Exclusif : Seconde partie de notre entretien avec CHRISTIAN BALE à propos de Terminator Renaissance
Article Cinéma du Vendredi 05 Juin 2009

La suite des confidences de Christian Bale (retrouvez la première partie de l'entretien ici), à propos de son interprétation de John Connor, leader de la lutte humaine contre les machines dans Terminator Renaissance.

Par Pascal Pinteau

Aujourd’hui le thème principal de Terminator – l’invasion des machines – semble de plus en plus pertinent dans notre vie quotidienne : nous travaillons avec des ordinateurs, utilisons des téléphones portables qui deviennent de plus en plus sophistiqués, nous communiquons via internet, et nous nous déplaçons sur les routes au gré des feux de signalisation contrôlés par des machines…

Effectivement. Il ne faut pas extrapoler énormément pour imaginer ce qui pourrait advenir, et comment le monde de cauchemar que nous décrivons dans le film, et qui n’existera jamais à mon sens, pourrait voir le jour. Cela étant dit, pour ma part, je crois que nous ne verrons jamais des machines à l’aspect totalement humain marcher dans les rues. Je crois que cela fait juste partie des concepts très attractifs du film. Mais dans la vie réelle, ce serait totalement inutile, et très déstabilisant. Par contre, je suis persuadé que les robots joueront un rôle de plus en plus important, en tant qu’aides aux personnes âgées, ou dans certains services hospitaliers. Ils deviendront certainement des outils précieux, et ne prendront une forme humanoïde que pour des raisons pratiques. Mais je ne crois pas à des simulacres d’humains, munis de peau synthétique.

Qu’est-ce que la haute technologie vous inspire ?

Je suis presque totalement nul en technologie, contrairement à John Connor, qui est un génie dans ce domaine depuis son adolescence. Mais je reconnais l’importance et l’utilité de la technologie, bien sûr.

Comment Sam Worthington et vous avez-vous travaillé la tension extrême qui s’instaure entre vos deux personnages, quand vous vous rencontrez pour la première fois dans le film ?

Nous en avons parlé ensemble au cours de plusieurs conversations, mais pas pendant de longues heures. Sam est un acteur qui va à l’essentiel, sans faire de chichis ni se « prendre la tête ». Quand il faut faire quelque chose, il y va et le fait. Et c’est tout ! Et le résultat est excellent. Pour préparer des scènes comme celles dont vous venez de parler, la méthode est toujours à peu près la même : il faut les travailler, découvrir des idées au cours de ce processus, puis oublier tout ce qui a été prévu. Si tout se passe bien, vous vous êtes tellement imprégné de votre rôle et de celui de votre partenaire que tout vous vient naturellement quand vous jouez la scène.

Aviez-vous rencontré Sam avant de travailler avec lui ? C’est un acteur encore peu connu pour l’instant, qui vient d’Australie. Vous avez certainement dû vous renseigner à son sujet…

J’avais vu un des films qu’il a tourné en Australie, Somersault, et j’avais trouvé Sam excellent dans ce rôle. Ce qui m’a frappé, c’est de voir qu’il joue sans se comporter comme un acteur. Mine de rien, c’est une des plus grandes qualités que l’on puisse posséder quand on exerce cette profession. Quand je l’ai vu, j’ai immédiatement su que je voulais qu’il tienne l’autre rôle principal du film. Pour tout dire, j’aimais assez l’idée qu’il soit complètement inconnu aux USA, car cela ajoute au mystère qui entoure son personnage. Mais je crois que Sam ne restera pas inconnu longtemps. Il va devenir une telle star qu’il devra vite songer à maîtriser la course folle dans laquelle il va être entraîné. Il va devoir apprendre à utiliser les freins !



Vous avez établi une collaboration très étroite avec Chistopher Nolan sur les deux Batman et sur Le Prestige. Comment avez-vous travaillé avec McG sur Terminator Renaissance ?

Chris Nolan et McG sont totalement différents. C’est d’ailleurs un des aspects que je préfère dans ma profession : avoir l’opportunité de travailler avec des personnalités extrêmement différentes. Comme les réalisateurs ne travaillent jamais ensemble, ils ignorent comment leurs collègues procèdent. McG est un personnage très extraverti, dont l’enthousiasme et le dynamisme sont communicatifs. Parmi tous les réalisateurs que je connais, c’est l’un de ceux qui réussissent à créer la meilleure atmosphère possible sur le tournage. McGet ne manque pas une occasion de montrer qu’il apprécie à sa juste valeur le travail de tous les membres de l’équipe technique. C’est un merveilleux talent que d’être capable de faire cela. On voit si souvent des équipes démobilisées parce qu’elles ont l’impression d’être négligées, voire ignorées. McG, lui, implique tout le monde dans le processus de création du film. Tourner un film de ce genre vous oblige à faire de très longues journées, et pas une seule fois je n’ai entendu le moindre grognement venant de l’équipe technique ou des acteurs. McG fait confiance à sa propre capacité de jugement, mais il tient à avancer coûte que coûte et à faire à chaque fois quelque chose qui ne ressemble pas à ce qu’il a fait dans ses films précédents. Cela le pousse à rester toujours ouvert aux nouvelles idées. Il ne peut pas les accepter toutes, bien sûr, car sinon, il ne tiendrait plus son rôle de réalisateur, mais il a besoin de sentir que tous ses collaborateurs débordent d’idées et peuvent donner des conseils utiles sur le tournage d’une scène ou sur la structure du film. Ensuite, il se détend un peu, réfléchit à tout cela, et prend ses décisions. Il est toujours prêt à admettre que deux têtes valent mieux qu’une. Mais le cinéma est un mode d’expression de réalisateur, et au bout du compte c’est son film à lui, et à personne d’autre.

Vous avez toujours été très audacieux dans le choix de vos rôles, et êtes allé assez loin dans vos métamorphoses physiques . Vous avez perdu énormément de poids pour incarner Le Machiniste, devant ainsi presque squelettique, puis vous vous êtes musclé pour Batman Begins, et vous avez tenu à exécuter la plupart de vos cascades vous-même. A quel point décidez-vous que vous en avez assez fait, et qu’il est temps de passer le relais à une doublure cascade ?

Nous n’avons pas utilisé beaucoup de doublures cacades sur ce film. Nous en avons eu besoin surtout pour des questions de délais de tournage à respecter : mes doublures tournaient des plans larges ou des inserts avec la seconde équipe. En fait, nous avons tourné ce film plus rapidement qu’on ne le fait d’habitude, pour une production de cette ampleur. Nous avons tourné pendant 70 jours alors que beaucoup de blockbusters sont filmés pendant 120 à 130 jours. Il arrivait que l’on tourne des cascades pendant que je devais jouer une autre scène, et donc, je ne pouvais pas faire les deux en même temps. Mais à chaque fois que je le pouvais, je tournais moi-même les cascades. Je ne crois pas qu’une scène d’action puisse se contenter de n’être que cela, juste de l’action esthétisante, des explosions et des effets pyrotechniques gratuits. Elle doit exister pour une raison très précise, parfaitement justifiée par l’histoire, sinon, elle n’a aucun intérêt et doit être coupée sans pitié. Je considère que ces scènes d’action-là, quant elles sont bien conçues et bien écrites, font partie de mon travail d’acteur, et donc, je m’astreins à tourner ces combat ou ces fusillades. Et c’est d’ailleurs un vrai plaisir. Je fais toujours tout ce que je peux matériellement faire. Et pendant le tournage de Terminator Renaissance, je me suis rendu compte que je pouvais faire pas mal de choses dans ce domaine !

[Découvrez à présent la troisième et dernière partie de cet entretien]


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