DOCTOR STRANGE : Visite du tournage et entretien exclusif avec le producteur Stephen Broussard ! – 2ème Partie
Article Cinéma du Lundi 12 Septembre 2016

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Aujourd’hui, vous tournez une scène de combat qui se déroule dans l’appartement new-yorkais du Docteur Strange, le « Sanctum Sanctorum »qui se trouve dans Greenwich Village…

C’est exact, et vous en verrez une partie au cours de votre visite. L’un des points forts de Stan Lee a été d’avoir su transposer astucieusement les grands sujets des années 60 et 70 en personnages de ses récits de super-héros. Tony Stark est un pur produit des années de la guerre du Vietnam, et ses actions et sa personnalité permettaient à Lee de commenter ces évènements-là à sa manière. Alors que toute la jeunesse américaine descendait dans les rues pour manifester contre la guerre, les actions de l’armée US et les profits réalisés par les fabricants d’armes, Stan Lee a décidé de créer un nouveau personnage qui serait justement un marchand d’armes, et de le transformer en héros afin de se lancer un vrai défi d’auteur. Et cela a marché au-delà de toutes ses espérances. En ce qui concerne le Docteur Strange, Stan et Steve Ditko se sont basés sur la curiosité qui animait alors les gens et qui les incitait à tenter de nouvelles expériences psychédéliques comme celles prônées par le psychologue Timothy Leary : il s’agissait d’ouvrir son esprit à des réalités alternatives, ce qui a été l’un des grands mouvements de la jeunesse dans les sixties. On pourrait dire que Stan a recyclé une partie de la culture hippie et l’a amalgamée avec le thème du paranormal et de la sorcellerie pour créer ce nouveau justicier atypique qu’est le Docteur Strange. Ce n’est bien sûr pas un hasard non plus si Stan Lee a situé la maison de notre héros à Greenwich Village, car c’est là que vivaient beaucoup des gens qui ont participé à ce mouvement, et où l’on trouvait les bars, les restaurants et les salles de spectacles dans lesquelles ils se réunissaient. Bien sûr, le Greenwich village actuel n’a plus grand’chose à voir avec celui des années 60. On n’y trouve plus de tavernes enfumées avec des poètes qui déclament leurs textes pendant que des artistes se lancent dans des « happenings » (rires). Si l’on s’y promène, tout est devenu plus calme, plus raisonnable et nettement plus commercial. On y voit les mêmes boutiques luxueuses de vêtements et d’accessoires de mode haute couture qu’ailleurs, et ce nous a contraint à prendre quelques libertés avec la réalité contemporaine de ce quartier dans le film. Le Greenwich que nous allons vous montrer se situera quelque part entre son aspect cool et poétique des sixties et le présent : nous avons choisi de tricher un peu pour le rendre plus pittoresque, plus fantastique et plus proche des décors de la BD originale. De cette manière on ne s’étonnera pas d’y voir un immeuble en pierres de taille aussi particulier que celui qui abrite le Sanctum Sanctorum du Docteur Strange !

Quels sont les aspects particuliers du film qui vont le différencier des autres productions récentes des Studios Marvel ?

Cette ambiance magique dont nous venons de parler va se retrouver un peu partout, et contribuer à créer une ambiance singulière, propre à l’univers du Docteur Strange, tout comme celles qui font la particularité d’une aventure des Gardiens de la Galaxie ou d’Iron Man. Les concepts que nous évoquons dans le film comme les dimensions parallèles ou la projection du corps astral sont vraiment bizarres et vont nous permettre de créer des images intrigantes, extrêmement étranges. C’est l’une des principales particularités de cette franchise. Le public va découvrir un récit vraiment insolite, qui va l’emmener là où aucun autre film de super-héros n’est allé jusqu’à présent. Nous allons respecter la tradition des comics de Docteur Strange qui vous entraînaient dans des voyages psychédéliques et vous présentaient des notions ésotériques tellement folles que cela vous propulsait très très loin dans l’imaginaire. C’était à chaque fois un véritable « trip » mental ! (rires) Nous utilisons tous les outils actuels les plus performants du cinéma pour donner vie à ces fulgurances imaginaires sur le grand écran. En nous lançant dans ce projet, nous avons été amenés à consulter les travaux récents des scientifiques sur les thèmes des dimensions parallèles et des portails qui pourraient mener à d’autres univers. Je dois dire que nous avons été sidérés de constater que la science a fini par rejoindre ce que Stan Lee et Steve Dikto imaginaient dans leurs récits ! Toutes ces notions sont désormais reprises par la cosmologie et la physique quantique. Nous ne franchissons cependant pas la frontière entre la fiction de la BD et les travaux scientifiques les plus récents en affirmant que « la magie d’hier est la science d’aujourd’hui », car il nous semble que si nous voulions expliquer et rationaliser tout cela, nous briserions le charme très particulier de cet univers magique. Cependant il est intéressant de constater que ces thèmes sont abordés aujourd’hui par les scientifiques de très haut niveau et donnent désormais lieu à des théories tout à faire sérieuses.

Le choix de Scott Derrickson, l’un des réalisateurs les plus doués du cinéma d’horreur actuel, est-il une indication des directions dans lesquelles DOCTOR STRANGE va aller ?

Non. DOCTOR STRANGE présentera des lieux étranges et des situations parfois inquiétantes, mais ce ne sera en aucun cas un film d’horreur. J’aurais du mal à définir dans quel registre précis on pourrait le classer, car il est réellement atypique, mais si je devais citer certaines de ses influences, je dirais qu’une partie de ses séquences mystiques et de la quête spirituelle de notre héros ressemble à ce que l’on peut voir dans certains classiques du cinéma de Kung-Fu, dont nous sommes de grands fans chez Marvel… Il y a aussi un aspect du film qui porte sur l’expansion de la conscience et l’accès à ce qui se trouve au-delà de ce que nous percevons comme étant la seule et unique réalité. En ce sens, certains passages de notre histoire vous feront peut-être penser à des scènes de 2001, L’ODYSSÉE DE L’ESPACE ou de MATRIX. Je sais que c’est très ambitieux de notre part de nous référer à de tels films, mais ils nous ont énormément inspirés.

La suite de notre avant-première DOCTOR STRANGE apparaîtra bientôt comme par magie sur ESI.

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