Les effets cyber-spéciaux de Transformers
Article Cinéma du Jeudi 23 Octobre 2008

Entretien avec Scott Farrar, superviseur des effets visuels

Propos traduits par Pascal Pinteau

Quand les robots se transforment, on peut voir des milliers de pièces bouger sur les personnages. Combien de temps consacrez-vous à la création d’une séquence complète de ce type ?

Scott Farrar : Une séquence de transformation complète peut demander jusqu’à six mois de travail, du début jusqu’aux images finalisées. Etant donné que c’est le titre du film, nous savions d’emblée que nous avions l’obligation de mettre au point des transformations parfaitement réalistes. Pour créer un plan de transformation, nous commençons d’abord par modéliser et peindre le robot et le véhicule pour leur donner un aspect hyperréaliste identique à une photo. Le robot et le véhicule sont chacun composés de milliers de pièces facilement identifiables, que chacun de nous pourrait reconnaître en soulevant le capot de sa voiture. Ensuite, nous construisons des sortes de « squelettes » dédiés à l’animation de chacune de ces pièces, afin de déterminer comment bougent les pistons, les ressorts et les engrenages des articulations. Ensuite, nous animons les parties principales de la voiture pour prendre la forme du corps du robot. Après cela, nous déterminons comment chacune des petites pièces va bouger pendant cette transition de la forme « voiture » à la forme « robot ». Une fois l’animation terminée, elle est éclairée en 3D pour correspondre à l’environnement réel de l’image dans laquelle nous insérons le robot. Le rendu est finalisé lorsque nous ajoutons des tas de petits détails : de la fumée, des éclats de lumière, de la poussière, de la saleté et des étincelles. Tous ces éléments nous aident à intégrer le robot dans son environnement, et à le rendre crédible.

Quel est le Transformer qui vous a posé le plus de problèmes ?

Chaque robot avait ses particularités, et posait des problèmes spécifiques. C’est un peu comme essayer d’élever une famille de quinze enfants. Une fois que vous avez réglé les problèmes sur un robot, il faut vous dépêcher d’en « réparer » un autre juste avant qu’il n’explose ! Chacun des robots est composé de milliers de pièces en mouvement, ce qui représente un niveau de complexité que nous n’avions jamais atteint auparavant. De tous les Transformers, Optimus Prime, Megatron et Ironhide étaient les plus complexes. Optimus Prime parce qu’il est un des héros du film, et parce que chacune de ses transformations est mise en valeur. Megatron à cause de l’imbrication complexes de ses mécanismes. Et enfin Ironhide parce que ses canons intégrés sont composés à eux seuls de plus de pièces que certains autres Transformers.

Quelles ont été les scènes les plus complexes à créer ?

C’est toujours difficile de choisir LA séquence la plus complexe, parce que chaque scène comporte des particularités qui nous obligent à relever des défis différents. Disons que l’une des plus difficiles à créer est un long plan continue où l’on voit les cinq Autobots se transformer en même temps. La caméra tourne autour d’Optimus Prime, puis révèle Autobot Ratchet, Ironhide, Bumblebee et Autobot Jazz pendant leur transformation. Chacun des personnages était en soi un défi, car nous voulions que chaque animation de transformation reflète la personnalité de chaque robot. Pour être animé, chaque personnage nous oblige à mettre en mouvement des centaines de pièces articulées qui doivent se comporter de manière crédible. En plus de cela, la scène se passe pendant la nuit, dans une allée envahie de fumée, ce qui nous a posé des problèmes supplémentaires au niveau de l’éclairage et de l’intégration des personnages 3D !

Combien de temps vous a-t’il fallu pour créer tous les effets visuels du film ?

I.L.M. a travaillé pendant un an sur le film, mais la conception artistique et le travail de préparation des scènes en animatique avait débuté bien avant.



Quelle est la proportion de ce qui a été tourné en prises de vues réelles, par rapport à ce qui a été créé en images de synthèse ?

Ce qui est très sympathique quand on travaille avec Michael Bay, c’est qu’il essaie à chaque fois de filmer une majorité de trucages devant la caméra, sur le plateau. La plupart des destructions et des explosions que vous verrez dans le film sont vraies, mais pour insérer nos robots dans ces images, nous avons du ajouter des couches de trucages supplémentaires. L’intégration dans l’environnement est l’un des aspects les plus importants de notre travail. C’est ce qui nous permet de rendre nos robots crédibles. Nous avons passé énormément de temps pour soigner les interactions entre les personnages et le monde dans lequel ils évoluent. Il y a quelques plans dans lequels on a utilisé des marionnettes, mais la plupart des plans de robots ont été créés numériquement. La plupart des fonds d’images, des bâtiments et des décors ont été eux aussi retouchés et agrandis grâce aux effets digitaux.

Comment avez-vous animé les robots pour leur permettre d’exprimer des émotions ?

Nous commençons souvent par jouer la scène nous-mêmes pour obtenir des références. Nous nous sommes rendu compte que la performance d’un personnage était principalement exprimée par les mouvements du corps et de la tête, car les robots n’ont pas de paupières ni de sourcils, deux caractéristiques faciales que les humains utilisent énormément lorsqu’ils montrent des signes d’émotions. Nous avons mis au point des astuces pour évoquer des clignements de paupières et des mouvements d’yeux complexes en utilisant l’éclairage des barres de métal et des parties anguleuses des visages des robots. Une fois que vous apportez de la vie au regard, les mouvements des lèvres ajoutent l’étincelle finale et votre robot semble prendre vie !

Que faut-il étudier si l’on se destine à travailler dans le domaine des effets visuels ?

Il y a beaucoup de livres sur le sujet, ainsi que des manuels qui permettent de se familiariser avec les principaux logiciels. Beaucoup d’écoles d’art offrent aussi la possibilité d’apprendre la 3D et les techniques de l’animation. Ce qui est formidable dans l’industrie des effets visuels, c’est qu’elle a besoin de compétences très variées. Nous employons des peintres, des sculpteurs, des cinéastes, des créateurs de logiciels et des ingénieurs. Une des personnes qui a créé les effets de destruction en 3D possède un diplôme de philosophie ! La chose la plus importante, c’est d’être passionné par son travail et d’avoir une attitude positive.

Si vous étiez un des Transformers, lequel serait-ce ?

Scott Farrar : Je crois que j’aimerais être Bumblebee, car c’est l’un des robots qui devient ami avec un humain. Et je serais aussi le premier robot à avoir le plaisir de rencontrer Sam Witwicky !

[Entretien avec Michael Bay]


[Preview de Transformers 2]


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