Alors que la nouvelle attraction consacrée au gorille géant vient d’être dévoilée à Los Angeles,  ESI revient sur la longue et fructueuse association entre le roi Kong et les parcs à thème des studios Universal.

Par Pascal Pinteau

Au milieu des années 70, deux studios hollywoodiens développaient chacun de leur côté un remake de KING KONG : Universal, qui comptait utiliser le procédé de l’animation image par image pour donner vie au gorille, comme dans le film original de 1933, et Paramount,  qui avait confié au producteur italien Dino de Laurentiis le soin de moderniser l’histoire. Au terme d’un arrangement à l’amiable,  Universal accepta d’abandonner son projet à condition d’obtenir un pourcentage sur les recettes du remake de Paramount, ainsi que le droit d’exploiter le personnage de King Kong dans son parc à thème de Los Angeles. (Pour en savoir plus sur les coulisses de KING KONG 1976, et découvrir l’invraisemblable chaos que fut ce tournage, lisez notre article !) Et des deux studios, ce fut assurément le « perdant », Universal, qui fit la meilleure affaire au fil des ans !

Un expert aux commandes

C’est à Bob Gurr, expert en animations hydrauliques depuis sa collaboration avec Walt Disney sur l’effigie « audioanimatronic » du président Lincoln que la mission de créer un robot géant de Kong fut confiée en 1987.



Gurr, qui avait déjà réalisé un énorme dragon animatronique pour le spectacle d’Universal consacré à Conan le barbare, décida de construire seulement le buste du gorille géant, affairé à secouer les câbles d’un pont de New York. Une solution doublement efficace, car elle permettait non seulement d’éviter de construire le corps de Kong en entier, mais elle offrait aussi un excellent point de vue aux visiteurs, qui se retrouvaient en face de l’énorme tête du gorille rugissant. Bob Gurr conçut une animation assez simple des mains, accrochées aux câbles du pont,  tandis que la tête, très sophistiquée, était capable d’effectuer plus d’une vingtaine de mouvements : bouger les yeux, cligner les paupières, retrousser les babines de différentes manières, ouvrir la bouche, etc.  Et petite touche d’humour fort appréciée des visiteurs, l’haleine du gorille fut parfumée à la banane ! Kong apparut dans les studios en 1988, et remporta aussitôt un énorme succès.



Kong débarque en Floride

En 1990, Steven Spielberg, conseiller spécial d’Universal, inaugura un nouveau parc à thème de 630 millions de dollars: les Studios Universal de Floride. En plus de la nouvelle attraction BACK TO THE FUTURE, THE RIDE, inspirée de la trilogie qu'il avait produite,  Spielberg avait supervisé une nouvelle adaptation mouvementée des DENTS DE LA MER. Mais le réalisateur fut particulièrement impressionné par une réalisation qu’il avait suivi de loin : KONGFRONTATION, qui permettait de découvrir King Kong en pleine frénésie de destruction dans les rues de New York. Le gorille géant, était représenté successivement par deux robots géants. Le premier réalisé en entier ( mais à une échelle légèrement réduite) était accroché à un pont de New York et tendait le bras pour chasser un hélicoptère occupé à le mitrailler. Le second, construit à taille « réelle » tendait les deux bras pour intercepter puis pour faire mine de secouer le téléphérique dans lequel les spectateurs se déplaçaient. Bob Gurr avait animé là le plus gros robot au monde, dont les bras pesaient plusieurs tonnes : “ Une créature géante est plus facile à animer qu’un personnage de taille humaine, parce que l’on a toute la place nécessaire pour disposer des mécanismes à l’intérieur de son corps. » nous avait confié Bob Gurr. «  L’animation des bras de King Kong repose sur un principe de balancier très simple. Les vérins poussent les bras vers le bas, en direction de la nacelle des spectateurs. Ils sont aidés par une masse placée de l’autre côté de l’articulation de l’épaule du personnage. Les bras remontent automatiquement vers le haut dès que les vérins ne fonctionnent plus, dans une position qui assure une parfaite sécurité. C’était l’un des travaux les plus simples que j’aie réalisés ! ” Enthousiasmé par ce travail, Spielberg proposa à Gurr de s’associer à Stan Winston pour animer le tyrannosaure grandeur nature de son prochain film, JURASSIC PARK.  L’attraction KONGFRONTATION ravit le public jusqu’à sa fermeture en 2002. Elle fut remplacée par REVENGE OF THE MUMMY, THE RIDE, inaugurée en 2004.





Le gorille renaît de ses cendres

La version californienne de l’attraction restant l’une des favorites du public, elle continua à être présentée jusqu’en 2008, l’année où un terrible incendie ravagea une bonne partie des décors des studios, ainsi que le repaire du gorille conçu par Bob Gurr. Dès que l’incendie fut maîtrisé, Universal annonça son intention de reconstituer à l’identique tout ce qui avait été détruit, et aussi de préparer une nouvelle attraction dédiée à KING KONG,  bien évidemment adaptée du film produit par le studio et réalisé par Peter Jackson. Cette fois-ci, les dirigeants d’Universal Creative - le département des parcs chargés de la conception des attractions – décidèrent de se passer de robots géants et de miser sur des projections d’images 3-D relief géantes. Dans l’attraction que les visiteurs ont pu découvrir depuis peu, le tram s’immobilise au centre d’un plateau géant plongé dans l’obscurité. Deux écrans géants incurvés entourent le tram des deux côtés. Quand la projection commence, les spectateurs munis de lunettes polarisées peuvent voir de nouvelles scènes réalisées spécialement par Weta Digital, sous la supervision de Peter Jackson. Grâce à une animation de la plateforme sur laquelle le tram repose, ils ont l’impression de rouler dans la jungle de Skull Island, tout en étant suivis par des petits dinosaures, alléchés par l’arrivée d’appétissants visiteurs. Un premier « V-Rex » surgit et menace le tram. Mais King Kong bondit hors des fourrés et une bataille titanesque s’ensuit, pendant laquelle les créatures passent d’un écran à l’autre, afin que tous les visiteurs puissent suivre l’action, où qu’ils soient placés. Grâce aux mouvements de la plateforme animée, les spectateurs ont l’impression que le tram dérape, entraîné par les monstres en furie, et glisse dans le précipice vu dans le film, où il se retrouve empêtré dans des lianes, au-dessus du vide !



Une double projection géante

La surface des deux écrans est si large qu’il a fallu utiliser 16 projecteurs vidéo  haute résolution, fonctionnant à 60 images par seconde, pour diffuser les huit portions composant chacune des deux images géantes que l’on découvre de part et d’autre du tram. Chaque zone de projection s’imbrique dans l’autre pour couvrir toute la surface des deux écrans mesurant chacun 60 mètres de long sur 12 de haut. Les effets de relief sonore ne sont pas en reste puisque l’installation comprend 68 haut-parleurs diffusant 16 canaux ! Les équipes de Weta Digital se sont une nouvelle fois surpassées pour créer cette séquence aux images colossales et à l’animation époustouflante. Joe Letteri (KING KONG, LOVELY BONES, AVATAR) a assuré la supervision de ces effets visuels XXL et d’après les réactions des premiers visiteurs, la satisfaction est bien au rendez-vous, même si la thématisation autour et dans la salle où a lieu la projection aurait pu être plus développée. Gageons que des améliorations seront mises en place au cours des prochaines années, et que ce nouveau rendez-vous avec Kong deviendra peu à peu l’un des clous de la visite des légendaires studios Universal d’Hollywood.







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