Exclusif : LE CHOC DES TITANS- Entretien avec Sam Worthington (Persée) - Seconde Partie
Article Cinéma du Lundi 24 Mai 2010

Retrouvez la première partie de cet entretien


Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Votre coupe de cheveux est plus proche de celle d’un soldat d’aujourd’hui que des héros habituels des péplums. D’où vient le choix de ce look ?

Il y a trois raisons. Premièrement, comme me le disait un de mes amis acteurs, il y a un cheval ailé et des tas d’autres créatures dans LE CHOC DES TITANS. Ce n’est pas exactement ce que l’on pourrait appeler une reconstitution historique ! (rires) Cette coupe de cheveux était le look que je souhaitais avoir dans le film, et tant pis si elle ne correspond pas aux coutumes de l’époque. Deuxièmement, on a déjà vu des héros de films qui se déroulent dans l’antiquité porter des cheveux courts, dans SPARTACUS, par exemple, ou GLADIATOR. Il est vrai que dans de nombreux péplums, des personnages portent les cheveux longs, mais j’avais envie que nous nous différencions de ces films-là, ainsi que du film original de Ray Harryhausen. Si j’avais décidé d’avoir des cheveux longs, vous m’auriez demandé « Votre coupe de cheveux est-elle un hommage à celle de Harry Hamlin ? » (rires) Et troisièmement, j’avais envie d’aller vers les extrêmes et d’avoir une allure de guerrier, complètement différente de celle des autres héros de péplums. Nous ne tournons pas un drame historique, mais un film d’action et d’aventure dans la tradition des AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE.

Que retenez-vous de l’aventure d’AVATAR et de ses innovations techniques ?

Ce film représente 14 mois de ma vie. C’est une expérience unique, que je n’aurais plus l’occasion de revivre, sauf si nous tournons AVATAR 2 ! En tant qu’acteurs, mes partenaires et moi avons travaillé de la manière la plus pure sur un plateau de performance capture que nous appelions « Le volume ». Tout autour de nous, il y avait les équipements les plus performants dans ce domaine. Ce que je retiens de tout cela , c’est bien sûr la chance que j’ai eu de pouvoir travailler avec Jim. Quel que soit le travail que l’on vous propose ensuite, il semble facile à faire ! J’ai eu l’impression de partir à la guerre avec lui ! Nous travaillions six jours par semaine, pendant des journées de 19 heures, pour créer l’illusion que le film était tourné sur une autre planète. Et toutes les indications de Jim étaient si détaillées, si bien pensées, si justifiées, que je n’ai pas facilité la tache de Louis quand je suis arrivé ici pour tourner LE CHOC DES TITANS. A chaque fois qu’il me donnait une indication, je lui demandais « Pourquoi ?..Pourquoi ?.. Pourquoi ?.. » Je voulais tout comprendre, même les détails les plus infimes. Bien sûr, Persée et ses hommes se battent contre la Gorgone, mais pour pouvoir l’incarner mon personnage, j’ai besoin de croire à tous les détails de ce monde. J’ai besoin d’être convaincu qu’il existe vraiment. Il fallait que je sache quelle était la taille de Medusa, puisqu’elle n’était pas physiquement présente sur le plateau. Que j’aie une idée de la vitesse à laquelle elle se déplace, et de la manière dont elle bouge. Comme pour AVATAR, il faut poser continuellement des questions pour rendre ces scènes crédibles, et faire en sorte que le film fonctionne. Dans ces films fantastiques, même si l’on combat des monstres imaginaire, il faut parvenir à convaincre le public que tout est vrai. Que les motivations des personnages sont justes, que le voyage a vraiment lieu, et que les créatures existent vraiment. C’est ce que Jim a réussi à faire avec AVATAR, tout comme il avait réussi à vous faire voyager sur le TITANIC. Et à vous persuader qu’il fallait que vous alliez voir le film, même si vous saviez que ce satané paquebot coule à la fin ! (rires) Jim est un conteur tellement exceptionnel qu’il a réussi cet exploit !

Comment expliquez-vous que plusieurs des acteurs les plus connus et les plus appréciés au monde viennent d’Australie ?

Je crois que c’est parce qu’il faut passer 15 heures dans un avion pour faire le voyage jusqu’à Los Angeles. C’est un long voyage, et il faut vraiment que ce déplacement en vaille la peine, autant pour les acteurs que pour les producteurs et les réalisateurs qui leur proposent de venir tourner à Hollywood. De plus, le marché du showbusiness étant tout petit en Australie, il faut vraiment être capable de tout faire pour mener une carrière satisfaisante d’acteur quand on vit là-bas. Il faut être à l’aise pendant un tournage de série télé filmé à toute vitesse, être à l’aise sur les planches, au théâtre, être habitué aux tournages rapides de films à petit budget…Il vaut mieux ne pas avoir un trop gros ego, car sinon, vous pouvez obtenir la plus haute récompense de l’académie du cinéma un jour, et vous retrouver à tourner une publicité pour Nescafé la semaine suivante ! (rires) Tous les acteurs australiens sont passés par là. De ce fait, quand une opportunité de travailler aux USA avec de grands réalisateurs et pour un grand studio se présente, nous donnons le meilleur de nous mêmes, et travaillons comme des fous. Il faut que cela en vaille la peine. Si vous m’engagez, je vais m’investir à fond, à 200%, avec toutes mes tripes ! Tous les australiens utilisent leur expérience et leur passion quand ils se retrouvent à Hollywood, car ils savent que c’est un enjeu décisif dans leur carrière.

Vous êtes-vous senti obligé de faire profiter certains de vos amis australiens du succès que vous avez obtenu dernièrement ?

J’ai beaucoup d’amis australiens que je considère plus talentueux que moi, pour être franc. Et j’espère pouvoir leur donner un coup de pouce si l’occasion se présente. Jim Cameron a entr’ouvert la porte pour que je puisse participer aux auditions d’AVATAR. La moindre des choses, c’est que je puisse dire à Louis « Pourrais-tu faire passer une audition à ce gars ? Il est très doué. » Je ne peux pas lui obtenir le job, mais au moins, je peux faire en sorte que la porte soit entr’ouverte… Ce qui se passe ensuite, c’est à lui de le gérer, car c’est son affaire. La plupart de mes amis ont leur fierté et préfèrent se débrouiller par eux-mêmes. Mais ils savent tous qu’ils peuvent compter sur moi pour faire en sorte qu’ils obtiennent une audition. Je pense que c’est dans l’intérêt de tout le monde que l’on puisse découvrir de nouveaux talents. Comme Jim l’a souvent fait.

Vous avez cité deux fois votre jeune neveu en disant que vous pensiez à la manière dont il recevrait les films que l’on vous propose de tourner. Visiblement, c’est important pour vous de ne pas oublier les jeunes spectateurs…

Oui, et je le dis parce que l’on me demande souvent comment je choisis mes films. J’entends souvent des acteurs dire « J’aime les drames et les films romantiques… » Mais il y a des éléments de romance et de drame dans pratiquement tous les films ! Pour ma part, je ne prends pas mes décision en fonction d’un genre spécifique. Je me décide d’abord en fonction du réalisateur, en me demandant si j’ai confiance en son talent, et si je vais être enthousiasmé par notre collaboration pendant les quatre mois du tournage. Ensuite, si mon neveu peut regarder le film et en tirer quelque chose d’utile, cela me conforte dans mon choix. Bien sûr, dans TERMINATOR RENAISSANCE, je sais qu’il va aimer les robots et les scènes d’explosions, mais le message qu’il va recevoir, c’est qu’en s’unissant et en se respectant mutuellement, des gens très différents peuvent vaincre n’importe quelles brutes. C’est un message que je suis ravi de faire passer à mon neveu, au travers du film. J’espère que ce qu’il retiendra du CHOC DES TITANS, c’est « Décide toi-même ce que sera ton destin. Ne laisse pas des gens le choisir à ta place et te dire ce que tu peux ou ne peux pas faire. » Dans le cas d’AVATAR, c’est « Va explorer le monde, et découvre des gens différents. » Ce sont des choses auxquelles je crois profondément, et pour moi, c’est très important que des jeunes spectateurs puissent y penser en sortant d’une salle de cinéma. Que ce soit conscient ou pas.

SOMERSAULT, que vous aviez tourné en Australie a été un film très important dans votre carrière…

Oui. Grâce à lui, ma partenaire Abbey Cornish et moi avons pu aller au festival de Cannes, et participer à d’autres festivals dans le monde entier, ce qui nous a permis de nous faire connaître. Le film n’avait coûté que 4 millions de dollars australiens, et nous pensions qu’il ne serait vu par personne ! Son succès inespéré a eu un impact très positif sur ma carrière en Australie, car il m’a incité à choisir des films plus ambitieux et plus sérieux. Quand j’avais une vingtaine d’années, j’étais heureux de tourner de 6h du matin à 18h00, et en rentrant chez moi, je me disais que j’avais un chouette métier. J’enchaînais les tournages en étant content de ne jamais être au chômage, mais SOMERSAULT  m’a incité à être moins paresseux dans mes choix, et à prendre des risques. Je me suis rendu compte qu’il fallait que je me secoue, que je prenne des initiatives, et que je sorte du train-train dont se contentent la plupart des autres acteurs là-bas.

La suite de ce entretien sera publiée la semaine prochaine


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