BARBARELLA en Blu-Ray : La pinup de l’espace imaginée par Jean-Claude Forest et filmée par Roger Vadim plus sexy que jamais en HD !
Article DVD Blu-Ray du Vendredi 14 Decembre 2012



Par Pascal Pinteau

Apparue en 1962 dans la célèbre BD de Jean-Claude Forest, Barbarella est un personnage qui a marqué son époque. Clone de Brigitte Bardot sur le papier – même si elle fut interprétée en fin de compte par Jane Fonda - la séduisante exploratrice du cosmos est aussi un symbole de la libération sexuelle des années 60. Au cours de ses voyages, la peu farouche Barbarella multiplie les aventures avec de beaux extraterrestres tout en recherchant le maléfique savant Durand Durand (qui inspirera son nom au groupe pop anglais Duran Duran !). Et quand elle est capturée, c’est pour être tourmentée de manière lubrique ou même placée dans une machine à l’allure d’orgue – on la commande en pianotant sur un clavier - dont elle triomphe grâce à son étonnante vitalité. Le nom de l’appareil : l’Orgasmotron ! Le ton léger, érotique et fantasmagorique de la BD a été retranscrit avec talent par Roger Vadim dans cette adaptation à gros budget produit par Dino de Laurentiis en 1968.

Revoir BARBARELLA grâce à cette belle édition Blu-Ray permet de se plonger avec délice dans l’univers rétro et kitsch d’un space-opéra d’autant plus insolite qu’il est d’origine française ! En se souvenant que ce film fut interdit aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salles en 1968, alors qu’il n’est absolument pas choquant, on songe au succès plus large qu’il aurait pu avoir s’il n’avait pas été pénalisé commercialement par la censure. BARBARELLA aurait alors pu engendrer des suites ou être le début d’une vague de coproductions franco-italiennes de SF… Hélas, le film de Vadim était sans doute trop « Pop culture » et trop décalé pour plaire au grand public français de 1968, et les décideurs du cinéma hexagonal ont continué à ignorer superbement la Science-Fiction, tandis qu’on produisait des films fort réussis dans ce registre en Italie et en Angleterre !

Redécouvrir BARBARELLA aujourd’hui, c’est admirer la sublime Jane Fonda, moulée – à tous les sens du terme – dans sa tenue futuriste, et se laisser charmer par le luxe de la présentation du film, par le cinémascope (le format 2.35 est respecté dans cette édition BR), les grands décors très réussis, les moments surréalistes (l’attaque des poupées tueuses) ou poétiques (le personnage de l’ange aveugle interprété par John Phillip Law) et les personnages truculents comme le professeur Ping interprété par le Mime Marceau, pour une fois très bavard. Il n’est guère étonnant que BARBARELLA, même s’il n’est pas un chef d’œuvre, ait pourtant acquis une vraie dimension d’œuvre-culte. Son empreinte érotique, amusante et décalée a réellement marqué le cinéma de Science-Fiction.

Seul regret de cette édition : l’absence totale de bonus ! On sait pourtant que les coulisses du tournage de BARBARELLA ont été filmées par de multiples intervenants de l’époque (département publicitaire du studio Paramount, informations télévisées, émissions de cinéma, etc.). Il est dommage que cette sortie BR n’ait pas été jugée comme un enjeu commercial suffisant pour débloquer un budget bonus permettant de profiter de ces archives…



Mais ne boudons pas notre plaisir : reste un transfert BR fort appréciable, même si on est étonné de voir des griffures et des poussières sur la pellicule, notamment pendant le générique, à une époque où les remastérisations ne laissent plus passer ce genre de défauts.



Pour conclure, rappelons qu’après avoir été pendant un temps envisagé par Robert Rodriguez, comme nous le rapportions dans cet article d’avril 2008, un remake de BARBARELLA est toujours en gestation. Après Rodriguez, Robert Luketic fut pressenti un temps pour le réaliser mais cette version du projet a été elle aussi abandonné. Gaumont International Television tente actuellement d’adapter le film non plus en film mais en série. Martha De Laurentiis , la fille du producteur du film original, est attachée à la production et a choisi le réalisateur danois de DRIVE , Nicolas Winding Refn, pour superviser le projet et probablement en réaliser le pilote. Le choix semble avisé, tant Refn a excellé en récréant l’ambiance des années 80 dans DRIVE, et notamment celle du film de Michael Mann LE SOLITAIRE, jusqu’à en décalquer la musique signée par Tangerine Dream ! On imagine donc assez bien le cinéaste capable de ressusciter les délires érotico-Pop des années 60 avec le même brio. Il a d’ailleurs déclaré « Barbarella est l’un des personnages contre-culturels les plus importants qui soient », ce qui laisse entendre que le projet se veut gentiment transgressif. Pour l’instant, aucune actrice n’est annoncée pour succéder à Jane Fonda dans le rôle titre. Mais nous restons aux aguets !

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