Exclusif : Dans les coulisses du CHOC DES TITANS - Entretien avec Gemma Arterton, seconde partie
Article Cinéma du Vendredi 09 Avril 2010

Retrouvez la première partie de cet entretien


Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Avez-vous étudié la mythologie grecque à l’école ?

Non, malheureusement. Mais comme ma mère est passionnée d’astrologie, elle avait l’habitude de nous lire des histoires de la mythologie, afin que nous connaissions l’origine des noms des planètes, des étoiles et des constellations de l’univers ! De ce fait, j’ai toujours été fascinée par ces aventures dans lesquelles intervenaient les dieux de l’Olympe. J’ai plusieurs livres consacrés à la mythologie chez moi, et je connais vraiment bien ce sujet.

LE CHOC DES TITANS était vraiment le projet idéal pour vous…

Oui, tout à fait ! C’est littéralement un rêve devenu réalité. L’un des aspects que je préfère dans ces histoires, c’est que les dieux ont autant de défauts que les mortels. Ils sont loin d’être parfaits. On pourrait même dire que par certains aspects, ils sont pires que les humains, parce qu’ils ont des ego surdimensionnés et se croient tout permis. Zeus, par exemple, passe son temps à séduire des femmes en se déguisant en toutes sortes de créatures. Il va même jusqu’à en violer certaines, à les kidnapper, ou à les métamorphoser pour les faire disparaître ! On peut voir de manière tout à fait tangible quelles sont les passions ou les méfaits de la vie réelle qui sont évoqués dans ces histoires. C’est la raison pour laquelle j’ai toujours trouvé que la mythologie grecque était bien plus attirante que d’autres récits impliquant des dieux, et dans lesquels je n’ai jamais cru. Mais n’entraînons pas la discussion dans cette direction-là ! (rires)

La tenue de votre personnage semble faite pour l’action, bien plus que les tuniques dont les déesses sont habituellement parées dans les péplums…

C’est exact. Les dieux et les déesses que vous verrez dans les scènes de l’Olympe portent tous des vêtements extraordinaires, très élégants, ou des armures impressionnantes, comme c’est le cas de Zeus. Mon personnage, en revanche, porte une tenue qui doit être pratique, car Io mène une vie de nomade. Elle n’a pas de maison. Elle porte des vêtements légers et très ajustés, comme vous le constatez (rires) parce qu’elle doit pouvoir courir ou se battre à n’importe quel moment. Je porte des poignards dissimulés dans mon costume, de manière à pouvoir me défendre si on m’attaque, et je dispose aussi de plusieurs manteaux qui me donnent une allure mystérieuse. J’étais heureuse de porter ce genre de tenue quand nous tournions au sommet des montagnes, lorsqu’il faisait plus de 30 degrés dans l’après-midi. Mais le matin, avant que le soleil ne se lève, la température n’excédait pas 2 degrés ! J’étais obligée de m’emmitoufler dans une doudoune. Mais je suis suffisamment résistante pour supporter tout ça. Je suis une dure à cuire ! (rires)

Quelles créatures combattez-vous dans le film ? La gorgone ?

Non. Persée et ses hommes affrontent Medusa sans mon aide. C’est d’ailleurs la première séquence du film qui a été tournée. J’interviens dans une scène avec Calibos, qui est incarné par Jason Flemyng, au cours d’une scène que nous avons tournée au pays de Galles. Nous avons passé aussi une semaine et demi à combattre des scorpions géants, ce que j’étais ravie de faire, parce que j’adorais la séquence avec ces créatures dans le film original. La différence, c’est que les scorpions de cette nouvelle version sont gigantesques, aussi gros qu’une maison ! Ce qui était génial, c’est que nous nous battions contre des parties animatroniques des scorpions sur le plateau, ce qui était bien plus efficace que d’avoir à se battre dans le vide, devant un fond vert. Imaginez l’impression que vous pouvez ressentir quand vous voyez une pince aussi grosse qu’une table approcher à toute vitesse dans votre direction ! Vous avez vraiment beaucoup plus de facilité à paraître effrayé et à courir aussi vite que possible pour lui échapper ! (rires)

Vous avez étudié la comédie dans l’une des plus prestigieuses écoles d’art dramatique d’Angleterre. Est-ce que le plaisir que vous retirez de votre participation au CHOC DES TITANS est le même que celui que vous ressentiez en interprétant les textes classiques ?

Oui, absolument, même si le travail est différent. Je me souviens que quand j’ai passé l’audition pour PRINCE OF PERSIA, afin d’obtenir le rôle de Tamina, Mike Newell, le réalisateur, m’a demandé si je pouvais prendre des intonations distinguées et un peu snob. Je lui ai répondu avec cet accent-là, en disant « J’ai fait mes études à l’académie royale des art dramatiques, bien sûr que je peux parler comme ça ! » (rires) Quand on tourne un conte des mille et une nuits ou la transposition d’une histoire mythologique, on a immédiatement tendance à les interpréter avec le ton qui leur correspond le mieux, c’est à dire celui des récits classiques ou des pièces du répertoire. Dans LE CHOC DES TITANS original, les acteurs qui incarnaient les dieux déclamaient leur texte en portant la voix, comme au théâtre. Je crois que si nous faisions la même chose aujourd’hui, les gens s’en amuseraient. Nous avons essayé de trouver le bon équilibre, en évitant les sonorités et les expressions trop modernes, sans tomber dans l’emphase. Il fallait aussi que nos postures et nos manières correspondent à celles de l’antiquité grecque. Pour revenir à votre question, l’enseignement dramatique que j’ai reçu m’a donc aidé chaque jour pendant le tournage. C’était un atout fantastique.

Allez-vous rechercher des projets de films plus modestes après avoir joué coup sur coup dans deux superproductions ?

En fait , j’ai déjà tourné dans un film à petit budget entre PRINCE OF PERSIA et LE CHOC DES TITANS. Il s’agit d’une histoire qui se déroule dans une seule pièce, avec trois personnages. C’est une petite production anglaise qui s’intitule LA DISPARITION D’ALICE CREED, et qui se passe de nos jours. Je porte donc juste des jeans et des tee-shirts, pour changer ! J’avais envie de m’investir totalement dans un film tourné en peu de temps, presque dans la continuité de l’histoire. Quand on tourne dans une superproduction pendant six mois, on peut être amené à filmer une scène en janvier dont la suite ne sera tournée qu’en mai, pour des raisons de logistique. Les décors sont tellement grands et compliqués à construire que l’on se plie aux exigences de la technique. Du coup, vous avez quelquefois du mal à retrouver le fil de l’évolution de votre personnage, et à jouer la continuité de ses émotions. Sur une production à petit budget comme LA DISPARITION D’ALICE CREED, on ne peut pas se permettre cela, on tourne à toute allure, dans l’urgence, et j’adore ça. J’aime autant les grands films que les tout petits ou que le théâtre. Ce sont des exercices complémentaires pour une actrice. D’autant que le sujet du film était plus dur. La femme que j’incarne est kidnappée et séquestrée dans un appartement par deux hommes. J’ai fait des choses plus audacieuses que d’habitude, car je suis attachée à un lit, battue et qu’il y a un peu de nudité. J’ai beaucoup aimé tourner ce film, mais je dois dire que je ne l’ai pas encore vu. Je serais peut-être choquée par certaines scènes et moins enthousiaste après ! (rires)



Qu’est-ce qui vous a paru le plus agréable à faire, sur LE CHOC DES TITANS ?

L’un des grands plaisirs de ce tournage, c’est que Louis Leterrier et les producteurs du film ont réuni un casting formidable. Il n’y a que des acteurs de grand talent, qui sont tous parfaits dans leurs rôles, et qui se donnent à fond pour livrer les meilleures interprétations possibles. C’est particulièrement agréable de ressentir cette implication et cette volonté de donner le meilleur quand on arrive sur le plateau. Quelle que soit la notoriété de ces gens, et même s’ils sont des stars, ils travaillent tous de manière brillante. Je dois dire que nous travaillons tous très dur, en investissant toute notre passion dans ce film, pour faire en sorte qu’il soit très réussi. Nous nous sommes réunis pendant deux semaines avant le tournage, pour parler du script, des personnages et de leurs relations, ce qui nous a permis de nous connaître tous et de tisser des liens personnels, comme les membres d’une troupe de théâtre. Les plaisanteries que j’échange avec Sam Worthington en coulisses, cette complicité qui est née entre nous, tout cela se retrouve dans notre interprétation. C’est très gratifiant. Tout comme le travail avec Louis. Sur ce film, tout le monde travaille dur, en ayant une attitude décontractée et sympathique. C’est extrêmement agréable. Quand il règne une telle ambiance sur un plateau, on est très content de se lever tôt le matin, car on est ravi de retrouver toute l’équipe.

En étant à l’affiche de ces deux grands films, vous allez être très exposée à l’attention des médias. Pouvez-vous encore faire vos courses incognito dans un supermarché, à l’heure actuelle, même après le succès de QUANTUM OF SOLACE ?

Oh oui, sans aucun problème. Personne ne me reconnaît ! Et si les gens se mettent à me dévisager dans quelques temps, je changerai ma couleur de cheveux, et je me bronzerai la peau ! Heureusement, en Angleterre, les gens sont plutôt discrets et respectueux. Ils ne viennent pas vous parler parce qu’ils ne veulent pas vous déranger. Mais quelquefois, comme il m’arrive de parler fort et de faire l’idiote avec des amis, j’oublie que certaines personnes sont susceptibles de me reconnaître. Il faudra que je modifie un peu mon comportement en public après la sortie du CHOC DES TITANS …  Heureusement, j’ai deux looks complètement différents l’un de l’autre dans PRINCE OF PERSIA et LE CHOC DES TITANS. Dans LE CHOC, j’ai ces mèches brunes et un chignon, que je défais pendant une scène que nous avons trouvée très drôle, mes camarades acteurs et moi. Cela se passe après une scène d’action très virile, pendant laquelle tous les garçons ont l’occasion de prouver leur force et leur bravoure. Et pendant ce temps, on me voit en train de me baigner près d’une cascade et de laver mes longs cheveux déployés ! (rires) Cela nous a beaucoup amusé.

Vos sandales sont très jolies…

Merci. Elles ont été faites sur mesure pour moi par Gina, qui s’occupe de toutes les chaussures du film. Elles sont à la fois très jolies et très confortables, car je dois beaucoup bouger dedans. Je les portais dans la scène où je dévale les pentes du cratère du volcan, avec tous ces gravillons. Comme vous l’imaginez, j’en ai récupéré plus d’un dans mes sandales !

Avez-vous envie d’emporter certains éléments de votre garde-robe du film, comme ces sandales, vous qui êtes une fan de mythologie ?

J’aimerais bien ! D’autant plus que Gina et son équipe en ont fabriqué 20 paires. Vous savez, je demande toujours aux productions des films si je peux garder des vêtements en souvenir. On me dit souvent « Oui, oui, mais pas maintenant.. », et au final, on ne me donne rien du tout ! (rires) Je me console en me disant que comme ces sandales sont très longues à nouer, il faudrait que quelqu’un m’aide à les enfiler à chaque fois que je voudrais les porter ! Ce ne serait pas très pratique…

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