Suite de notre visite du tournage de cet hommage 3-D à l’œuvre de Jules Verne !

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau


Certains spectateurs se plaignent de la faible luminosité des projections en relief. Y a t’il un moyen de résoudre ce problème ?

Ce n’est pas à notre niveau que nous pouvons intervenir. C’est un sujet qui concerne les studios qui choisissent les systèmes de projection 3-D de leurs films, et aussi les distributeurs qui supervisent la manière dont ces films sont projetés par les exploitants de leurs réseaux de salles. Les lampes des projecteurs numériques 3-D ont une durée de vie limitée, et il faut les changer avant qu’elles ne faiblissent trop et perdent une grande partie de leur luminosité. De notre côté, nous prenons garde à ce que nos images soient assez lumineuses à la base, sans dénaturer le travail du directeur de la photographie.

Nous avons vu les fleurs géantes en résine et fibres de verre installées dans le décor ce matin. Y a t’il beaucoup d’autres plantes ou arbres géants dans le film ?

Oui, absolument. Juste après la séquence dont vous avez vu le tournage ce matin, les héros réussissent à sauter sur les bourdons géants et s’envolent avec eux en direction d’une forêt gigantesque, avec des arbres colossaux. Nous allons bien sûr jouer sur le vertige et les sensations fortes quand les bourdons vont passer entre les branches de cet univers végétal. Mais toute l’île n’est pas comme cela, sinon ce serait vite monotone. Brad n’avait pas envie d’insister trop là-dessus une fois que l’idée a été bien exploitée. Les bourdons étant énormes, la largeur de leurs ailes déployées est conséquente. De ce fait, il aurait été impossible de les faire voler au milieu d’une forêt tropicale d’Hawaï sans qu’ils ne percutent les éléments végétaux environnants. En revanche, dans une forêt d’arbres géants, ils disposent de toute la place nécessaire pour évoluer librement dans les airs. Il peuvent passer au-dessus, en-dessous et autour des branches, ce qui rend la scène beaucoup plus dynamique et intéressante en termes d’effets visuels.

Allez-vous faire porter des costumes avec des points de repères aux acteurs lorsqu’ils tourneront les scènes pendant lesquelles ils sont sensés chevaucher les boudons, afin de pouvoir harmoniser leurs mouvements image par image avec ceux des bourdons qui seront réalisés en images de synthèse ?

Nous allons tourner aujourd’hui encore des plans avec les acteurs installés sur des supports hydrauliques et pneumatiques qui représentent les bourdons, devant un fond bleu. Et pendant toute la semaine, Boyd Shermis, qui est le superviseur des effets visuels du film, tourne les fonds d’image de cette scène en utilisant un hélicoptère miniature qui fonctionne remarquablement bien. Il est capable de voler au travers d’une jungle assez dense, comme celle où nous nous trouvons. L’hélicoptère est assez petit pour que son habitacle tiennent dans mes deux mains. A l’intérieur, nous avons placé deux caméras haute résolution qui captent tout le panorama en relief. Nous avons également placé un stabilisateur gyroscopique dans l’appareil, afin que les images ne tremblent pas. Les gens qui pilotent cet hélicoptère l’emportent dans une valise quand ils prennent l’avion. C’est vous dire s’il est remarquablement petit, tout en étant assez puissant pour embarquer le matériel dont nous avons besoin. Nous allons aussi réaliser d’autres prises de vues aériennes avec un matériel plus classique, mais elles ne seront pas utilisées dans cette séquence-là.

Comment qualifieriez-vous le style visuel que vous allez donner aux trucages numériques du film ?

Nous allons essayer de nous situer quelque part entre Indiana Jones et le style du premier épisode de VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE 3-D, en nous appuyant le plus possible sur les images réelles.

Pour revenir à la question précédente, comment allez-vous synchroniser les mouvements des acteurs filmés sur les supports hydrauliques et les mouvements des bourdons animés en images de synthèse ?

Nous allons enregistrer la programmation des mouvements des supports hydrauliques et la reproduire pendant l’animation des bourdons 3D. De cette manière, la synchronisation sera parfaite. Les supports reproduisent les formes basiques de la tête, des antennes, du thorax et de l’abdomen d’un bourdon. Tout bouge et nous avons aussi la possibilité de faire vibrer les supports pour imiter les réactions du corps d’un bourdon pendant les mouvements rapides des ailes ! C’est assez intéressant à voir ! (rires)

Pourriez-vous nous parler du travail de votre collègue qui supervise les effets de plateau ?

Avec plaisir. Il s’appelle Peter Chesney, et lui et son équipe font un travail formidable. Parmi les effets qu’ils réalisent pour nous, je peux citer les objets de grande taille qu’ils déplacent pour simuler la présence des lézards géants dans les décors, pendant la scène où on les voit poursuivre les héros. Bien évidemment, comme les lézards seront réalisés en 3D, ils ne sont pas physiquement présents dans les décors, mais on doit tout de même voir les plantes s’aplatir, des branches se casser, des rochers se déplacer… A un moment, les lézards escaladent l’arbre banian qui se trouve ici, et Peter a dû mettre au point des mécanismes pour faire bouger les branches de l’arbre, pour simuler le moment où les branches supportent le poids des lézards. Il y a également une grande séquence sous-marine pendant laquelle les acteurs vont plonger dans un grand bassin, et Peter met au point plusieurs effets qui vont fonctionner sous l’eau. Il y aura notamment le moment où les personnages joués par Josh et Dwayne vont combattre une anguille électrique géante, dans un décor qui représentera le Nautilus. Peter nous a aidé à construire ce bassin et le réservoir géant, et à l’entourer de fonds bleus qui nous permettront de prolonger le décor numériquement. Ce sera une scène très spectaculaire, je crois !

La suite de notre reportage paraîtra bientôt sur ESI !

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