Dans les coulisses de 2012 de Roland Emmerich – Seconde partie
Article Cinéma du Lundi 09 Novembre 2009

Nous vous présentons la suite du dossier consacré à l’excellent film catastrophe de Roland Emmerich, que nous vous incitons vivement à découvrir en salles !

Retrouvez la premier partie de notre dossier !


Une histoire de survie

Le scénario de 2012, écrit par Roland Emmerich et Harald Kloser, présente les événements selon les points de vue de deux catégories de personnages : ceux qui savent que la Terre va subir un terrible cataclysme, et ceux qui l’ignorent. Le personnage incarné par John Cusack, Jackson Curtis, est un civil qui découvre aux informations que le monde tel que nous le connaissons va disparaître. Harald Kloser confie : « Ce personnage ne fait pas qu’incarner les spectateurs. Je connais vraiment très bien Jackson Curtis parce qu’en plus d’avoir deux enfants, je suis un écrivain divorcé. Vous voyez où je veux en venir ? » Le scénariste poursuit : « John est parfait dans ce rôle, absolument parfait. Je ne voyais que lui pour jouer ce personnage. » La vie de famille de Jackson Curtis est loin d’être idéale. Auteur raté, il gagne sa vie en travaillant comme chauffeur de limousine et voit ses enfants devenir chaque jour un peu plus proches du nouveau compagnon de son ex-femme.John Cusack note : « C’est un personnage très touchant, qui s’efforce de garder une certaine dignité et de ne pas tout perdre, mais j’ai eu envie de faire ce film pour une autre raison. Quand j’ai lu le scénario, j’ai trouvé l’histoire originale et amusante. Je ne sais pas si la fin du monde sera amusante, mais ce film possède un humour macabre que je trouve très intéressant. »Amanda Peet, qui joue Kate, l’ex-femme de Jackson, a été attirée par l’opportunité de travailler avec Roland Emmerich. Elle raconte : « C’est le maître des films d’action à grand, très grand spectacle, mais il a aussi une vraie sensibilité et de l’humour. Ses personnages sont toujours attachants, et c’est un homme qui a du cœur, cela se voit dans ses films et quand on travaille avec lui. Il est très attentionné. Il a réparti les prises de vues des scènes dans les réservoirs d’eau sur toute la durée du tournage, et quand je lui ai demandé pourquoi on ne tournait pas toutes les scènes d’un coup, il m’a répondu : « Tu tiens vraiment à passer plusieurs jours d’affilée dans l’eau ? » Il a fait ça pour nous, il ne voulait pas que cela devienne une épreuve. » Dès son premier jour de tournage, Amanda Peet s’est trouvée projetée dans l’univers des films de Roland Emmerich. Elle raconte : « La première scène que j’ai tournée est celle qui se déroule dans l’épicerie. Il y a un gros tremblement de terre, et mon personnage, Kate, se retrouve coincée à l’intérieur alors que tout est en train de s’effondrer. Par chance, j’étais avec mon copain, Tom McCarthy, et nous n’arrêtions pas de rire parce que nous n’étions pas habitués à tourner des films d’action. Roland nous a dit : « Du calme, du calme. Il va se passer beaucoup de choses horribles, vous n’êtes pas au bout de vos surprises. »

Dans le camp du gouvernement

Le point de vue de l’homme de la rue est contrebalancé par l’histoire qui se déroule au cœur du pouvoir, à Washington, vue par les yeux du personnage de Chiwetel Ejiofor, Adrian Helmsley. Helmsley est un scientifique du gouvernement qui se précipite à la Maison Blanche quand il découvre une série de changements majeurs au niveau du noyau de la Terre, de la croûte terrestre et de l’atmosphère. Harald Kloser explique : « Adrian est le contrepoint de Jackson. Dès le début, il sait ce qui va se passer et ce que le gouvernement projette de faire, mais pendant tout le film il doute et se demande si ce plan est vraiment le meilleur. » Chiwetel Ejiofor déclare : « J’ai trouvé les thèmes principaux de l’histoire fascinants. Le scénario était passionnant, je n’ai pas pu le reposer avant la dernière page. L’idée est formidable. Dans cette histoire, l’humanité subit une catastrophe naturelle sans précédent. Ces derniers temps, nous avons pris conscience que les dérèglements de la nature pouvaient plonger notre monde dans le chaos. La question que tout le monde se pose, c’est de savoir quelle est notre responsabilité dans ce processus. » Adrian Helmsley fait part de ses découvertes au secrétaire général de la Maison Blanche, Carl Anheuser, qui est joué par Oliver Platt. Harald Kloser raconte : « C’était au départ le personnage le plus droit qui soit, une sorte de chien de garde de la Maison Blanche, un dur qui n’hésite pas à faire ce qu’il faut quand il le faut. Et puis Mark Gordon a proposé Oliver Platt pour ce rôle, et cela a tout changé. Oliver a apporté une dimension plus humaine à ce personnage qui reste fermement convaincu qu’il ne faut pas dire aux gens ce qui va arriver pour leur bien, étant donné que tout le monde ne pourra pas être sauvé. » Oliver Platt observe : « Anheuser est un homme pragmatique qui essaye de résoudre une situation très complexe sur le plan moral. Comme le destin de la race humaine est en jeu, il voit son plan comme la solution la plus sensée et la plus morale qui soit, mais le fait de savoir que tout le monde ne pourra pas y prendre part rend la situation particulièrement difficile et douloureuse. » Oliver Platt ajoute : « C’est ce conflit qui m’a donné envie de jouer ce rôle. Il y a déjà eu des films « de fin du monde », mais je crois que 2012 est le premier où le gouvernement, qui est supposé être l’autorité suprême, doit choisir ceux qui seront informés, ceux qui seront sauvés et ceux qui ne le seront pas. » Cette idée est aussi ce qui a convaincu Harald Kloser que l’histoire devait également être racontée depuis le point de vue d’officiels du gouvernement. Le scénariste se souvient : « Au début, nous voulions raconter cette histoire sans l’intrigue qui se déroule à Washington. Roland Emmerich l’avait déjà fait dans ses films précédents. Mais après en avoir longuement discuté, nous avons finalement décidé que nous ne pouvions pas raconter un projet gouvernemental d’une telle ampleur sans parler des personnes qui en sont à l’origine. »

Des événements réels au script…

Au moment où Roland Emmerich et Harald Kloser ont écrit le scénario, pendant les primaires des élections présidentielles américaines, leur Président était une femme. Harald Kloser se souvient : « Quand les résultats de l’Iowa sont tombés, j’ai crié à Roland : « Eh, je crois que finalement, notre Président ne sera pas une femme ! ». Le Président des Etats-Unis du film, un homme sage et compatissant, est interprété par Danny Glover. Mark Gordon raconte : « C’est un acteur fantastique. Il a apporté beaucoup de gravité à son personnage. Le public ne l’a pas vu dans un gros film hollywoodien depuis longtemps, et je pense qu’ils vont l’adorer dans son rôle de Président. » Danny Glover note : « J’aime bien le dicton « les hommes ne font pas l’Histoire, c’est l’Histoire qui les fait ». Chacun d’entre nous est défini par sa propre histoire, par ce qu’il a vécu. Le Président Wilson doit prendre des décisions très difficiles dans des circonstances que personne n’avait jamais imaginées quand il est arrivé dans le bureau ovale. » Il ajoute : « Je ne pense pas qu’il se décrirait comme un « leader fort », même si c’est l’image que les autres ont de lui. Il se verrait plutôt comme une personne ordinaire qui essaye d’être extraordinaire. C’est le genre d’homme qui motive les gens, et qui leur donne envie de bouger et d’agir. » Finalement, le Président partage les découvertes scientifiques avec d’autres nations et met en place, quelques années avant 2012, un plan pour sauver les chefs d’Etat, les scientifiques, les artistes, les plantes, les animaux et les objets les plus précieux de notre civilisation. Chargée de la collecte et de la préservation des plus grandes œuvres d’art, Laura, la fille du Président, n’apprend la finalité exacte de sa mission que quand la catastrophe devient imminente. Un lien profond va se créer entre elle et Adrian Helmsley, et les deux personnages vont se soutenir mutuellement dans l’épreuve morale qui les attend. Dans 2012, Thandie Newton retrouve Danny Glover, avec qui elle avait joué dans BELOVED, et Chiwetel Ejiofor à qui elle a donné la réplique dans IT WAS AN ACCIDENT. Elle déclare : « C’est toujours un plaisir de retravailler avec des gens qu’on apprécie. J’ai travaillé avec Chiwetel il y a presque dix ans, et depuis il a beaucoup évolué en tant qu’acteur. Il a ce charisme qui vous donne envie d’avoir confiance en lui, en sa force et sa droiture morale. On veut le voir sauver le monde. Danny est très paternel, il fait très attention à moi. C’est vraiment super d’avoir une telle relation avec lui. » Woody Harrelson interprète Charlie Frost, un animateur radio. Il raconte : « Charlie est un animateur de radio pirate qui émet depuis le parc national de Yellowstone. Il vit dans son camping-car et ne cesse de hurler sur les ondes que la fin du monde est proche. J’aime bien jouer des types comme lui, complètement dingues et véhéments – même si dans le cas de Charlie les événements vont montrer qu’il n’est pas si dingue que ça. » Il continue : « Quand on ne connaît Roland qu’à travers ses films, on pourrait penser que c’est un type dur et violent. Mais en fait, c’est l’homme le plus doux et le plus gentil du monde. Il sait très bien ce qu’il fait et ce qu’il veut. Quand on regarde un de ses films, on est cloué à son fauteuil, on est complètement emporté par l’action et l’histoire. »

Comment simuler la fin du monde…

2012 a été filmé à Vancouver, au Canada, en cinq mois. La production a utilisé 13 plateaux dans cinq studios différents, et deux « plateaux » extérieurs avec un immense « sol mouvant », des palmiers et un fond bleu. La région autour de Kamloops, où l’équipe a tourné pendant une semaine, a servi de doublure pour le Tibet et le parc national de Yellowstone. Le tournage s’est terminé à Los Angeles avec quelques extérieurs. Le superviseur des effets spéciaux Mike Vezina raconte : « Avant de tourner le premier plan, de construire les décors et de chorégraphier les cascades, il a fallu décider quelles séquences allaient être faites en images de synthèse, et lesquelles allaient être filmées directement à la caméra avec des effets spéciaux. Ce travail a été réalisé très tôt au cours de la phase de préproduction. » Mike Vezina était responsable des effets spéciaux liés aux tremblements de terre, qu’il a réalisés en faisant bouger le sol des décors. Il raconte : « Nous avons fabriqué les plus grosses machineries pour effets spéciaux que j’aie jamais vues. Nous avons utilisé 500 000 tonnes d’acier pour fabriquer ces décors mobiles, ces grandes plates-formes que l’on pouvait secouer et faire trembler. Roland Emmerich aime tout ce qui est réel, tangible, nous avons donc tourné toutes les scènes où la terre se met à trembler, celle où les personnages sortent de la maison, celle qui se déroule à l’aéroport et bien d’autres, sur d’énormes plates-formes flottantes que nous pouvions faire bouger. Elles faisaient environ 750 m². Nous avons donc construit les décors dessus, mis des voitures, des camions et des avions, et tout bougeait en même temps. Grâce à cela, les acteurs avaient vraiment l’impression de vivre pour de bon un tremblement de terre et leurs réactions étaient beaucoup plus réalistes. » Le premier décor mouvant construit par l’équipe était aussi le plus chargé en accessoires. En arrière-plan, la Maison Blanche a été incrustée grâce à un écran vert. Danny Glover, avec des centaines de figurants, du matériel de secours et des tonnes de poussière et de cendre, se tenait sur une plate-forme de 670 m² qui occupait la plus grande partie du plateau. Mike Vezina explique : « Nous avons utilisé un système hydraulique et pneumatique pour faire bouger la plate-forme de bas en haut et d’avant en arrière. Il y avait un système de valves que nous contrôlions électroniquement. Roland pouvait donc nous dire : « Cette fois-ci je veux une petite secousse, puis une plus grosse. » Nous pouvions interrompre et modifier l’intensité des mouvements en direct pour faire un petit tremblement de terre et ensuite augmenter sa force. Grâce à un joystick actionné par une seule personne, nous avions un contrôle total de la plate-forme. »

Inondations sur commande

Les acteurs ont aussi tourné dans l’eau de nombreuses scènes du troisième acte du film. Plusieurs décors ont été construits, et chacun d’entre eux avait son propre réservoir d’eau. Les acteurs et l’équipe devaient monter des escaliers pour atteindre le décor, qui descendait ensuite dans le bassin d’eau grâce à un système de treuils. Mike Vezina explique : « Nous avons construit trois ou quatre types de réservoirs qui faisaient tous des choses différentes. Dans une salle que nous avons appelée la salle mouvante, il y avait une scène où les gens se mettaient à courir, puis le réservoir déversait d’un seul coup plus d’une trentaine de mètres cubes d’eau. Tout le monde était emporté et la pièce complètement inondée. Tous les décors pouvaient être montés ou descendus dans un réservoir de 3 mètres de haut. » Mike Vezina a aussi créé un système de circulation d’eau entre les réservoirs des différents décors. Il explique : « Nous pouvions faire passer l’eau d’un décor à un autre grâce à un système de pompes. Il suffisait de pomper l’eau d’un réservoir à un autre. Nous avions aussi un bassin adjacent dans lequel l’eau était réchauffée, chlorée et filtrée avant d’être renvoyée dans les réservoirs. A la fin de la journée, l’eau retournait dans ce bassin pour y être traitée pendant la nuit. » Quand l’éclairage ou les caméras avaient besoin d’être ajustés, le décor et les acteurs étaient sortis de l’eau, puis ré-immergés quand les changements étaient terminés. John Cusack raconte : « Les scènes dans l’eau ont été difficiles à tourner, mais j’aime l’eau et j’ai trouvé cela plutôt amusant. Nous avions vraiment l’impression que l’eau montait parce que la caméra descendait avec nous. »

Découvrez à présent la suite de ce dossier !

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