Exclusif : Dans les coulisses du Choc des Titans, quatrième partie : l’antre des créatures mythologiques
Article Cinéma du Jeudi 04 Mars 2010

Retrouvez la troisième partie de ce dossier


Dans cette troisième partie de notre visite exclusive du tournage du Choc des Titans, nous allons rencontrer les spécialistes des maquillages et des effets animatroniques de ce film épique, réalisé par notre compatriote Louis Leterrier.

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Nous entrons à présent dans le domaine des créatures élaborées avec minutie par le maquilleur Conor O’Sulivan. Pendant que O’Sulivan est sur le plateau, aux côtés des acteurs principaux, son collaborateur André Gilbert nous présente plusieurs personnages à l’aspect très particulier…

Entretien avec Andre Gilbert, assistant de Conor O’Sulivan, superviseur des effets spéciaux de maquillage.

Pouvez-vous nous décrire les effets spéciaux de maquillage que vous créez pour Le choc des titans ?

Nous créons les maquillages de Calibos, des trois sorcières stygiennes, des Djiins, et des deux âmes perdues qui apparaissent dans la rivière Styx. Notre processus de travail débute par la fabrication de statuettes comme celles que vous voyez sur cette étagère à côté de nous (Les statuettes que nous montre André sont celles de deux êtres squelettiques, dont la peau ravinée part en lambeaux) qui représentent justement les deux âmes perdues dont je parlais à l’instant. Nous montrons les statuettes au réalisateur pour lui donner une idée de ce que les personnages pourraient être. Il nous indique ensuite ce qu’il souhaiterait que nous modifions, nous précise l’aspect qu’il désire, et les détails – cicatrices, textures – qu’il voudrait ajouter. Une fois que le design définitif du personnage a été validé, nous passons à l’étape qui consiste à mouler les divers acteurs. Dans le coin de l’atelier, vous pouvez voir les moules des deux acteurs très maigres qui jouent les âmes perdues. Nous les avons moulés avec de l’alginate et des chapes de plâtre, puis nous nous sommes servis de ces moules négatifs pour fabriquer des tirages positifs en plâtre de leurs corps. Les détails ont été sculptés en argile sur ces tirages. Ces hommes sont sensés s’être noyés. C’est la raison pour laquelle leur chair se décompose et part en lambeaux. Une fois que la sculpture en argile a été terminée, nous l’avons moulée en silicone, la même matière que les moules qui sont étalés devant vous, sur la table. Comme vous le voyez, ils sont composés d’une chape en résine et fibres de verre et d’un insert en silicone.

Comment vous servez-vous de ces moules ?

Nous les remplissons avec une silicone à base de platine, teintée dans la masse, que nous laissons vulcaniser. Une fois que la prothèse a gélifié, elle est ensuite appliquée directement ainsi, encore maintenue dans le moule souple, sur la peau de l’acteur. La ligne bleue que vous pouvez voir au travers du moule translucide représente l’endroit où les rebords de la prothèse doivent se trouver. Elle nous sert de point de repère quand nous versons la silicone teintée dans le moule. Nous faisons attention à ne pas dépasser cette ligne bleue, puis nous chauffons la silicone pour provoquer sa gélification. Une fois que la vulcanisation est terminée, la prothèse est prête à appliquer. Nous la laissons dans son moule et sa chape, et plus tard, comme je vous le disais auparavant, nous n’avons plus qu’a retirer la chape de résine et fibre de verre, et nous appliquons le moule de silicone souple et la prothèse de silicone placée à l’intérieur sur la peau de l’acteur, et ensuite, nous réalisons des raccords invisibles entre les bords très fins de la prothèse et la peau du comédien. Nous fabriquons deux exemplaires de chaque prothèse pour chaque journée de tournage, par sécurité, juste au cas où il y aurait un petit incident qui endommagerait le maquillage. De cette manière, nous pouvons parer à toute éventualité. Les 30 moules que vous voyez sur cette table servent à produire les prothèses des personnages des deux âmes perdues pour une journée.

Les prothèses en silicone sont-elles fragiles ? Sont-elles facilement endommagées ?

Non. Au contraire, elles sont plutôt robustes. La technique que je viens de vous décrire a été inventée par Conor O’Sulivan, et il a reçu une nomination aux Oscars pour son utilisation sur The Dark Knight. C’est ainsi que Conor a créé le maquillage du Joker. Ce processus réduit considérablement le temps d’application des prothèses. La maquillage du Joker, par exemple pouvait être prêt en 25 minutes. Nous poussons cette technique sans arrêt pour découvrir les nouveaux résultats que nous pouvons obtenir. Et elle fonctionne remarquablement bien.

Pendant combien de journées de tournage avez-vous à maquiller tous ces personnages ?

Je crois que Calibos a déjà participé à 30 à 40 jours de tournage. Et donc, chaque jour, nous avons besoin d’une nouvelle série de prothèses pour le préparer. C’est un processus assez complexe, mais grâce à ces techniques, nous obtenons des bords de prothèses très fins et très discrets. Cela nous permet de filmer le personnage en très gros plan sans avoir de problème. On ne voit pas les raccords. De plus, comme notre procédé nous permet d’appliquer les prothèses très vite, c’est autant de temps supplémentaire dont nous disposons pour réaliser des raccords très soignés. L’une des principales qualités de la silicone, c’est qu’il s’agit d’un matériau translucide, comme la vraie peau. Ainsi, quand elle est teintée correctement, et quand les raccords des prothèses sont lisses, le maquillage se fond littéralement dans la peau. La mousse de latex, que l’on utilisait traditionnellement pour créer les prothèses, est complètement opaque. Il faut donc la peindre de manière à créer en trompe l’œil l’illusion de la transparence. La silicone actuelle a un aspect beaucoup plus naturel, mais la mousse de latex permet encore d’obtenir de très bons résultats sur certains personnages. Son grand avantage, étant donné qu’il s’agit d’une mousse, c’est qu’elle est composée en grande partie de microbulles d’air qui la rendent plus légère que la silicone. C’est la raison pour laquelle il est préférable d’utiliser de la mousse de latex quand on doit fabriquer des costumes qui représentent tout le corps d’un personnage fantastique. C’est ce que nous avons fait pour créer les corps des trois sorcières Stygiennes : la mousse de latex était le matériau idéal pour cet effet-là.

Vous êtes actuellement en train de travailler sur les personnages des Djiins…

Oui. Ce sont des créatures composées de bois, comme vous le savez. Ian White, l’acteur qui joue le chef des Djiins, le Cheik Suleiman, mesure plus de deux mètres. Nous avons utilisé des textures de bois pour créer son visage et son corps. Des textures qui ressemblent à celles du bois desséché.

Revenons un instant aux personnages des âmes perdues : ont-ils été filmés dans l’eau, pendant les scènes qui montrent la traversée de la rivière Styx ?

Nous n’avons pas encore filmé cette scène ainsi, mais elle sera bien tournée à un moment dans l’eau, oui. L’un des autres avantages des prothèses en silicone est leur excellente adhérence à la peau. De ce fait, les maquillages résistent très bien à l’eau.

Comment retirez-vous les prothèses en silicone ?

Nous utilisons des dissolvants spéciaux qui existent depuis de longues années, la colle fond et les prothèses peuvent être détachées très facilement. C’est rapide et indolore. Les adhésifs à base de silicone et les dissolvants ont été créés à l’origine pour une utilisation médicale. Ce sont donc des produits particulièrement sûrs.

Pour qui avez-vous préparé ces blessures ?

Pour Persée. Il se fait mordre par Calibos à un moment, et est blessé. Nous avons créé différentes étapes de cette blessure, car elle guérit progressivement au cours de l’histoire. Calibos suit Persée et ses hommes pendant leur voyage, il y a donc différentes scènes pendant lesquelles ils s’affrontent.

(Nous passons maintenant à une autre partie de l’atelier de maquillage, où sont fabriquées les prothèses faciales et les costumes en mousse de latex. Une série de grands batteurs électriques avec des bols est alignée sur des établis et une odeur caractéristique de caoutchouc cuit flotte dans l’air…)

On voit tout de suite que vous utilisez beaucoup de mousse de latex dans ce film…

Oui. Les grands mixeurs que vous voyez ici sont utilisés pour mélanger les différents composants de latex et les colorants et les battre comme des œufs en neige. C’est ainsi que nous obtenons une mousse de latex non cuite et semi-liquide. Une fois que c’est prêt, nous ajoutons un agent gélifiant au mélange de mousse, nous continuons à le mixer un peu, et le produit est rapidement injecté dans les moules des prothèses à l’aide de grosses seringues que nous fabriquons nous-mêmes. Le mélange gélifie dans les moules, puis les moules sont placés dans ce four énorme qui se trouve devant nous. Les prothèses cuisent ainsi pendant deux à trois heures, en fonction de leur épaisseur, et quand elles sortent du moule, elles ressemblent à ceci…

 (André nous entraîne dans une autre pièce où les prothèses de couleur chair sont peintes et détaillées. On peut voir beaucoup de duplicata des mêmes prothèses, ce qui permet de se faire une bonne idée de la quantité de travail nécessaire pour créer le même maquillage pendant des semaines sur un acteur…)

…Nous devons donc les peindre, et ajouter aussi des cheveux et des poils qui sont implantés un par un à la main dans la mousse de latex. Vous pouvez voir un exemple de ce travail sur la prothèse du crâne de Calibos, que voici. Toutes les prothèses que vous voyez ici autour de nous ne serviront à tourner que quelques jours. C’est pour cela que nous en fabriquons constamment de nouvelles. Calibos est de loin le personnage le plus complexe, car il a une tête, un bras, une jambe et un pied qui sont déformés. Ces prothèses finissent par s’abîmer pendant toute une journée de tournage, et il faut donc les remplacer par de nouvelles.

Certains éléments, comme ce pied de Calibos, semblent être faits dans d’autres matériaux que la mousse de latex…

C’est exact. Il s’agit d’uréthane. La mousse de latex convient parfaitement aux mouvements amples du visage et des bras, mais on ne pourrait pas marcher sur une prothèse de pied moulée avec ce matériau : il se déchirerait trop rapidement. Nous avons aussi fabriqué des versions en silicone encore plus solides de ce pied de Calibos pour la partie du tournage qui a eu lieu au pays de Galles, parce que Jason Flemyng, qui incarne Calibos, devait marcher sur des rochers. Jason est assez incroyable à voir quand il joue avec son maquillage complet. Il participe à de nombreuses scènes d’action pendant lesquelles il court à toute allure avec ses prothèses, son costume et ses armes. C’est formidable de le voir agir ainsi : il semble totalement à l’aise, ce qui est parfait, puisque ce corps difforme est sensé être le sien.  Mais à chaque fois que je le vois, je ne peux m’empêcher d’être stupéfait par son agilité. Je l’ai vu dévaler des pans de montagnes ou sauter d’une falaise sans broncher, avec toutes ses prothèses !

Les maquillages des sorcières stygiennes sont eux aussi très spectaculaires…

Merci !..Elles n’ont pas d’yeux, comme vous pouvez le constater. Donc, pour laisser un peu de vision aux acteurs qui les incarnent, nous avons ajouté ces rides très profondes sur leurs visages. Il y a des petits trous au fond de ces rides, ce qui leur permet de voir un petit peu ce qui se trouve autour d’eux et d’éviter de tomber.

Pouvez-vous réutiliser certaines des prothèses des sorcières ?

Oui, les têtes en mousse de latex peuvent être employées plusieurs jours de suite, mais les prothèses qui se trouvent autour des bouches sont renouvelées tous les jours. Elles sont réalisées en gel de silicone Platt pour être plus durables. Les décors dans lesquels les scènes des sorcières ont été tournées étaient envahis de fumée et de vapeur d’eau. L’adhésif que nous employons pour coller les prothèses en mousse de latex a quelquefois tendance à se décoller dans ces environnements très humides. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’employer des prothèses en silicone pour les contours des bouches des sorcières, car ce sont des éléments qui sont soumis à de fortes tensions lorsqu’elles parlent ou crient. Les costumes en mousse de latex, eux, sont réutilisés tous les jours. Comme vous pouvez le voir, nous avons représenté leurs corps décatis dans tous leurs détails, avec des seins tombants, des rides et de bourrelets, pour obtenir le résultat le plus grotesque possible. Les sorcières sont bien évidemment habillées dans le film, des pieds jusqu’au cou. Nous nous sommes donc fait plaisir en réalisant des corps aussi réalistes !

Mélanger des prothèses en mousse de latex et en silicone pour créer un seul maquillage est une approche nouvelle…

Oui en effet, mais cela marche vraiment très bien.

Nous laissons André bichonner ses monstres pour aller à la rencontre du superviseur des effets spéciaux Neil Corbould, donc l’équipe est affairée à sculpter plusieurs personnages. En entrant dans son atelier, nous remarquons immédiatement plusieurs statuettes superbes : une Gorgone au long corps reptilien prolongé par un dard et à la chevelure de serpents très abondante, une harpie aux ailes de chauve-souris, et un Kraken doté d’une petite tête, et d’un énorme corps aux pattes de crabes. Trois designs particulièrement efficaces, qui laissent augurer de belles séquences de combats…

Entretien avec Neil Corbould, superviseur des effets spéciaux.

Vous êtes entouré de créatures très impressionnantes !

Vous aimez les créatures ? Cela tombe bien : je vais vous en montrer une autre ! (Neil Corbould disparaît quelques instants dans une pièce adjacente et revient avec…Bubo, le petit hibou de métal qui était la mascotte de Persée dans le Choc des titans original !)…Je pense que je n’ai pas besoin de vos présenter ce petit personnage…

Non, en effet. Est-ce le modèle original de Bubo, utilisé dans la version de 1981 ?

Non, nous l’avons reconstitué. J’avais travaillé sur le premier Choc des titans, quand j’avais 16 ans, et j’ai donc voulu que cette reconstitution de Bubo soit réalisée avec les mêmes techniques. Le personnage est animé grâce à des servomoteurs et radiocommandé à distance. Ses ailes bougent et battent l’air, sa tête pivote et ses yeux clignent. Le design est rigoureusement identique au personnage original. Pour être sûrs de réaliser une copie parfaite, nous nous sommes servis des images originales et nous les avons étudiées sur ordinateur pour pouvoir réaliser des dessins en 3D , puis des plans qui indiquaient les proportions exactes du personnage. Bubo n’apparaîtra que dans une courte séquence, en guise de clin d’œil, mais nous avons eu beaucoup de plaisir à le recréer.

Est-ce parce que vous avez travaillé sur le Choc des titans original que vous avez décidé de continuer à créer des effets spéciaux ?

Oui, absolument. Mon oncle avait été engagé pour construire la version radiocommandée de Bubo pour Ray Harryhausen. Ray en avait fabriqué une autre version de son côté, articulée, et destinée à être animée image par image. C’est mon oncle qui m’a très gentiment proposé de venir travailler sur ce film, et c’était là mon tout premier job.

Les maquettes des créatures qui sont exposées ici sont superbes…

Merci. Nous les avons faites pour collaborer avec les équipes des effets visuels, et pour leur donner une idée de leur échelle. Il y a une harpie ici, et un modèle du Kraken.

Est-ce l’aspect définitif du Kraken ? C’est original de l’avoir traité davantage comme un crabe et non pas comme une pieuvre géante.

Je dirais que c’est son aspect final à 85%. Les équipes des effets visuels vont certainement le pousser encore un peu et ajouter certaines choses. La harpie, elle, est bien le modèle définitif que vous verrez dans le film. Dans notre histoire, les harpies travaillent pour Hadès, le dieu des enfers. Elles volent en bande, réduisent tout en morceaux et essaient de tuer Persée. Ce sont les acolytes d’Hadès, ses « hommes de main », si vous voulez !

Est-ce que Bubo est le seul hommage rendu à Ray Harryhausen dans le film ?

Oui. L’aspect du film va être très différent de l’original, mais le résultat va être spectaculaire.

Vous avez aussi construit un faux cheval…

C’était obligatoire, pour des raisons de sécurité. Dans une scène, Persée est piétiné par un cheval. Il aurait été beaucoup trop dangereux d’essayer de tourner ce genre de séquence à proximité d’un vrai cheval, même s’il était parfaitement bien dressé. Un animal est toujours imprévisible, et il suffit qu’il y ait un grand bruit soudain au mauvais moment pour qu’un cheval au comportement très doux s’effraie et fasse une ruade. Nous avons donc construit ce cheval mécanique pour cette scène qui ne durera que quelques secondes à l’image. Nous allons voir le dos du cheval se cambrer et Sam Worthington à terre, devant lui. Nous avons utilisé des poils synthétique pour recouvrir le corps de ce faux cheval.

Vous construisez aussi une harpie grandeur nature…

Oui, comme vous le voyez, ses ailes déployées mesurent presque trois mètres de long. Nous allons les recouvrir de plumes sombres.

Est-ce que cela signifie qu’il y aura certaines interactions entre les acteurs et cette harpie grandeur nature, sur le plateau ?

Oui, mais elles seront très limitées, parce que la harpie que nous construisons sera une de celles que Persée et ses hommes réussissent à tuer, et qui gît ensuite sur le sol. Au lieu d’avoir à intégrer une harpie morte en 3D sur le sol dans une douzaine de plans, c’est bien plus simple et bien moins cher de construire un personnage grandeur nature et de le placer dans le décor.

Essayez-vous de réaliser des effets spéciaux « physiques » autant que possible ?

Oui, nous essayons toujours de procéder ainsi, dès que c’est possible et que nous en avons le temps. Nous essayons de trouver un bon équilibre entre effets réalisés sur le plateau et effets 3D, afin d’obtenir le mélange idéal.

 (Nous arrivons maintenant dans une autre partie de l’atelier où trois sculpteurs sont en train de travailler sur la sculpture d’un personnage à l’allure squelettique, qui semble être relié de manière organique à la structure de bois d’un bateau, comme s’il émergeait de ses fibres.)

…Et voici Charon, et son bateau que l’on doit emprunter pour traverser la rivière Styx, afin de vous rendre dans les enfers. Charon va être un personnage animatronique : ses bras vont bouger, sa tête va tourner. Il va mesurer 2 mètres 74 de haut, et son bateau va mesurer presque 5 mètres de long. Comme vous pouvez le voir, il est intégré au bateau et se fond en lui. Comme dans le précédent film, Charon ne parle pas. Il attend juste que vous lui donniez une pièce pour payer votre passage jusqu’à l’autre rive. J’ai tenu à construire Charon « en vrai » pour permettre au réalisateur de filmer des interactions intéressantes avec les acteurs. Je me réjouis déjà de ce que nous allons obtenir en mélangeant ces effets animatroniques, le jeu des comédiens et la mise en scène de cette séquence. Ce sont les artistes de notre équipe qui ont créé la maquette qui a permis d’établir le design de Charon.

Est-ce en raison de sa taille que vous avez décidé de réaliser Charon en animatronique plutôt qu’en faisant appel à un acteur maquillé ?

Oui, parce qu’il est très fin et qu’il mesure près de trois mètres. Nous allons l’animer de manière subtile, avec des mouvements très fluides. Nous allons concevoir une animation extrêmement sobre, car elle sera bien plus impressionnante ainsi.

Allez-vous utiliser des vérins hydrauliques pour le faire bouger ? Ou des actionneurs pneumatiques ?

Probablement un peu des deux, une combinaison de vérins hydrauliques et pneumatiques. Mais comme ses épaules sont très fines, nous n’allons pas placer ces équipements à cet endroit là. Comme Charon tient sa rame avec ses deux mains, nous allons probablement articuler ses épaules, ses coudes et ses poignets, de manière à les animer en faisant bouger la rame. Les vérins feront bouger le reste du corps, et la tête sera animée par des servomoteurs radiocommandés.

Etes-vous le seul membre de l’équipe qui ait travaillé sur le film original ?

Je crois que oui.

Quels souvenirs en gardez-vous ?

La plupart d’entre eux sont liés au hibou radiocommandé que mon oncle avait construit, parce qu’au bout d’un moment, j’ai fini par m’en occuper, et j’avais presque l’impression qu’il me suivait partout. Mais je n’ai rien fait d’important sur le Choc des titans, étant donné que je débutais. On me confiait des tâches très simples, comme de m’occuper des ventilateurs géants, des machines à fumée ou de ce genre de choses. J’étais juste un apprenti, payé 5 livres sterling par jour ! Toute ma famille travaille dans le domaine des effets spéciaux depuis longtemps, vous savez : mon oncle, mon frère. J’ai aussi travaillé sur le premier Superman, réalisé par Richard Donner. Je m’occupais de la cape de Superman, et j’étais chargé de transporter les mécanismes qui l’animaient dans les scènes de vol pour donner l’impression qu’elle flottait au vent. Je garde un excellent souvenir de Christopher Reeve, qui était un homme extrêmement gentil. Il se rendait toujours disponible pour tout le monde sur le plateau, et même pour un apprenti comme moi. Bien plus tard, j’ai supervisé les effets spéciaux de Superman Returns, ce qui est une autre circonstance amusante, proche de celle que je vis aujourd’hui sur le Choc des titans.

Notre rencontre avec les créateurs du Choc des titans se poursuivra dans la prochaine partie de ce dossier...

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