Dossier AVATAR - Exclusif : Entretien avec Sam Worthington
Article Cinéma du Dimanche 18 Avril 2010

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Né en 1976 à Perth, dans l’ouest de l’Australie, Sam Worthington a quitté l’école à 17 ans pour travailler sur des chantiers. Devenu acteur par le plus grand des hasards, comme il nous l’a confié au cours de notre entretien, il décroche des rôles récurrents dans les séries télévisées LOVE MY WAY et THE SURGEON, qui lui permettent de devenir très populaire. Il tourne une dizaine de films dans son pays, dont SOMERSAULT (2004), qui lui vaut de recevoir le prix du meilleur acteur décerné par l’institut du film australien. Il campe un guide aux prises avec un gigantesque crocodile dans ROGUE (2007), mais c’est l’année suivante que son destin bascule : Il décide de s’installer aux USA et décroche alors le rôle de Jake Sully dans AVATAR. Emballé par le talent de cet inconnu, James Cameron le recommande à McG, qui l’engage pour incarner le cyborg de TERMINATOR RENAISSANCE, et peu après, Louis Leterrier le choisit pour devenir le Persée de son remake du CHOC DES TITANS. Grâce à son charisme et à son talent, qui a éclaté dans AVATAR, le très sympathique Sam Worthington est promis à une carrière exceptionnelle.

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Quand James Cameron a terminé ses études, il est devenu chauffeur routier, et a conduit des camions pendant plusieurs années. Après la fin des vôtres, vous avez été maçon. Pensez-vous que le fait d’avoir exercé tous les deux des métiers durs, dans lesquels on doit être précis et efficace, vous a permis de ne pas tomber dans le piège des « paillettes d’Hollywood », et est-ce aussi une des raisons pour lesquelles vous vous êtes immédiatement bien entendus, James Cameron et vous ?

Absolument. C’est même précisément pour cela que nous sommes rapidement devenus les meilleurs amis du monde. Nous avons immédiatement éprouvé une affinité, un lien, parce que nous parlons le même langage, direct et sans chichis. Nous n’aimons pas qu’on nous raconte des bêtises, et notre patience est très limitée quand nous sommes confrontés à des idiots. Et nous tenons à faire notre boulot jusqu’au bout, quelle qu’en soit la difficulté. Nous avons des éthiques professionnelles similaires : si vous vous êtes engagé à faire quelque chose, alors vous devez vous immerger dans le travail et agir en utilisant le meilleur de vos capacités. C’est la raison pour laquelle j’ai pu collaborer étroitement avec Jim chaque jour sur ce projet, et j’espère sur d’autres dans le futur.

2009 a été une année exceptionnelle pour vous : vous avez tenu le rôle principal de TERMINATOR RENAISSANCE, puis vous avez tourné dans LE CHOC DES TITANS, avant que l’on vous découvre dans AVATAR. Que ressentez-vous en songeant à tout ce qui s’est produit ?

C’est fantastique ! Je me suis beaucoup amusé à faire tout cela, et je me sens très chanceux ! La seule façon de réagir est d’apprécier pleinement le moment présent, que l’on tourne un film australien dont le budget est de 2 millions de dollars, ou une superproduction américaine qui coûte 100 fois plus cher. Vous consacrez un bon moment de votre vie à un tournage. Vous faites de nombreux sacrifices, vous vous transformez énormément pour devenir un nouveau personnage, bref, vous vous investissez à fond. Mais tout en faisant cela très sérieusement, il faut aussi être capable de s’amuser, d’apprécier les bons moments de collaboration sur le plateau, avec les autres acteurs et toute l’équipe technique. Je suis très fier d’ AVATAR, et je n’aurai pas de problème à vous en parler avec un enthousiasme sincère. J’ai aimé vivre l’expérience de ce tournage unique, et je sens que je vais prendre le même plaisir à « vendre le film » !

Comment réagissez-vous à l’engouement que vous provoquez ?

Je me dis que si les gens s’intéressent autant à moi, cela signifie sans doute qu’il n’a pas dû se passer grand chose au cinéma cette année ! (rires) Mais plus sérieusement, chaque acteur vit dans la crainte de se retrouver au chômage. Quand on travaille autant que je l’ai fait depuis deux ans, on se met à espérer que les prestations que l’on a faites ne soient pas trop mauvaises, puisque les rôles se succèdent vite. Être reconnu dans son métier est toujours extrêmement plaisant. Quand on est comédien, on dit de vous soit « Il est nul ! », soit « Félicitations pour votre dernier film ! ». Jusqu’ici, tout va bien, je touche du bois…

Quelle est la scène-test que vous avez tourné avec James Cameron pour convaincre la Fox que vous étiez le bon choix pour tenir le rôle principal d’ AVATAR? Le studio était assez réticent, au début…

Nous en avons tourné beaucoup. Quatre au total, sur une période de six mois. La première scène était celle où Grace Augustine, le personnage de Sigourney Weaver, rencontre Jake, mon personnage, pour la première fois. C’était une scène assez classique, pour être franc. Elle ne présentait pas de difficulté particulière. La scène la plus ardue est un grand discours que je prononce dans le film, afin de rallier tous les gens qui m’écoutent. Il y avait aussi une scène très émouvante. Nous avons essayé d’impressionner les patrons de la Fox en leur montrant ce que je pouvais faire en jouant de tout mon cœur, avec mon instinct et ma passion. Nous espérions que le studio apprécierait tout cela. Et dans un second temps, au fil des mois, nous avons retravaillé ces scènes, en les modifiant constamment, en les recomposant. Je n’ai jamais considéré que tout cela faisait partie d’une simple audition, mais que c’était mon opportunité de montrer au réalisateur ce que j’avais envie de faire de ce rôle, comment je pouvais me l’approprier. A chaque fois que nous nous retrouvions, je disais à Jim, « Bon, j’ai changé ceci, j’ai modifié un peu cette réplique-là. » De son côté, Jim réagissait en me faisant de nouvelles propositions, et nous avancions ainsi, en développant la relation de travail que nous espérions avoir si le studio acceptait que je joue le rôle.

En fin de compte, qu’est-ce qui a été le plus dur : perdre votre accent australien, ou apprendre la langue Na’vi ?

 (Sam Worthington éclate de rire) Les deux ont été aussi durs l’un que l’autre ! (rires) La langue Na’vi est un vrai casse-tête. On a envie de s’arracher les cheveux quand on essaie de l’apprendre ! A un moment, dans le film, Jake dit « La langue Na’vi, c’est l’horreur ! », et jamais une réplique ne m’a parue plus appropriée !  En ce qui concerne mon accent australien,  j’ai travaillé chaque jour avec un coach pour apprendre à parler avec un accent américain qui semble naturel. Cela fait partie des capacités que l’on doit acquérir quand on mène une carrière aux USA. C’est très dur, mais je m’accroche. Je continue à travailler en ce moment. Je fais des progrès et je m’améliore au fil du temps. Mais la langue Na’vi, c’est un exercice de prononciation vraiment épouvantable…

Comment votre vocation d’acteur vous est-elle venue ?

Je m’en suis rendu compte à 22 ans, en me rendant dans une école d’art dramatique. Je n’avais jamais pensé jouer la comédie auparavant. Tout cela a été accidentel. Pour tout vous dire, c’est dû à une fille que j’avais rencontrée pendant que je voyageais dans différentes villes d’Australie, et avec laquelle j’avais une relation amoureuse. Elle m’a expliqué qu’elle voulait tenter l’admission à un cours d’art dramatique, mais que les candidats devaient d’abord passer une audition. Elle m’a demandé de l’accompagner là-bas pour l’encourager, et c’est ce que j’ai fait, sans aucune arrière-pensée. Encore une fois, je n’imaginais absolument pas pouvoir devenir acteur. Elle s’est levée et a fait une improvisation remarquable. Tout le monde l’a applaudie. J’étais ravi pour elle. Mais après, alors que je ne m’y attendais pas, on m’a dit, « Hé, toi ! C’est ton tour ! », et je me suis retrouvé sur scène sans comprendre ce qui m’arrivait. Je me suis lancé dans un truc, puis on m’a dit « Continue ! », ce que j’ai fait, et après ils m’ont rappelé pour m’offrir une place dans le cours ! J’étais sidéré ! Malheureusement, ma copine n’a pas été choisie, et comme elle était furieuse, elle m’a laissé tomber une semaine plus tard…mais c’est une autre histoire ! (rires) J’ai donc étudié l’art dramatique pendant trois ans au sein de ce cours. A cette période de votre vite, vous êtes comme une éponge : vous absorbez tout le répertoire classique, de Tchekov à Molière en passant par Shakespeare, et vous finissez par vous dire que vous pourriez peut-être faire carrière dans ce métier. En Australie, il faut être prêt à jouer dans n’importe quoi pour gagner sa vie, car le milieu du spectacle et du cinéma est très réduit. Il faut tourner des publicités, jouer au théâtre et dans des séries télé, puis décrocher des rôles dans des films à petit budget. Ce n’est qu’après avoir tourné dans un premier film que j’ai commencé à croire que je pourrais peut-être vivre de ce métier. Mais quand je repense au hasard et aux circonstances qui m’ont poussé à suivre ces cours d’art dramatique, je me dis que c’est vraiment une bonne chose de tenter sa chance et de se lancer dans l’inconnu, de faire un grand plongeon. C’est ce que fait Jake dans AVATAR, et je crois que c’est un bon message à faire passer au public : « N’ayez pas peur de ce qui vous attend au coin de la rue. Tentez votre chance ! »

Vous avez écrit le script, composé la musique et réalisé le court-métrage ENZO en 2004…Avez-vous envie de réaliser prochainement un long-métrage ?

Non. Il faut que je reconnaisse que c’est bien au-dessus de mes capacités ! Pour être un réalisateur compétent, il faut être un leader né, savoir diriger une équipe, et posséder des connaissances techniques et artistiques très variées pour atteindre ses objectifs dans différents domaines. Je sais faire différentes choses, mais je considère ne pas être suffisamment bon dans chacun de ces registres. Quand on voit les multiples compétences de Jim pendant un tournage, on comprend alors tout ce qu’il faut savoir maîtriser pour parvenir à être un très bon réalisateur. J’ai travaillé sur ce court-métrage pour aider un ami à se faire connaître. Comme nous sommes tous les deux acteurs, nous pouvons nous entr’aider, et nous apporter mutuellement des conseils, des suggestions utiles. Pour réaliser, il faut être un bon leader. Pas un de ces généraux qui donne ses indications en observant la bataille du haut d’une colline, en toute sécurité, mais un chef qui se bat au milieu de son équipe, dans les tranchées ! Napoléon a dit « Un leader est un marchand d’espoir », et c’est ce que Jim vous offre quand vous travaillez avec lui. Vous vous mettez à croire que tout est possible, et que sous sa direction, vous pourrez tout accomplir. Et c’est ce qui se produit réellement.

Qu’aimeriez-vous faire dans le futur ?

Continuer à travailler !

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