BATTLESHIP : Bataille navale contre les extraterrestres ! - Entretien exclusif avec le réalisateur Peter Berg - Seconde partie
Article Cinéma du Dimanche 13 Mai 2012

Retrouvez la première partie de cet entretien


Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Pensez-vous que le studio a validé le projet parce qu’il l’envisageait comme un « TRANSFORMERS maritime » ? Et vous, l’avez-vous considéré comme un film de guerre boosté à la Science-Fiction ?

Les gens comparent souvent BATTLESHIP à TRANSFORMERS et je comprends pourquoi : on voit un énorme engin mécanique sortir de l’eau sur notre affiche, et tout en haut, on peut lire « par les créateurs de TRANSFORMERS ». Cela ne m’ennuie pas que l’on fasse la comparaison, car TRANSFORMERS est un film qui a connu un grand succès. Mais en réalité, je vous promets que quand vous verrez notre film, au bout de 5 minutes, vous aurez complètement oublié ces comparaisons avec TRANSFORMERS. BATTLESHIP est un film complètement différent, mais le studio espère bien évidemment que nous remporterons un succès comparable à celui de TRANSFORMERS. Il espère que nous serons en mesure de divertir aussi bien une grand mère russe qu’un ado brésilien fan de skateboad ! Le but est de faire un film qui plaise à tout le monde.

Quels sont les films de guerre et de SF qui vous ont inspirés en abordant la préparation de BATTLESHIP ? Comment avez-vous tenté de présenter les évènements du film de manière fraîche et originale ?

J’essaie d’apporter mon propre style et ma vision des choses à tout ce que je réalise. J’écris beaucoup, en tant qu’acteur j’aime me lancer dans des improvisations, et sur un plateau, je crois que la personnalité et la vision du réalisateur doit vraiment guider le film. On doit sentir sa présence dans chacune des séquences. J’espère que les spectateurs de mes films ressentent cela en les voyant, et comprennent que ce n’est pas un comité de direction qui a décidé de ce qui se passe ! En étant sur le plateau chaque jour, et en parlant avec mes acteurs, j’ai essayé d’instiller autant d’humour, d’énergie, de tension et d’émotion que je le pouvais dans chaque scène pour pouvoir vraiment signer totalement BATTLESHIP. J’espère que les gens qui ont vu mes films précédents et qui les ont aimés se diront « on sent que c’est un film de Peter Berg ». En ce qui concerne les films qui m’ont inspirés, j’ai un peu de mal à vous répondre spontanément, car je n’ai pas essayé d’en imiter un en particulier. Mon but était que BATTLESHIP soit le plus original possible. Mais je suis bien conscient que l’on est toujours inspiré, même inconsciemment, par les films que l’on préfère. Et dans le registre de la Science-Fiction, j’ai adoré l’incroyable réalisme du premier ALIEN, dont le mélange d’âpreté et d’action me frappe toujours, et l’efficacité de la série BATTLESTAR GALACTICA, pour les mêmes raisons : la véracité que les scénaristes et les réalisateurs ont réussi à donner à cet univers, et la manière dont les êtres humains sont toujours placés au centre du récit.

Allez-vous montrer les différents individus qui composent le groupe des extraterrestres ?

Oui. Il y a 4 extraterrestres du groupe qui sont particulièrement identifiables. L’un des moments que je préfère dans le film est une rencontre non violente entre un savant humain et un scientifique extraterrestre. Quand ils sont confrontés l’un à l’autre, ils ne se battent pas, ils s’observent avec curiosité, de manière pacifique. On comprend que s’ils avaient été les seuls décideurs, il n’y aurait jamais eu de malentendu et de début de combat…

Quelle est la trajectoire du personnage de Taylor Kitsch dans le film ?

Au début du film, son personnage, qui s’appelle Alex Hopper, agit de manière un peu inconsidérée, sans but précis dans la vie. Il manque de repères. Mais au travers des circonstances auxquelles il va être mêlé, Alex va faire preuve de beaucoup de bravoure et se révéler être un excellent leader dans une situation très dangereuse. Disons qu’il cesse de se comporter en ado attardé, et agit enfin en homme conscient de ses responsabilités.

Sur l’ensemble des scènes du film, combien ont-elles été tournées en mer, avec l’aide active de la marine américaine, et combien ont-elles été filmées en studio, sur fond vert ?

Nous avons tourné environ 30% des scènes en mer, en bénéficiant d’une aide énorme de la marine américaine. Les équipages nous ont accueilli de manière formidable à bord de leurs vaisseaux. Nous avons reconstitués certains décors intérieurs de ces bateaux de guerre en studio, mais nous nous sommes débrouillés pour que les marins et les officiers puissent venir nous rendre visite dans nos studios et qu’ils aient l’autorisation de prendre des photos avec l’équipe du film. Il y avait des centaines de vrais marins qui étaient présents sur le tournage tous les jours. Ils intervenaient non seulement comme figurants, mais ils aidaient aussi les acteurs à faire les gestes corrects de vrais militaires. Et ils m’aidaient aussi à représenter la vie à bord de la manière la plus juste possible. Je peux vous assurer que pour un « film Popcorn » qui sortira pendant l’été, nous avons été très loin dans l’authenticité de la représentation de la marine !

La mythologie que vous avez développée autour des extraterrestres est-elle conçue pour pouvoir être explorée dans un autre épisode de BATTLESHIP ?

Absolument !

…et peut-être même dans une trilogie ?

Tout à fait ! (rires) Nous avons passé beaucoup de temps à développer une mythologie plausible autour de ces extraterrestres. Nous avons imaginé leurs origines, le monde où ils vivent, l’endroit où ils ont survécu, la raison pour laquelle ils sont venus sur terre. Nous révélons ce qui se passerait si d’autres flottes de leur peuple venaient sur notre planète. Nous montrons qu’ils essaient d’envoyer un signal vers leur planète, afin de faire venir d’autres groupes comme le leur…Tout cela m’incite à croire que nous avons conçu une mythologie assez riche pour pouvoir être développée de manière très intéressante dans d’autres épisodes de BATTLESHIP.

Avez-vous employé des animatroniques pour représenter les créatures ? Pouvez-vous parler des choix que vous avez faits en termes d’effets spéciaux filmés en direct, et en termes d’effets numériques ?

Nous avons utilisé quelques maquettes dans certains plans des vaisseaux extraterrestres, qui sont réalisés en 3D par ailleurs, mais les créatures, elles, ont été créées à 100% en synthèse. Nous avons travaillé avec ILM et cette équipe est vraiment la meilleure dans ce domaine. Vous savez, quand vous travaillez avec des spécialistes de l’animatronique qui vous incitent à tourner les choses en direct, ils vous disent qu’ils sont les meilleurs. Idem pour les spécialistes des effets de plateau. Beaucoup de studios d’effets visuels vous disent qu’ils sont les meilleurs. Dans le cas d’ILM, c’est tout simplement la vérité : ils sont insurpassables. J’étais convaincu d’emblée que nous pourrions réaliser 99% des trucages en images de synthèse, et je suis extrêmement satisfait des résultats que nous avons obtenus.

Avez-vous tournés les scènes avec les extraterrestres en demandant à des acteurs vêtus de costumes de capture de mouvements de les incarner ?

Oui. C’était très embarrassant pour eux ! (rires) Je crois que personne ne peut avoir l’air cool en portant ce genre de tenues. Ils n’avaient pas une tâche facile !

Comment avez-vous conçu et réalisé les scènes d’action principales du film ?

J’ai fait réaliser des prévisualisations en 3D schématique de toutes les scènes d’action complexes que j’avais conçues pour ce film. J’en ai fait faire bien plus que sur HANCOCK, d’ailleurs. La previz est un outil formidable, car ces petits cartoons 3D ne coûtent pas grand’chose à faire ni à modifier, et ils vous permettent de tester vos idées, et surtout de les améliorer jusqu’à ce que vous trouviez la manière idéale de filmer une scène. Vous pouvez peaufiner l’angle et les déplacements de la caméra, la manière dont les éléments 3D interagissent les uns avec les autres, les évolutions des acteurs dans les décors, etc. La previz ne vous permet pas de résoudre tous vos problèmes, mais elle vous permet de partir sur de très bonnes bases, en sachant exactement dans quelle direction vous devez aller.

Mais comment abordez-vous la conception d’une scène d’action ?

J’essaie de la visualiser comme si elle se déroulait devant moi. Imaginons par exemple une scène où je vous soulèverais de votre chaise pour vous faire traverser ce mur. J’imaginerais comment le mur se briserait, quelle partie de votre corps disparaîtrait en premier en traversant la paroi, comment les débris s’éparpilleraient dans la pièce, quels seraient les autres dégâts que cela provoquerait dans ce décor…

Est-ce que vous essayez de me dire que l’interview a trop duré ?

(Peter Berg éclate de rire) Non, non ! (rires) J’essaie juste de vous montrer comment je fonctionne quand je dois mettre en scène une scène d’action, en réglant les moindres détails ! Et je n’ai pas parlé des mouvements de caméra, du cadrage, de la focale que je choisirai, de l’ambiance de l’éclairage, etc. Tout cela fait partie du processus créatif très amusant que l’on utilise quand on est réalisateur.

D’après les premières images du film que vous nous avez montrées, vous aimez jouer avec les différences d’échelles entre les minuscules silhouettes humaines et les énormes vaisseaux extraterrestres…

J’aime l’idée que les trois personnages qui s’approchent en bateau de la partie émergée du vaisseau extraterrestre n’aient strictement aucune idée de ce que cela peut être. Nous, les spectateurs, nous savons déjà ce qui se passe, mais pas eux. Et notre jeune héros saute de son bateau pour marcher sur la coque d’un vaisseau de guerre venu d’une autre planète en pensant qu’il s’agit peut-être d’un supertanker qui a chaviré… J’aime le spectacle de ces trois petites silhouettes humaines fragiles avançant sur la paroi de ce vaisseau colossal qui pourrait les anéantir en un clin d’œil.

Quelles ont été les scènes les plus difficiles à tourner ?

Les scènes de combats en mer avec les vaisseaux humains et extraterrestres, dans lesquels sont intégrés des prises de vues réelles. Il fallait tout chorégraphier avec beaucoup de précision. Et il fallait aussi que l’on puisse bien voir à la fois ces vaisseaux énormes et les humains qui sont dessus, ce qui n’était pas évident, compte tenu des différences d’échelles. J’ajoute que les simulations d’eau sont toujours longues et complexes à réaliser, et que ILM est le leader absolu dans ce domaine.

Vous devez être impliqué actuellement dans la préparation des bonus et des différents suppléments des futurs DVDs et Blu-Rays de BATTLESHIP. Que pouvez-vous nous dire à propos des bonus, des documentaires et des scènes coupées que nous découvrirons ?

J’ai participé à plusieurs réunions pour déterminer le contenu des suppléments. Nous nous sommes mis d’accord sur la meilleure manière d’assembler et de thématiser les nombreuses séquences des coulisses qui ont été tournées. Nous allons bien sûr montrer en détail le travail accompli par ILM. En ce qui concerne les scènes coupées, je pense qu’il y en aura très peu, car nous avons tourné « utile ». Mais il est possible que nous présentions des versions alternatives de certaines séquences, ou des tout petits moments que j’ai décidé de retirer pour améliorer le tempo de telle ou telle scène.

Allez-vous enregistrer un commentaire ?

Oui, absolument. J’y tiens, car je trouve que c’est la meilleure manière de rendre hommage à toutes les équipes qui ont travaillé pour vous pendant de longs mois. Et c’est aussi un bon moyen d’enregistrer des souvenirs quant ils sont encore frais dans votre mémoire. Cela évite de se tromper plus tard.

En tant que réalisateur, est-ce un peu intimidant de penser que votre film va être scruté en haute définition par les cinéphiles dès qu’il sortira en Blu-Ray ?

C’est plus qu’intimidant : c’est terrifiant ! (rires) J’y pense souvent quand je vois en Blu-Ray des films qui ont 20 ou 30 ans, et dont certains trucages se remarquent énormément en haute définition. C’est aussi l’un des avantages de faire appel à ILM : leurs trucages sont tellement parfaits que l’on sait qu’ils seront toujours aussi impressionnants dans 10 ou 15 ans !

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