Exclusif : Troisième partie de notre entretien avec CHRISTIAN BALE à propos de Terminator Renaissance
Article Cinéma du Jeudi 11 Juin 2009

Les ultimes confidences de Christian Bale (retrouvez la première et la seconde partie de notre entretien), à propos de son interprétation de John Connor, leader de la lutte humaine contre les machines dans Terminator Renaissance.

Par Pascal Pinteau



Vous êtes-vous blessé pendant le tournage des cascades ?

Oui, mais pas davantage que pendant les autres films que j’ai tournés. Quand on est confronté à un Terminator, on ne l’empoigne pas comme si on voulait faire une partie de catch avec lui : on aurait vite les os broyés si on s’aventurait dans un tel contact physique. John Connor est malin et se sert de son intelligence pour venir à bout d’un terminator avec les armes appropriées. C’est donc en grande partie à ce maniement d’armes que j’ai dû me préparer pour tourner ces combats. Il fallait que je m’en serve sans la moindre hésitation, comme si elles m’étaient familières. J’avais totalement confiance en la compétence des armuriers et des cascadeurs du film, parce que j’avais déjà travaillé avec eux sur les deux Batman.

Est-ce que les Terminators articulés créés par l’équipe de Stan Winston étaient souvent sur le plateau pendant le tournage de ces scènes ?

Oui. C’était génial de les avoir sur le plateau. Ils étaient étonnants, et très impressionnants, tant que l’on essayait pas de leur donner des expressions humaines. Dans le cas contraire, ils pouvaient devenir involontairement drôles. Il fallait les traiter visuellement comme des squelettes : ces créatures doivent bouger sans expressions ni émotions pour être vraiment effrayantes. C’était formidable de les avoir sous la main et de tourner avec eux. Quand j’ai combattu le T-600, le personnage était sacrément lourd, et me projetait par terre et me rouait de coups. Les manipulateurs qui contrôlaient la marionnette avec des tiges et des câbles sont des professionnels de grand talent, et les spécialistes de la 3D qui les ont effacé de la scène ont permis de créer l’illusion que le robot se déplaçait seul. Le résultat final est étonnant. Quand je les ai vus, j’ai réalisé que les T 600 et les T 800 étaient les véritables stars du film. C’est assez fascinant.

Vous aviez dix ans quand le premier Terminator est sorti. Quels souvenirs en avez-vous gardé ?

Je l’ai découvert plus tard en vidéo, avec des amis. Mais je me souviens très bien être allé voir Terminator 2 en salle, et le public qui attendait que le film commence était le plus impatient et le plus enthousiaste que j’aie jamais vu ! Je n’arrivais presque pas à entendre les dialogues du film parce que les gens poussaient des cris pendant chaque scène.



J’aimerais parler avec vous de l’image de la vedette de films d’action. Par le passé, c’était davantage la carrure qui comptait. Les muscles avaient plus d’importance que la cervelle du héros. A présent, quand on voit des acteurs comme vous dans Terminator Renaissance et dans les Batman, on se rend compte que la démarche est plus intellectuelle. On assiste à une réinvention, à un redéfinition du héros de films d’action…

C’est l’une des choses que je trouve fascinante. Schwarzenegger était tellement surhumain que personne ne pouvait se souvenir d’avoir vu un type bâti comme lui auparavant. Depuis, il a eu beaucoup d’imitateurs, et l’effet de nouveauté s’est un peu estompé. Mais Schwarzenegger restera toujours à l’origine de ce nouveau type de personnage. (Christian Bale designe ses muscles) Regardez tout ça…Je ne peux pas entrer en compétition avec lui sur ce terrain, donc il faut bien que je trouve autre chose que la force pour m’imposer. Cette évolution des films d’action vers des héros plus profonds est quelque chose que j’attribue à Christopher Nolan. C’est lui qui a relevé le niveau de films qui auraient pu être de simples cartoons ou une suite ininterrompue de scènes spectaculaires. Il leur a donné une substance et une intelligence jusque-là inédites. C’est avec ces films-là que nous sommes en compétition. Ces films sont supérieurs à la plupart de ceux des années 80. A l’époque, il suffisait qu’un type baraqué casse la figure aux méchants. Mais maintenant, on ne peut plus se contenter de ça.

Certains acteurs aiment être dorlotés pendant un tournage. Quand vous avez joué dans le film de Werner Herzog, vous avez tourné au beau milieu de la jungle, et avez dû vous plier aux caprices des éléments et de l’environnement naturel. Dans ce film, vous avez dû vous entraîner à être suspendu à des câbles, et vous avez été roué de coups. Est-ce que ces activités physiques assez rudes vous aident à aller au bout de votre performance d’acteur ?

Je n’ai l’impression de travailler qu’à partir du moment où je saigne ! (rires) Cela me rappelle une histoire que j’avais entendue à propos de Jimi Hendrix : on avait coutume de dire qu’il jouait jusqu’à ce que ses doigts saignent et tâchent les cordes. J’aime bien cette image de quelqu’un qui est tellement passionné par son travail qu’il préfère ignorer la douleur qu’il ressent. J’aime ça. Je ne fais pas ce métier pour rester dans un cocon luxueux.



Avez-vous le sentiment que certains des personnages que vous avez incarnés sont un peu restés en vous ?

Honnêtement, non. Et je n’aime pas non plus comparer des personnages.

Vous avez pourtant incarné des personnages extrêmement différents, de Jesus à un magicien en passant par un tueur en série et un superhéros. Comment vous débarrassez-vous de ces gens à la fin d’une journée de travail ?

J’ai toujours horreur de parler comme ces acteurs dilettantes qui parlent de leur travail en en faisant des tonnes, mais effectivement, il est vrai que quand vous incarnez un personnage jour après jour, vous vous prenez d’affection pour lui, et vous détestez le moment où vous devez lui dire au revoir à l’issue d’un tournage. Et il y a aussi des personnages dont je me suis imprégnés que ma famille et mes amis ont eu hâte de me voir abandonner, car ils ont eu une influence sur mon caractère. Mes proches n’avaient pas envie de les voir rester plus longtemps. Je pense notamment au personnage de Jim dans Harsh Times…Je peux vous assurer qu’il n’y avait personne autour de moi qui souhaitait qu’il s’incruste plus longtemps.

Pendant vos tournages, il arrive que vous parliez à la presse ou que vous ne souhaitiez pas être interviewé. Quels sont les critères qui vous donnent envie – ou pas - de parler aux journalistes ?

En toute honnêteté, en ce qui concerne Terminator Renaissance, les journées de tournage étaient très longues, et se prolongeaient par des sessions de travail sur le script. Pendant cette phase, j’ai considéré que comme j’étais encore en train de travailler sur l’histoire, sur les personnages, et que nous n’étions pas au bout de cette démarche, il n’aurait pas été judicieux de parler à la presse à ce moment-là. J’étais encore en train de définir mon personnage, et il restait des éléments de l’histoire à travailler.

Qu’espérez-vous que les spectateurs retiendront du film quand ils quitteront la salle de cinéma ?

J’espère que nous aurons réussi à faire un film avec son identité propre, qui aura su respecter la mythologie Terminator, et j’espère que les gens penseront que nous avons su revigorer cette saga. J’espère qu’ils nous donneront l’opportunité d’aller vers l’excellence et de faire un second épisode. Si nous nous sommes trompés, il faudra planter des clous pour refermer le cercueil. Mais si nous réussissons, nous aurons l’opportunité de développer cette fantastique mythologie…

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