Avant-première exclusive ESI : Dans les coulisses de Captain America : the first avenger - Entretien avec Rick Heirichs, Chef décorateur et directeur artistique du film, et nombreuses révélations sur l’intrigue - Seconde Partie
Article Cinéma du Mercredi 16 Fevrier 2011

Retrouvez la première partie de cet entretien


Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

On voit ensuite Steve et son ami Bucky visiter une foire exposition, d’après cette illustration…

Oui. La veille du départ de Bucky pour l’Europe, Steve et lui vont visiter la grande foire-exposition de New York consacrée au « Monde de demain », dans laquelle Howard Stark, le futur père de Tony Stark / Iron Man, expose ses créations dans le pavillon de Stark Industries. Howard Stark y présente différentes inventions qu’il vient de développer, dont des bottes « antigravité » qui permettent de s’élever au-dessus du sol. Et Steve a l’occasion de tester ces bottes. Ces environnements sont bien entendus inspirés de ceux de la véritable foire exposition de New York qui a eu lieu en 1939, et qui fut un événement considérable à l’époque. Paradoxalement, la vision du monde que présentait cette gigantesque foire était très optimiste : le futur y semblait radieux et plein de promesses pour tous, alors que la guerre allait bientôt éclater et provoquer les pires drames du 20ème siècle. Un peu plus loin, il y a un pavillon de l’armée américaine consacré au recrutement de soldats, et Steve, en se regardant dans un miroir truqué sensé lui montrer de quoi il aurait l’air s’il portait un uniforme, se rend compte une fois de plus qu’il n’a décidément ni la taille ni la carrure optimale pour devenir soldat : sa tête dépasse à peine du col lorsque le dispositif se met en marche, provoquant les rires des autres visiteurs ! Comme on sait bien que Steve est un brave garçon au grand cœur, on ne peut que se prendre de sympathie pour lui, en le voyant subir une humiliation de plus.

Que devient le méchant, pendant ce temps-là ?

Parallèlement, on découvre le repaire de Johann Schmidt. Il s’agit d’un complexe ultramoderne, creusé dans une montagne des Alpes, qui abrite un laboratoire et un énorme hangar dans lequel Hydra construit plusieurs engins de guerre top secret, dont un bombardier colossal. Après avoir trouvé le fameux cube en Norvège, Schmidt a réalisé différentes expériences pour apprendre à maîtriser l’énergie qui s’en dégage. Mais au-delà de cette application, et des engins qu’il peut activer grâce à cette puissance quasi-illimitée, Johann Schmidt ne tarde pas à comprendre que le cube détient aussi le pouvoir de se transformer en portail qui s’ouvre sur d’autres dimensions de l’espace-temps…

Comment Steve Rogers va t’il échapper à cette longue suite de déconvenues et se métamorphoser en surhomme ?

C’est justement à ce moment-là que la chance sourit à Steve. Le docteur Erskine, qui est incarné par Stanley Tucci, est un savant allemand qui a échappé aux nazis, et qui a mené depuis quelque temps déjà des expériences pour parvenir à créer un super-soldat. Il a mis au point un processus capable de transformer un être chétif en surhomme, par le biais de l’injection d’un sérum spécial, couplée à l’exposition aux rayons qu’il a baptisé les « vita-rays ». Le design du laboratoire du Dr Erskine reflète l’esthétique positive des machines mises aux point par les USA et les alliés, et contraste donc avec l’aspect menaçant et inhumain des équipements de Hydra. Le design que nous avons mis au point pour les installations d’Hydra est plus futuriste, mais aussi plus métallique et plus froid que ceux des installations des alliés. Dans le laboratoire secret d’Erskine, auquel on accède en traversant un magasin d’antiquités de Brooklyn, il y a plus de courbes, de couleurs chaudes, de briques, bref, l’atmosphère y est plus chaleureuse, même si elle reste scientifique. Nous avons trouvé des rues à Manchester que nous avons été en mesure de redécorer, pour leur donner l’aspect de rues de New York de la fin des années 30.

Comment le docteur Erskine choisit-il Steve Rogers ?

Il apprend que le pauvre garçon s’est présenté à trois reprises au service du recrutement, tant il a envie de combattre pour défendre son pays. Erskine est tellement impressionné par sa courage et sa détermination qu’il le choisit, car Steve est physiquement le sujet parfait pour bénéficier du traitement qu’il a mis au point. Malheureusement, juste après que le docteur se soit occupé de Steve, il est assassiné par un saboteur nazi qui a réussi à s’infiltrer dans le laboratoire. Steve se précipite au dehors pour le poursuivre dans les rues, tandis que son corps se transforme. En l’espace de quelques minutes, Steve est devenu un athlète doté d’une force surhumaine. Arrivé aux docks, le saboteur saute dans un mini sous-marin à une place portant le sigle d’Hydra, et tente de s’enfuir. C’est encore Daniel Simon, qui est d’origine allemande, qui a dessiné cet engin, et il s’est beaucoup amusé à le faire. Steve réussit malgré tout à capturer l’assassin, et son exploit donne aux militaires américains l’idée de se servir de lui comme d’une mascotte, et de le médiatiser pour vendre des bons de guerre. (Ces bons étaient mis en vente par le gouvernement américain, dans le but de financer l’effort de guerre, NDLR).

C’est une manière très habile de justifier et d’utiliser dans l’histoire le contexte de propagande dans lequel le personnage de BD a été créé…

Oui, les auteurs ont eu là une excellente idée. C’est donc ainsi que Steve devient le personnage fictif de Captain America, dont le costume représente le drapeau des Etats-Unis. Il apparaît alors dans des films, des spectacles de théâtre, et dans un show présenté dans la salle du célèbre Radio City Music Hall de New York.

Comment le personnage évolue t’il à ce moment-là ?

Grâce à son nouveau physique d’athlète, auquel il a fini par s’habituer, Steve a acquis une grande confiance en lui. Il est même devenu un peu frimeur, en se prenant au jeu du cirque médiatique que l’on a conçu autour de lui. Il prend un peu « la grosse tête ». C’est en se rendant en Europe pour divertir les troupes qui y combattent que Steve se rend enfin compte du statut assez dérisoire qui est le sien. Il réalise qu’il est devenu une sorte de clown costumé, et qu’il a perdu de vue son idéal, qui a toujours été de lutter contre les forces du mal. Il décide alors d’abandonner ses spectacles pour aller combattre sur le front. Il découvre qu’une usine cachée d’Hydra fabrique des armes en employant des prisonniers de guerre, parmi lesquels se trouve son ami Bucky. Au cours de l’attaque de l’usine, il libère Bucky , ainsi que d’autres soldats qui vont former le groupe que l’on connaît dans les bandes dessinées sous le nom des « Invaders » (les envahisseurs). Tommy Lee Jones joue le rôle du leader du groupe, le Colonel Chester Phillipps. Steve et ses amis continuent le combat dans l’usine et c’est à ce moment du film que l’on découvre qui est réellement Johann Schmidt : sous un masque de plastique imitant la chair se cache le faciès de Crâne rouge. On voit aussi que Schmitt / Crâne rouge a trouvé différentes manières d’utiliser la puissance du cube à des fins destructives, en le plaçant au centre de plusieurs sortes de dispositifs. Toute une série d’engins fabriqués par Hydra apparaissent pour la première fois dans ces scènes : un véhicule « half track », combinant roues et chenilles, des motos au design très particulier et un avion appelé le Dreifluegel, autrement dit, le « triplane », puisqu’il a trois ailes, dans lequel Schmidt parvient à s’enfuir. Aussi étonnant que cela paraisse, nous avons utilisé un design qui fut réellement mis au point par les savants allemands pendant la seconde guerre mondiale : trois ailes disposées en hélices, au bout desquelles étaient placés trois réacteurs ! C’était une idée brillante, visuellement tout au moins, car je dois avouer que j’ignore si elle était valable techniquement. J’imagine qu’avec la force centrifuge, les réacteurs placés au bout des ailes devaient subir des effets de traction terribles qui devaient probablement finir par les disloquer, mais pour l’usage que nous en faisons, ils sont parfaits ! (rires)

Avez-vous fait beaucoup de recherches sur les engins expérimentaux des nazis ?

Oui, et nous nous en sommes inspirés pour créer d’autres engins que vous verrez dans le film, en leur donnant un aspect stylisé et futuriste qui s’intègre bien dans l’univers Marvel. Il fallait que les créations d’Hydra aient cet aspect moderne, car comme vous le savez sans doute, cette organisation a la vie dure et on la retrouve implantée dans le monde entier à notre époque, sous la forme d’un réseau terroriste activement combattu par Nick Fury et les agents du S.H.I.E.L.D.. On a pu voir Nick Fury et ses collègues notamment dans Iron Man 1 & 2.

Est-ce Howard Stark que l’on voit sur ce dessin qui décrit l’intérieur d’un autre laboratoire ?

Oui. Il est en train d’utiliser les pinces articulées d’un système de manipulation à distance afin d’examiner un réceptacle qui contient une minuscule portion de l’énergie du cube. Mais il va commettre une erreur qui va provoquer une grosse explosion, sans faire de victime, car le réceptacle était placé dans une salle blindée qui amortit la déflagration.

On voit ici une illustration qui représente la mise au point de différents équipements pour Captain America…

Il s’agit d’un atelier dans lequel Howard Stark et ses techniciens construisent différents prototypes du fameux bouclier de Captain America. Comme vous pouvez le voir ici, le premier a la forme d’un écusson, comme ceux des chevaliers du moyen-âge, afin d’évoquer l’aspect du premier bouclier du personnage, vu dans les BDs des années 40. Ce n’est que par la suite qu’il est devenu rond, et c’est bien sûr le bouclier rond que nous utilisons dans le film.

La suite de cet article sera publiée prochainement par ESI !

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