous découvrez les droïdes, qui rencontrent une mystérieuse femme. Qui est-ce ? Nous ne le savons pas. Première boîte à mystères. Puis nous faisons la connaissance de Luke Skywalker. Il récupère les droïdes et visionne le message holographique. Vous venez d'acquérir plusieurs informations : c'est un appel au secours d'une princesse ; elle recherche Obi-Wan Kenobi ; il est son seul espoir. Mais qui peut bien être ce mystérieux Obi-Wan Kenobi ? Nouvelle boîte à mystères ! » Précisons que le concept avait été poussé dans ses retranchements dans la série Lost, ce qui n'avait pas séduit tous les téléspectateurs...

Un univers cinématographique

Depuis l'acquisition de Lucasfilm par les studios Disney, il devenait évident que la nouvelle trilogie ouvrirait la voie à toute une série de films dérivés. Disney souhaite évidemment reproduire la recette qui a fait le succès de l'univers cinématographique des Marvel Studios. Au début du mois de février 2012, le président de The Walt Disney Company, Robert Iger, dévoile officiellement cette stratégie... au long terme ! Lawrence Kasdan et Simon Kinberg, les scénaristes « consultants » qui prêtent main-forte à Michael Arndt et J.J. Abrams pour l'Episode VII, travaillent d'ores et déjà sur deux « spin-off », des films dérivés, dédiés à des personnages spécifiques de l'univers Star Wars ! Prévus pour 2016 et 2018, ces deux projets – à coups sûr les premiers d'une longue série – ne seront pas liés à la nouvelle trilogie. Ce n'est en tout cas pas prévu dans l'immédiat. « Ils ne feront pas partie de la saga générale », précise Robert Iger. « Nous disposons désormais d'entités créatives qui développent des scripts pour ces films dérivés ». Le premier de ces spin-off n'attendra pas la fin de la nouvelle trilogie pour débarquer au cinéma. « Nous prévoyons toujours de sortir les Episodes VII, VIII et IX sur une période d'environ quatre à six ans, à partir de 2015. Mais d'autres films s'intercaleront au sein de cette programmation ». Une chose est sûre : l'Episode VII sortira avant ces long-métrages développant l'univers Star Wars dans des directions inédites (sur grand écran, puisque de très nombreux romans et comics remplissaient jusqu'à maintenant cet objectif). Lawrence Kasdan ne souhaite pas prendre en compte « l'univers étendu » de la saga Star Wars, qui rassemble ces centaines de romans, jeux vidéo et comics publiés durant ces trente dernières années. « J'essaie de prendre un nouveau départ. Nous pensons que les nouveaux films permettront aux spectateurs de retrouver des sensations dont ils étaient privés, tout en les modernisant ». Afin de ne s’effondrer sous le poids de ses nouvelles responsabilités, Simon Kinberg préfère se concentrer sur le plaisir qu'il tire de ce projet. « J'essaie sincèrement d'approcher tous ces films – qu'ils soient tirés des X-Men, de Sherlock Holmes ou de Star Wars – comme un fan. Je veux éviter l'anxiété, et tenter de me concentrer sur les raisons pour lesquelles j'ai grandi en continuant à lire des comics ou en regardant les épisodes de la saga Star Wars. Pourquoi ces histoires m'ont-elles parues magiques lorsque je les ai découvertes ? J'essaie d'endosser mon costume de fan afin de retrouver ces sensations ! » Simon Kinberg ne s'avoue pas surpris par toutes les rumeurs qui ont suivi l'annonce du développement de films dérivés de la saga Star Wars. « Je n'ai jamais observé un tel niveau d'intérêt pour des films qui étaient si loin de sortir au cinéma, et je comprends pourquoi. Star Wars est sans doute la plus grande référence culturelle de notre temps ». A l'heure où nous écrivons ces lignes, il n'est cependant pas question de dévoiler l'identité des protagonistes des films dérivés. « Je peux juste dire qu'en tant que fan, je ne voudrais pas en savoir trop avant de les découvrir en salle. Je sais bien que c'est devenu impossible ; nous ne sommes plus dans les années 1970 ! Mais une partie de l'excitation provoquée par Un Nouvel Espoir était liée au fait que je découvrais un univers dont je ne savais absolument rien. Même pour L'Empire contre-attaque, j'ai été surpris par un célèbre retournement de situation que je n'aurais jamais pu prédire. Mais de nos jours, les choses ont changé. Je préférerais que les spectateurs aient encore quelque chose à découvrir lorsqu'ils s'installeront devant un grand écran... » Quatre rumeurs tenaces ont pourtant été communiquées par les mêmes sources qui avaient dévoilées, avant l'heure, les noms des scénaristes de cette renaissance de la saga. Il ne fait aucune doute que les équipes de Lucasfilm consacreront les prochains mois à développer de nombreuses idées, sans pour autant donner le feu vert à toutes les pistes envisagées...

De nouvelles pistes

Zack Snyder, le réalisateur de Watchmen et du récent Man of Steel, aurait ainsi été intéressé par l'idée d'une très libre adaptation d'un célèbre film d'Akira Kurosawa, Les Sept Samouraïs, revu à la sauce Star Wars ! Dans ce long-métrage japonais sorti en 1954, sept samouraïs sont recrutés par un village de paysans du XVIème siècle afin de lutter contre des bandits. Pour l'anecdote, rappelons que Toshiro Mifune, l'une des vedettes du film, avait en son temps refusé le rôle d'Obi-Wan Kenobi, puis celui de Dark Vador ! Aurons-nous un jour la chance de découvrir les aventures de sept Jedi ? Zack Snyder assure que, s'il est flatté en tant que fan, la rumeur est infondée. Les informateurs, eux, affirment que des rencontres entre le réalisateur et Kathleen Kennedy se sont bel et bien déroulés. De toutes manières, les premiers films dérivés risquent de concerner uniquement des personnages déjà célèbres auprès du grand public. Ce qui explique pourquoi un film consacré à Yoda serait également à l'étude ! Une rumeur d'autant plus intéressante que Lawrence Kasdan a écrit les premières apparitions du maître Jedi... et qu'il s'agit d'un des rares protagonistes dont l'histoire n'a été que peu explorée dans « l'univers étendu ». Mieux vaut parfois conserver certains mystères dans l'ombre. Or selon des sources anonymes, ce projet n'aurait pas la priorité. Par une triste coïncidence, Stuart Freeborn, le légendaire créateur de la marionnette originale de Yoda, s'est éteint en début d'année, à l'âge de 98 ans. Frank Oz, l'animateur de ladite marionnette (à qui il prêtait également sa voix), s'annonce quant à lui prêt à reprendre le rôle. « Je porte Yoda dans mon cœur », déclare-t-il, tout en sachant pertinemment que l'emploi d'une marionnette est désormais proscrit. « Dans les films les plus récents, George Lucas l'avait fait réaliser en images de synthèse car l'histoire qu'il voulait raconter aurait été entravée par les limites physiques de la marionnette ». Le problème ne se poserait pas pour Boba Fett, objet lui-aussi de rumeurs. Interprété par Jeremy Bulloch dans la trilogie originale et par Daniel Logan dans L'Attaque des Clones, l'implacable chasseur de primes pourrait bénéficier d'une aventure autonome qui se déroulerait entre Un Nouvel espoir et L'Empire contre-attaque. Cette rumeur est peut-être la plus tenace, et pour cause. Joe Johnston, le créateur du design de Boba Fett (et accessoirement réalisateur de Captain America pour les studios Marvel et Disney), souhaite, depuis plusieurs années, consacrer un long-métrage à son personnage ! « J'essaie de convaincre George Lucas de produire un film dédié à Boba Fett », déclarait-il ainsi en 2011. « J'aimerais m'occuper de ce projet ; ce serait amusant ! » Entre le désir de Joe Johnston, la popularité du personnage auprès des fans et l'annonce du développement de films dérivés, il ne serait pas étonnant de découvrir ce film d'ici la fin de la décennie ! Notons enfin qu'une dernière rumeur évoque un long-métrage dédié aux jeunes années du vaurien par excellence, Han Solo. Les spectateurs pourraient ainsi découvrir les aventures du contrebandier, à une époque située entre les deux précédentes trilogies. L'occasion d'assister à sa rencontre avec Chewbacca et Lando Calrissian, à son premier vol à bord du Faucon Millenium, ou bien à ses démêlés avec Jabba le Hutt... Nous souhaitons du courage au jeune interprète qui endosserait éventuellement le costume jusqu'ici porté par Harrison Ford ! Finalement, peu importe si l'une de ces rumeurs était bientôt invalidée par Lucasfilm. L'avenir de la franchise Star Wars s'écrit au moment-même où vous lisez ces lignes. Une nouvelle trilogie devrait poursuivre les aventures de la famille Skywalker ; plusieurs films dérivés nous plongeront dans le passé de certains personnages ; des séries TV et des jeux vidéo ne manqueront pas de voir le jour ; et des attractions Star Wars risquent de fleurir dans les parcs Disneyland. Ainsi la série animée The Clone Wars sera-t-elle remplacée l'année prochaine par un nouveau dessin animé, Star Wars : Rebels - dont l'intrigue se penchera sur les débuts de l'Alliance rebelle, entre les épisodes 3 et 4 de la franchise cinématographique.



Sans oublier que The Walt Disney Company a également décidé de mettre un terme à l'aventure LucasArts, l'éditeur et développeur de jeux vidéo créé par George Lucas en 1982. Electronic Arts s'est depuis procuré les droits d'adaptation vidéoludique de Star Wars. Alors que le studio suédois DICE (Battlefield, Mirror's Edge) travaille actuellement sur une nouvelle déclinaison de Star Wars Battlefront, les équipes de Bioware (Star Wars : Knights of the Old Republic, Mass Effect) et Visceral Games (Dead Space) préparent de nouveaux jeux vidéos tirés de l'univers de George Lucas.



Depuis près de quatre décennies, cette saga s'épanouissait majoritairement sur les pages des romans et des comics. La guerre des étoiles va désormais envahir tous les écrans.

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